Alliance 90/Les Verts

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Alliance 90 / Les Verts
(de) Bündnis 90/Die Grünen
Image illustrative de l’article Alliance 90/Les Verts
Logotype officiel.
Présentation
Coprésidents Robert Habeck et Annalena Baerbock
Fondation
(Les Verts)

(Alliance 90 / Les Verts)
Siège Platz vor dem
Neuen Tor 1
10115 Berlin
Positionnement Centre gauche[1]
Idéologie Écologie politique[2]
Europhilie[3]
Affiliation européenne Parti vert européen
Affiliation internationale Les Verts mondiaux
Adhérents 61 596 (décembre 2016)[4]
Couleurs Vert
Site web gruene.de
Présidents de groupe
Bundestag Katrin Göring-Eckardt et
Anton Hofreiter
Parlement européen Philippe Lamberts et
Ska Keller
Représentation
Députés
67  /  709
Députés européens
21  /  96
Ministres-présidents
1  /  16
Députés régionaux
197  /  1873

L’Alliance 90 / Les Verts (en allemand : Bündnis 90 / Die Grünen) est un parti politique allemand de centre gauche.

Histoire

Des Verts à l'Alliance 90 / Les Verts

L'important mouvement pacifiste et apolitique Ostermarsch – du nom des marches de protestation qu’il organise lors du week-end de Pâques – était né en 1960[5]. Il va prospérer contre la guerre du Vietnam, organisant notamment à partir de 1967 des manifestations de 150 000 personnes[5]. Mais Hans Günter Schumacher, écologiste et cofondateur en juin 1972[5] d'une institution indépendante, la Bundesverband Bürgerinitiativen Umweltschutz (BBU), voyait des dangers pour les pré-ecologistes d’intégrer les Parlements[5].

Un premier pas vers le ralliement à la vie parlementaire à lieu à l'hiver 1971-1972, nombre de sympathisants à la cause anti-impérialiste s’en éloignent en raison des meurtres de la Bande à Baader et du « Radikalenerlaß » ( décret contre les extrémistes) de janvier 1972[5]. Les grandes manifestations anti-nucléaires très violentes de 1977 changent encore la donne: elles montrent les limites de l'opposition extra-parlementaire[5] tandis que le climat de tension causé par l'extrême-gauche est décrit par les films Les Années de plomb de Margarethe von Trotta et L'Allemagne en automne de Fassbinder. Se constituent alors nombre de listes écologiques dans la plupart des Länder[5], séparément, du fait de l’organisation fédérale du pays[5].

La plus emblématique du pays est la Bunte Liste-Wehrt Euch (BLW) créée en 1978 pour les élections pour la diète de Hambourg[5]: un rassemblement d’une cinquantaine de comités antinucléaires[5]. Elle décide d’inviter à se coaliser d’autres groupes, collectifs et organisations de tous les domaines et horizons pour former une liste d’« Initiative pour la démocratie et la protection de l’environnement »[5].

À Brême, le marxiste Rudolf Dutschke, ex-leader de l'Union socialiste des étudiants allemands (SDS)[5], est élu sur la liste des premiers "Verts" en 1979[5], puis élu délégué au congrès fondateur du futur parti[5]. À Francfort, les ex-« Spontis » s’engageront dans le parti plus tardivement: Joschka Fischer en 1982 et Daniel Cohn-Bendit en 1984[5], dans un contexte d'alliance électorale complètement nouveau pour le futur allié, le SPD. Lors des élections locales du 8 octobre 1978[5], la Grüne Liste Hessen (GLH), menée par Alexander Schubart, n'avait obtenu que 1,1 % des suffrages, et une Grüne Aktion Zukunft (GAZ) de droite, concurrente sur le terrain de l’écologie seulement 0,9%[5].

Le parti vert allemand (Die Grünen) est officiellement fondé le à Karlsruhe, en Allemagne de l'Ouest, issu du mouvement écologiste et pacifiste de la fin des années 1970.

Au début des années 1980, la CDU envisage de réclamer la dissolution du jeune parti vert, l'accusant de sympathie pour la lutte armée et d’idées contraires à la Constitution allemande[6]. Représentant alors la gauche radicale et entendant lutter de front pour la justice sociale et la protection de l’environnement, il est très mal perçu par les partis traditionnels.

Le , sur fond de crise causée par le Second choc pétrolier, la coalition sociale-libérale au pouvoir depuis 1969 en Allemagne, se rompt à la suite de désaccords irréconciliables sur la politique économique et du virage à droite des libéraux. Helmut Kohl, chef de la droite, entreprend des négociations avec le FDP en vue de reconstituer une « coalition noire-jaune », majoritaire au Bundestag, ce qui oblige le SPD, principal parti de centre-gauche, à chercher un accord sur sa gauche avec les Verts.

En 1983, les Verts obtiennent leurs premiers sièges au Bundestag (où ils se distinguent des autres députés, arborant cheveux longs, baskets et pulls en laine[7]), puis un groupe parlementaire en 1987. Cependant, lors des élections générales qui suivent la réunification allemande, fin 1990, ils enregistrent un revers et ne sont plus représentés. En revanche, Alliance 90 (Bündnis 90), un groupe oppositionnel de l'ex-Allemagne de l'Est de tendance alternative, allié au Parti vert de la ex-RDA, obtient quelques sièges sur le quota réservé à l'ex-RDA à la faveur des dispositions transitoires spécifiques à ce scrutin de la réunification. Verts et Alliance 90 décident de fusionner en 1993, le parti prenant alors son nom actuel.

Entre 1998 et 2005 : le gouvernement fédéral

Joschka Fischer participe à la fondation des Verts en 1982, avec notamment Otto Schily, qui fut notamment l’un des avocats de la Fraction armée rouge, qui deviendra quant à lui ministre de l’intérieur du gouvernement Schröder. Ces deux hommes auront avec Cohn-Bendit une influence décisive au début de la coalition rouge-verte : la suppression du droit du sang dans l’attribution de la nationalité allemande et l’engagement dans le maintien de la paix, avec l’envoi de soldats au Kosovo.

Une partie des membres historiques des Verts quittent le parti en 1999 pour protester contre la décision des instances fédérales d’approuver la participation allemande à la guerre du Kosovo. L’abandon du pacifisme entraine peu à peu le départ de nombreux militants et le déplacement du parti plus à droite[6].

En 2000, à l’université Humboldt de Berlin, Joschka Fischer appelle à la relance de l’Union européenne grâce à l’adoption d’une constitution et à une avant-garde d’une fédération européenne à venir. Après la chute des talibans en Afghanistan, il aide à la reconstruction avec l’organisation de la conférence de Petersberg à la fin de l’année 2001. En 2003, il semble intéressé par le poste de ministre des Affaires étrangères de l’UE.

À la conférence sur la sécurité de Munich, il désapprouve l’intervention américaine en Irak en lançant en anglais à Donald Rumsfeld : « I’m not convinced. » (« Je ne suis pas convaincu. »).

À propos de la coalition rouge-verte, Fischer déclare en 2005 :

« Le chapitre rouge-vert, écrit par ma génération, est irrévocablement clos. Le chapitre suivant sera écrit par des plus jeunes, les moins de quarante ans. »

Sur les questions économiques, le parti se prononce en faveur des baisses d’impôts octroyées durant les années Schröder aux ménages les plus fortunés. Il soutient également les réformes Hartz qui instaurent l'un des systèmes d’assurance-chômage les plus coercitifs d’Europe. Pour ces raisons, le parti est beaucoup plus apprécié des classes aisées et moyennes que des classes populaires[6]..

Les années 2010 et la progression

Après un score historique de 10,7 % des voix aux élections fédérales de septembre 2009, Les Verts s'associent au SPD pour reprendre au centre droit le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en 2010.

L'année suivante, l'écologiste Winfried Kretschmann, grâce à une coalition avec les sociaux-démocrates, devient ministre-président du Bade-Wurtemberg et le premier Vert à diriger un gouvernement en Allemagne. À la fin de l'année, ayant dépassé les 5 % des voix en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, le parti est présent dans tous les parlements du pays.

Au cours de l'année 2012, leur candidat Fritz Kuhn remporte la mairie de Stuttgart.

2012 : la primaire interne

En octobre 2012, dans une élection sans précédent, les membres du parti choisissent Jürgen Trittin et Katrin Göring-Eckardt pour figurer en tête de la liste des candidats pour les élections au Bundestag prévues pour 2013.

Historiquement positionné à gauche et allié naturel du SPD, le parti évolue cependant au début du XXIe siècle vers des positions plus centristes, ce qui ne rend dès 2013 plus improbable la création d'une coalition fédérale entre les Verts et les conservateurs de la CDU, ce type d'alliance ayant, de plus, déjà eu lieu localement. Les positions écologistes de la chancelière Angela Merkel sur le nucléaire jouent aussi dans cette évolution[8].

En septembre 2013, les Verts se retrouvent au centre d'une polémique sur la pédophilie alors qu'un chercheur révèle que le parti et plusieurs personnalités notables, dont son porte-parole au Bundestag, Jürgen Trittin, ont milité dans les années 1980 pour la dépénalisation des relations entre enfants et adultes ; des archives révèlent également que le parti a financé des associations poursuivant cet objectif[9]. En dépit du mea-culpa de Trittin, les Verts pâtissent de ce scandale alors que la campagne pour les élections législatives suit son cours ; crédités de 15 % un an auparavant, ils chutent alors à 9 %[10]. Ils obtiennent finalement 8,4 % des voix, soit 2,3 points de moins qu'en 2009[11] et ne sont plus que la quatrième force politique du pays, derrière Die Linke. En conséquence de cet échec, Jürgen Trittin et Katrin Göring-Eckardt démissionnent de leurs fonctions à la tête du parti[12].

L'année 2016 est marquée par des performances contrastées dans les Länder. Si le parti se maintient au pouvoir dans le Bade-Wurtemberg, au moyen d'une coalition avec les chrétiens-démocrates, il régresse en Rhénanie-Palatinat, où il reste au gouvernement dans le cadre d'une coalition avec les sociaux-démocrates et les libéraux, en Saxe-Anhalt, où il accède au pouvoir avec une coalition avec la CDU et le SPD, et Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, où il se trouve exclu du Landtag. À cette occasion, il n'est plus représenté dans l'ensemble des assemblées parlementaires allemandes.

Résultats électoraux

Élections au Bundestag

Année % Mandats Rang Gouvernement
1980 1,5
0  /  519
4e Extra-parlementaire
1983 5,6
28  /  520
4e Opposition
1987 8,3
44  /  519
4e Opposition
1990 3,8
8  /  662
4e Opposition
1994 7,3
49  /  672
3e Opposition
1998 6,7
47  /  669
3e Cabinet Schröder I
2002 8,6
55  /  603
3e Cabinet Schröder II
2005 8,1
51  /  614
5e Opposition
2009 10,7
68  /  622
5e Opposition
2013 8,4
63  /  631
4e Opposition
2017 8,9
67  /  709
6e Opposition

Élections européennes

Année % Mandats Rang Tête(s) de liste Groupe
1979 3,2
0  /  78
4e
1984 8,2
7  /  78
3e ARC
1989 8,4
7  /  78
3e Verts
1994 10,1
12  /  99
3e Verts
1999 6,4
7  /  99
3e Verts/ALE
2004 11,9
13  /  99
3e Verts/ALE
2009 12,1
14  /  99
3e Rebecca Harms
Reinhard Bütikofer
Verts/ALE
2014 10,7
12  /  96
3e Rebecca Harms Verts/ALE
2019 20,5
21  /  96
2e Ska Keller
Sven Giegold
Verts/ALE

Élections dans les Länder


Représentation actuelle de l'Alliance 90 / Les Verts dans les Länder
  • à la tête du gouvernement
  • membre de la coalition gouvernementale
  • dans l'opposition

En gras, le meilleur résultat et en italique le moins bon résultat dans chaque Land.

  • à la tête du gouvernement
  • membre de la coalition gouvernementale
  • dans l'opposition
Année BW BY BE BB HB HH HE MV NI NW RP SL SN ST SH TH
1980 5,3 3,6 2,9
1981 7,2
1982 4,6 7,7
6,8
8,0 6,5
1983 5,4 5,9 4,5 3,6
1984 8,0
1985 10,6 4,6 2,5
1986 7,6 10,4 7,1
1987 10,7 7,0 9,4 5,9 3,9
1988 7,9 2,9
1989 11,8
1990 6,4 5,0 9,3a  9,3b  5,5 5,0 2,6 5,6 5,3 6,5
1991 11,4 7,2 8,8 6,5
1992 9,5 5,0c 
1993 13,5
1994 5,9 2,9 3,7 7,4 5,5 4,1 5,1 4,5
1995 13,2 13,1 11,2 10,0
1996 12,1 6,9 8,1
1997 13,9
1998 5,9 2,7 7,0 3,2
1999 9,9 1,9 9,0 7,2 3,2 2,6 1,9
2000 7,1 6,2
2001 7,7 9,1 8,5 5,2
2002 2,6 2,0
2003 7,7 12,8 10,1 7,6
2004 3,6 12,3 5,6 5,1 4,5
2005 6,2 6,2
2006 11,7 13,1 3,6 4,6 3,6
2007 16,5
2008 9,4 9,6 7,5 8,0
2009 5,7 13,7 5,9 6,4 12,4 6,2
2010 12,1
2011 24,2 17,6 22,5 11,2 8,7 15,4 7,1
2012 11,3 5,0 13,2
2013 8,6 11,1 13,7
2014 6,2 5,7 5,7
2015 15,1 12,2
2016 30,3 15,2 4,8 5,3 5,2
2017 8,7 6,4 4,0 12,9
2018 17,6 19,8

a Bündnis 90: 6,4 %, Grüne: 2,8 %
b Grüne: 4,2 %, Neues Forum: 2,9 %, Bündnis 90: 2,2 %
c Précisément 4,97 % donc sous la barre des 5 % nécessaire pour obtenir une représentation

Personnalités

Présidents

1980 August Haußleiter (après son départ en juin 1980, Dieter Burgmann), Petra Kelly, Norbert Mann
1981-1982 Dieter Burgmann, Petra Kelly, Manon Maren-Grisebach
1982-1983 Manon Maren-Grisebach, Wilhelm Knabe, Rainer Trampert
1983-1984 Wilhelm Knabe, Rainer Trampert, Rebekka Schmidt
1984-1987 Rainer Trampert, Lukas Beckmann, Jutta Ditfurth
1987-1989 Jutta Ditfurth, Regina Michalik, Christian Schmidt
1989-1990 Ralf Fücks, Ruth Hammerbacher, Verena Krieger
1990-1991 Renate Damus, Heide Rühle, Hans-Christian Ströbele
1991-1993 Ludger Volmer, Christine Weiske
1993-1994 Marianne Birthler, Ludger Volmer
1994-1996 Krista Sager, Jürgen Trittin
1996-1998 Jürgen Trittin, Gunda Röstel
1998-2000 Gunda Röstel, Antje Radcke (de)
2000-2001 Renate Künast, Fritz Kuhn
2001-2002 Fritz Kuhn, Claudia Roth
2002-2004 Angelika Beer, Reinhard Bütikofer
2004-2008 Reinhard Bütikofer, Claudia Roth
2008-2013 Claudia Roth, Cem Özdemir
2013-2018 Cem Özdemir, Simone Peter
depuis 2018 Robert Habeck et Annalena Baerbock

Autres membres notables

Membres renommés décédés

Notes et références

  1. Senem Aydin-Düzgit, Constructions of European Identity: Debates and Discourses on Turkey and the EU, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-0-230-34838-7, lire en ligne), p. 18
  2. (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe » (consulté le ).
  3. Christian Krell, Sozialdemokratie und Europa: Die Europapolitik von SPD, Labour Party und Parti Socialiste, VS Verlag für Sozialwissenschaften/Springer-Verlag, , p. 130
  4. http://www.gruene.de/presse/2017/gruen-waechst-buendnis-90die-gruenen-verzeichnen-mitgliederrekord.html
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p et q "FRANCFORT | Aéroport et Luttes Écologiques | 1964 - 2018"[1]
  6. a b et c Olivier Cyran, « Verts allemands : dans le laboratoire de l’écolo-bourgeoisie », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Il y a trente ans, les Verts révolutionnaient la politique allemande », in slate.fr, 6 mars 2013.
  8. Patrick Saint-Paul, « Le lent rapprochement des Verts avec la chancelière "écolo-compatible" », Le Figaro, lundi 16 septembre 2013, page 10.
  9. Nicolas Barotte, « Pédophilie : les Verts rattrapés par le passé », Le Figaro, 19 septembre 2013, page 6.
  10. Frédéric Lemaître, « Les Verts allemands au centre d'une nouvelle polémique sur la pédophilie », lemonde.fr, 17 septembre 2013.
  11. Nicolas Barotte, « Le grand désarroi de la gauche allemande », Le Figaro, 24 septembre 2013, page 6.
  12. Jean-Jacques Mével, « En Europe, les Verts font grise mine », Le Figaro, 4 octobre 2013, page 8.

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe