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Les États-Unis intervinrent dans le conflit entre les troupes constitutionnalistes de [[Venustiano Carranza]] et le gouvernement de [[Victoriano Huerta]]. La nouvelle [[administration Wilson|administration]] de [[Woodrow Wilson]] n'était pas favorable à Huerta et n'approvisionnait en armes que les constitutionnalistes. Le gouvernement huertiste devait recevoir des armes et des munitions achetées par l'intermédiaire du vice-consul de [[Russie]] Léon Rast, celles-ci arrivant depuis [[Odessa]] via [[Hambourg]], sur le paquebot allemand ''{{lien|SS Ypiranga}}''<ref name="About.com">{{en}} [http://militaryhistory.about.com/od/battleswars1900s/p/veracruz.htm Mexican Revolution: Occupation of Veracruz] - Military History, About.com</ref>.
Les États-Unis intervinrent dans le conflit entre les troupes constitutionnalistes de [[Venustiano Carranza]] et le gouvernement de [[Victoriano Huerta]]. La nouvelle [[administration Wilson|administration]] de [[Woodrow Wilson]] n'était pas favorable à Huerta et n'approvisionnait en armes que les constitutionnalistes. Le gouvernement huertiste devait recevoir des armes et des munitions achetées par l'intermédiaire du vice-consul de [[Russie]] Léon Rast, celles-ci arrivant depuis [[Odessa]] via [[Hambourg]], sur le paquebot allemand ''{{lien|SS Ypiranga}}''<ref name="About.com">{{en}} [http://militaryhistory.about.com/od/battleswars1900s/p/veracruz.htm Mexican Revolution: Occupation of Veracruz] - Military History, About.com</ref>.


Pour empêcher la livraison d'armes, une flotte de 44 navires <ref>[http://www.tabasco.gob.mx/noticias/vernotas_sp.php?=id=9291]</ref>
Pour empêcher la livraison d'armes, une flotte de {{refnec|44 navires}} américains (dont {{refnec|les [[cuirassés]] de la flotte de l'Atlantique ''Prairie'', ''Rochester'', ''Texas'', ''Montana'', ''Indianapolis'', ''Dakota'')}} placée sous le commandement du contre-amiral {{lien|Frank Friday Fletcher}}<ref>{{es}} Daniel Cosío Villegas, ''Historia general de México'', Colegio de México, 1981 {{ISBN|9-6812-0080-2}}</ref>, cerne le port ; les marines y débarquent le 21 avril 1914 et l'occupent après un bref combat qui fera entre 152 et 172 morts et entre 195 et 250 blessés du coté mexicain, et 17 morts et 61 blessés du côté américain<ref>{{en}} [http://www.archives.gov/publications/prologue/1997/fall/mexican-punitive-expedition-1.html The United States Armed Forces and the Mexican Punitive Expedition: Part 1 ] - The U.S. National Archives and Records Administration</ref>. 150 civils mexicains auraient été tués<ref>{{es}} Gastón García Cantú, ''Las Invasiones Norte Americanas en México'', Fondo de Cultura Económica, Mexico, 1996 {{ISBN|978-9681650834}}, page 276</ref> et de nombreux blessés chez les civils non comptabilisés.
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<ref>[http://www.oem.com.mx/eloccidental/notas/n2261500.htm]</ref> parmi les plus modernes (dont les[[cuirassés]] de la flotte de l'Atlantique Prairie, Rochester, Texas, Montana, Indianápolis, Dakota commandée par l'amiral Henry Thomas Mayo) que possédaient les Etats-Unis placée sous le commandement du contre-amiral [[Frank Friday Fletcher]]<ref>[[http://www.imagendelgolfo.com.mx/columna.php?id=15544]</ref> <ref>[http://www.myetymology.com/encyclopedia/American_occupation_of_Veracruz_of_1914.html]</ref> <ref> Daniel Cosío Villegas - Historia general de México - Colegio de México (1981) México, D.F. - ISBN 968-12-0080-2</ref>cerne le port ; les marines y débarquent le 21 avril 1914 et l'occupent après un bref combat qui fera entre 152 et 172 morts et entre 195 et 250 blessés du coté mexicain, et 17 morts et 61 blessés du côté américain<ref>{{en}} [http://www.archives.gov/publications/prologue/1997/fall/mexican-punitive-expedition-1.html The United States Armed Forces and the Mexican Punitive Expedition: Part 1 ] - The U.S. National Archives and Records Administration</ref>. 150 civils mexicains auraient été tués<ref>{{es}} Gastón García Cantú, ''Las Invasiones Norte Americanas en México'', Fondo de Cultura Económica, Mexico, 1996 {{ISBN|978-9681650834}}, page 276</ref> et de nombreux blessés chez les civils non comptabilisés.


Le ''SS Ypiranga'' sera brièvement bloqué, avant que la Navy américaine ne laisse partir le navire pour respecter les lois internationales, après les protestations de l'ambassadeur d'Allemagne à Washington<ref>{{en}} Thomas Baecker, ''The Arms of the Ypiranga: The German Side'', ''The Americas'', Vol. 30, {{numéro|1}} (Jul., 1973), Academy of American Franciscan History, page 552 {{lire en ligne|lien=http://issuu.com/capinov/docs/the_arms_of_the_ypiranga/11}}</ref>. L'''Ypiranga'' finira par décharger sa cargaison d'armes à Puerto México, l'actuelle [[Coatzacoalcos]], le 26 mai 1914<ref>{{en}} Thomas Baecker, ''The Arms of the Ypiranga: The German Side'', ''The Americas'', Vol. 30, {{numéro|1}} (Jul., 1973), Academy of American Franciscan History, page 554 {{lire en ligne|lien=http://issuu.com/capinov/docs/the_arms_of_the_ypiranga/13}}</ref>. La cargaison, consistant selon un rapport du [[département de la Justice des États-Unis]]<ref>[[département de la Justice des États-Unis|U.S. Department of Justice]], document RDS 812.00/10284 rapport du 17 décembre 1913.</ref> en {{formatnum:15770}} caisses contenant entre autres des munitions de divers calibres, {{formatnum:250000}} fusils, 20 mitrailleuses, et d'une valeur totale de {{unité|607000|dollars or}}, fut acheminée par train jusqu'à la capitale<ref>{{en}} [http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=F30814F93C5E13738DDDA10A94DD405B848DF1D3 Ypiranga and Bavaria Unloaded Cargoes at Puerto Mexico.; FIRST HAD 10,000 RIFLES] - ''[[The New York Times]]'', 28 mai 1914 {{pdf}}</ref> et finalement livrée au gouvernement de Huerta.
Le ''SS Ypiranga'' sera brièvement bloqué, avant que la Navy américaine ne laisse partir le navire pour respecter les lois internationales, après les protestations de l'ambassadeur d'Allemagne à Washington<ref>{{en}} Thomas Baecker, ''The Arms of the Ypiranga: The German Side'', ''The Americas'', Vol. 30, {{numéro|1}} (Jul., 1973), Academy of American Franciscan History, page 552 {{lire en ligne|lien=http://issuu.com/capinov/docs/the_arms_of_the_ypiranga/11}}</ref>. L'''Ypiranga'' finira par décharger sa cargaison d'armes à Puerto México, l'actuelle [[Coatzacoalcos]], le 26 mai 1914<ref>{{en}} Thomas Baecker, ''The Arms of the Ypiranga: The German Side'', ''The Americas'', Vol. 30, {{numéro|1}} (Jul., 1973), Academy of American Franciscan History, page 554 {{lire en ligne|lien=http://issuu.com/capinov/docs/the_arms_of_the_ypiranga/13}}</ref>. La cargaison, consistant selon un rapport du [[département de la Justice des États-Unis]]<ref>[[département de la Justice des États-Unis|U.S. Department of Justice]], document RDS 812.00/10284 rapport du 17 décembre 1913.</ref> en {{formatnum:15770}} caisses contenant entre autres des munitions de divers calibres, {{formatnum:250000}} fusils, 20 mitrailleuses, et d'une valeur totale de {{unité|607000|dollars or}}, fut acheminée par train jusqu'à la capitale<ref>{{en}} [http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=F30814F93C5E13738DDDA10A94DD405B848DF1D3 Ypiranga and Bavaria Unloaded Cargoes at Puerto Mexico.; FIRST HAD 10,000 RIFLES] - ''[[The New York Times]]'', 28 mai 1914 {{pdf}}</ref> et finalement livrée au gouvernement de Huerta.

Version du 18 avril 2012 à 22:08

Révolution de 1910 et Guerre civile mexicaine
[[Fichier: |frameless |upright=1.2 |alt=Description de cette image, également commentée ci-après ]]
Collage réalisé à partir de plusieurs photographies de la révolution.
Informations générales
Date 1910-1920
Lieu Drapeau du Mexique Mexique
Issue Démission et départ en exil de Porfirio Díaz pour La Corogne puis Interlaken, Paris, Saint Sébastien, Madrid, Saragosse, Münich,Biarritz, Le Caire,Naples, Rome, il mourut peu après son arrivée à Paris en 1915[1]
Convention d'Aguascalientes entre les chefs révolutionnaires.
Constitution de 1917.
Assassinats de Madero, Zapata, Venustiano Carranza, Francisco Villa.Fondation du PNR Parti National Révolutionnaire.

La Révolution mexicaine (en espagnol Revolución mexicana) est une insurrection armée, menée par Francisco Madero avec l'aide politique et financière des Etats-Unis et de leur ambassadeur au Mexique Henry Lane Wilson (en)[2],[3],[4] qui commença officiellement le 20 novembre 1910, en réaction à la longue période présidentielle du général Porfirio Díaz et qui se termina avec départ de celui-ci le 27 mai 1911.

Elle est suivie d'une guerre civile entre factions révolutionnaires qui culmina officiellement avec la promulgation d'une nouvelle constitution en 1917.

Les prémices

La hausse des prix des biens de consommation courante et la forte diminution des salaires réels.

Les lois de colonisation et celles dite « des terres incultes » (à la suite des lois de Réforme promulguées par Benito Juárez et de la Constitution de 1857) confisquèrent les propriétés et les terres de l'Église. Elles furent vendues aux spéculateurs et grands propriétaires terriens au profit de l'État mexicain, mais ruinèrent les petits propriétaires et, en ne reconnaissant pas les propriétés collectives des villages, furent peu à peu absorbées par les grandes haciendas.

L'effondrement du cours de l'argent métal qui de 1 à 16, par rapport à l'Or avant 1870, à 1 à 39 en 1904, ce qui fit perdre plus de la moitié du pouvoir d'achat aux salariés payés en pesos argent.

La panique bancaire américaine de 1907.

Les Frères Flores Magón, surtout Ricardo, ainsi que le Parti libéral mexicain (PLM). Ce dernier créa, le 7 août 1900, avec son frère à Mexico, le journal anti-porfiriste et porte-parole du PLM : Regeneración[5]. Se déclarant anarchiste, il fut le plus important précurseur de la révolution.

Le 2 avril 1903, ont lieu à Puebla des manifestations commémorant la victoire sur les Français. Les libéraux y participant et sortent des pancartes reprenant le slogan de Porfirio Díaz à ses débuts : « Suffrage effectif - Pas de réélection ». Cela dégénère en manifestation contre le gouvernement[6].

En ce qui concerne le PLM, il publie son « manifeste-programme[7] » le 1er juillet 1906 :

« # Dans les écoles primaires, le travail manuel devra être obligatoire.

  1. Les maîtres de l'enseignement primaire devront être mieux payés.
  2. Les ejidos et des terres en friches seront restituées aux paysans.
  3. Fondation d'une banque agricole.
  4. Les étrangers ne pourront acquérir des biens immobiliers, sauf s'ils acquièrent la nationalité mexicaine.
  5. La journée de travail sera de huit heures et le travail des jeunes enfants sera interdit.
  6. Un salaire minimum devra être fixé, tant à la ville qu'à la campagne.
  7. Le repos dominical sera considéré comme obligatoire.
  8. Les magasins de vente (tiendas de raya) seront abolis sur tout le territoire.
  9. Il devra être accordé des pensions de retraite et des indemnités pour les accidents de travail.
  10. Une loi devra être édictée pour garantir les droits des travailleurs.
  11. La race indigène devra être protégée. »

La majorité des membres du gouvernement dépasse les 60 ans ; et la rupture est marquante entre la jeunesse de la population et l'âge de l'équipe gouvernementale[8]. De plus, Díaz avait démilitarisé le pays, il ne restait que dix huit mille soldats avec des généraux de plus de 70 ans, pour dix millions d'habitants.

Alors que les diplômés se multiplient, les débouchés sont de moins en moins présents. Les petits fonctionnaires mécontents mettent leurs espoirs dans une révolution[9], un renouvellement des cadres, mais pas dans un changement social, leur espoir réside surtout dans un avancement de leur carrière.

Avant la révolution, plusieurs évènements ont également montré la volonté de changement. Notamment avec le général Bernardo Reyes qui était l’unique espoir des mécontents mais aussi des ambitieux qui cherchaient une place au gouvernement en 1908[10]. Díaz lança contre lui les Cientificos et l’envoya en Europe pour une mission. La vice-présidence reviendra donc à Corral, déjà à ce poste depuis 1904[11].

Un des évènements les plus connus fut l’affaire Creelman[12]. En 1908, il reçut l’autorisation de Díaz de l’interviewer et fut envoyé par le mensuel américain Pearson’s Magazine. Dans cet interview, ce dernier prétendait envisager la naissance d’un parti d’opposition[13] et de ne pas se présenter pour les élections de 1910. Cette interview contribua à agiter les esprits et notamment celui d’un propriétaire foncier venant de l'État de Morelos, Emiliano Zapata.

Les divers partis politiques sont :

  • Le parti rééléctioniste ;
  • Le parti reyiste (partisan du général Reyes comme vice-président) ;
  • Le parti national porfiriste, tous en faveur de Díaz ;
  • Le parti antiréélectioniste fondé par Francisco I. Madero.

Le parti national démocratique, seul parti à osciller entre le pouvoir et l'opposition[14].

En janvier 1907[15], les grèves dans l'industrie textile dans les États de Veracruz de Tlaxcala et de Puebla se terminent par les massacre de Rio Blanco, à Veracruz, qui fit près de 200 morts. Dès 1908 des soulèvements eurent lieu, principalement dans les États de Sinaloa, Yucatán, Coahuila, état où se souleva à Viesca le 24 juin 1908 avec Benito Ibarra, et Chihuahua qui fut le fait des frères Florés Magón, José Inés Salazar, Praxedis Guerrero, et Francisco Manrique. Ces révoltes en armes obéissaient directement au manifeste de Saint-Louis dans le Missouri et aux plans du parti Libéral[16].

La montée de Madero

En décembre 1908, un livre intitulé : La sucesión présidencial en 1910 paraît avec comme sous-titre : « El Partido Nacional Democratico ». L’auteur de ce livre est Francisco Indalecio Madero. L’idée centrale de ce livre est la non-réélection du président et le suffrage universel[17]. C'est l'affaire Creelman qui l'encouragea à publier son livre[18]. Le 22 mai 1909, Francisco Madero fonde le Parti Anti-réélectionniste à Mexico[19]. Le 15 avril, l’Assemblée nationale anti-réélectionniste se réunit et élit candidat à la présidence Madero et à la vice-présidence, Francisco Vásquez Gomez. Dix jours plus tard, leur programme sort avec le slogan « Pas de réélection, Suffrage universel »[19]. Il se lance alors dans une grande campagne contre Díaz. Malgré sa petite taille, sa voix suraiguë et ses tics nerveux, il récolta un réel succès[20]. Le gouvernement réprime cette campagne en l’accusant de monter l’opinion publique contre le président en place et l’arrête à Monterrey dans la soirée du 16 juin[21] 1910, quelques jours avant le vote[22]. Madero est détenu à San Luis Potosí. Le résultat des élections du 26 juin donne la victoire à Díaz[22] et Corral à la vice-présidence[23]. S’en suivirent des fêtes somptueuses pour fêter l’indépendance et le quatre-vingtième anniversaire du président[24]. Après 45 jours de détention, Madero est libéré sous caution et assigné à une résidence surveillée[25]. Mais durant la nuit du 5 au 6 octobre, il s’enfuit à San Antonio, au Texas, où il rejoint ses partisans. Là-bas, il rédige le Plan de San Luis Potosí, daté pourtant du 5 octobre[25]. Dans ce Plan de San Luis Potosí, Madero proclame la nullité des élections, la non-réélection et sa présidence provisoire[26]. Ce plan devient vite le programme de la révolution. Il fixe la date de l’insurrection au 20 novembre. Dans son plan, Madero fait des promesses concernent la restitution des terres collectives appartenant aux villages du Morelos. Ce sont ces promesses qui, selon Silva Herzog, vont décider Zapata à s’engager dans la révolution[25].

Début de la Révolution

Le 13 novembre, par crainte de révoltes, les autorités mexicaines procédèrent à des vagues d’arrestations de madéristes à Mexico. Cinq jours plus tard, la police encercle la maison d’Aquiles Serdán. Dans sa maison, se trouvait un important dépôt d’armes et de munitions afin de préparer la révolution. Après une vaine résistance de plusieurs heures, ses amis et lui sont tués[27]. Sa mort semble marquer l’arrêt de la révolution mais, à la date prévue, le 20 novembre, Pascual Orozco prend les armes avec un groupe de mineurs tandis que Francisco Villa, un ancien voleur de bétail et chef de bandits[28], est recruté par Madero (contre la promesse de l'oubli de ses fautes et un grade de colonel) près de la ville de Chihuahua[27]. Madero, désespéré, apprit cette nouvelle alors qu’il s’apprêtait à partir pour l’Europe[29]. La révolte reste néanmoins sporadique[30]. En février 1911, Madero rentre au Mexique et le mois suivant, Emiliano Zapata se soulève pour soutenir les promesses de restitution des terres communales confisquées par les propriétaires terriens du Morelos. Le 8 mai, les chefs militaires madéristes, dont Orozco et Villa, concentrent leurs troupes et marchent sur Ciudad Juárez[27]. Le 10 mai, après trois jours de combat, Ciudad Juárez tombe aux mains des madéristes[31]. C’est une victoire purement symbolique car cette ville n’est qu’une petite bourgade au Nord, non loin de la frontière et à des milliers de kilomètres de la capitale[32]. C’est avant tout une défaite morale[27]. Selon Jean Meyer, la décision de Díaz était déjà prise. En effet, selon lui, Díaz avait peur de l’intervention des États-Unis qui avait apporté leur soutien à Madero[33].

Le 15 mai est prise la ville de Torreón où les troupes révolutionnaires massacrèrent 303 habitants d'origine chinoise, soupçonnés d'avoir aidé l'armée fédérale.

Le 21 mai, un accord est signé entre les madéristes et les fédéraux dans l’Hôtel des Douanes de Ciudad Juárez. Cet accord, qui met fin aux combats, prévoit la démission de Porfirio Díaz et la constitution d’un gouvernement provisoire. Quatre jours plus tard, Porfirio Díaz et Corral démissionnent et le 27 mai, Díaz embarque à bord de l’Ypiranga de Veracruz pour embarquer pour Le Havre[27]. Díaz voulait en quittant le pays lui éviter une guerre civile ainsi que l'intervention militaire des États-Unis, favorables à Madero.

Après le départ de Díaz

Entre-temps, un cabinet provisoire est formé et Francisco León de la Barra assure la présidence par intérim, du 26 mai au 6 novembre, afin de convoquer des élections[34]. Après une marche triomphale, Madero arrive le 7 juin à Mexico[31]. L’ambassadeur américain Harry Lane Wilson, ayant joué un grand rôle dans la chute de Díaz, écrivait à son arrivée « La révolution n’est pas terminée, Madero tombera bientôt. »[35].

Le 9 juillet, il décide de dissoudre le Parti Anti-Réélectionniste et de créer le Parti Constitutionnel Progressiste. Au moins, l’assemblée de ce parti décide de désigner Madero comme candidat à la présidence et Pino Suárez à la vice-présidence, en remplaçant Francisco Vásquez Gomez[36]. En attendant les élections, un gouvernement provisoire est dirigé par Francisco León de la Barra, ancien gouverneur de l'État de Mexico.

La présidence éphémère de Madero

Le 6 novembre[36], il est élu avec 90 % des voix, tandis que Pino Suárez récolta les deux tiers des voix, le reste allant à de la Barra, le candidat du parti Catholique[37]. Fin novembre, Zapata deçu par la lenteur du gouvernement madériste à rendre les terres communales accaparées par les propriétaires terriens aux villageois se soulève en proposant son Plan de Ayala. Madero envoie le général Victoriano Huerta dans l'État de Morelos réprimer les partisans de Zapata. En décembre, le général Reyes se révolte ainsi qu’Orozco en janvier 1912[18]. La présidence de Madero tourne court pour plusieurs raisons. La classe moyenne au pouvoir était presque ignorante au point de vue politique tandis que les porfiristes essayaient de les contrôler. On a également reproché à Madero d’avoir été trop modéré par rapport aux porfiristes[35].

La décade tragique

Après une présidence de 16 mois, Madero est confronté au général Victoriano Huerta. Ce dernier complote avec Henry Lane Wilson afin de renverser Madero. La fin de Madero s’étend sur ce qu’on appelle la decena trágica. Un coup d’État est déclenché le 9 février par un groupe de militaires[38]. Le 18 février, le président est arrêté dans le palais présidentiel. Dans la nuit du 22 février, il est assassiné par balle avec son vice-président[18]. Selon la version officielle, ils ont été tués lors d’une tentative d’évasion[39].

Incident de Tampico

Intervention américaine à Veracruz

Les États-Unis intervinrent dans le conflit entre les troupes constitutionnalistes de Venustiano Carranza et le gouvernement de Victoriano Huerta. La nouvelle administration de Woodrow Wilson n'était pas favorable à Huerta et n'approvisionnait en armes que les constitutionnalistes. Le gouvernement huertiste devait recevoir des armes et des munitions achetées par l'intermédiaire du vice-consul de Russie Léon Rast, celles-ci arrivant depuis Odessa via Hambourg, sur le paquebot allemand SS Ypiranga (en)[40].

Pour empêcher la livraison d'armes, une flotte de 44 navires [41] [42] [43] [44] parmi les plus modernes (dont lescuirassés de la flotte de l'Atlantique Prairie, Rochester, Texas, Montana, Indianápolis, Dakota commandée par l'amiral Henry Thomas Mayo) que possédaient les Etats-Unis placée sous le commandement du contre-amiral Frank Friday Fletcher[45] [46] [47]cerne le port ; les marines y débarquent le 21 avril 1914 et l'occupent après un bref combat qui fera entre 152 et 172 morts et entre 195 et 250 blessés du coté mexicain, et 17 morts et 61 blessés du côté américain[48]. 150 civils mexicains auraient été tués[49] et de nombreux blessés chez les civils non comptabilisés.

Le SS Ypiranga sera brièvement bloqué, avant que la Navy américaine ne laisse partir le navire pour respecter les lois internationales, après les protestations de l'ambassadeur d'Allemagne à Washington[50]. L'Ypiranga finira par décharger sa cargaison d'armes à Puerto México, l'actuelle Coatzacoalcos, le 26 mai 1914[51]. La cargaison, consistant selon un rapport du département de la Justice des États-Unis[52] en 15 770 caisses contenant entre autres des munitions de divers calibres, 250 000 fusils, 20 mitrailleuses, et d'une valeur totale de 607 000 dollars or, fut acheminée par train jusqu'à la capitale[53] et finalement livrée au gouvernement de Huerta.

L'occupation de Veracruz durera jusqu'au 23 novembre 1914[40], plusieurs mois après le départ de Huerta.

L'opposition de Venustiano Carranza

Ex-sénateur porfiriste de l'état septentrional de Coahuila, Venustiano Carranza, partisan de l'application stricte de la Constitution libérale de 1857, forme l'exécutif constitutionnel Ejército Constitucionalista. Les premiers decret datent d'avril 1913, et visent à diminuer les affrontements sanglants :

  • Décret no 1 du 20 avril : Reconnaît les grades de tous ceux ayant combattu dans les armées madéristes, ainsi que ceux des militaires de l'armée fédérale, sauf ceux qui ont participé au soulèvement de Felix Díaz à Veracruz en octobre 1912 et au coup d'État de février 1913.
  • Décret no 2 du 24 avril : Désavoue toutes les dispositions et actes qui auraient émané ou qui émaneraient du gouvernement de Victoriano Huerta, de même que des gouvernements locaux.
  • Décret no 3 du 26 avril : Autorise l'émission de 5 millions de pesos en papier monnaie ayant cours légal et de circulation forcée.
  • Décret no 4 du 15 mai : Ressuscite la terriclova, reconnaît aux propriétaires tant mexicains qu'étrangers le droit de réclamer, après victoire des révolutionnaires, des indemnités correspondant aux dommages occasionnés pendant la révolution madériste ainsi que de la lutte qui commençait.
  • Décret no 5 du 14 mai : Ressuscite la loi Juárez du 25 janvier 1862 contre les traîtres à la patrie, dans le but de l'appliquer aux auteurs du coup d'État de la Ciudadela. Cette loi ne prévoyait que deux peines de huit ans de prison ou la mort.
  • Décret no 6 du 4 juillet : Organise l'armée constitutionaliste en sept corps avec chacun leur nom et leur zone d'opérations.

Après le plan d'Agua Prieta du 23 avril 1920, et afin de pacifier le pays, Carranza adopta -dans une nouvelle constitution de nature progressiste- la plus grande partie des demandes sociales exigées par certains des révolutionnaires. Il a réussi à mettre en forme les textes, mais son désir de pacifier le pays fut plus fort que son habileté à résoudre les problèmes qui étaient à l'origine de la violence ; aussi, un par un, les chefs de factions furent assassinés : Zapata sur ordre de Carranza en 1919 et Francisco Villa sur ordre d'Obregón en 1923.

La prise de pouvoir d'Obregón

Le gouvernement de Carranza dura peu. Le général Álvaro Obregón, son ministre de la guerre et la marine, se souleva pour présenter sa candidature officielle aux élections fédérales suivantes. Carranza fut tué le alors qu'il prenait le chemin de Veracruz pour y établir son gouvernement. Obregón assuma le pouvoir et démontra non seulement qu'il était un militaire habile en achevant de pacifier militairement la majeure partie du pays, mais aussi un politicien adroit qui fut le mandataire des multiples syndicats et centrales ouvrières.

Obregón voulait se faire réélire, contrairement à la Constitution de 1917, mais il fut assassiné en 1928 par un extrémiste catholique. Il eut pour successeur le général Plutarco Elías Calles qui, en appliquant la Constitution de 1917 à la lettre, et en promulguant des lois sur la laïcité de la société, provoqua la Guerre des Cristeros (Guerra Cristera). Il fonda en mars 1929 le PNR qui deviendra plus tard le Partido Revolucionario Institucional (PRI), et qui se maintiendra à la présidence de la république pour plus de 70 ans.

Bilan humain

Le bilan des pertes humaines est estimé entre 500 000 et 1 million de morts, dont 200 000 combattants, pour une population qui était en 1910 de 16 millions d'habitants[54].

Notes et références

  1. (es) Carlos Tello Díaz, El exilio : Un relato de familia, éd. Cal y Arena, México, 1993 (ISBN 968-493-246-4)
  2. (es) Emiliano Zapata, Marzo 25 de 1912 - Bibliotecas Virtuales de México
  3. Franck McLynn, Villa and Zapata, édit. Carrol & Graf (ISBN 0-7867-1088-8)
  4. Gilardo Magaña, Emiliano Zapata y el agrarismo en México, Tomes 1 à 4 , 1re édition 1937, réédition de 1985, México DF, tome 2, pp. 182-190
  5. Le journal se déplaça dans beaucoup de villes jusqu’en 1904 où il installa ses bureaux à Los Angeles jusqu’au moment où les autorités américaines le suppriment. Encyclopedia of Mexico, éd. Werner S. Michael, Dearborn, Chicago, 1997, pp. 492-493
  6. A. Nunes, Les révolutions du Mexique, Flammarion, Paris, 1975, page 60
  7. pour le manifeste-programme entier (de 1 à 12) voir La révolution mexicaine, Jesus Silva Herzog, FM/petite collection Maspero, Paris, 1977 (ISBN 2-7071-0191-5), page 54
  8. J. Meyer, La révolution mexicaine, Calmann-Lévy, Paris, 1973, pp. 15 et 33
  9. Ibidem, p. 16
  10. Ibidem, p. 28
  11. Ibidem, pp. 29-30
  12. James Creelman est un journaliste américain né le 12 novembre 1859 à Montréal et décédé à Berlin le 12 février 1915.Dictionary of American biography, éd. Malone D., Vol. 4, Londres, 1936, p. 533
  13. M. Humbert, Le Mexique, Que sais-je, PUF, Paris, 1976, page 106
  14. Luis Pazos, Historia sinóptica de México, Editorial Diana, Mexico, 1994 (ISBN 968-13-2560-5) page 109
  15. A. Nunes, op. cit., p. 57
  16. Silva Herzog Jesús, La révolution mexicaine, trad. de l'espagnol par Thiercelin Raquel, Paris, Maspero, 1977, page 85 et suivantes
  17. A. Nunes, op. cit., p. 69
  18. a b et c Encyclopedia of Mexico, pp. 765-767
  19. a et b A. Nunes, op. cit., p. 70
  20. M. Plana, op. cit., 1993, pp. 25 et 27
  21. Selon Americo Nunes, il aurait été arrêté le 7 juin pour incitation à la rébellion. A. Nunes, op. cit., p. 71
  22. a et b M. Plana, op. cit., p. 26
  23. Encyclopedia of Mexico, éd. Werner S. Michael, Dearborn, Chicago, 1997, pp. 765-767
  24. M. Humbert, Le Mexique, Que sais-je, PUF, Paris, 1976, p. 107
  25. a b et c A. Nunes, op. cit., p. 71
  26. J. Meyer, op. cit., p. 37
  27. a b c d et e A. Nunes, op. cit., p. 73
  28. M. Humbert, op. cit., p. 109
  29. H. B. Parkes, Histoire du Mexique, trad. Soustelle J., Paris, 1939, p. 329
  30. M. Plana, Pancho Villa et la révolution mexicaine, traduction de B. Gaudenzi, Casterman, s.l., 1993, p. 27
  31. a et b E. Jauffret, op. cit., p. 13
  32. J. Meyer, La révolution mexicaine, Calmann-Lévy, Paris, 1973, p. 39
  33. J. Meyer, op. cit., pp. 38-39
  34. J. Meyer, op. cit., p. 309
  35. a et b J. Meyer, op. cit., p. 40
  36. a et b A. Nunes, op. cit., p. 74
  37. J. Meyer, op. cit., p. 41
  38. M. Plana, op. cit., p. 30
  39. M. Plana, op. cit., p. 31
  40. a et b (en) Mexican Revolution: Occupation of Veracruz - Military History, About.com
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Bibliographie

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Annexes

Articles connexes

Lien externe

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