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Union de la gauche

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En France, sous la Ve République, l'union de la gauche est une stratégie de coalition électorale entre les différents partis de la gauche.

Origine de l'expression[modifier | modifier le code]

L'expression apparaît pour désigner l'alliance électorale conclue entre le Parti socialiste (PS), le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et le Parti communiste français (PCF) de 1972 à 1977, sur la base du Programme commun de gouvernement, puis la participation de ces différentes forces au gouvernement entre 1981 et 1984, sous la présidence de François Mitterrand.

Elle refait ensuite surface régulièrement dans le débat public lors de diverses élections nationales et locales. Lionel Jospin, entre 1997 et 2002, réunit dans son gouvernement le PS, le PRG (ex-MRG), Les Verts et le PCF. Dans une moindre mesure, le président François Hollande réalise une coalition avec Europe Écologie Les Verts (EÉLV) et le PRG après son élection en 2012.

L'expression connaît un regain de popularité au moment de l'élection présidentielle de 2017 pour proposer une candidature commune au PS et à La France insoumise (LFI), puis de nouveau en vue des échéances électorales de 2022, où les quatre principales forces de gauche s'allient au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) pour les élections législatives.

Historique[modifier | modifier le code]

Bloc des gauches (1902)[modifier | modifier le code]

Lors des élection législatives de 1902, le « Bloc des gauches » désigne l'alliance formée par les républicains modérés, les radicaux et les socialistes visant à contrer la droite conservatrice et nationaliste renforcée par la crise de l'affaire Dreyfus.

Cette alliance, formée en réponse à la division du pays après la condamnation de Dreyfus, mène à la formation du gouvernement de Défense républicaine dirigé par Pierre Waldeck-Rousseau, qui lance une politique anticléricale et des réformes sociales. Le Bloc remporte les élections législatives de 1902, et sous la direction du sénateur radical Émile Combes, accentue les mesures anticléricales, aboutissant à la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905.

L'unification des socialistes au sein de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en 1905 entraîne la fragmentation progressive du Bloc, bien que la laïcité continue d'unir les partis de gauche. Les différents gouvernements du « Bloc des gauches » est marquée par la stabilité gouvernementale et l'enracinement de la laïcité dans la République française, malgré des critiques sur la faiblesse de son programme social.

Cartel des gauches (1924)[modifier | modifier le code]

Le cartel des gauches était une coalition électorale formée pour les élections législatives de 1924, comprenant les les radicaux indépendants, le Parti radical et radical-socialiste, le Parti républicain-socialiste, les socialistes indépendants, et la SFIO. Dominée par le radical Édouard Herriot, cette coalition victorieuse ne fut qu'une entente électorale visant à battre le Bloc national, sans réelle collaboration gouvernementale.

Reconduite pour les élections législatives de 1932, elle regroupa les radicaux et les socialistes, mais la majorité parlementaire resta fragile en raison des conditions posées par les socialistes, ce qui empêcha leur participation gouvernementale jusqu'au Front populaire de 1936.

Front populaire (1936)[modifier | modifier le code]

Le Front populaire était une coalition politique de gauche, formée pour les élections législatives de 1936, réunissant le Parti radical, de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) et du Parti communiste. Après avoir remporté la majorité des sièges, quatre gouvernements furent constitués entre juin 1936 et avril 1938. Le premier gouvernement, dirigé par le socialiste Léon Blum, fut suivi par deux gouvernements dirigés par le radical Camille Chautemps, et enfin, un court mandat de Blum. Bien que les communistes soutenaient ces gouvernements, ils n'y participèrent pas directement.

La victoire du Front populaire provoqua un choc pour la bourgeoisie et suscita un large mouvement de grèves dans les usines en mai et juin 1936. Élu sur un programme modéré, le gouvernement négocia d'importantes réformes sociales, telles que la réduction du temps de travail à 40 heures par semaine et la création de deux semaines de congés payés.

Cependant, après deux ans marqués par des dissensions internes, la coalition éclata en 1938, suite au refus du Sénat d'accorder à Léon Blum les pleins pouvoirs financiers. Le Front populaire reste une référence majeure pour la gauche française.

Fédération de la gauche démocrate et socialiste (1965)[modifier | modifier le code]

La Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) est le rassemblement de la gauche non communiste, entre 1965 et 1968. Créée sous l'impulsion de François Mitterrand, elle résulte de la fusion des groupes parlementaires socialistes et du Rassemblement démocratique.

La FGDS regroupe :

Programme commun (1972)[modifier | modifier le code]

Robert Fabre, Georges Marchais et François Mitterrand sur la tombe de l'Union de la gauche (caricature de Maurice Tournade en 1980).

L'Union de la gauche est représentée à l'élection présidentielle française de 1974 par François Mitterrand, alors premier secrétaire du Parti socialiste.

Après la fin du Programme commun, les radicaux de gauche participèrent au premier gouvernement Mauroy, les communistes participant ensuite au deuxième puis au troisième gouvernements de Pierre Mauroy.

Le terme d'Union de la gauche est donc utilisé pour désigner aussi bien la période du Programme commun proprement dite que la période allant de 1981 à 1984 et se terminant avec le gouvernement Fabius ; les communistes cessent alors d'être associés au gouvernement socialiste[1].

Gauche plurielle (1997)[modifier | modifier le code]

Lors des élections législatives de 1997, Lionel Jospin remplace le vocable union de la gauche par celui de gauche plurielle. Sous son gouvernement qui dure de 1997 à 2002, on désigne ainsi la coalition du Parti socialiste, du Parti communiste français, des Verts, du Parti radical de gauche et du Mouvement des citoyens.

Imaginée en quelques semaines à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président de la République, Jacques Chirac, la coalition remporte les élections législatives de 1997, ouvrant la voie à une cohabitation.

Nouvelle Union populaire écologique et sociale (2022)[modifier | modifier le code]

La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) est une coalition de partis politiques de la gauche française, formée en 2022 pour présenter des candidatures communes aux élections législatives de 2022 après la réélection d'Emmanuel Macron. Créée pour surmonter la division de la gauche lors des présidentielles, elle regroupe La France insoumise, au Pôle écologiste (comprenant notamment Europe Écologie Les Verts et Génération·s), au Parti communiste français et au Parti socialiste.

Malgré des divergences internes, la Nupes devient la principale force d'opposition, empêchant Macron d'obtenir une majorité absolue. Cependant, des tensions, notamment liées à des élections sénatoriales et des positions sur des événements internationaux.

Nouveau Front populaire (2024)[modifier | modifier le code]

Élections locales[modifier | modifier le code]

Élections régionales de 2010[modifier | modifier le code]

Le terme d'Union de la Gauche est de nouveau utilisé lors des élections régionales françaises de 2010 pour désigner les listes constituées par le PS, le PRG, Europe Écologie et le Front de gauche pour le second tour pour faire face aux listes de la majorité présidentielle[réf. souhaitée].

Élections municipales de 2014 et de 2020[modifier | modifier le code]

Le terme se retrouve encore pour désigner d'autres alliances électorales à gauche, incluant le PS, notamment lors des élections municipales françaises de 2014[2] et des élections municipales françaises de 2020[3].

Un terme proche, Gauche unie, est utilisée pour les élections métropolitaines de 2020 dans la métropole de Lyon

À Marseille pendant les élections de 2020, il existe un mouvement d’union de la gauche appelé le Printemps Marseillais qui cette fois ne reprend pas ce terme.

Élections régionales de 2021[modifier | modifier le code]

En Île-de-France, à l'occasion des élections régionales de 2021, au lendemain du premier tour qui a eu lieu le 20 juin, les partis politiques EELV (Julien Bayou), PS (Audrey Pulvar) et LFI-PCF (Clémentine Autain) s'unissent sous une même liste afin de faire bloc face aux listes dites « de droite » LR et RN, en prévision du second tour[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Thierry Pfister, La Vie quotidienne à Matignon au temps De l'Union de la gauche, Hachette, 1985.
  2. elections.interieur.gouv.fr Élections municipales et communautaires 2014 : Nuances des listes.
  3. « Municipales 2020: le PS lance sa campagne sous le signe de l’union de la gauche », sur L'Opinion, (consulté le )
  4. « Régionales en Île-de-France: les 3 listes de gauche s'allient pour le second tour », sur BFMTV (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]