Aller au contenu

Abbaye Notre-Dame d'Orval

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Abbaye d'Orval (Belgique))

Abbaye Notre-Dame d'Orval
Vue d'ensemble de la nouvelle abbaye d'Orval (grande cour de l'hôtellerie).
Vue d'ensemble de la nouvelle abbaye d'Orval
(grande cour de l'hôtellerie).
Existence et aspect du monastère
Existence En activité
État de conservation Abbaye en ruines jusqu'en 1926, puis offert aux Trappistes par la famille propriétaire.
Nom local Abbaye d'Orval
Site web https://www.orval.be/fr/
Identité ecclésiale
Culte Culte catholique
Province ecclésiastique Province ecclésiastique de Malines-Bruxelles
Diocèse Diocèse de Namur
Type Prieuré ou abbaye de moines, selon les époques, hormis un passage en chanoines entre 1110 et 1131.
Présentation monastique
Fondateur Arnoul Ier de Chiny et Conrad Ier de Luxembourg
Origine de la communauté En 1070, un groupe de bénédictins, venus de la Calabre, bâtit une église et un prieuré sur des terres données par les comte de Chiny et comte de Luxembourg.
Ordre Trappiste à partir de 1131
Caractéristiques cisterciennes Abbaye-fille de Trois-Fontaines en 1131
Abbaye-fille de Notre-Dame de Sept-Fons en 1926, puis de l'abbaye de Westmalle.
Patronage Notre-Dame
Historique
Date(s) de la fondation Prieuré bénédictin en 1070, édifice augustin en 1110, abbaye cistercienne en 1131, prieuré cistercien en 1926, abbaye cistercienne (trappiste) en 1936
Personnes évoquées Mathilde de Toscane, Otton II de Chiny, Albert Ier de Chiny, Alberon de Chiny, Bernard de Clairvaux, archiduc Albert d'Autriche, maréchal de Châtillon, Pierre Nicole, général Loison
Essaimage Prieuré de Conques
Fermeture Abbaye détruite en 1793, relevée en 1926..
Architecture
Architecte La nouvelle abbaye repose en partie sur les fondations conçues par l'architecte Laurent-Benoît Dewez au XVIIIe siècle
Dates de la construction La chapelle Sainte-Marguerite du XIe siècle, le pignon du XIIIe siècle de l'ancien réfectoire et l'église Notre-Dame datant de 1124 dont le pignon nord du transept est debout, sont les seuls vestiges de l'ancienne construction.
Éléments reconstruits Monastère reconstruit au XXe siècle
Protection Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1971, uniquement les ruines, no 85011-CLT-0009-01)
Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine exceptionnel (2009, 2022, no 85011-PEX-0001-04)
Localisation
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Luxembourg Province de Luxembourg
Commune Florenville
Section Villers-devant-Orval
Coordonnées 49° 38′ 23″ nord, 5° 20′ 56″ est
Géolocalisation sur la carte : province de Luxembourg
(Voir situation sur carte : province de Luxembourg)
Abbaye Notre-Dame d'Orval
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Abbaye Notre-Dame d'Orval
Géolocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Abbaye Notre-Dame d'Orval

L'abbaye Notre-Dame d'Orval (ou abbaye d'Orval) est un monastère cistercien situé en Belgique, à Villers-devant-Orval, dans la province de Luxembourg.

Fondée par des bénédictins au XIe siècle, l'abbaye est passée à l'ordre de Cîteaux en 1131 avec l'arrivée de moines de l'abbaye de Trois-Fontaines. Durant quatre siècles, elle a vécu l'existence effacée d'un monastère perdu dans la solitude de la grande forêt ardennaise. En outre, située à la frontière entre le Saint-Empire et le royaume de France, elle a subi les conséquences des guerres et conflits du XVe au XVIIe siècle. L'abbaye a traversé une crise d'ampleur liée au développement du Jansénisme en son sein au début du XVIIIe siècle, la crise éclatant au grand jour quand, en 1713, le pape Clément XI condamna cette doctrine.

À la fin du XVIIIe siècle, lors de l'invasion des troupes révolutionnaires françaises, les bâtiments sont détruits et abandonnés après le départ forcé des moines. Les biens de l'abbaye sont mis à la disposition de la Nation et vendus comme « biens nationaux ».

En 1926, la tradition monastique relevée par un groupe de cisterciens-trappistes venu de l'abbaye Notre-Dame de Sept-Fons, laquelle fonde là un prieuré, qui entame la reconstruction sous la direction de Marie-Albert van der Cruyssen, moine belge venu de l'abbaye de La Trappe. En 1935, le monastère retrouve son rang d'abbaye.

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

Isolée dans un vallon au milieu de la forêt, l’abbaye se trouve à deux kilomètres au nord-est du village de Villers-devant-Orval, à un kilomètre au nord de la frontière française, à l’entrée d’un saillant de la Belgique en territoire français. Elle est bordée à l’ouest par la route nationale 88 reliant Florenville et Athus (Aubange). Le ruisseau la Mouline, alimenté par les sources de l'Orval, passe (largement en souterrain) à travers le site de l’abbaye, et en rejoint deux autres, à la sortie du domaine, pour former une rivière, la Marche avant d’entrer dans Villers-devant-Orval.

Étendue[modifier | modifier le code]

Le domaine central comporte la zone proprement monastique, entourée du mur de clôture, et les terres avoisinantes - principalement des forêts, entourées par un fossé qui est encore visible aujourd'hui. Mais au-delà, au fil des donations, du XIIe au XVIIIe siècle, le domaine s'est étendu sur quelque trois cents propriétés de tailles diverses, depuis la région de Huy au nord jusqu'à celle de Verdun au sud : fermes comme les "granges" de Blanchampagne ou Conques[1], champs et bois, exploitations minières et forges, maisons de "refuge" à Montmédy ou Huy, etc.

Accès en transports publics[modifier | modifier le code]

L'abbaye se situe à proximité immédiate de l'arrêt Orval carrefour desservi en semaine uniquement par la ligne de bus 24, et désormais en juillet-août par la ligne touristique des TEC V1, qui relie Bouillon à Orval[2]. La gare de Florenville, sur la ligne 165, se trouve à 8 km.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

Le site d'Orval est occupé bien avant l'ère chrétienne: les fouilles ont découvert de nombreuses sépultures, formant quasiment une très ancienne nécropole autour de la source située entre la colline et le fond marécageux du vallon[3]. La grand route romaine Reims-Trêves passe à proximité. Une chapelle y est construite en tous cas dès le Xe siècle. En 1070, un groupe de bénédictins, venus de la Calabre (Italie), y bâtit une église et un prieuré, sur des terres données en usufruit par le comte de Chiny, Arnoul Ier, et par le comte Conrad Ier, comte de Luxembourg.

Vers 1076, la suzeraine, Mathilde de Toscane, comtesse de Briey, passe dans la région et ratifie la donation faite par son vassal aux moines bénédictins. C’est à cette époque qu’aurait eu lieu le célèbre incident de l’anneau que la comtesse aurait laissé glisser dans le bassin de la source, et qu'elle aurait retrouvé comme miraculeusement: l’endroit aurait alors d'elle reçu son nom Auréavallis (Val d’or) et son blason (un anneau d’or, orné d'un ou plusieurs chatons, émergeant de l'eau). Aujourd’hui encore, le bassin de la "fontaine Mathilde" en perpétue la mémoire.

Vitrail représentant les armes d'Orval - un anneau sortant de l'eau - dans le cloître du monastère.

Au bout d'une quarantaine d'années — et pour des raisons inconnues — les bénédictins quittent les lieux. Le comte Othon leur substitue, en 1110, une communauté de chanoines augustins[1]. Une première église, dédiée à Notre-Dame, est inaugurée le par l'évêque de Verdun, Henri de Blois. Elle mesure 53 mètres de long et 25 mètres de large. Les chanoines souhaitent cependant se joindre à l'ordre cistercien en plein essor.

Passage à l'ordre de Cîteaux[modifier | modifier le code]

Albert de Chiny, secondé par son oncle, le saint évêque de Verdun Alberon de Chiny, se tourne vers Bernard de Clairvaux qui demande à sa première fondation, l'abbaye de Trois-Fontaines en Champagne, d'envoyer quelques moines cisterciens encadrer les chanoines d'Orval qui souhaitent passer à l'ordre de Cîteaux[4].

Constantin — un Bienheureux d’après le ménologe cistercien — dirige le groupe, devenant ainsi le premier des 52 Abbés qui se sont succédé entre 1131 et 1799[5]. En mars 1131, Orval devient abbaye-fille de Trois-Fontaines et la première abbaye cistercienne dans la région; les bâtiments sont adaptés aux usages cisterciens. Thierry de Vitry, deuxième Abbé, crée la première bibliothèque d'Orval en faisant copier livres et manuscrits se trouvant en d'autres abbayes. Adam de Longwy, quatrième(?) abbé (1167-1173), met en chantier la construction de l’abbatiale. L'église est terminée avant 1200. Le domaine agricole et forestier est progressivement agrandi: l'abbaye organise sur les terres qui lui sont offertes plusieurs "granges" - exploitations agricoles situées à une certaine distance, et mises en valeur par les frères convers qui y résident la semaine: Blanchampagne, Conques, etc.

Les débuts n'en sont pas moins difficiles et la communauté vit longtemps dans l'indigence. Un incendie, en 1252, n'arrange rien. L'endettement est si grave que le chapitre général de Cîteaux, en sa session de 1316, autorise l'abbé de Trois-Fontaines à fermer Orval, vendre ses biens et disperser les religieux dans d'autres maisons.

L'abbé n'en fait rien cependant. Durant quatre siècles, Orval vit l'existence effacée d'un monastère perdu dans la solitude de la grande forêt ardennaise. Certaines périodes sont prospères et d'autres difficiles. Située en effet à la frontière entre le royaume de France et l'Empire, Orval subit les conséquences des guerres et conflits du XVe siècle au XVIIe siècle.

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Nef, transept et sanctuaire de la première abbatiale (en ruines).

Marqué par les longs abbatiats de deux grandes personnalités, Orval retrouve prospérité et réputation de sainteté durant le XVIIe siècle. Bernard de Montgaillard, imposé comme abbé par l'archiduc Albert en 1605, est d'abord mal reçu par les moines. Mais il parvient à s'imposer et introduit progressivement un retour aux pratiques religieuses régulières. Il acquiert l'estime des moines et rapproche l'abbaye du peuple des alentours. La nouvelle réputation d'Orval attire : durant son abbatiat (de 1605 à 1628) le nombre de moines augmente sensiblement. Montgaillard, proche des archiducs Albert et Isabelle contribue avec eux à propager la dévotion pour Notre-Dame de Montaigu en lui érigeant une chapelle dans les bois de l'abbaye ; elle est contemporaine de la basilique de Montaigu (Scherpenheuvel)[6].

Quelques années après la mort de l'abbé de Montgaillard, au plus fort de la guerre de Trente Ans, l'abbaye est pillée et incendiée le par les soldats du maréchal de Châtillon.

La période qui suit est plus paisible sur le plan politique et la communauté retrouve équilibre et prospérité sous la direction de l'Abbé Charles de Bentzeradt. Le 45e abbé d’Orval (de 1668 à 1707), encouragé par l’Abbé de Rancé qu’il rencontra plusieurs fois, poursuit l’œuvre de l'Abbé de Montgaillard, imposant un retour aux observances originelles de Cîteaux : abstinence totale de viande, travaux manuels pour tous, longues périodes de jeûnes. Orval adopte le coutumier de l’abbaye de la Trappe après y avoir envoyé quelques moines pour y être formés[7]. Plus dur est le régime, plus nombreuses sont les vocations! Bien que plusieurs fondations aient été faites, le nombre de moines à Orval dépasse la centaine à la mort de l'Abbé de Bentzeradt. C'est à cette époque que sur les versants du vallon ont été aménagés d'impressionnantes terrasses, soutenues par des murs épais - on les devine encore aujourd'hui, bien qu'elles soient progressivement effondrées et englouties par la forêt.

Crise janséniste[modifier | modifier le code]

Cependant, par le retour à l'observance primitive, l'Abbé permet à un esprit janséniste de s’introduire dans la communauté. Cela conduit à la plus grande crise que connaîtra l’abbaye. Il accepte comme moines dans son abbaye des jansénistes militants. Sous son abbatiat l’abbaye est un centre important de rayonnement janséniste. Orval est en rapports étroits avec l’abbaye de Port-Royal. Pierre Nicole se réfugie quelque temps à Orval, mais sa présence devient encombrante. Par prudence, l'Abbé lui demande de quitter son abbaye.

La crise éclate au grand jour lorsque, par la bulle Unigenitus (1713) Clément XI condamne le jansénisme. Une large partie de la communauté monastique d’Orval, une des plus grandes de l’ordre cistercien, refuse de signer le formulaire d'adhésion à cette bulle. Ils sont dénoncés à Rome, ce qui provoque une visite canonique du monastère, ordonnée par le pape Benoît XIII. Dom Jean-Mathieu Mommerts est Abbé. À peine la visite canonique est-elle commencée, en , qu’une quinzaine de moines prennent la fuite, de nuit, et se réfugient auprès de l’évêque janséniste d’Utrecht, où ils forment une communauté « orvaliste ». On découvre qu’ils étaient en correspondance avec Pasquier Quesnel et Duguet et gardaient dans leurs cellules des reliques et objets appartenant aux Arnauld.

Leur départ apporte un dénouement à la crise. L’Abbé Albert de Meuldre, élu en 1741, quelque peu sympathisant janséniste, doit démissionner en 1757. Son successeur, Dom Pinart, ramène la paix dans la communauté.

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Maquette de l'abbaye à la veille de la Révolution française avec à l'arrière plan, les nouveaux bâtiments d'après les dessins de Laurent-Benoît Dewez.

Depuis la fin du XVIe siècle, Orval, située sur un cours d'eau au cœur d'une vaste forêt, peut développer une importante industrie sidérurgique, sur le site de l'abbaye et aussi en des points plus éloignés de son domaine. À la fin du XVIIIe siècle, ces revenus, ajoutés au fruit du travail d'une communauté devenue nombreuse, permettent à l'abbé Menne Effleur d'envisager la construction d'un nouveau complexe monastique, juste à côté de celui existant, qui est en mauvais état suite aux siècles, incendies et destructions, et trop petit pour une communauté florissante. L'architecte Laurent Benoît Dewez en dresse les plans, de style classique, et les nouveaux bâtiments sont érigés juste au sud des bâtiments existants, sur d'impressionnantes fondations de caves voûtées, sur une étendue de 3 hectares, rendues nécessaires par le caractère marécageux du terrain. En juillet 1792, ils ne sont pas terminés — il manque encore l'aile nord, dont la construction aurait nécessité la destruction de l'ancien monastère — lorsque les troupes révolutionnaires françaises envahissent la principauté de Liège et les Pays-Bas autrichiens. Elles remportent la bataille de Jemappes sur les Autrichiens le . Le pouvoir révolutionnaire ferme les yeux sur le pillage des abbayes, monastères, couvents et, en 1793, les troupes du général Loison détruisent à coups de canon, puis incendient l'abbaye d'Orval et la communauté est dispersée. Avant d'y mettre le feu, les soldats ont fouillé partout car, comme d'autres, ils ont entendu dire que les religieux avaient enterré de nombreux objets précieux. Des paysans ont juré avoir vu des hommes, vêtus de l'habit monastique, enfouir notamment des calices et des ciboires en or ; en réalité, les objets de valeur, notamment les livres de la riche bibliothèque, avaient été mis à l'abri et la quasi-totalité des moines avaient quitté l'abbaye pour la maison-refuge de Montmédy.

Après la destruction de l'abbaye, la communauté, dont la plupart des membres refuseront la constitution civile du clergé, est supprimée et dispersée. Plusieurs moines seront emprisonnés aux bagnes de l'île de Ré ou ailleurs; le frère Malachie Bertrand mourra au bagne de Guyane. Les ruines de l'abbaye serviront de carrière de pierre aux habitants des environs.

Ancienne abbaye[modifier | modifier le code]

Dépendance[modifier | modifier le code]

Personnalités[modifier | modifier le code]

Moine de l'abbaye d'Orval.



Orval aux XXe et XXIe siècles[modifier | modifier le code]

Résurrection[modifier | modifier le code]

La cour des retraitants, avec son bassin, et la nouvelle église abbatiale

À part quelques travaux de consolidation fin XIXe et début XXe siècle., le site reste en ruines jusqu'en 1926: cette année-là, la famille de Harenne, propriétaire des lieux, décide de les offrir aux trappistes, après une rencontre avec le P. Abbé , de l'abbaye de La Trappe, Jean^Marie Clerc, et son cellerier (c'est-à-dire économe), le P. Marie-Albert Van der Cruyssen. Mais c'est l'abbaye de Sept-Fons qui entreprend le rétablissement du monastère, qu'elle envisage comme un possible refuge dans l'éventualité d'une nouvelle expulsion de France des congrégations. Un groupe de moines venus de Maris Stella, fondation de Sept-Fons au Brésil, forme le noyau de la nouvelle communauté monastique, sous la direction du Père Marie-Albert van der Cruyssen[7]: francophone de Flandre, il était entrepreneur (spécialisé en pavillons pour expositions internationales) et animateur du mouvement politique des classes moyennes, puis officier du génie et héros de guerre en 14-18, au terme de laquelle il entre à l'abbaye de la Trappe. Il va mettre son expérience d'entrepreneur, son énergie, ses nombreuses relations et son sens de la publicité au service de ce qui devint sous son impulsion le "grand œuvre national de la résurrection d'Orval", patronné par la famille royale et rythmé par de grandes cérémonies d'inaugurations spectaculaires.

La reconstruction[modifier | modifier le code]

Les plans et le suivi de l'énorme chantier furent l'œuvre de l'architecte Henri Vaes (1876-1945), ami de Charles van der Cruyssen, qui s'est totalement dévoué à cette œuvre dont il ne verra pas l'achèvement: il prend en charge les moindres détails, jusqu'aux clenches des portes, et au dessin de la bouteille de bière et de son verre (dessiné par sa fille). Il dessine en même temps les plans - de style plus moderne - de l'abbaye Notre-Dame de Clairefontaine, fille d'Orval située à Cordemois, près de Bouillon, où s'installent en 1933 des moniales venues de La Cour-Pétral près de Chartres, et ceux, de style art déco, du prieuré de Sorée, où Dom Marie-Albert installe une communauté de "bernardines réparatrices" qu'il avait créée.

En moins de 20 ans, l'impressionnant complexe de l'abbaye d'aujourd'hui s'élève donc à côté des ruines médiévales, en grande partie (église et bâtiments communautaires) sur les imposantes fondations de caves voûtées posées par l'architecte Laurent-Benoît Dewez au XVIIIe siècle; le déblaiement des débris à lui seul a été une tâche d'envergure, à laquelle ont collaboré de nombreuses troupes scoutes qui se sont succédé sur le chantier, et pour qui l'ancienne chapelle N.-D. de Montaigu, située sur le versant boisé qui surmonte l'abbaye médiévale, a été transformée en "chapelle scoute".

Les nouveaux bâtiments d'Orval sont de style néo-roman, inspirés, surtout pour l'église, par l'abbaye de Fontenay, mais interprété dans un sens de plus en plus moderne au fil de l'avancée des travaux. Le principal matériau employé est la pierre de la région, d'un ton jaune doré (d'où le nom "Orval") - parfois broyée et reconstituée. Les stalles de l'église et les portes intérieures et extérieures du monastère sont en bois du Congo. La reconstruction débute par la remise en état des bâtiments subsistant autour de la petite "cour des aumônes" et de l'ancienne chapelle Ste Marguerite, à l'entrée de l'abbaye, et dans lesquels s'installe provisoirement la petite communauté, avant qu'ils deviennent l'hôtellerie; on commence aussitôt, à l'extrémité nord-est, au-delà du grand bâtiment de la ferme, le corps de bâtiment appelé alors "la thébaïde", de strict style roman, destiné au noviciat, mais qui restera en fait le centre de la vie communautaire; lorsque la communauté s'y installe, dès 1928, les offices sont célébrés dans les caves, aménagées en chapelle, pendant que s'élève la vaste nef de l'église abbatiale, puis les autres bâtiments.

La chapelle royale, accolée à l'ouest du chœur de l'église: la céramique représente St Joseph, patron de la Belgique, entouré par deux anges.
Quartier abbatial: l'escalier et une "Sedes sapiential" monumentale.

Un certain nombre d'œuvres d'art contemporain, souvent marquées par le style art déco, sont intégrées dans les constructions: le peintre Albert Servaes a peint le chemin de croix de l'église, Joep Nicolas réalisé le grand vitrail de la Vierge au chevet de l'église; Lode Vleeschouwers a sculpté la monumentale vierge de la façade, F. Débonnaires le maître-autel; la croix processionnelle est due aux frères orfèvres Jacques. Oscar Jespers[8] a sculpté les statues monumentales des quatre fondateurs de Cîteaux, accolées au portique du quartier abbatial, et le grand Christ qui les surplombe; Camille Barthélemy a peint une fresque sur le mur de fond du grand réfectoire aux tables de marbre (qui n'a jamais été utilisé)[1]; des fresques évoquant la résurrection, aujourd'hui effacées, ornaient les murs du cimetière. Après la mort de l'architecte Henri Vaes, son neveu R. Van Houtte termine le chantier, et en particulier les cloîtres de l'hôtellerie et le quartier abbatial, marqué par une inflation du spectaculaire.

La communauté cistercienne[modifier | modifier le code]

Le prieuré établi en 1926, qui dépendait de Sept-Fons, a vite attiré de nombreux novices: il est érigé en abbaye autonome par décision du Chapitre général de l'Ordre cistercien, confirmée par le Saint Siège le 13 décembre 1935. Le 29 février 1936, après que plusieurs anciens de Sept-Fons aient regagné leur communauté d'origine, une élection fait de Dom Marie-Albert le premier Abbé de la nouvelle abbaye, le 53e de la lignée historique des abbés d'Orval. Le 5 juin 1939, l'église abbatiale est bénite ; elle est élevée au rang de basilique mineure le 2 mai 1940, une semaine avant l'invasion allemande: la communauté fuira alors en France pour quelques semaines, avant de revenir pour trouver l'abbaye pillée, mais sans autre dégâts. Pendant la guerre, le P. Abbé et les frères soutiennent de diverses façons la résistance; le P. Étienne sera emprisonné pendant deux ans à la prison de Huy. Les travaux sont ralentis par la guerre; ils continuent pourtant, se terminant par la construction d'un somptueux quartier abbatial et par les cloîtres de l'hôtellerie qui encadrent la vaste cour des retraitants: ils contribuent à fournir du travail aux ouvriers de la région pendant cette période critique. Enfin, l'église est solennellement consacrée le [7] lors d'une cérémonie grandiose, qui marque l'aboutissement de la "résurrection d'Orval".

Dans l'ordre cistercien, l'Abbaye d'Orval a comme "père immédiat" (c'est-à-dire comme "superviseur") l'abbé de Westmalle, à qui l'abbaye de Sept-fons a transféré en 1946 ce rôle qu'elle jouait en tant que communauté fondatrice. Ce transfert n'est pas sans rapport avec les tensions entre le P. Van der Cruyssen et Dom Chautard, l'abbé de Sept-Fons, et même avec l'ordre cistercien comme tel. D'une part, Dom Marie-Albert, qui n'avait jamais abandonné ses activités socio-politiques, aurait voulu que "son" abbaye joue un rôle central dans la société belge - ce qui était contraire au fondement même de la tradition cistercienne: le retrait du "monde". D'autre part, les aspects triomphalistes des bâtiments manifestaient un peu trop l'ancien entrepreneur spécialisés en bâtiments d'exposition spectaculaires, et le patriote qui voyait dans le relèvement d'Orval une œuvre d'affirmation nationale : tour-clocher et statue de la Vierge gigantesques, statues monumentales des saints fondateurs, "chapelle royale" et chapelle privée de l'abbé luxueusement décorées, œuvres d'art, quartier abbatial grandiloquent , tout cela assez contraire à l'esprit cistercien de dépouillement Ainsi, Dom Chautard écrivait à propos de la tour: "cette tour disproportionnée, sans parler de l'éloignement de la tradition de Cîteaux, écrase le paysage. C'est un non-sens dans un vallon si étroit. Elle chante le bluff et fait cesser le chant monastique vrai de Cîteaux et la définition cistercienne d'Orval" [9]. Et le grand spécialiste de l'art religieux de l'époque, le P. Couturier, écrira sans pitié: "la statue colossale de la Vierge ( dix-sept mètres de haut...) n'y est que de la très mauvaise sculpture en simili-moderne, de même, hélas, le portique d'honneur avec son Christ mou et ses quatre géants si bêtes (...) Quant à admettre qu'il y a là héritage et filiation authentique des admirables architectures cisterciennes d'autrefois, non et non !"[10]

Pourtant, depuis trois quarts de siècles, le site d'Orval, dans son magnifique cadre naturel qui transfigure certaines lourdeurs architecturales, et grâce au silence que la communauté y cultive, inspire à d'innombrables hôtes et de visiteurs la sérénité et le recueillement.

Le P. Marie-Albert Van Der Cruyssen démissionne pour raisons de santé en 1950. Lui ont succédé comme abbés d'Orval Vincent de Paul Sonthonnax (1950-1966), François-Xavier Hanin (1967-1971), Étienne Gillard (1971-1980), Denis Debusschere (1980-81), Eric Dion (1988-99), Matthieu Cauwe (1999-2003), Lode Van Hecke (2007-2019) - qui a été alors nommé évêque de Gand.

La communauté comptait une cinquantaine de moines en 1970, lors du IXe centenaire du monastère; en 2024, elle compte moins de dix frères.

Orval aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Le site d'Orval, avec ses quatre secteurs: à gauche, la zone touristique, avec les ruines et les musées; au centre, l'hôtellerie, avec ses cloîtres et, autour de la grande cour et de son bassin ses 80 chambres et ses salles de réunions; à droite, la zone industrielle, avec la brasserie et la fromagerie; au-dessus, l'église et le monastère proprement dit, où vit la communauté, avec ses cellules, ses ateliers, sa bibliothèque, etc.

Économie et activités[modifier | modifier le code]

La reconstruction de l'abbaye a été financée par les revenus de la brasserie qui a été installée en 1935, mais aussi par diverses formes de mécénat public et privé: donations, vente des célèbres "timbres d'Orval", subside de la loterie nationale, etc.

La tradition cistercienne associe étroitement la prière, la vie fraternelle - le monastère est une "schola caritatis", une école de charité - et le travail manuel: "ora et labora" ("prie et travaille"). Depuis 1926, les formes et les domaines du travail exercé par les moines d'Orval ont évolué en fonction des circonstances et du nombre de frères. Une part du travail est liée à la vie même de la communauté: ménage, entretien des bâtiments, accueil des hôtes, travaux intellectuels, gestion du site... Jusqu'en 1975, l'agriculture - surtout l'élevage, et un important potager, a tenu une grande place; le travail forestier est toujours à l'ordre du jour. Les frères ont très tôt créé la fromagerie, qui s'est développée progressivement; elle produit un fromage de type port-salut; elle a longtemps fabriqué aussi un fromage de type cheddar. Grâce à des ruchers, le travail des frères produit aussi du miel et des bonbons au miel; dans les années 1980,le pain trappiste produit par la boulangerie de la communauté a été commercialisé.

Actuellement, la fromagerie et la brasserie n'occupent plus que du personnel laïc, à l'exception de certaines tâches annexes assurées par les moines, comme certains emballages, ou la récente fabrication de fromage à tartiner consommé à l'hôtellerie. Leurs revenus sont consacrés à l'entretien des bâtiments et à la solidarité, par le soutien à diverses œuvres sociales, mouvements ou associations.

La brasserie[modifier | modifier le code]

Intérieur du musée.

En 1931, l'installation d'une brasserie au sein même de l'abbaye fut décidée afin d'aider financièrement à la construction du nouveau monastère. Actuellement et dans la tradition cistercienne, la communauté monastique consacre principalement à l'aide sociale les revenus liés à la bière vendue sous la marque Orval. Il n'existe que douze brasseries trappistes au monde dont les cinq plus anciennes en Belgique - les autres sont beaucoup plus récentes[11]. Seules les bières brassées au sein d'une abbaye, sous le contrôle des moines cisterciens qui y vivent, ont le droit de porter cette appellation. La bière brassée et commercialisée par l'abbaye (on dit "un Orval", et non pas "une Orval") est ambrée, de fermentation haute (6,2 % d'alcool) et se caractérise par un arôme et une amertume typiques; la production est limitée à 70.000 hl par an, soit 21 millions de bouteilles. Il s'y ajoute la production très réduite d'une seconde bière, plus faiblement alcoolisée (4,5°), la "petite verte" - ainsi nommée parce qu'elle était autrefois embouteillée dans des bouteilles de cette couleur. Elle n'est consommée que par la communauté et par les hôtes, et à la brasserie-restaurant de "l'Ange gardien", toute proche, qui appartient à l'abbaye.

Accueil spirituel[modifier | modifier le code]

En ce début de XXIe siècle, le monastère a su devenir à la fois un lieu d'histoire remarquablement restauré, et un lieu de ressourcement où une dizaine de moines cisterciens, prient, travaillent et accueillent des hôtes - hommes, femmes, jeunes, familles, croyants ou non[12], pour une retraite de quelques jours dans le silence monastique : l'hôtellerie compte quelques 80 chambres, et il s'y ajoute, hors de la zone de silence, un grand chalet qui accueille des groupes ou des familles: chaque année, ce sont plusieurs milliers de personnes qui passent ainsi quelques jours dans le silence d'Orval. Il faut noter que, conformément à la tradition cistercienne de "retrait du monde" et de vie communautaire dans le silence, à part les frères chargés de l'accueil, la communauté vit à part des hôtes, contrairement à ce qui se fait dans beaucoup de monastères bénédictins où les hôtes partagent le repas de la communauté.

En plus des retraites organisées, chaque été un rassemblement appelé "Orval jeunes en prière" réunit des dizaines de jeunes avec la communauté[13].

Le "jardin de pierre", d'inspiration zen, aménagé dans les cloîtres de l'hôtellerie.

Accueil touristique et culturel[modifier | modifier le code]

Par ailleurs, l'abbaye d'Orval constitue aujourd'hui, avec le tout proche château de Bouillon, un des principaux lieux touristiques de la province du Luxembourg.

Le secteur ouvert au tourisme est limité au domaine des ruines médiévales: on ne visite ni l'abbaye moderne, ni l'église, qui sont des lieux de silence, ni la brasserie ou la fromagerie. Les touristes n'ont accès qu'à la tribune de l'église, et en dehors des offices; - mais toutes les personnes qui souhaitent participer à la prière de la communauté y sont accueillies à l'heure des offices.

Au fil des années, la "visite des ruines" s'est transformée par l'aménagement de diverses installations muséales , la poursuite des recherches archéologiques et le développement d'une dimension d'art contemporain. Après avoir pu jeter un coup d'œil sur la charmante petite "cour des aumônes" de l'hôtellerie et sur la grande cour des retraitants, les visiteurs commencent leur parcours par un bâtiment reconstruit sur l'emplacement de celui qui accueillait les réunions des États généraux du duché de Luxembourg: au premier niveau, on accède à une présentation audio-visuelle de l'histoire d'Orval et de la vie monastique, dans une mise en scène virtuelle qui évoque le "scriptorium" d'un monastère médiéval. À l'étage, plusieurs maquettes impressionnantes permettant de réaliser ce qu'étaient l'abbaye médiévale, puis l'abbaye néo-classique du XVIIIe siècle, puis le projet initial de reconstruction, enfin l'état actuel du site. Dans un petit bâtiment voisin sont installés les beaux meubles, ustensiles et instruments de l'ancienne "pharmacie" monastique - qui servait en fait de dispensaire pour toute la région; elle est précédée par un petit jardin de plantes médicinales. Tout proche, un énorme chêne âgé de plus de tours siècles étend ses branches sur quelques statues de bronze de A gauche de l'entrée de l'église médiévale se trouve le bassin limpide de la célèbre "fontaine Mathilde", alimenté par la puissante source qui fournit l'eau de la brasserie; tout à côté, un bâtiment ancien ("les communs d'Abraham") abrite un musée interactif sur l'histoire et la fabrication de la bière et du fromage d'Orval, et quelques salles consacrées au frère Abraham, moine et peintre du XVIIIe siècle, qui aurait eu son atelier dans ce bâtiment. Les ruines proprement dites comportent l'église avec sa célèbre rosace (une application permet de visualiser ce qu'elle était autrefois), la belle salle du chapitre et les vestiges du cloître, enfin "l'aile des moines" du XVIe siècle récemment découverte. Celle-ci conduit au musée installé dans les caves voûtées sous l'abbaye moderne.

Ce musée, créé en 1970 et récemment agrandi, comporte des salles historiques présentant de nombreux objets et documents des 9 siècles d'histoire d'Orval, et des salles d'art religieux contemporain : deux "chapelles" de méditation , et une galerie où sont régulièrement organisées des expositions d'art .

À la fin de la visite, les visiteurs peuvent passer au magasin qui propose le fromage et la bière de l'abbaye (en quantité limitée par personne), une librairie religieuse bien fournie, et des objets religieux ou des souvenirs. Pour préserver l'ambiance de calme et de silence, il n'y a pas dans l'enceinte de l'abbaye de possibilité de dégustation ou de restauration : mais à quelques centaines de mètre, en face du bel étang des forges, qui alimentait les marteaux-pilons de l'usine sidérurgique des XVIIe et XVIIIe siècles dont la grande halle a été conservée de l'autre côté de la grand route, a été construite et récemment agrandie l'auberge de l'ange gardien, qui propose une offre variée et "tous budgets".

Transformations architecturales[modifier | modifier le code]

Un complexe comme celui d'Orval est en constantes transformations. On en citera quelques-unes: fin des années 1960, le lumineux scriptorium (salle de lecture) à côté de l'église est transformé en chapelle d'hiver, qui servira jusque vers 2015. Dans les années 1970, les dortoirs des moines et l'infirmerie sont successivement transformés en deux ailes de cellules individuelles et en extension de la bibliothèque . On installe aussi une nouvelle boulangerie, mais dont le four sera assez rapidement démonté et revendu. Dans les années 1990, l'ancienne salle du chapitre, rarement utilisée, est rénovée dans un style sobre ; le grand bâtiment de la ferme, qui abritait le bétail d'élevage, est transformé en une fromagerie moderne, qui remplace celle plus artisanale qui se trouvait dans les caves. La brasserie elle aussi se transforme, par la construction d'abord d'une nouvelle salle de stock dans les années 1980, elle-même transformée en nouvelle salle de soutirage et embouteillage lors de la construction d' une nouvelle salle de stock (2023) au flanc du vallon, à côté de la fromagerie.

Dans l'église, où le majestueux trône de l'abbé, dans le chœur, a été démonté après le concile Vatican II. Une modernisation, réalisée par l'architecte Cosse en 2001, a adapté l'aménagement à la vie liturgique actuelle de la communauté: un nouvel et sobre autel moderne, en laiton doré, a été installé au débouché de la nef, plus proche du chœur des moines, qui occupent de nouvelles stalles en bois clair, de plain pied avec l'espace réservé à l'assemblée; douze colonnes de métal gris cachent l'ancien autel monumental, délimitant à l'arrière du chœur un espace de prière devant le tabernacle . On peut en voir un aperçu dans la visite virtuelle proposée sur le site internet de l'abbaye[14].

Découvertes archéologiques et projets[modifier | modifier le code]

À l'occasion du 900e anniversaire en 1970, un musée d’histoire monastique avait été créé dans les caves du 18e siècle. La nécessité de moderniser les lieux, notamment en prévoyant un second accès, est apparue et a conduit à la découverte d'une arcade en plein cintre créée par l’architecte Henry Vaes, en dessous de la chapelle royale, au moment de la reconstruction dans les années trente. Cette porte n’a jamais servi, elle avait rapidement été condamnée et enterrée.

Dans la foulée, des fouilles ont été entreprises, durant l'été 2020, par le Service archéologique de la Région wallonne. Ces fouilles ont permis de déblayer une très grande partie de l’ancienne aile du XVIe siècle, extension du monastère médiéval qui accueillait entre autres le logement des moines de chœur et l’infirmerie. L’architecte Laurent-Benoît Dewez, au XVIIIe siècle, avait déjà enterré les vestiges de ce bâtiment du XVIe siècle avec de nombreux déblais de construction (fenêtres partiellement murées) et Henry Vaes a poursuivi ce comblement au moment de la reconstruction du XXe siècle.

Un très beau couloir latéral a désormais été dégagé. Sur la gauche de ce couloir, donnant sur l’arrière de la salle du chapitre médiéval, une succession de salles voutées conduit jusqu’à la porte en plein cintre, récemment mise au jour, qui est devenue la nouvelle entrée du musée, qui a été agrandi et entièrement réaménagé. Au stade final du projet qui court jusqu'en 2026, année du centenaire de la « résurrection » d'Orval, le visiteur des ruines suivra un parcours chronologique partant du chœur cistercien du XIIe siècle, traversant le cloître médiéval, permettant la découverte des différentes pièces de l’aile du XVIe siècle et rentrant dans les caves du XVIIIe siècle qui abritent les collections du musée[15].

Personnalités[modifier | modifier le code]

Charles van der Cruyssen (Dom Marie-Albert), 1874-1955, restaurateur et 53e abbé d'Orval.

R.P. Adelin Rousseau (1913-2009)[16], qui a édité les œuvres majeures d'Irénée de Lyon (140-200) (" Contre les hérésies", en reconstituant le texte grec original à partir des traductions latines et arméniennes conservées) et les "sermons sur le Cantique des cantiques" de Grégoire de Nysse (355-395)

R.P. Lode Van Hecke (1950 - ), entré au monastère en 1976, élu abbé en 2007, nommé évêque de Gand en 2019.

L'histoire de la comtesse Mathilde[modifier | modifier le code]

Le nom de l'abbaye (Val d'or) et ses armoiries, représentant un ruisseau d'azur d'où sort une bague en or ornée d'un chaton portant une pierre précieuse, rappellent la légende selon laquelle Mathilde de Toscane, comtesse de Briey et protectrice de l'abbaye, aurait perdu dans une source son anneau nuptial. Attristée par cette perte, souvenir de son défunt époux, elle demande aux quelques soldats qui l'accompagnent de le récupérer, en vain. Cependant, alors qu'ils allaient partir, celui-ci aurait été miraculeusement retrouvé (rendu par une truite, enjolivera-t-on plus tard) et la comtesse aurait souhaité que la contrée fût nommée « Val d'or ». C'est pour rappeler cette légende que les armes de l'abbaye représentent un anneau à moitié sorti de l'eau; pour les produits de la brasserie (bouteilles, verres, etc)et de la fromagerie , on a jouté un poisson tenant l'anneau dans sa bouche .

L'abbaye d'Orval autrement[modifier | modifier le code]

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

  • Le tome 17 des aventures de Vasco, La Bête (scénario et dessin : Gilles Chaillet ; couleurs : Chantal Defachelle, Le Lombard, 1999) dans lequel les héros font halte à l'abbaye dans leur trajet entre La Roche et Bouillon.
  • La bande dessinée Orval (Tome 1 [2009][17] et 2 [2010][18]), de Jean-Claude Servais, se passe dans l'abbaye d'Orval. Les éditions intégrales en blanc et noir[19] et colorisées[20] sont complétées d'une annexe historique de 18 pages : Orval, histoire de l'abbaye par Marc Heyde.
  • La Prophétie d'Orval de Frédéric Kiesel[21].

En Philatélie[modifier | modifier le code]

  • À l'époque de la reconstruction, dans le but de financer les travaux, plusieurs séries de timbres postaux belges ont été éditées souvent avec surtaxe. Ils avaient pour thème l'abbaye, les moines et même les lettres à l'ancienne constituant le mot ORVAL

Galerie[modifier | modifier le code]

Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur Abbaye Notre-Dame d'Orval.

Notes, références et sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Bruxelles, Rossel Édition, , p. 76-77.
  2. « Les lignes éVasion », sur TEC (consulté le )
  3. Christian Grégoire, « L’Abbaye d’Orval au fil des siècles » [PDF]
  4. Les premiers comtes de Chiny, donateurs des terres qui devinrent le domaine d'Orval, et insignes bienfaiteurs de l'abbaye, auront le droit d'être enterrés dans le cloître de la première abbaye.
  5. Appendice 1 "Les Abbés d'Orval et leurs armoiries" du livre de l'abbé N. Tillière, p. 345 à 354
  6. Valère Wastelain, « Le prieuré de Montaigu », Les cahiers de Mariemont, vol. 27,‎ , p. 27-63 (lire en ligne).
  7. a b et c « Orval : Ordre Cistercien de la Stricte Observance: OCSO », sur ocso.org (consulté le )
  8. (nl) Hendrik Enno van Gelder et Jozef Duverger, Kunstgeschiedenis der Nederlanden van de Middeleeuwen tot onze tijd : Van het einde van de 16. eeuw tot onze tijd in Zuid-Nederland, , p. 342 : « Oscar Jespers ontwirp twee grote vlak-reliefs aan het Post-check gebouw te Brussel en hij kapte monumentale sculpturen voor de Abdij van Orval ».
  9. Bernard DELPAL, « Orval, restauration et ré"surrection 1926-1940 », dans Claude Soetens, dir., Orval 1926-1948. Entre restauration et résurrection, Louvain la Neuve, Arca ( archives du monde catholique, département d'histoire de l'UCL), , p. 69
  10. M.-A. COUTURIER, « L'abbaye d'Orval », L'art sacré, bilan de l'époque, 1920-1940, nos 3-4,‎ , p. 79-80
  11. (en) « Se ressourcer en Wallonie : des séjours en abbaye pour une déconnexion totale », sur Max, (consulté le ).
  12. « À l'abbaye d'Orval, "on accueille tous les visiteurs, pourvu qu'ils respectent le silence" », sur France 3 Grand Est, (consulté le )
  13. « Présentation OJP », sur Abbaye d'Orval (consulté le )
  14. « Liturgie », sur orval.be (consulté le )
  15. « Pompéi à Orval », sur orval.be (consulté le ).
  16. « Adelin Rousseau (1913-2009) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  17. Chez Dupuis, 54 planches sortie le 7 novembre 2009 (ISBN 978-2-8001-4458-0).
  18. Chez Dupuis, 54 planches sortie le 2 octobre 2010 (ISBN 978-2-8001-4771-0).
  19. Chez Dupuis, 110 planches sortie le 9 octobre 2010 (ISBN 978-2-8001-4788-8).
  20. Chez Dupuis, 116 planches sortie le 14 novembre 2012 (ISBN 978-2-8001-5652-1).
  21. Éditions Racine, 2004 (ISBN 9782873863210).

Sources[modifier | modifier le code]

Les archives de l'abbaye d'Orval sont conservées aux Archives de l'État à Arlon. On y retrouve les registres de comptes, des plans anciens des biens de l'abbaye, des pièces concernant la gestion des propriétés et des droits ainsi que de nombreuses informations sur la vie économique de l'abbaye et sur la vie des très nombreuses localités belges et françaises où elles étaient situées, parmi lesquelles Huy, Oteppe, Fexhe et plusieurs autres villages de la Hesbaye hutoise. Les archives de l'abbaye d'Orval sont accessibles au public. Un inventaire du fonds d'archives est en vente aux Archives de l'État à Arlon.

Pour compléter[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph-Marie Canivez, L'ordre de Cîteaux en Belgique, Forges-lez-Chimay,
  • Abbé N. Tillière, Histoire de l'abbaye d'Orval, Imprimerie J. Duculot, Editeur, , 7e éd.
  • Isy Brachot, Henri Vaes e.a., Résurrection d'Orval, numéro spécial de la revue L 'art belge, Bruxelles, 1943
  • Marcel Anfray, L'abbaye d'Orval, Paris, Auguste Picard, Editeur,
  • « Orval », dans Le patrimoine monumental de la Belgique : Wallonie, vol. 21 : Province du Luxembourg, arrondissement de Virton, Editions Mardaga, (lire en ligne), p. 142-151.
  • Luc-Francis Genicot (dir.), Le domaine d'Orval, t. 1 : Cinq fermes et une ville entre Meuse et Semois, , 109 p.
  • Luc-Francis Genicot (dir.), Le domaine d'Orval, t. 2 : L'économie d'Orval à travers les siècles. Les églises : architecture, , 131 p.
  • Paul-Christian Grégoire, Orval - Le Val d'Or depuis la nuit des temps, Metz, Éditions Serpenoise, .
  • Hugues Rogier, Bernard de Montgaillard - L'histoire mouvementée d'un grand abbé d'Orval, Neufchâteau, Weyrich Édition, .
  • Jean-Marie Yante (dir.), Les origines de l’abbaye cistercienne d’Orval, Turnhout, Brepols, coll. « Bibliothèque de la Revue d'histoire ecclésiastique », (ISBN 978-2-503-56942-0)
  • Orval, neuf siècles d'histoire (catalogue de l'exposition de 1970), Orval, 1970
  • Aureavallis. Mélanges historiques réunis à l'occasion du neuvième centenaire de l'abbaye d'Orval, Liège, éd. Soledi,
  • Constantin Chariot et Eric Hance, L'abbaye d'Orval. Lorsque parlent les pierres, t. I, Chalford (Grande-Bretagne), éd. Temps,
  • Eric Hance et Danièle Hanky, Orval. Histoire de la reconstruction de l'abbaye, éditions Olivier Weyrich,
  • Claude SOETENS (dir.), Orval 1926-1948. Entre restauration et résurrection, Louvain-la-Neuve, Arca (Archives du monde catholique, Département d'histoire de l'UCLouvain), s.d. ( 1999 ?)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • https://www.orval-patrimoine.be/: site de l'association Aureavallis et Villare, qui promeut le patrimoine historique, architectural et culturel d'Orval par de nombreuses activités et publications.