Pont-siphon

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Un pont-siphon est un pont qui assure le franchissement d'une dépression à une charge liquide en utilisant le principe du siphon inversé. Le pont est construit au fond de la dépression et accueille une ou plusieurs conduites forcées.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Ce système est utilisé depuis l'époque romaine comme alternative au pont-aqueduc. L'ouvrage est composé d'un réservoir de chasse en amont, et d'un réservoir de fuite en aval ; ce dernier est placé plus bas (de quelques mètres) que le réservoir de chasse pour permettre le fonctionnement en vases communicants. L'ouvrage maçonné (pont-siphon) supportant la conduite en fond de vallée est en général constitué d'un pont à arcades ; il permet de gagner un peu de hauteur et donc de limiter la pression de l'eau circulant dans la conduite forcée. Il est plus facile à construire et moins coûteux que le pont-aqueduc qu'il aurait fallu ériger à sa place[1]. L'aqueduc amont alimente le réservoir de chasse et l'aqueduc aval est raccordé au réservoir de fuite ; le siphon se situe entre les deux réservoirs[2].

Les conduites des ponts-aqueducs contemporains sont en fonte, mais les premières conduites étaient faites d'un assemblage de pierres percées, taillées pour s'emboîter bout à bout (Aspendos, Laodicée du Lycos, Patara en Turquie) ou de sections de tuyaux en plomb noyés dans le mortier. Certaines d'entre-elles, provenant de la conduite[Note 1] qui traversait le Rhône près d'Arles[3], posée au fond du lit, sont visibles au musée de cette ville[4].

L'aqueduc du Gier, dans le Rhône, est un exemple d'aqueduc romain comportant quatre traversées de vallées au moyen de siphons inversés, dont trois avec recours aux ponts-siphons. De même, le canal Cavour, inauguré en 1866 dans la haute plaine du Pô, utilise ce système pour franchir quatre cours d'eau, l'Elvo, le Sesia, l'Agogna et le Terdoppio.

Aspendos, cité gréco-romaine de l'actuelle Turquie, était alimenté par un aqueduc romain àsiphon triple.

Galerie[modifier | modifier le code]

Particularités des pont-siphons romains[modifier | modifier le code]

Par rapport aux ponts-aqueducs, les ponts-siphons romains sont environ 4 fois plus larges car ils accueillent 8 à 12 tuyaux de plomb de 23 cm, côte à côte. Leurs tabliers sont inclinés (ascendants vers l'aval) afin d'éviter la stagnation d'air. Leurs piles les plus hautes présentent généralement un élégissement longitudinal sous un arc transversal porté par deux piédroits montés sur un massif de fondations qui les solidarise[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dérivation de l'aqueduc d'Eygalières, permettant d'alimenter Trinquetaille.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Aqueduc romain Floursies Bavay, le pont siphon », sur villesetvillagesdelavesnois.org (consulté le )
  2. « Les Aqueducs », sur www.patrimoine-lyon.org (consulté le )
  3. André Cochet, « La canalisation sous-fluviale d'Arles à Trinquetaille », Gallia, vol. 50, no 1,‎ , p. 205–222 (DOI 10.3406/galia.1993.2938, lire en ligne, consulté le )
  4. Jean Burdy, « Découvertes de plomb sur les aqueducs romains de Lyon », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, vol. 2011, no 1,‎ , p. 176–188 (DOI 10.3406/bsnaf.2016.12240, lire en ligne, consulté le )
  5. Jean Burdy, « Les ponts des siphons de l'aqueduc romain du Gier, à Lyon. Tablier incliné et piles élégies », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, vol. 2001, no 1,‎ , p. 38–55 (DOI 10.3406/bsnaf.2006.10497, lire en ligne, consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Tiret, Les siphons, des constructions exceptionnelles, Archéam, no 11, 2004 Lire en ligne