Élections législatives néerlandaises de 2003
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Les élections législatives néerlandaises de 2003 (Tweede Kamerverkiezingen 2003) se sont tenues le , huit mois après la tenue du précédent scrutin. Elles avaient pour but d'élire les 150 membres de la seconde Chambre des États généraux.
Le scrutin a vu, pour la seconde fois, la nette victoire de l'Appel démocrate-chrétien (CDA) de Jan Peter Balkenende, la forte remontée du Parti du travail (PvdA) de Wouter Bos, et l'effondrement de la Liste Pim Fortuyn (LPF) de Mat Herben.
Contexte
Suite au précédent scrutin, le chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende avait réussi à former une coalition gouvernementale avec les populistes de la LPF et le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) le . Toutefois, le gouvernement a dû remettre sa démission dès le 16 septembre, victime des dissensions internes à la LPF.
Principaux partis et candidats
- Les principales formations en lice pour ce scrutin sont :
Parti | Tête de liste | Résultat en 2002 | |||
---|---|---|---|---|---|
Appel démocrate-chrétien Christen-Democratisch Appèl |
Jan Peter Balkenende Ministre-président sortant |
27,9 % | 43 | ||
Liste Pim Fortuyn Lijst Pim Fortuyn |
Mat Herben | 17,0 % | 26 | ||
Parti populaire libéral et démocrate Volkspartij voor Vrijheid en Democratie |
Gerrit Zalm | 15,5 % | 24 | ||
Parti du travail Partij van de Arbeid |
Wouter Bos | 15,1 % | 23 | ||
Gauche verte GroenLinks |
Femke Halsema | 7,0 % | 10 | ||
Parti socialiste Socialistische Partij |
Jan Marijnissen | 5,9 % | 9 | ||
Démocrates 66 Democraten 66 |
Thom de Graaf | 5,1 % | 7 |
Campagne
Selon les sondages, le principal enjeu de cette campagne, pour la population, était la sécurité, la lutte contre la criminalité et la santé, loin devant l'économie et l'emploi notamment[1]. Ce genre de campagne aurait dû se traduire par une influence accrue de la LPF, mais ses déchirements internes, causés par la difficulté pour un parti de protestation à se muer en parti de gouvernement[1], ont complètement ruiné son audience électorale, ouvrant la voie à une recomposition plus classique du jeu politique, avec le CDA, le PvdA et le VVD en maîtres du jeu.
À cet égard, la difficulté la plus grande repose sans aucun doute sur le PvdA, arrivé quatrième du dernier scrutin avec l'un des plus mauvais résultats de son histoire. Dirigé par un comité intérimaire au Parlement, le parti semble encore trop atteint par sa déroute de 2002 pour revenir au pouvoir[1], d'autant que Jan Peter Balkenende n'a cessé durant la campagne de faire connaître sa préférence pour une coalition gouvernementale avec le VVD[2].
Résultats
Parti | Suffrages | +/- | Sièges | +/- | ||
---|---|---|---|---|---|---|
Appel démocrate-chrétien (CDA) | 2 763 480 | 28,6 | +0,7 | 44 | +1 | |
Parti du travail (PvdA) | 2 631 363 | 27,2 | +12,6 | 42 | +19 | |
Parti populaire libéral et démocrate (VVD) | 1 728 707 | 17,9 | +2,4 | 28 | +4 | |
Parti socialiste (SP) | 609 723 | 6,3 | +0,4 | 9 | n/a | |
Liste Pim Fortuyn (LPF) | 549 975 | 5,6 | -11,4 | 8 | -18 | |
Gauche verte (GL) | 495 802 | 5,1 | -1,9 | 8 | -2 | |
Démocrates 66 (D66) | 393 333 | 4,0 | -1,1 | 6 | -1 | |
Union chrétienne (CU) | 204 694 | 2,1 | -0,4 | 3 | -1 | |
Parti politique réformé (SGP) | 150 305 | 1,5 | -0,2 | 2 | n/a | |
Les Pays-Bas vivables (LN) | 38 894 | 0,4 | -1,6 | 0 | -2 | |
Autres | 88 199 | 0,5 | n/a | 0 | n/a |
Commentaires et conséquences
Analyse des résultats
Plus encore que la victoire du CDA, c'est le très bon résultat du PvdA et l'effondrement de la LPF qui marquent ce scrutin. Les travaillistes, emmenés par Wouter Bos et Job Cohen, candidat au poste de Ministre-président, ont réussi une formidable remontée, peu prévisible au regard de leurs résultats catastrophiques du scrutin précédent. À l'inverse, le succès des populistes, conduits par leur président de groupe parlementaire et déjà chef dans le passé, ne s'est pas réédité, même si leur score est supérieur aux prévisions les plus optimistes des sondages[2].
La bonne tenue ou progression des chrétiens-démocrates, des travaillistes et des libéraux (VVD) s'est faite au détriment des petites formations (GL, D66 et CU), qui sont tous, même modestement, en régression. Le recul de l'extrême droite, symbolisé par la disparition des Pays-Bas vivables (LN) de la seconde Chambre, doit cependant être regardé par une appropriation plus grande par les différents partis traditionnels des idées de Pim Fortuyn. Ainsi le PvdA s'est-il dit favorable à l'expulsion des étrangers refusant d'apprendre le néerlandais, tandis que Gerrit Zalm n'a pas hésité à reprendre une formule du défunt leader populiste en affirmant que « les Pays-Bas sont pleins »[2].
Formation du cabinet
Le , Piet Hein Donner (CDA) et Frans Leijnse (PvdA) sont nommés « informateurs » par la reine Beatrix des Pays-Bas pour explorer la possibilité de la formation d'une grande coalition. Ils rendent finalement un constat d'échec le 12 avril. La souveraine charge alors trois jours plus tard le conseiller d'État Rein Jan Hoekstra (CDA) et le ministre d'État Frits Korthals Altes (VVD) d'une mission d'informateurs. Ils sont chargés d'identifier la possibilité d'une coalition gouvernementale unissant le CDA, le VVD et un ou plusieurs autres partis.
Ils envisagent trois types de coalition : avec la LPF, avec la CU et le SGP, ou avec les D66. Compte tenu de la précédente coalition entre chrétiens-démocrates, libéraux et populistes, et aux trop grandes différences idéologiques entre le VVD et le SGP, ils proposent le 29 avril une alliance entre le CDA, le VVD et les D66. Les partis trouvent un accord le 15 mai, et celui-ci est ratifié dans les trois jours qui suivent. Jan Peter Balkenende, Ministre-président sortant et chef du CDA, est appelé à former un nouveau gouvernement le 20 mai.
Le cabinet Balkenende II, soutenu par 78 députés sur 150, prête serment une semaine plus tard, le .