Ouarzazate

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Ouarzazate
ⵡⴰⵔⵣⴰⵣⴰⵜ
ورزازات
Ouarzazate
Kasbah de Taourirt à Ouarzazate
Administration
Pays Drapeau du Maroc Maroc
Région Drâa-Tafilalet
Province Ouarzazate
Maire
Mandat
Abdullah Hinti (RNI)[réf. nécessaire] (2021)
(2021 - 2026)
Code postal 45000
Démographie
Gentilé Ouarzazi/Ouarzaziat
Géographie
Coordonnées 30° 55′ 23″ nord, 6° 54′ 15″ ouest
Altitude 1 151 m
Superficie 30 500 ha = 305 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Maroc
Voir sur la carte administrative du Maroc
Ouarzazate
ⵡⴰⵔⵣⴰⵣⴰⵜ
ورزازات

Ouarzazate (en berbère : ⵡⴰⵔⵣⴰⵣⴰⵜ; en arabe : ورزازات[1]) est une ville et commune — municipalité — de la province de Ouarzazate (Maroc), dont elle est le chef-lieu, dans la région Draâ Tafilalet. La ville est surnommée « la Porte du désert »[2].

Géographie[modifier | modifier le code]

Située à 1 150 mètres d'altitude, à la confluence des oueds Dadès et Imini formant le Drâa, elle est le principal centre urbain de la vallée de ce fleuve.

La ville se situe sur le piémont sud du Haut-Atlas central, dominée à l'ouest par le massif du Toubkal et au nord-est par celui du M'goun, culminant tous deux à plus de 4000 m. Elle est au carrefour des voies la reliant au nord-ouest à Marrakech par les cols du Haut-Atlas dont le Tizi n'Tichka; à l'est au Tafilalet; au sud à la moyenne vallée du Drâa, et au delà au désert saharien; et enfin à l'ouest vers la vallée du Souss et la cote atlantique, en contournant le massif du djebel Siroua.

L’agglomération du Grand-Ouarzazate se prolonge du côté Sud de l’oued par le village de Tabount — parfois appelé « Ouarzazate-Sud » — qui fait partie, comme la kasbah de Tifoultoute, de la commune rurale de Tarmigt[3].

Climat[modifier | modifier le code]

Ouarzazate bénéficie d'un climat désertique chaud (Classification de Köppen BWh) avec influence continentale. Le climat y est pré-saharien, mais avec des nuances montagnardes étant donné l'altitude. Ainsi, le climat n'y est pas aussi sec et aussi chaud que le climat saharien typique. Ouarzazate reçoit environ 112 mm de précipitations, dont la majorité tombe en automne et en hiver. En été, les températures moyennes maximales sont autour 37 °C en plein été. En revanche, les hivers sont assez froids, surtout la nuit. Les températures peuvent facilement descendre en dessous de zéro entre décembre et février, à cause de la proximité conjointe de la côte atlantique et du Haut Atlas.


Relevé météorologique de Ouarzazate - altitude : 1139 m (période 1961-1990)
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 1,9 4,5 7,4 10 13,8 17,7 21,3 20,7 17,1 12,3 6,9 2,4 11,3
Température moyenne (°C) 9,3 11,9 14,8 17,6 21,7 25,9 29,5 28,8 24,6 19,4 13,7 9,5 19,6
Température maximale moyenne (°C) 16,6 19,3 22,2 25,1 29,6 34,1 37,8 37 32,2 26,5 20,4 16,7 26,5
Précipitations (mm) 13 13,1 7,4 7,4 7 2,1 1,4 5,1 13,3 13,4 19,3 9,7 112,2
Source : Le climat à Ouarzazate (en °C et mm, moyennes mensuelles) NOAA


Population[modifier | modifier le code]

La grande majorité de la population est d'origine amazigh (berbère) rurale des contrées environnantes, comme en témoignent les langues vernaculaires utilisées, 70% de berbérophones en 2014. La ville de Ouarzazate est à la frontière linguistique entre zones parlant le tachelhit et le tamazight: 62,1 % parlant tachelhit et 6,8 % tamazight[4]. Seulement 10 % de la population ne parle pas l'arabe darija.

Le taux de scolarisation des enfants de 7 à 12 ans est de 98,6 %, ce qui n'a pas été le cas dans les générations plus âgées puisque 16,8% de la population n'est pas alphabétisée, selon le recensement de 2014[réf. nécessaire].

Histoire[modifier | modifier le code]

Ville de Ouarzazate
Place des Almohades.

Le site de la ville de Ouarzazate garde des traces d'une occupation humaine dès la préhistoire. En effet des outils de pierre taillée datant du paléolithique, de type hachereaux de l'Acheuléen marocain y ont été découverts[5].

Les Berbères sont les habitants majoritaires de cette région, ainsi que des juifs et des haratines descendants des premières populations mêlées ultérieurement à des esclaves sub-sahariens[6]. La région de Ouarzazate a été longtemps un lieu de passage entre les royaumes sub-sahariens et les anciennes villes marocaines de Marrakech et Aghmat, via les cités de la vallée du Drâa ou Sijilmassa[7]. La première mention du nom de "Ouarzazat" se trouve dans "La description de l'Afrique septentrionale" d'Al-Bakri au XIe siècle, dans sa description de l'itinéraire de Sijilmassa vers Aghmat[7].

Au Moyen Âge, la région a été islamisée par Oqba Ibn Nafia, en 681 (an 62 de l'hégire). À partir du milieu du VIIIe siècle, l'extension de la révolte kharijite et l'apparition des Idrissides au Maroc (opposants à l'autorité des khalifats de Damas) poussèrent à la fondation de Sijilmassa dans le Tafilelt. Ce qui entraîna la décadence des anciennes villes de Todgha et de Ziz en faveur de la Province de Ouarzazate.

Dès la seconde moitié du XIIIe siècle, les Arabes Maâquils se sont infiltrés dans toutes les provinces du Sud Marocain à l'exception des zones montagneuses[8].

À l'époque saâdienne, la région revit encore et connut un essor économique et culturel favorisé par le développement de fructueux échanges commerciaux transsahariens surtout après l'expédition organisée par le Sultan El Mansour vers Tombouctou. Ce commerce passe par les cités de la vallée du Draa et l'oasis de Ouarzazate est un lieu de passage vers les cols de l'Atlas et Marrakech. Il n'existe alors pas encore de ville à Ouarzazate. Mais après la disparition d'El Mansour, le littoral atlantique devient la zone d’échanges privilégiée au détriment de la région de Ouarzazate qui connait une période de déclin[8].

Au XIXe siècle, après une période troublée, la région passe sous l'autorité des caïds glaouis de Telouet, nommés par les sultans alaouites. En 1884, Charles de Foucauld décrit l'oasis de Ouarzazate, qui comporte les Kasbahs de Tifoultout, Taourirt et Tamasla; ainsi qu'une douzaine de ksour dont Tamassint, Fedragoum, Tagheramt, Tassouma't, Zaouiat Sidi Othmane, Tabounte et Tazroute. Il n'y a alors qu'un seul souk à Zaouia Sidi Othmane, mais pas encore de vrai ville. Les juifs sont alors assez nombreux avec huit mellahs répartis dans les ksour de l'oasis[9]. En 1893 le sultan Moulay Hassan entreprend depuis Fès une expédition vers le Tafilalet berceau de sa dynastie et le sud de l'Atlas pour affirmer son autorité. Il traverse au retour l'oasis de Ouarzazate et, selon le récit de son médecin, l'expédition ne longe que le ksar de Taourirt et les ruines d'une kasbah sur un mamelon à l'emplacement où sera construite Ouarzazate trente ans plus tard. Il fait étape dans la kasbah de Tifoultout[10].

Avec l'arrivée des troupes coloniales dans la région, une ville de garnison est fondée en 1928, Ouarzazate devient le centre administratif de la région du Drâa. Un terrain d'aviation, amorce de l'aéroport de Ouarzazate, est aménagé en 1926[11]. Une route la relie à Marrakech en 1928 via le col du Tizi n'Tichka[12].

La construction du barrage El Mansour Eddahbi, entre 1972 et 1979, donne un nouveau souffle à l'économie de la région notamment dans le domaine de l'agriculture ; la retenue permet l'irrigation de la vallée du Drâa et une partie de l’alimentation en eau potable de Ouarzazate.

Démographie[modifier | modifier le code]

Selon les recensements :

  • de 1994 à 2004, la population de Ouarzazate est passée de 39 203 à 56 616, respectivement répartis entre 6 012 et 10 767 ménages[13] ;
  • en 2014, elle comprenait 71 067 habitants[1].
  • La population est assez jeune avec 29,3% de la population âgée de moins de 15 ans. Cependant la natalité a nettement diminué avec un indice de fécondité de 2,5 en 2014 à Ouarzazate contre 5,9 en 1975 sur l'ensemble du Maroc

Économie[modifier | modifier le code]

La ville de Ouarzazate connaît un essor sur les plans touristique et cinématographique. Ouarzazate possède un aéroport international et est accessible par la route depuis Marrakech (4 heures en car, 3 heures 30 en taxi) via le Tizi n'Tichka.

Le tourisme joue un rôle majeur avec plus de 400 000 nuitées hôtelière en 2014[14].

Le projet de la centrale solaire Noor a créé une nouvelle dynamique économique pour la ville en drainant d'importants investissements d'ici 2020[15].

Sites et monuments[modifier | modifier le code]

  • La kasbah de Taourirt (Tighremt n Tawrirt en berbère chleuh; Tifinagh : ⵜⵉⵖⵔⵎⵜ ⵏ ⵜⴰⵡⵔⵉⵔⵜ), symbole de la ville, elle est un patrimoine national. Jouxtant la médina, elle aurait été bâtie vers le milieu du XVIIIe siècle et a appartenu au Glaoui. Elle est représentée sur les nouveaux billets de 50 dirhams.

Activités cinématographiques[modifier | modifier le code]

Elle est l'un des sites marocains les plus prisés par les réalisateurs venus du monde entier. Outre les paysages, l'un des atouts cinématographiques de ce lieu est la qualité de la lumière, avec un soleil brillant en moyenne 300 jours par an[16]. Dans les années 1960, Ouarzazate commence à devenir un lieu de tournage très prisé des réalisateurs de péplums[16] et assoit sa popularité avec la réalisation de Lawrence d'Arabie en 1962, tourné notamment sur le site d'Aït-ben-Haddou, petit village proche de Ouarzazate ayant par la suite été inscrit au patrimoine de l'humanité[16]. Les décors des films sont réutilisés, laissés à l'abandon ou valorisés comme patrimoine touristique[17].

Ouarzazate abrite les studios de l'Atlas Corporation (créés en 1983) et un musée du cinéma, où sont exposées des reliques de décors et costumes ayant servi pour des films tournés à Ouarzazate, dont ceux de Kingdom of Heaven ou Kundun[16]. En 2005, le roi Mohammed VI inaugure CLA Studios. La ville compte également depuis 2006 une école qui forme 500 élèves techniciens et une faculté qui donne des cours de comptabilité et de logistique. Le Maroc permet une réduction de 20 % d'impôts sur les tournages. Co-produire avec un opérateur marocain permet par ailleurs d'annuler la TVA sur les biens et les services. En 2007, un musée du cinéma y a ouvert, avec la prison du film Gladiator[17].

Liste de films, séries télévisées ou téléfilms tournés partiellement ou entièrement à Ouarzazate[18],[17] (les films sont listés par ordre chronologique, les années faisant référence à leur date de sortie) :

« Ciné-tourisme »[modifier | modifier le code]

Oasis du Fint

L'impact mondial du cinéma permet une forme de tourisme spécifique lié à cette activité à la fois économique et artistique. Les sites géographiques associés à des productions ciné-culturelles ont ainsi un potentiel touristique qu'Ouarzazate essaie de mettre en valeur, sur plusieurs sites du Grand Ouarzazate : Ouarzazate mais aussi Aït-Ben-Haddou, Fint et Skoura. Ce type de tourisme permet en outre d'apporter des solutions aux périodes de chômage des figurants, artisans et techniciens locaux au travers d'animations liées aux films tournés dans la région.

On peut voir une reconstitution en pisé de la maison natale du 14e dalaï-lama sur le flanc d'une montagne de Ouarzazate, là où se trouve l'un des plus importants ateliers cinématographiques occidentaux : il s'agit d'un des décors du film Kundun (1997), tourné par Martin Scorsese[17].

Centrale solaire Noor[modifier | modifier le code]

Dans le cadre du plan solaire marocain, l’Agence marocaine de l'énergie solaire (MASEN) est le maître d'ouvrage pour la construction, près de Ouarzazate, d'une centrale solaire thermodynamique, dont le premier volet, Noor Ouarzazate I de 160 MW est entré en service en . Celle-ci, première centrale de ce futur complexe solaire, a été inaugurée le par le roi [Mohammed VI][19]. Il a aussi lancé le début des travaux de la deuxième phase du projet, Noor Ouarzazate II, lors de cette inauguration. Le consortium adjudicataire a été désigné en , après un appel d'offres international[20]. Il est constitué des entreprises ACWA (Arabie Saoudite), Aries Ingenieria y Sistema (Espagne), TSK (Espagne) qui ont commencé la construction [21]. Pour la seconde étape (Noor Ouarzazate II et Noor Ouarzazate III), un nouvel appel d'offres a été lancé et des entreprises ont été pré-qualifiées pour la finale[22]. La troisième phase (Noor IV) a aussi fait l'objet d'un appel d'offres international et utilise la technologie photovoltaïque[23].

Jumelage[modifier | modifier le code]

Personnalités liées à la ville[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Population légale des régions, provinces, préfectures, municipalités, arrondissements et communes du Royaume d'après les résultats du RGPH 2014 » [xls], Rabat, Haut-Commissariat au plan (consulté le )
  2. « Le Maroc : Pionnier du développement économique », Foreign Affairs, (consulté le ), p. 12
  3. « http://www.tarmigte.org/index.php?/Le-territoire.html »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  4. Haut Commissariat au Plan, « indicateurs RGPH2014: langues locales utilisées, ville de Ouarzazate », sur rgphentableaux.hcp.ma, (consulté le )
  5. Alain Rodrigue, « Le gisement de l'acheuléen marocain de Ouarzazate-aéroport », Bulletin de la société préhistorique française, t. 83, n° 7,‎ , p. 213 (lire en ligne)
  6. Chouki El Hamel, Black Morocco: A History of Slavery, Race, and Islam, Maroc, Cambridge University Press, 27 février 2014; isbn=978-1-139-62004-8 (lire en ligne), p.112
  7. a et b Al-Bakri (trad. Mac Guckin de Slane, William), Description de l'Afrique septentrionale, Alger, typographie Adolphe Jourdan, environ 1068; traduction et nouvelle édition 1913, 406 p. (lire en ligne), p.291
  8. a et b Dj Jacques-Meunié, Le Maroc saharien des origines à 1670, Paris, librairie Klincksieck, , p. 65; p. 395
  9. Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc ( 1883-1884 ), Paris, Challamel et Cie, éditeurs, , 495 p. (lire en ligne), p. 280
  10. Dr Linares, Voyage au Tafilalet avec S. M. le sultan Moulay Hassan en 1893, Bulletin de l'institut d'hygiène du Maroc n° 3 et 4, (lire en ligne), p. 56
  11. Abdeljalil Didi, « Aux origines de la ville de Ouarzazate », sur sudestmaroc.com, (consulté le )
  12. Jacques Gandini, « La route du Tichka », sur www.ouarzazate-1928-1956.fr, (consulté le )
  13. « Recensement général de la population et de l'habitat de 2004 : Population légale du Maroc » [PDF], Rabat, Haut-Commissariat au plan (consulté le )
  14. haut commissariat au plan, annuaire statistique régional Drâa-Tafilalet 2016, (lire en ligne), p. 127
  15. « NOOR », sur NOOR (consulté le )
  16. a b c et d Annabelle Gugnon, « Entrez dans le film ! », Ulysse,‎ (lire en ligne)
  17. a b c et d Éric Biétry-Rivierre, « Ouarzazate, les mille et un mirages », Le Figaro, mardi 26 août 2014, page 20.
  18. (en) « Most Popular Titles With Location Matching "Ouarzazate, Morocco" », sur imdb.com (consulté le )
  19. Thèse de doctorat, Louis Boisgibault, 2011-2016; ouvrage l'énergie solaire après Fukushima, la nouvelle donne, (ISBN 9782915220377)
  20. Boisgibault, Louis, « L'énergie solaire après Fukushima, la nouvelle donne », sur dauphine.fr, Paris, (ISBN 9782915220377, consulté le ).
  21. « Energie solaire : l'échec de l'Union Européenne à Ouarzazate », sur LExpansion.com, (consulté le ).
  22. « lenergieenquestions.fr/central… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  23. Louis Boisgibault et Fahad Al Kabbani Transition énergétique dans les métropoles, la ruralité et le désert, ISTE Editions, septembre 2019 (ISBN 9781784056025)
  24. « Jumelage de Ouarzazate-Hollywood et Marrakech-Scottsdale », sur madein-marrakech.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Astrid Choplin et Vincent Gatin, « L'espace public comme vitrine de la ville marocaine : conceptions et appropriations des places Jemaa El Fna à Marrakech, Boujloud à Fès et Al Mouahidine à Ouarzazate », Norois, no 214,‎ , p. 23-40. (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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