Monochrome

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Eugène Carrière a peint plusieurs portraits que les frères Goncourt disent monochrome[1], comme celui de Paul Verlaine.

Le terme monochrome signifie « qui est d'une seule couleur », du grec : mono qui signifie « seul », et chroma, la couleur. Dans les arts plastiques monochromie s'oppose à polychromie : « œuvre de plusieurs couleurs ».

L'ambiguïté du terme couleur a donné des sens différents selon les domaines.

En peinture d'art, où le terme est d'abord attesté, couleur se réfère à la vision des couleurs en général, les blancs, gris, noirs sont des couleurs parmi les autres : un monochrome (substantif) est un tableau entièrement peint d'une seule couleur — c'est un concept de l'art contemporain —, tandis que dire d'une œuvre qu'elle est monochrome (adjectif), c'est dire que l'artiste l'a conçue d'une seule couleur, avec de faibles variations[2]. Si cette couleur est un gris, on parle de grisaille ; sinon, de camaïeu. La peinture est le plus souvent polychrome, on qualifie l'exception, mais la sculpture est implicitement de la couleur de son matériau, et le qualificatif « monochrome » lui est rarement appliqué.

À partir de la publication de l’Opticks de Newton à la fin du XVIIe siècle, les sciences de la nature ont adopté l'idée que les couleurs vues résultent d'un mélange de couleurs pures, que la dispersion par un prisme met en évidence. En physique, monochromatique qualifie un phénomène qui, comme ces lumières de « couleur pure », se décrit par la variation d'une grandeur selon une fonction sinusoïdale du temps. Un monochromateur est un appareil qui sélectionne une bande de longueurs d'onde la plus étroite possible dans une lumière à spectre continu.

Au début du XXe siècle, la production d'images par des moyens techniques, par la photographie et par l'imprimerie, puis par la télévision, a d'abord disposé d'appareils en niveaux de gris. À partir du moment où des procédés en couleurs sont largement disponibles, on oppose noir et blanc, rarement à couleur.

Jeu vidéo sur écran monochrome en 1982.

Des écrans techniques, dérivés de celui de l'oscilloscope, s'illuminent en une seule couleur, souvent un vert. L'enduit phosphorescent qui donne ce vert est très rémanent, c'est-à-dire que sa lumière subsiste assez longtemps après la disparition de l'excitation, ce qui permet de renouveler l'affichage moins fréquemment. Les premiers terminaux informatiques utilisaient ce genre d'écran. En 1981, la nouvelle carte graphique pour IBM PC s'appelle ainsi Monochrome Display Adapter. Dans ce cas, monochrome signifie « une couleur sur un fond », sans nuances intermédiaires. On oppose ces écrans monochromes et leurs successeurs qui peuvent aussi être ambre, bleus ou blancs, aux « écrans en niveaux de gris » et aux « écrans couleur ». L'évolution des écrans portables est identique avec des écrans à cristaux liquides.

Au XVIIIe siècle, le chimiste Louis-Nicolas Vauquelin appela chrome un élément qui intervenait dans un pigment naturel, et qui allait permettre la fabrication de nombreux pigments synthétiques[3]. On peut ainsi parler de monochromate, opposé par exemple à dichromate, pour un sel d'acide chromique.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Journal, 1891, p.17 selon le Trésor de la langue française informatisé.
  2. André Béguin, Dictionnaire technique de la peinture, , p. 497 ; Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin, Vocabulaire typologique et technique, Paris, Editions du patrimoine, (ISBN 978-2-7577-0065-5), p. 48.
  3. Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan, , p. 227-229