Macrobiotique

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La macrobiotique (du grec « μακρός », grand et « βίος », vie), parfois improprement appelée « Zen macrobiotique »[1], est le terme qui définit l’enseignement diffusé en Europe par Georges Ohsawa à partir des années 1920 et répandu ensuite par ses étudiants dans d’autres zones géographiques. L’ambition de Georges Ohsawa était de rendre la philosophie de la médecine extrême-orientale accessible aux occidentaux. La macrobiotique est un concept qui avait déjà été étudié par Christoph Wilhelm Hufeland à la fin du xviiie siècle dans son livre « L’Art de prolonger la vie, ou la Macrobiotique » et qui utilise également des concepts étudiés dans la Grèce antique (Socrate, qui lui n’était un concept). C’est une approche holistique, qui conçoit la vie et l’être humain dans sa globalité.[Quoi ?]

Il s'agit d'un système philosophique et pratique qui cherche à traduire, en langage moderne, l'ancien « principe unique » oriental, nommé principe du Yin et du Yang par les Chinois. Selon Ohsawa, ce principe se trouverait à l'origine de la science et de toutes les philosophies et religions d'Extrême-Orient, et son application permettrait de résoudre les problèmes concrets de l'existence et de se questionner perpétuellement pour nourrir sa réflexion sur le monde et le fonctionnement du corps humain. Georges Ohsawa ne donnait que rarement des réponses ou des solutions, mais poussait ses élèves à se questionner et à trouver une réponse convenable à un instant T. L’enseignement macrobiotique pousse à essayer, expérimenter et observer ce qui peut fonctionner pour soi ou pas. Les erreurs sont accueillies et perçues comme utiles pour pouvoir avancer sur son chemin.

La macrobiotique est un outil de développement personnel : il s’agit d’expérimenter et de travailler sur soi pour apprendre à devenir maitre de sa vie, en avançant par tâtonnements successifs.

La macrobiotique désigne un art de vivre, basé sur des explications issues de la philosophie extrême-orientale, et qui amène à vivre en harmonie avec la nature et l’environnement, grâce à une alimentation saine et nutritive, la pratique d’exercices physiques réguliers, et un état d’esprit proche de celui que l’on retrouve dans certaines pratiques de la méditation.

Le trait d'union entre la philosophie et la pratique se ferait notamment par l'alimentation. Pour Ohsawa, si l'on se nourrit à partir de ce principe (qui expliciterait les lois de la nature) l'organisme s'harmoniserait, rendant le jugement plus clair et capable de mieux percevoir la réalité, c'est-à-dire les lois de la nature elles-mêmes.

La fondation : le « Principe Unique »[modifier | modifier le code]

La philosophie macrobiotique est basée sur le principe unique et son application dans différents domaines de l’existence : ce principe permet d’expliquer de nombreux phénomènes physiques, notamment la manière dont les aliments peuvent avoir un effet sur notre organisme. Par exemple, les aliments plus « Yang » ont un effet recentrant et fortifiant, alors que les aliments plus « Yin » amènent plus de légèreté et de fraicheur. L’équilibre dans l’alimentation va donc passer par la compréhension des forces yin et yang.

Selon ce principe, qu’Ohsawa nomme aussi le « principe du monisme polarisable », le monde matérialisé est une manifestation de l’Un ou Infini indifférencié. Celui-ci, à un certain moment, se sépare en deux : une force dilatatrice (Yin) et une force constrictive (Yang) ; ainsi, par le biais de ce contraste, l’Infini se manifeste mais devient relatif, divisé. Ces deux forces cherchent cependant à se réunifier en permanence pour recréer l'unité perdue (car selon cette philosophie, étant opposées, elles s’attirent, chacune possédant ce qui manque à l’autre) et, par leurs interactions, créent tous les phénomènes du monde manifesté ou relatif.

Puisque ce phénomène serait éternel, le monde relatif et l’Infini non-manifesté seraient la même chose, se trouvant dans une étape différente mais simultanée d’évolution. Cette vision comporte donc les notions d’unité de toutes choses, de continuité ininterrompue et de changement perpétuel.

On retrouve ces notions et parfois cette dénomination (« Principe Unique » ou « Le Principe ») dans la plupart des courants philosophiques orientaux (voir taoïsme, bouddhisme mahayana et zen, vedanta, soufisme…).

La macrobiotique est basée sur l’idée que tout est de l’énergie vivante en mouvement : cette énergie est analysée par la vision extrême-orientale avec le concept du yin et du yang. La macrobiotique est l’art d’équilibrer ces 2 forces, tout particulièrement dans l’alimentation, en prenant en compte notre constitution, notre condition et le climat dans lequel nous vivons. L’objectif est de renforcer l’organisme et de faire mieux circuler l’énergie.

Le mécanisme de création[modifier | modifier le code]

D’après Ohsawa, selon cette cosmologie, toute manifestation ou « création » suit un mécanisme en « spirale », qui s’explique comme suit :

L’Un est « expansion infinie »[2]. Quand il se divise, la force constrictive rencontre l’opposition de la force expansive, mais étant nourrie en permanence par cette « expansion », elle essaye de continuer à avancer. Entravée par la force opposée, son mouvement dévie et plie ; puisque ce phénomène est constant, elle se replie de plus en plus sur elle-même et naît ainsi une spirale centripète ou « de création ».

Quand l’énergie qui s’enroule arrive au centre de la spirale, elle explose et retourne vers l’Infini sous forme de spirales centrifuges où le rapport de forces est le contraire (la force dilatatrice domine). Cela serait le phénomène de la radiation.

À mesure qu’elle se déroule, la force d’expansion s’affaiblit et celle de constriction redevient dominante ; alors, une nouvelle spirale centripète peut se créer. Ce serait le mécanisme éternel de l’univers : « toute chose se crée et se détruit en même temps ».

Ohsawa explique que la spirale de création évolue en traversant diverses étapes. La force centripète, qui se concentre de plus en plus, réussit à un certain moment à dépasser la résistance rencontrée : un bond se produit, ce qui la fait avancer de façon logarithmique. Par ce bond, la qualité de la manifestation change : elle devient plus « tangible », c’est l’apparition de l’énergie. L’énergie continue à se resserrer à son tour et, en suivant le même processus, finira par se manifester d’une manière plus proche de la matière : c’est le monde des particules pré-atomiques. Ce monde-là se concentre aussi chaque fois davantage et, à sa fin, apparaissent les éléments. Le monde minéral évolue et, encore une fois, la quantité changeant la qualité, il se transforme en monde organique, celui des végétaux. Et l’évolution de ces organismes végétaux finit par créer le monde animal.

Selon cette vision, l’homme se trouve au centre de la spirale : à travers lui, pour la première fois dans ce processus, la vie matérialisée à partir de l’Infini peut penser, c’est-à-dire qu’elle peut comprendre le processus en lui-même. L’homme serait donc un « porteur de vie » avec la spécificité de pouvoir acquérir la conscience ; grâce à lui, la vie pourra retourner vers son origine enrichie de cette conscience obtenue à travers un vécu unique[3].

Source : L’Ère Atomique et Le Principe Unique de la Philosophie et de la Science d’Extrême-Orient, de Georges Ohsawa.

Yin et Yang[modifier | modifier le code]

Ohsawa caractérise Yin et Yang de la façon suivante :

Yang est la force centripète, force de contraction, de constriction, de pression, de cohésion. Yang produit le son, la chaleur, la lumière, des radiations rouges, l’activité, ce qui est sec, lourd, dur, les formes ramassées, trapues.

Yin est la force centrifuge, force d’expansion, de dilatation, de dilution. Yin est source du silence, du froid, de l’obscurité, produit les radiations violettes, la passivité, ce qui est léger, mou, les formes élancées, verticales.

Yin et Yang sont les deux faces d’une seule et unique chose ; les deux se trouvent toujours présentes dans chaque phénomène, mais il y en a toujours une qui domine l’autre. On dira alors que quelque chose « est Yin » ou « est Yang » quand on discernera quelle est la force dominante.

Toute chose est équilibrée en elle-même. La classification est relative : pour pouvoir juger si quelque chose est Yin ou Yang on doit la comparer à une autre. Par exemple, on dira « qu’une carotte est plus Yang qu’une salade, mais plus Yin qu’une céréale ». Concernant les aliments, on les classifie en tenant compte de la composition de notre sang (surtout d’après le rapport K / Na). Pour éviter des erreurs, Ohsawa conseille de prendre en compte divers critères simultanément, comme la forme, la couleur, la composition chimique, le tropisme, etc.

Le Yang et le Yin dérivent l’un de l’autre : les régions froides produisent des animaux et des végétaux Yang ; réciproquement, les animaux et les végétaux issus de régions Yang, c’est-à-dire chaudes, sont Yin. De même, l’ovule produit par le sexe féminin Yin, est Yang, tandis qu’inversement, le spermatozoïde produit par le sexe masculin Yang, est Yin.

D’après cette vision, ce sont Yin et Yang qui modèlent les formes, font qu’un corps soit lourd ou léger, qu’il ait une certaine couleur, une certaine composition chimique, etc.

Expressions physiques de Yin et Yang :
  Yin Yang
Tendance Expansion Contraction
Position Extérieur Intérieur
Structure Espace Temps
Direction Ascendante Descendante
Couleur Violet Rouge
Température Froid Chaud
Poids Léger Lourd
Élément Eau Feu
Atome Électron Proton
Chimie K, O, Ca, N, S, P, Si, etc Na, H, C, Mg, As, Li, Hg, Ur
Selon le domaine biologique :
  Yin Yang
Règne Végétal Animal
Végétaux Légumes Céréales
Nerfs autonomes Sympathique Parasympathique
Mouvement Féminin Masculin
Goût Piquant, acide, doux Salé, amer, alcalin
Vitamines C, B2, B12, Pp, B1, B6 D, K, E, A

Source : La Philosophie de la Médecine d’Extrême-Orient, de Georges Ohsawa et Le Livre de la Macrobiotique, de Michio Kushi.

L’ordre de l’Univers[modifier | modifier le code]

Le taijitu : symbole de l’ordre de l’Univers.

Au moyen de 7 « lois » et des 12 « théorèmes » qui en découlent, Ohsawa veut résumer les principes qui, selon la cosmologie extrême-orientale, constituent « l’ordre de l’Univers », c’est-à-dire, le fonctionnement du monde manifesté.

Georges Ohsawa explique dans son livre L’Ère atomique (p. 54-55) :

« L'Ordre de l'Univers est gouverné par sept principes qui constituent la logique universelle. Ces principes sont tout d'abord dynamiques ; c'est pourquoi ils sont contraires à la logique formelle qui est statique. Ils peuvent être appliqués à n'importe quel domaine, à n'importe quel niveau de vie et à toutes les choses existant dans l'univers de relativité. De plus, ils peuvent unifier tous les antagonismes.

La logique formelle est rigide, c'est un simple instantané de la vie et de l'univers infini, donc infinitésimalement analytique sans vouloir ni savoir. Tandis que la logique universelle est une image vivante de toute vie et de toute chose. La logique formelle détruit la continuité : le principe d'identité, le principe de contradiction et le principe du tiers-exclu nous montrent seulement une image statique, finie, une image emprisonnée dans le monde statique, déterminé, de l'apparence, construite sur nos sens ou nos instruments. En réalité, toute chose en ce monde change sans cesse d'une extrémité à l'autre. Rien n'est stable ou constant dans ce monde relatif. »

Les sept lois de l’ordre de l’Univers

  1. Tout ce qui a un commencement a une fin.
  2. Tout ce qui a une face a un dos.
  3. Il n'y a rien d'identique.
  4. Plus grande est la face, plus grand est le dos.
  5. Tout antagonisme est complémentaire.
  6. Yin et Yang sont les classifications de toute polarisation. Ils sont antagonistes et complémentaires.
  7. Yin et Yang sont les deux bras de l'UN (Infini).

Les douze théorèmes du Principe Unique (complètent les sept lois et définissent le fonctionnement du monde de la relativité)

  1. Yin-Yang sont deux pôles qui entrent en jeu quand l'Expansion infinie se manifeste au point de bifurcation.
  2. Yin-Yang sont produits continuellement par l'Expansion transcendante.
  3. Yin est centrifuge, Yang est centripète. Yin et Yang produisent l'énergie.
  4. Yin attire Yang et Yang attire Yin.
  5. Yin et Yang combinés en proportion variable produisent tous les phénomènes.
  6. Tous les phénomènes sont éphémères, ce sont des constitutions infiniment complexes et constamment changeantes des composants Yin et Yang. Toute chose est sans repos.
  7. Rien n'est totalement Yin, ni totalement Yang, même dans le phénomène le plus simple apparemment. Chaque chose contient la polarité à tous les étages de sa composition.
  8. Rien n'est neutre. Yin ou Yang est en excès en chaque cas.
  9. La force d'attraction est proportionnelle à la différence des composants Yin et Yang.
  10. Yin repousse Yin et Yang repousse Yang. La répulsion est inversement proportionnelle à la différence des forces Yin et Yang.
  11. Avec le temps et l'espace, Yin produit Yang, et Yang produit Yin.
  12. Tout corps physique est Yang en son centre et Yin en surface.

Source : La Philosophie de la médecine d’Extrême-Orient et L’Ère atomique et la Philosophie d’Extrême-Orient de Georges Ohsawa.

Le jugement[modifier | modifier le code]

Comme on l’a vu, selon cet enseignement, la finalité de l’homme est de développer sa conscience ou jugement :

D’après Ohsawa tout le monde a, en principe, la capacité de percevoir les choses d’une manière globale ou « suprême », d’aller au-delà de la vision dualiste tout en unifiant les contraires dans un seul phénomène, composé d’une « face » et d’un « dos ». Or, cette capacité « suprême » se trouve en général « endormie » ou « voilée » car on l’a empêchée de se développer librement (à cause de l’éducation, d’une alimentation inadaptée, etc.).

Si on part du postulat que Yin et Yang forment une seule chose, comme les deux faces de la même pièce, cela signifie qu’en réalité il n’y a que « Un ». Mais l’homme, être matérialisé - donc faisant partie d’un monde relatif, ne peut percevoir qu’une des deux faces à la fois, sauf s’il retrouve la capacité de saisir avec son jugement global, celui qui n’est pas divisé, qui appartient à l’Infini lui-même. Autrement dit, le jugement de l’Amour absolu, celui qui unifie tout (en japonais et en chinois on pourrait traduire tous les « do » ou « tao » par « voie qui mène vers l’unité »).

Ohsawa explique que tant qu’on n’a pas atteint l’étape « suprême » on vit avec les « bas jugements », ou étapes partielles du jugement, c’est-à-dire que l’on a une vision dualiste et irréelle de toute situation (voir la notion de « mâyâ » d’après la philosophie indienne). Cela dit, comme le jugement se développe en spirale à travers ces diverses étapes, chacune fait quand-même partie du jugement suprême. Autrement dit, chaque « bas jugement » est le jugement « suprême » à un certain stade de son évolution.

Jacques Skalka[4], un disciple de Georges Ohsawa, l’explique ainsi : fonctionner avec les bas jugements c’est fonctionner selon son caractère, en se prenant soi-même ou ses affinités comme point de référence ; fonctionner avec le jugement suprême, c’est atteindre un stade où les lois de l’ordre de l’Univers sont la référence. Et il ajoute que la macrobiotique peut permettre de fonctionner provisoirement comme si l’on avait déjà le jugement suprême dévoilé, car elle offre une approche intellectuelle de cet ordre universel.

Les étapes de l’évolution du jugement, d’après Georges Ohsawa, sont les suivantes :

  1. Mécanique ou aveugle : On réagit de manière automatique : contraction par le froid, dilatation par la chaleur...
  2. Sensorielle : On réagit et juge les choses d’après ce qu’on trouve agréable ou désagréable.
  3. Sentimentale : On juge si une chose est bonne ou mauvaise à travers les sentiments.
  4. Intellectuelle : Prise de conscience de l’interrelation qui existe entre le monde extérieur et soi.
  5. Sociale : On tient compte des autres pour considérer si quelque chose est convenable ou non.
  6. Idéologique : Prise de conscience d’une notion de « morale ».
  7. Suprême ou Globale : On connaît et vit la « Justice » (les « lois universelles »), devenant ainsi un homme libre, capable de « créer » sa propre vie.

Source : Le Principe Unique de la Philosophie et de la Science d’Extrême-Orient, de Georges Ohsawa.

Pour mieux appréhender le concept du jugement de l’Amour qui unifie tout, la philosophie extrême orientale a développé le concept de « shindofuji » : c’est l’idée que nous faisons partie du même ensemble que la nature et l’environnement. La pratique de la macrobiotique au quotidien va permettre de se sentir davantage connecté à la nature et de ressentir que nous faisons partie du même ensemble que le reste de l’univers.

L’objectif est de retrouver de l’équilibre et de l’harmonie dans le corps, dans l’esprit et pour la planète : pour vivre en accord et en harmonie avec la nature et l’environnement (ce qui est désigné comme « l’Ordre de l’Univers » par Georges Ohsawa), et se sentir unifié au reste de l’univers.

L’alimentation selon la macrobiotique[modifier | modifier le code]

Fu avec onigiri et tonjiru Ces plats ne sont pas macrobiotiques... Cette illustration est inadaptée...

L’alimentation macrobiotique en tant que technique se veut une application pratique et logique du Principe Unique. Selon ce dernier, le développement humain (tant physique que mental et spirituel) devrait se réaliser de lui-même d’une manière naturelle. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’on l’en empêche.

Tout ce qui vit se nourrit et chaque être a besoin d’une alimentation adaptée. Et, selon cette vision du monde, il existerait certains aliments spécifiques pour l’homme, en tant qu’être qui peut accéder à la conscience.

L’alimentation macrobiotique est donc une technique qui prétend nourrir l’organisme de la façon la plus juste possible, sans manques ni excès (selon les notions de Yin et Yang), pour que celui-ci puisse se développer librement, tout en lui permettant de s’adapter aux vicissitudes qu’il devra traverser.

Comme les situations changent en permanence, appliquer l’étude de Yin et Yang à l’alimentation permettrait de l’adapter constamment, selon l’activité, l’âge ou les objectifs de chacun, par exemple. Il n’y a donc pas d’interdit alimentaire, seulement une adaptation à chaque cas particulier. Ohsawa insiste fortement sur le fait que « la pratique sans la théorie est dangereuse, mais la théorie sans la pratique est inutile », et il propose 10 régimes équilibrés, allant du plus large au plus strict.

Source : Le Zen Macrobiotique, de Georges Ohsawa.

Aujourd’hui, la cuisine macrobiotique utilise des aliments bruts et peu transformés, frais et de saison autant que possible, et privilégie les aliments locaux, parce qu’ils sont davantage adaptés au climat que d’autres. Les recettes macrobiotiques mettent en valeur les céréales complètes, les légumineuses, les légumes, les produits fermentés et les algues, et visent à éviter au maximum les produits laitiers et la consommation de sucre raffinés et édulcorants.

Santé et maladie[modifier | modifier le code]

Selon cette philosophie, il n’existe qu’une seule maladie universelle, l’arrogance, qui est l’expression extrême de l’égocentrisme ; toutes les autres maladies n’en seraient que les manifestations. L’égocentrisme implique un manque de vision d’ensemble : on se considère séparé du reste. Cette vision dualiste implique, inévitablement, que chaque décision prise dans la vie, à tous les niveaux, sera dirigée par le caractère, lequel ne tient pas compte que s’il y a « la face », il y a « le dos ». Cela se traduira par un déséquilibre à tous les niveaux, dont les conséquences affecteront d’abord l’organisme puis se répercuteront sur le comportement et le jugement. Quand « le dos » finira par se manifester, ce sera la « maladie ».

Ainsi, ce que d’habitude on appelle « maladie », n’est, selon la vision macrobiotique, qu’une réaction naturelle du corps pour se rééquilibrer. Pendant ce processus, il élimine les excès nocifs ; c’est ce que l’on appelle les « symptômes ». Pour l’aider, la macrobiotique préconise de lui faire au maximum confiance, donc d’intervenir le moins possible en attendant la fin de « l’élimination ». C’est à ce stade que l’on peut appliquer un régime curatif, qui consiste à manger assez strictement, selon un certain équilibre Yin-Yang, en sorte de ne pas nourrir la maladie tout en facilitant le « nettoyage » naturel de l’organisme[5].

Toutefois, la Macrobiotique curative fait aussi appel à divers remèdes externes et à l’usage d’aliments spécifiques, basés sur la médecine traditionnelle extrême-orientale et sur les propres découvertes de Georges Ohsawa, lequel expérimenta sur lui-même les effets de nombreux aliments.

Concernant la santé, la définition qu’en donne la macrobiotique diffère aussi sensiblement de celle habituellement admise. D’après cette logique, si la « maladie » est l’arrogance, la « santé » est le contraire, c’est-à-dire l’humilité (pas simplement au niveau du comportement, mais en tant qu'état profond). Ohsawa propose sept conditions pour déterminer si l’on jouit de la santé, en spécifiant que la septième est aussi importante que les six premières réunies.

Ainsi, le secret de la bonne santé est de cultiver la gratitude à chaque instant et de concevoir toute expérience comme une occasion d’avancer sur son chemin et de se développer davantage,

Les sept conditions de la santé

  1. Pas de fatigue (Ne jamais être amené à dire « cela est impossible, c'est trop difficile ».)
  2. Bon sommeil (Pouvoir récupérer complètement avec quatre à six heures de sommeil.)
  3. Bon appétit (Pouvoir apprécier, avec plaisir et reconnaissance, un bout de pain ou un peu de riz complet.)
  4. Bonne mémoire (Pouvoir se rappeler tous ceux qui nous ont aidés pendant notre vie et même avant.)
  5. Bonne humeur (Arriver à considérer que tout et tout le monde est agréable.)
  6. Rapidité de jugement et d’action (Pouvoir agir de manière juste et précise quand c'est nécessaire.)
  7. Justice (Éprouver un sentiment permanent de gratitude.)

Source : Le Zen Macrobiotique de Georges Ohsawa.

Le mouvement macrobiotique[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Dans la Grèce antique, on utilisait déjà le mot « macrobiotique » pour désigner une méthode naturelle de santé et de longévité[6]. En 1796, un médecin allemand Christoph Wilhelm Hufeland écrit un traité sur la santé intitulé Makrobiotik. Ohsawa adopte cette dénomination en 1938 pour occidentaliser le nom de son enseignement.

En Orient, traditionnellement, on a toujours établi une relation entre l’alimentation, la spiritualité et la santé (autant personnelle que sociale). Dans les monastères Zen japonais, par exemple, se pratiquait un régime nommé « cuisine shōjin » (精進料理, shōjin ryōri?), qui était « la cuisine qui améliore le jugement ».

Au Japon, le docteur Sagen Ijizuka (18501909) peut être considéré comme le pionnier de la transcription de ces connaissances traditionnelles en langage scientifique. Avant lui, d’autres auteurs avaient entamé cette voie, notamment l’érudit Ekiken Kaïbara (16301716), dont les écrits ont été réunis dans un livre intitulé Yojokun (Conseils pour la Longévité).

Georges Ohsawa[modifier | modifier le code]

Un des grands buts de Georges Ohsawa était d’unifier la pensée matérialiste occidentale avec celle plus métaphysique de l’Orient, en considérant que cela pourrait résoudre les conflits de l’humanité. Toute sa vie fut donc une course contre la montre pour essayer de démontrer, avec tous les moyens à sa disposition, la portée et l’utilité pratique de son enseignement. Poussé par cette urgence, son enseignement fut toujours exprimé sans concessions.

Il insista surtout sur la nécessité impérative d’étudier la dialectique Yin-Yang et, en même temps, de pratiquer pour vérifier par soi-même, ce qui impliquait une forte notion de « travail sur soi ». Pour lui, l’objectif premier était le dévoilement du jugement, car en ayant une vision plus « juste » on aurait la capacité de comprendre plus globalement n’importe quelle situation et questionnement. Et d’agir, ou pas, librement et en toute connaissance de cause.

L’après-Ohsawa[modifier | modifier le code]

Après la disparition d’Ohsawa, la macrobiotique a été diffusée principalement en tant que méthode alimentaire capable d’apporter une bonne santé.

Vers la moitié des années 1970, elle s’est répandue principalement avec Michio Kushi (1926 - 2014), un disciple de Georges Ohsawa installé à Boston, États-Unis. Kushi a développé un enseignement plus consensuel, collaborant avec de nombreux organismes officiels (Ministère de la Santé américain, associations de médecins, etc.) et a insisté sur son aspect diététique et curatif. Il a divulgué également un « régime standard » macrobiotique, facile à adopter sans trop de connaissances, et y a associé d’autres disciplines (do-in, shiatsu) et théories (comme celle chinoise des cinq éléments) pour faciliter l’accès à un public plus large. Les personnes ayant suivi l’enseignement de Michio Kushi ont ensuite créé des écoles de macrobiotique dans plusieurs pays d’Europe, notamment au Portugal (Institut Macrobiotique du Portugal), Espagne (Nishime, Institut Macrobiotique d’Espagne et Esmaca), Angleterre (Ecole Internationale de Oliver Cowmeadow et Formations dispensées par Simon Brown, Italie, Hollande, Belgique, Croatie, République Tchèque, ainsi qu’au Brésil et dans quelques autres pays.

En France, la macrobiotique a été diffusée par Françoise Rivière et René Lévy, 2 élèves de Georges Ohsawa, qui avaient une vision un peu différente de celle de Michio Kushi. Il a donc été fait en France une distinction entre l’enseignement de Kushi et celui d’Ohsawa, mais les bases sont les mêmes. L’enseignement diffusé par les disciples de Françoise Rivière et René Lévy a été plus rigoureux et stricte que celui diffusé par Michio Kushi, avec des régimes très stricts, permettant un nettoyage plus profond de l’organisme. Cette ambition curative a conduit à des extrêmes, notamment auprès de personnes fragiles psychologiquement. C’est pour cela que les enseignants en macrobiotique insistent souvent sur la nécessité d’étudier la philosophie en parallèle, de prendre du recul sur ce qui est enseigné, et de bien comprendre que l’alimentation est à adapter en fonction des besoins de chacun.

En France, dans les années 1980, à cause de « l’affaire Roger Ikor »[7] (un écrivain français dont le fils qui avait fait « la route » et s'était drogué[8], puis avait pratiqué la macrobiotique, se suicida par pendaison chez son père[9] ), cet enseignement fut assimilé à un mouvement sectaire. Aujourd’hui, toutefois, il jouit d’une meilleure image, ses thèses sur la santé et l’alimentation étant de plus en plus relayées par les médias (notamment à travers les revues féminines, qui vantent ses vertus amincissantes)[10], mais qui ont parfois une vision assez simpliste, en réduisant la macrobiotique à un régime alimentaire restrictif, sans prendre en compte la philosophie de vie et les adaptations possibles).

Aujourd’hui en France, il est possible de découvrir la cuisine macrobiotique en séjournant à Cuisine et Santé dans le Sud Ouest de la France (centre fondé par René Levy en 1979), qui dispense des cours de cuisine de manière quotidienne, et dans divers lieux qui sont référencés comme «macrobiotiques » par le CIMO[11], centre fondé par Françoise Rivière à Paris en 1980

La cuisine macrobiotique est de plus en plus introduite dans des stages de yoga, afin d’amener les participants à être plus conscients de leur alimentation.

La macrobiotique, surtout en tant que diète pour la santé, jouit d'une bonne acceptation dans les pays d'influence anglo-saxonne et nordiques (Pays-Bas, Flandre, Allemagne...)[12] et, depuis déjà un certain nombre d’années, elle est devenue un phénomène de mode aux États-Unis, grâce aux nombreux pratiquants qu’elle compte parmi les vedettes du show-biz[13].

Depuis la fin des années 1990, elle a commencé à se répandre fortement dans les pays de l’ancien Bloc de l'Est[14].

Quelques enseignants macrobiotiques connus[modifier | modifier le code]

Ont créé des centres d’études : Herman Aihara (19201998) aux États-Unis, Tomio Kikuchi (1926) au Brésil, Michio Kushi (1926-2014) aux États-Unis, René Lévy[15] en France (19272010), Lima Ohsawa (18981999) au Japon, Mario Pianesi en Italie, Françoise Rivière (19162006) en France, Jacques Skalka (19412002) en Belgique.

Et aussi : Jean Baudry (a réalisé diverses études à partir de l'enseignement d'Ohsawa), William Dufty (19162002) (écrits et traductions en anglais), Jacques Mittler (1937) (a écrit des ouvrages de vulgarisation), Marc Van Cauwenberghe (collaborateur de Michio Kushi ; compilation de conférences et de textes dispersés d'Ohsawa), Mauricio Waroquiers (traducteur et éditeur des livres macrobiotiques en espagnol), Clim Yoshimi (ancien secrétaire d'Ohsawa, traducteur en français, éditeur de la revue Ignoramus).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Œuvres de Georges Ohsawa[modifier | modifier le code]

Éditées par la Librairie philosophique J. Vrin, Paris (entre parenthèses : année de la première édition) :

  • Le Principe Unique de la Philosophie et de la Science d’Extrême-Orient (1931)
  • La Philosophie de la Médecine d’Extrême-Orient (1956)
  • L’Ère Atomique et la Philosophie d’Extrême-Orient (1962)
  • Le Zen Macrobiotique (1961)
  • La Vie Macrobiotique (1937), avec une Méthode d’Éducation (1966)
  • Le Cancer et la Philosophie d’Extrême-Orient (1964)
  • Jack et Mme Mitie en Occident (1957)
  • 4000 ans d’Histoire de la Chine (1943)
  • L’Acupuncture et la Médecine d’Extrême-Orient (1934)
  • Le Livre des Fleurs (1931)
  • Deux Grands Indiens au Japon (1954)

Autres éditeurs :

  • Aide-mémoire macrobiotique, Centre Macrobiotique de Belgique
  • Lettres Ignoramus, CIMO, Paris
  • Conférences, CIMO, Paris
  • Le Livre du Judo (1942), CIMO, Paris (distribué par Vrin)
  • Clara Schumann (1948), Kusa, Gand
  • Gandhi, un Enfant Eternel (1953), Trédaniel, Paris

Autres auteurs[modifier | modifier le code]

  • Professeurs C. Morishita et K. Chishima : Vérité et Secret du Cancer, Centre Macrobiotique de Belgique
  • Dirk Benedict : Confessions d'un Cow-boy Kamikaze
  • William Dufty : Le Sucre, cet ami qui vous veut du mal, Trédaniel, Paris
  • Jean Baudry : Cours Tao
  • Jean Baudry : Étude de l’Homme – Traditions d’Orient et d’Occident – Gnose, Alchimie, Tao
  • Herman Aihara : Ce que nous enseignent les saumons et autres essais
  • Hubert Descamps : Hippocrate avait raison, Trédaniel, Paris
  • René Lévy : Nouvel Hippocrate, article paru dans la revue Le Nouveau Planète, no 16, mai 1970
  • Michio Kushi : Le Livre de la macrobiotique, Trédaniel, Paris
  • Michio Kushi : Le Livre du diagnostic Oriental, Trédaniel, Paris
  • Jacques Mittler : Introduction à la macrobiotique, Éditions Dangles
  • Revues Polarité (Jacques Skalka, éditées par le Centre Macrobiotique de Belgique)
  • Revues Ignoramus (Françoise Rivière et Clim Yoshimi, éditées par le C.I.M.O., Paris)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « La macrobiotique, parfois encore qualifiée, à tort, de "Zen macrobiotique". Cette théorie alimentaire (...) ne possède donc que fort peu de rapports avec le Zen si ce n’est que ce fut un groupe d’adeptes de cette méthode qui invita en France, en juillet 1967, le Maître Taisen Deshimaru qui fut à l’origine du développement de la pratique de la méditation Zazen en France. La confusion, ou l’amalgame, entre Zen et macrobiotique fut donc entretenue pendant plusieurs années alors qu’il s’agit bel et bien de deux choses très différentes. Le Zen, ou Chan, fait partie intégrante du bouddhisme. La macrobiotique est une théorie philosophico-alimentaire basée sur la conception Yin/Yang, donc plus ou moins taoïsante, amplement revue et corrigée par son créateur » Sur Tao-Yin
  2. Dans l'hindouisme, la conception philosophique de brahman signifie, littéralement, « expansion »
  3. Par « vie », on entend ici l’Infini non-manifesté lui-même, la partie complète et non-divisée qu’il y aurait en chacun de nous et dans toute chose.
  4. Jacques Skalka a fondé le Centre Macrobiotique de Belgique et édité la revue Polarité.
  5. Le « régime curatif », c’est-à-dire, provisoirement restrictif, est la cause d’une certaine image négative de la macrobiotique, souvent assimilée à ce seul régime. De plus, son application sans les connaissances adéquates peut s’avérer problématique dans certains cas.
  6. Hippocrate utilise le mot « macrobiotique » et Hérodote parle des « Macrobiens », peuple mythique qui jouît d’une grande longévité habitant l’Est de l’Afrique.
  7. Point de vue de Roger Ikor dans son interview dans le journal "L'unité" (1981) : "J'affirme que mon fils n'était pas un tempérament suicidaire et qu'il a été conduit au suicide par une secte : le zen macrobiotique (...) j'ai retrouvé les menus qu'il suivait (sans parler des périodes de jeûne) d'après les prescriptions du macrobiotique (...) C'était un régime gravement carencé et en particulier aprotéiné (...) Sur ce tract le macrobiotique prétend guérir toutes les maladies, mêmes les maladies incurables ! C'est du charlatanisme, de l'exercice illégal de la médecine.[1]
  8. Roger Ikor, Je porte plainte !..., Albin Michel, , 21/24 / 25, J'ai su qu'il errait dans le midi, le Maroc, la Tunisie ... Il y a naturellement la drogue si fréquente dans ces milieux ... Vincent ... n'a dû s'intéresser qu’occasionnellement à la drogue .
  9. Roger Ikor, je porte plainte !..., Albin Michel, , 35 p., Il a alors retrouvé ses frères, qui festoyaient dans la maison avec leurs amis . ... Et c'est alors qu’échappant à leur surveillance il s'est pendu .
  10. Article dans la revue Elle, Article dans belle-belle-belle.com, Article dans Flair, Article dans Femme Actuelle
  11. « L’art de vivre macrobiotique », sur Centre International Macrobiotique Ohsawa (consulté le )
  12. Du fait, surtout, des étudiants de Michio Kushi, qui ont créé d'influents et onéreux centres macrobiotiques à Boston, Anvers, Amsterdam et Londres, entre d'autres.
  13. Gwyneth Paltrow et Madonna, par exemple, ou John Lennon et Yoko Ono
  14. Centres créés en Roumanie, Serbie, Croatie, Tchéquie et Ukraine, entre d'autres.
  15. « Décès de René Lévy, apôtre de l'alimentation macrobiotique », Le Parisien,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]