Kabosu

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Citrus sphaerocarpa

Le kabosu, Citrus sphaerocarpa, (en japonais : カボス ou 臭橙) est un agrume japonais de la préfecture d'Ōita et marginalement de la préfecture de Miyazaki.

Le fruit est récolté vert en été pour son jus acide[2]. Il s'agit d'un agrume de jours longs. Kabosu désigne en français à la fois, la plante et le fruit.

Dénomination[modifier | modifier le code]

Le kabosu (et Aka Kabosu) est classé par le Genetic and Genomic Information System GnpIS[3] comme l'espèce Citrus sphaerocarpa Tanaka sur la base de travaux japonais[4]. L'Université de California Riverside Citrus Variety Collection le classe dans un sous-genre : Citrus subgenus Papeda and hybrid[5] par ailleurs « pas clairement regroupé »[6].

Il est aussi nommé nioidaidai désignant une orange amère (qu'il n'est pas) très parfumée (de nioi におい), et kohahasu (vinaigre = jus acide très parfumé).

Dans les langues occidentales le mot « kabusu » est longtemps utilisé : il serait mentionné[7] dans le Nippo Jisho, puis dans diverses publications en anglais, allemand, on le trouve encore dans des ouvrages spécialisés en 1967[8], 1982[9]. En 1980 le Bulletin de la Faculté d'Agriculture de Shizuoka[10] emploie le mot kabosu, qui est immédiatement repris par toutes les publications en langue anglaise et dans les congrès scientifiques.

Historique[modifier | modifier le code]

Kabosu fin aout, juteux et bon à récolter

D'après le site de la préfecture d'Ōita, le kabosu aurait été cultivé comme médicament dans les villes de Taketa quartier d'Usuki par un médecin qui avait trouvé la graine à Kyoto au XVIIIe siècle, il subsisterait de très vieux arbres âgés de 200 ans[11].

Ce fruit devint populaire après son importation de Chine vers l'époque d'Edo.

Le kabosu est le résultat d'un croisement entre la mandarine satsuma, le kunenbo (= shikuwasa) et le yuzu[12]. La génomique a confirmé cette position centrale du kabosu à distance égale des trois pôles ancestraux (lime/cédrat - pamplemousse - mandarine) et proche du sudachi, du yuzu, et du shikuwasa.

Distances génétiques des principaux agrumes japonais - T. Shimizu et al. 2016[13].

Description[modifier | modifier le code]

L'arbre est de petite taille, épineux, sa croissance et sa mise à fruit sont lentes. Le fruit a un diamètre d'environ 7 cm et d'un poids de 90 à 120 g lors de sa récolte récolte en vert il peut atteindre 140 g en jaune.

Culture[modifier | modifier le code]

La récolte du fruit se fait en vert de mi-août à octobre, période pendant laquelle le zeste contient le maximum d'huile essentielle. Il existe à Usuki une spécialité de kabosu récoltée jaune, à maturité en novembre.

La production japonaise est de 5 968 t en 2020[14] (600 t en 2010[15]) majoritairement transformée en jus. Hors du Japon, la production est confidentielle, y compris au Brésil où il est signalé « extrêmement rare »[1]. Pourtant le fruit frais a une puissance aromatique rare et son jus abondant est d'une acidité typée, il mériterait d'être mieux connu hors du Japon.

Cultivars[modifier | modifier le code]

Depuis 2021, Oita développe des cultivars sans graines et avec un bon rendement en jus à partir des 4 variétés traditionnelles (dont 'Oita n°1' et 'Kami no Kawa'). En 2018 大分果研(かけん6号 (Ōita hate-ken (kaken) 6-gō) 'Oita Kaken n°6' a été protégée avec une mise en culture prévue pour 2028, il s'agit une obtention triploïde (sans graines, rendement en jus 23 %) à partir d'une hybridation naturelle [16]. 'Oita Kaken n°4' (2013) est spécialement de texture gélatineuse et au gout douceâtre récolte jaune[17]

Utilisation : cuisine, boissons, parfum[modifier | modifier le code]

Ponzu au jus de kabosu vert

Kabosu vert[modifier | modifier le code]

Le kabosu fait partie des agrumes verts de jours longs au même titre que le yuzu vert, les sudachi, naositchi, hebesu, etc. et que les limes et citron vert, shikuwasa et calamondin tropicaux, leur usage culinaire est comparable[18]. À noter, au Japon, une petite production de limandes d'élevage nourries de pulpe de kabosu ; kabosu-buri qui donne à la chair une note d'agrume et évite l'odeur de poisson[19].

Le jus, qui peut être en conserve, est utilisé directement comme condiment sur le poisson grillé, le sashimi ou le pot-au-feu, les champignons, dans la préparation de sauces ponzu, de gâteaux secs, des sorbets[20] et crèmes glacées. Heston Blumenthal en fait une gelée sucrée servie sous son parfait au lait[21].

Le jus aromatise des bières, des sodas, et des cocktails[22]. Le Kabosu Mojito (gin, jus de kabosu) a obtenu un premier prix 2014 au concours annuel des cocktails au jus de kabosu de Oita[23].

Un parfum d'ambiance à base de kabosu est produit à Ōita[24].

Kabosu jaune[modifier | modifier le code]

黃かぼす (kikabosu) est récent en japonais (kabosu jaune). La diffusion du fruit mûr dans la grande distribution est nouvelle (2023), il est promu comme jus pour accompagner le riz, les ponzu, etc.[25]. La région de Chichibu développe depuis 2019 une production de kabosu jaune en décembre avec une utilisation est condimentaire et en confiserie. Auparavant les fruits mûrs étaient détruits. Le gout du fruit mûr est moins acide et qualifié de まろやか (maroyaka) suave, doux au palais[26]. En 2023, à Yufu on a vu apparaitre une huile essentielle de kabosu jaune comme parfum, et le kabosu jaune comme aromate d'une soupe de porc[27].

Huile essentielle[modifier | modifier le code]

Le limonène et le myrcène représentent les proportions majeures (70,5 % et 20 %) parmi les hydrocarbures monoterpéniques les plus abondants dans l'huile de kabosu (2002)[28], mais parmi les composants mineurs il faut noter (E)-β-Ocimene (de même que chez l'orange amère daïdaï qui donne la note de sève de pin[29] propre au kabosu)[30]. Les hydrocarbures sesquiterpéniques (1 % chez kabosu) sont le β-élémène, le β-farnésène, et germacrène-D. chez les composants oxygénés, les aldéhydes sont plus abondants avec 0,6 %[31]. L'énantiomère (R )-(+)-citronellal est un autre élément caractéristique de l'odeur d'huile essentielle de zeste de kabosu[28], le profil aromatique a été décrit par Kenichi Tomiyama et al. (2011) énumèrent parmi 154 composants: l'oxyde de rose, le sulfure de menthe et l'indole (note florale) et à titre très dilué le linalol, (2 E )-4,5-époxy-2-décénal, octanal, (4 Z )-décénal, β-citronellol, géraniol et lactone du vin (qui sont aussi dans l'huile essentielle de sudachi et donne aussi le parfum de pin)[32]. K Matsumoto (1982) écrivait: «Les limonoides sont présents en abondance dans les pamplemousses et le kabosu à l'opposé du kumquat et du shikuwasa qui en contiennent relativement peu»[33].

Principaux composants aromatiques de l'huile essentielle de zeste de kabosu (2011, Kenichi Tomiyama et al.)[32]. Ce tableau ne donne pas le trans-β-ocimene caractéristique de l'odeur de sève de pin.

L'arôme est bien typé et décrit comme extraordinairement riche et aigre - note de tête piquante, acide et légèrement sucrée. L'huile essentielle de kabosu accompagne avec bonheur celle de gingembre, d'ail et de menthe[34].

Extraction de l'huile essentielle de kabosu vert, incidence de la température et de la pression sur le rendement (à noter que la qualité de l'huile n'est pas constante)[35]

Extraction délicate[modifier | modifier le code]

L'extraction des huiles essentielles de fruits vert donne des rendements de 2,3 % (hydrodistillation), 1,55 % (CO2 supercritique), 0,2 % pression à froid. Le rendement moyen à pression atmosphérique est <1 % et la composition est variable selon la méthode d'extraction[35].

Amomathérapie[modifier | modifier le code]

Les sources japonaises donnent (sans démonstration expérimentale, on sait pour le moins qu'in vitro l'huile essentielle de kabosu et de nombreuses autres huiles essentielles comme la rose de Damas, l'eucalyptus, le fenouil, le géranium, la mandarine, le néroli, etc. réduisent les symptômes de l'anxiété - 2015[36]) des bénéfices variés : anti-stress, qualité du sommeil, fatigue cérébrale, reconstituante, des effets antibactériens/antiviraux, antispasmodiques, etc.[37] on peut lire qu'elle « apaise les nerfs agités causés par la colère, la frustration »[38].

En modèle murin (2023) l'administration orale d'extrait à l'hexane de kabosu (100 μg/g de poids corporel/jour) réduit le poids corporel, le volume de graisse viscérale et l'accumulation de lipides hépatiques via la régulation de l'expression des gènes liés à la lipolyse hépatique (Pparα et Acox1) à la lipogenèse (Fasn) dans le tissu adipeux blanc de l'épididyme[39].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. GRIN 314378 Citrus sphaerocarpa Tanaka, nom. nud.
  2. Quand récolter le kabosu (et le sudachi) ?, www.olharfeliz.typepad.com, 10 juillet 2013.
  3. « GnpIS - Taxon: Citrus sphaerocarpa Tan. », sur urgi.versailles.inra.fr (consulté le )
  4. (en) A. ASADI ABKENAR and S. ISSHIKI, « Molecular characterization and genetic diversity among Japanese acid citrus (Citrus spp.) based on RAPD markers », Journal of Horticultural Science & Biotechnology (2003) 78 (1) 108±112,‎ (lire en ligne)
  5. (en) T.L. Kahn et al., « Citrus Genetic Resources in California », Division of Agriculture and Natural Resources Universiy of California,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Tshering Penjor, Toyoaki Anai, Yukio Nagano et Ryoji Matsumoto, « Phylogenetic relationships of Citrus and its relatives based on rbcL gene sequences », Tree Genetics & Genomes, vol. 6,‎ , p. 931–939 (ISSN 1614-2942 et 1614-2950, DOI 10.1007/s11295-010-0302-1, lire en ligne, consulté le )
  7. Dragomir Costineanu, Origines et mythes du kabuki, Paris, Publications orientalistes de France, , 477 p., p. 98
  8. (en) Walter Reuther, The Citrus Industry: History, world distribution, botany, and varieties, University of California, Division of Agricultural Sciences, (lire en ligne)
  9. (en) Proceedings of the International Society of Citriculture, Japan Chapter, International Society of Citriculture, (lire en ligne)
  10. (en) Bulletin of the Faculty of Agriculture, Shizuoka University, 静岡大学農学部,‎ (lire en ligne)
  11. « カボスの由来|カボス情報 | 大分県カボス振興協議会 OITA KABOSU », sur www.oitakabosu.com (consulté le )
  12. « « Yuzu », « sudachi » et « kabosu » : un zeste d’agrume qui transforme la cuisine japonaise », Les fruits japonais : le goût de la perfection, sur Nippon.com, (consulté le ).
  13. (en) Tokurou Shimizu, Akira Kitajima, Keisuke Nonaka et Terutaka Yoshioka, « Hybrid Origins of Citrus Varieties Inferred from DNA Marker Analysis of Nuclear and Organelle Genomes », PLOS ONE, vol. 11, no 11,‎ , e0166969 (ISSN 1932-6203, PMID 27902727, PMCID PMC5130255, DOI 10.1371/journal.pone.0166969, lire en ligne, consulté le )
  14. (ja) « カボスとスダチ、実れライバル共闘 首都圏販促で大分県と徳島県タッグ - 大分のニュースなら 大分合同新聞プレミアムオンライン Gate », sur www.oita-press.co.jp (consulté le )
  15. Kabosu
  16. (ja) « 果汁たっぷり「種なしカボス」、大分県が開発 来春にも4市で試験栽培 - 大分のニュースなら 大分合同新聞プレミアムオンライン Gate », sur www.oita-press.co.jp (consulté le )
  17. « ゼリーのような新食感! カンキツ新品種「大分果研4号」|注目の農業技術|みんなの農業広場 », sur www.jeinou.com (consulté le )
  18. « Résultats de la recherche - Monde », sur world-fr.openfoodfacts.org (consulté le )
  19. Limande à queue jaune au kabosu
  20. (en) Fodor's Travel Guides, Fodor's Japan, Fodor's Travel, (ISBN 978-0-8041-4186-4, lire en ligne)
  21. (nl) « The Fat Duck Christmas Lunch 2013 (by ElizabethOnFood) », sur www.elizabethonfood.com, (consulté le )
  22. (ja) « TaKaRa Shouchuu Highball Kabosu »
  23. (ja) « 秋に飲みたいおすすめカクテルBest3をバーテンダーに聞いてみた / モヒートに「カボス」を入れたら激うまなことが判明ッ!!! », sur Pouch[ポーチ],‎ (consulté le )
  24. (en) « シーズナブル 大分カボス | カーフレグランス | 晴香堂 », sur 晴香堂 公式オンラインストア (consulté le )
  25. (ja) 窪田鳳花, « 熟して黄色くなったカボスが白米いけるくらいうまい », sur デイリーポータルZ,‎ (consulté le )
  26. 日本放送協会, « 秩父地方で黄色く完熟したカボスの収穫が最盛期|NHK 埼玉県のニュース », sur NHK NEWS WEB (consulté le )
  27. (ja) « 「オリジナルアロマ」のプロモツール、「ゆふいん完熟かぼす祭り」を香りで空間デザイン! », sur プレスリリース・ニュースリリース配信シェアNo.1|PR TIMES,‎ (consulté le )
  28. a et b (en) Nguyen Thi Minh Tu, Yuji Onishi, Hyang-Sook Choi et Yusuke Kondo, « Characteristic Odor Components of Citrus sphaerocarpa Tanaka (Kabosu) Cold-Pressed Peel Oil », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 50, no 10,‎ , p. 2908–2913 (ISSN 0021-8561 et 1520-5118, DOI 10.1021/jf011578a, lire en ligne, consulté le ).
  29. « La cuisine du jardin », sur La cuisine du jardin (consulté le )
  30. Toshiyuki Hamada, Kanako Harano, Rino Niihara et Hiromi Kitahara, « Composition and Monthly Changes of the Volatile Constituents in the Sour Hetsuka-daidai Citrus Peel », Journal of Oleo Science, vol. 69, no 6,‎ , p. 643–648 (DOI 10.5650/jos.ess19296, lire en ligne, consulté le )
  31. (en) S. M. Njoroge, H. Ukeda, H. Kusunose et M. Sawamura, « Volatile components of the essential oils from Kabosu, Daidai, and Yuko, Japanese sourcitrus fruits », Flavour and Fragrance Journal, vol. 9, no 6,‎ , p. 289–297 (DOI 10.1002/ffj.2730090603, lire en ligne, consulté le )
  32. a et b (en) Kenichi Tomiyama, Hirokazu Aoki, Takeshi Oikawa et Kazutoshi Sakurai, « Characteristic Volatile Components of Kabosu ( Citrus sphaerocarpa Hort. ex Tanaka) », Natural Product Communications, vol. 6, no 3,‎ , p. 1934578X1100600 (ISSN 1934-578X et 1555-9475, DOI 10.1177/1934578X1100600319, lire en ligne, consulté le ).
  33. (en) Proceedings of the International Society of Citriculture, Japan Chapter, International Society of Citriculture, (lire en ligne)
  34. (en-US) « Berjé's Kabosu oil », sur Perfumer & Flavorist, (consulté le )
  35. a et b (en) Takuya Suetsugu, Masahiro Tanaka, Hideo Iwai et Teruaki Matsubara, « Supercritical CO2 extraction of essential oil from Kabosu (Citrus sphaerocarpa Tanaka) peel », Flavour, vol. 2, no 1,‎ , p. 18 (ISSN 2044-7248, DOI 10.1186/2044-7248-2-18, lire en ligne, consulté le ).
  36. (en) Dai Mizuno, Keiko Konoha-Mizuno, Miwako Mori et Kentaro Yamazaki, « An In Vitro System Comprising Immortalized Hypothalamic Neuronal Cells (GT1–7 Cells) for Evaluation of the Neuroendocrine Effects of Essential Oils », Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, vol. 2015,‎ , e343942 (ISSN 1741-427X, DOI 10.1155/2015/343942, lire en ligne, consulté le )
  37. « カボスエッセンシャルオイル », sur 幸せ国産アロマオイル公式通販 (consulté le )
  38. (ja) « カボスの精油の効果効能 | アロマオイル効能ガイド », sur アロマオイル効能ガイド (consulté le )
  39. Liqing Zang, Kazuhiro Kagotani, Takuya Hayakawa et Takehiko Tsuji, « The Hexane Extract of Citrus sphaerocarpa Ameliorates Visceral Adiposity by Regulating the PI3K/AKT/FoxO1 and AMPK/ACC Signaling Pathways in High-Fat-Diet-Induced Obese Mice », Molecules (Basel, Switzerland), vol. 28, no 24,‎ (ISSN 1420-3049, DOI 10.3390/molecules28248026, lire en ligne, consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]