Leucose féline

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La leucose féline est une maladie causée par le virus leucémogène félin, aussi couramment appelé virus de la leucose féline (ou FeLV, de l'anglais Feline Leukemia Virus). Ce virus est un rétrovirus, un virus dans lequel l'information génétique est contenue dans l'ARN au lieu de l'ADN, produisant une enzyme appelée transcriptase inverse qui lui permet d'insérer des copies de leur matériel génétique dans celui des cellules qu'ils ont infectées.

La leucose se transmet principalement par la salive. Elle se diagnostique le plus souvent après une prise de sang et un test antigénique réalisés par un vétérinaire. L'évolution du virus varie en fonction des individus, mais peut ne pas diminuer l'espérance de vie de l'animal. Les chats atteints par la leucose développent fréquemment des pathologies secondaires, comme des maladies prolifératives (tumeurs : lymphomes, leucémies), des maladies du sang et une immunodépression.

Historique[modifier | modifier le code]

Le virus de la leucose féline est décrit pour la première fois en 1964 par William Jarrett et ses collègues[1],[2].

Épidémiologie[modifier | modifier le code]

Le virus de la leucose féline est présent dans le monde entier[3] et constitue l'un des agents infectieux les plus courants chez le chat[4]. Il peut également infecter d'autres espèces de félins[5].

Selon les continents, la prévalence varie[6]. Les chats de race sont moins touchés, possiblement à cause d'une stratégie de dépistage plus fréquente ou parce qu'ils sont plus souvent gardés en intérieur[6].

Les chats peuvent être infectés par le FeLV à n'importe quel stade de leur vie[1]. Les études ne concordent pas sur un stade où l'infection serait plus probable qu'un autre[6].

Plusieurs sous-types de FeLV sont dénombrés et diffèrent par leurs récepteurs cellulaires. FeLV-A est retrouvé chez tous les individus infectés et ne se transmet que de manière horizontale[7].

Le FeLV n'infecte pas les êtres humains, même s'il est capable de se reproduire dans des lignées cellulaires humaines[5].

Physiopathologie[modifier | modifier le code]

Le virus se propage par la transmission de liquide corporel (salive, sang, etc.) d'un chat à un autre, lors d'un combat ou parfois d'un accouplement. En effet la salive est très concentrée en particules virales dans le cas de la leucose. Certains chats se débarrassent du virus et développent des défenses immunitaires. On appelle cela la neutralisation du virus. D'autres deviennent porteurs sains (cela représente 1 % des chats atteints) car la production d’anticorps par le chat permet de garder le virus localisé à l’épithélium. Ces chats peuvent vivre aussi longtemps que les chats non infectés à condition de rester dans un environnement calme, familier et sans stress. Il existe aussi la phase de latence, pendant laquelle le système immunitaire ne permet pas l’élimination du virus car il se dissimule dans les cellules mais sans s’y multiplier. Ensuite, l’évolution sera soit une virémie, soit une neutralisation (qui représente en moyenne 30 % des chats contaminés). Enfin, on peut aussi assister à une virémie (le virus reste dans le sang) persistante, c'est-à-dire qu'à cause d'une mauvaise réponse immunitaire il existe alors possibilité de prolifération tumorale (lymphome, leucémie), ou de maladies dégénératives.

Les différentes possibilités de réponse immunitaire d'un chat contaminé par le virus de la leucose sont donc :

  • la neutralisation du virus
  • la latence
  • la virémie persistante
  • le statut de porteur sain.

Immunité[modifier | modifier le code]

Facteurs de risque[modifier | modifier le code]

Les chats ayant accès à l'extérieur sont davantage susceptibles de contracter le FeLV[5]. Le fait d'être un mâle entier, de vivre dans des groupes d'au moins cinq individus ou d'être un chat déjà atteint par une maladie constituent également des facteurs de risques[5]. Les chats agressifs ont davantage de risque de contracter le FeLV[5].

Évolution[modifier | modifier le code]

L'infection par le FeLV peut suivre plusieurs trajectoires[3].

Caractéristiques des infections par le FeLV[8][5]
Type d'infection Tissus touchés Virémie Pathologie secondaire
Infection abortive ou infructueuse restriction à la région oronasale absente peu probable
Infection progressive ou évolutive rate, noeuds lymphatiques, glandes salivaires, moelle osseuse persistente probable
Infection régressive thymus, rate, noeuds lymphatiques et glandes salivaires

moelle osseuse sur le long terme

transitoire peu probable
Infection atypique ou focale restriction à une ou plusieurs régions parmi rate, noeuds lymphatiques, glandes mammaires, intestin grêle absente peu probable

La leucose peut aboutir à une immunosuppression[3]. L'animal est alors plus susceptible de développer des infections opportunistes[3].

Transmission[modifier | modifier le code]

Le virus est en effet dégradé dans l'environnement en l'espace de quelques minutes[4]. L'exposition au FeLV se fait ainsi par la salive, les selles, le lait, l'urine, les sécrétions nasales et lacrymales[8].

La contamination par le virus de la leucose féline nécessite souvent un contact étroit entre un individu infecté et un individu sain, et se fait principalement par les sécrétions salivaires[1][5]. La transmission peut avoir lieu de manière horizontale, entre chats proches qui partagent un même environnement (gamelles), se battent ou se toilettent réciproquement[4] ainsi que par voie sanguine[5]. Elle peut également être verticale, d'une mère à ses petits, à travers le placenta ou par l'intermédiaire du lait maternel[4].

Signes cliniques[modifier | modifier le code]

Pâleur des muqueuses chez un chat avec une anémie sévère due à une leucose féline.

Les signes cliniques de contamination par le virus de la leucose sont très variables et peu spécifiques. On notera principalement :

  • une diminution de l'appétit pouvant aller jusqu'à la perte d'appétit (anorexie)
  • une perte de poids
  • une apathie, léthargie, de la fièvre
  • des diarrhées
  • des difficultés respiratoires
  • des inflammations des conjonctives (conjonctivites répétées)
  • des affections de la cavité buccale (gingivite, stomatite, ..)
  • une augmentation de la taille des ganglions
  • un ou plusieurs abcès qui ont du mal à guérir

Ces signes, souvent discrets, dépendent de l’organe atteint par le virus et de la présence ou non de maladies secondaires.

Parfois, ce sont des maladies répétées, une anémie, qui font suspecter une leucose, bien qu'elle aussi puisse exister bien qu'aucun symptôme ne soit manifeste. En effet, les chats FeLV positifs peuvent rester « asymptomatiques » (ne présentant aucun signe clinique) pendant des années. Ils sont cependant contagieux pour les autres chats.

Les chats qui respirent par la bouche, semblent anémiques (gencives pâles), ou semblent souffrir d'un rhume chronique, sont peut-être infectés par le virus de la leucémie féline (leucose) ou le virus de l'immunodéficience féline (FIV), Mais ces symptômes chroniques peuvent avoir d'autres origines.

Diagnostic[modifier | modifier le code]

Le diagnostic est posé par un vétérinaire, le plus souvent après un test antigénique, qui détecte les antigènes du FeLV, ou une PCR[3].

Lorsqu’un chat est dépisté FeLV positif après analyse sanguine, la pratique vétérinaire conseille de réitérer le test 6-8 semaines plus tard car une élimination du virus est possible, en fonction de la réactivité immunitaire du chat.

Prise en charge[modifier | modifier le code]

Les recommandations diffèrent en fonction de si l'animal présente des symptômes ou non[9].

Gestion[modifier | modifier le code]

Les chats positifs à la leucose sont généralement isolés et maintenus à l'écart des chats indemnes[10].

Les chats touchés par la leucose et qui développent une immunodépression ont besoin d'un rythme de vaccination plus soutenu[3].

Traitement médicamenteux[modifier | modifier le code]

Euthanasie[modifier | modifier le code]

Un chat atteint par le FeLV n'est pas nécessairement condamné[3].

Gestion des infections associées à la leucose féline[modifier | modifier le code]

Complications[modifier | modifier le code]

Pronostic[modifier | modifier le code]

La plupart des chats positifs au FeLV développent des comorbidités dans les cinq années qui suivent le diagnostic de la leucose[11]. Les individus touchés et médicalement bien suivis peuvent décéder de causes qui ne sont pas liées à leur leucose[11].

Prévention[modifier | modifier le code]

La prévention repose principalement sur le dépistage des chats atteints[3]. La vaccination est recommandée pour les chats exposés à un risque de contracter la leucose, par exemple les chats ayant accès à l'extérieur ou ceux côtoyant un individu positif à la leucose dans leur foyer[12].

Un vaccin préventif contre la leucose féline est commercialisé[13]. Cependant, il ne remplace par le dépistage[3]. Pour le vaccin Leucofeligen, le début de l'immunité a été démontré 3 semaines après la primo-vaccination ; celle-ci dure alors pendant un an et à la suite du premier rappel ayant lieu un an après la primo-vaccination, il existe une durée d'immunité de 3 ans. Les intervalles de rappel sont ensuite de trois ans pour la valence leucose[14].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Sykes 2023] (en) Katrin Hartmann, Regina Hofmann-Lehmann et Jane E. Sykes, « Feline Leukemia Virus Infection », dans Jane E. Sykes, Greene's Infectious Diseases of the Dog and Cat, Elsevier, , 5e éd., 1799 p. (ISBN 9780323509343), p. 382-413.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Regina Hofmann-Lehmann et Katrin Hartmann, « Feline leukaemia virus infection: A practical approach to diagnosis », Journal of Feline Medicine and Surgery, vol. 22, no 9,‎ , p. 831–846 (ISSN 1098-612X et 1532-2750, DOI 10.1177/1098612X20941785, lire en ligne, consulté le )
  2. Sykes 2023, p. 382.
  3. a b c d e f g h et i Marina Gracia et Mathieu Faucher, « La Leucose féline : Choix diagnostiques et prises de décisions », La Dépêche technique vétérinaire, no 151,‎ , p. 6-13
  4. a b c et d (en) Katrin Hartmann et Regina Hofmann-Lehmann, « What’s New in Feline Leukemia Virus Infection », Veterinary Clinics of North America: Small Animal Practice, vol. 50, no 5,‎ , p. 1013–1036 (DOI 10.1016/j.cvsm.2020.05.006, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c d e f g et h Sykes 2023, p. 382-413.
  6. a b et c Sykes 2023, p. 385.
  7. Sykes 2023, p. 383.
  8. a et b Marina Gracia et Mathieu Faucher, « La leucose féline : Choix diagnostiques et prises de décision », La Dépêche vétérinaire,‎ , p. 6-13 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  9. Sykes 2023, p. 398.
  10. Sykes 2023, p. 397.
  11. a et b Sykes 2023, p. 401.
  12. Sykes 2023, p. 401-402.
  13. (en) Dr Bruce Kornreich, « Feline Leukemia Virus », sur www.vet.cornell.edu (consulté le ).
  14. Virbac, « LEUCOFELIGEN® FeLV/RCP : Lyophilisat et suspension pour suspension injectable pour chats », sur Med'Vet, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]