XXe dynastie égyptienne

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Scène de la tombe de Montouherkhépeshef, fils de Ramsès IX.

La XXe dynastie pharaonique, aux XIIe et XIe siècles avant l'ère commune, à la fin du Nouvel Empire, est une dynastie « thébaine » dans le sens où la transition avec la XIXe dynastie s'est jouée au cœur de la cité du dieu Amon, à Thèbes (Égypte).

Histoire[modifier | modifier le code]

Sethnakht, alors général des armées du pays, prend le pouvoir et devient le premier pharaon de la XXe dynastie, évinçant les derniers prétendants au trône de la famille de Ramsès II dont les dernières années avaient été particulièrement troublées. Sans doute, à la fin de la XIXe dynastie, l'anarchie menaçait-elle l'équilibre des pouvoirs et déjà de véritables dynasties de courtisans avaient embolisé le fonctionnement de l'État. Les prêtres avaient acquis, encore une fois, un pouvoir considérable, gérant à leur profit d'immenses terres qui étaient rattachées aux grands domaines divins. Une caste militaire s'était formée avec l'intégration progressive dans cette société impériale, notamment, de mercenaires, comme les medjaÿ déjà enrôlés à la XVIIIe dynastie, mais également les shardanes (Sardes[1] ?) depuis Ramsès II, puis des Libyens à partir de Mérenptah.

Sethnakht et son fils, le futur Ramsès III, appartenaient à cette société militaire et comme Séthi et Ramsès près d'un siècle avant eux, avaient alors repris le pays en main et mis en place une politique énergique pacifiant la Nubie et reprenant l'initiative au Proche-Orient.

Jusqu'à Ramsès IV, le pouvoir fut garanti par l'administration royale qui est renforcée et se déploie sur tout le territoire à travers de nombreuses fondations et les dons fait aux principaux temples des métropoles du pays.

L'activité architecturale est alors concentrée sur la Basse-Égypte, poursuivant l'œuvre de Ramsès et de son fils et successeur Mérenptah à Héliopolis, Memphis, Bubastis et Pi-Ramsès et Ramsès III fonde un nouveau palais à Tell el-Yahoudieh non loin d'Héliopolis.

Thèbes n'est pas pour autant abandonnée et le temple jubilaire de Ramsès III à Médinet Habou sur la rive ouest de l'ancienne capitale devient la fondation dynastique par excellence. Ce temple devait former une nouvelle ville avec le Ramesséum alors encore en activité et dont il s'inspire sur le plan architectural. La vallée des Rois reste la nécropole royale et c'est à cette période que le village de Deir el-Médineh atteint sa plus grande extension avec le doublement des équipes et un art funéraire digne des meilleurs artisans de Thèbes.

Mais c'est aussi sous Ramsès III qu'eut lieu la première grève de la confrérie ouvrière de la vallée des Rois, premier indice de changements dans la société égyptienne qui vont s'accentuer aux règnes suivants.

Ramsès III arrête une nouvelle invasion terrestre et maritime venant des Balkans, d'Asie mineure et du Levant vers -1180 : c'est la migration égéenne. Ce sont les « Peuples de la mer » des documents égyptiens parmi lesquels on compte des Troyens (Thekker) et des Philistins (Peleset) qui finirent eux aussi par s'installer dans les grandes villes d'Égypte comme Memphis ou Pi-Ramsès. Ces peuplades vont balayer les anciens royaumes et cité-État qui s'étaient développés le long de la côte égéenne de la Turquie, en Syrie et au Liban portant en quelque sorte le coup de grâce à un ancien monde dont l'Égypte garda le souvenir. Ces bouleversements géopolitiques laissèrent la place à de nouvelles puissances qui se reconstituèrent plus tard à partir de l'Assyrie, de l'Elam et de la Médie, tandis qu'à l'occident une nouvelle thalassocratie voyait le jour depuis Mycènes et occupa peu à peu le terrain du commerce de la Méditerranée que les Crétois par leur disparition complète et les Phéniciens sous le coup d'invasions incessantes abandonnèrent à leur profit.

La victoire de Ramsès III est le point d'orgue de son règne et il cherchera à imiter en tout l'illustre Ramsès II, y compris dans le choix des noms de ses fils dont le nombre était aussi très honorable. Il voulut ainsi garantir la succession et consolider la dynastie, mais l'absence de choix d'une première grande épouse royale au profit d'une politique de harem eut raison de ses aspirations.

Ainsi, dès le début de la XXe dynastie, les éléments qui vont constituer le déclin de l'empire des Ramsès sont déjà en place. Les différentes classes qui se partagent le pays vont peu à peu le transformer réveillant les oppositions naturelles entre les Deux Terres depuis des millénaires et que seul Pharaon pouvait maintenir en équilibre.

Après Ramsès IV, la crise dynastique s'installe et les différentes branches de la famille royale se disputent l'héritage de Ramsès III, qui lui-même meurt à la suite d'un complot ourdi depuis le harem royal, à Thèbes même.

Tous les successeurs chercheront à imiter leur glorieux ancêtre en adoptant son nom de couronnement, mais aucun n'arrivera à freiner les modifications profondes qui s'opéraient alors.

La fin de la dynastie est marquée par les scandales des pillages de la nécropole thébaine, dont la vallée des Rois et des Reines sous Ramsès IX puis sous Ramsès XI. Sans doute l'éloignement de la cour royale qui s'était désormais installée en Basse-Égypte participa à l'insécurité grandissante de la région thébaine de plus en plus menacée par des incursions des nomades libyens. Le pouvoir royal, n'étant plus assuré et garanti, favorisa ainsi la montée du clergé thébain qui étendit alors son emprise sur toute la Haute-Égypte, annonçant la rupture inévitable qui conduira à l'effondrement de la dynastie et de l'empire.

La suite de la XXe dynastie voit le début de la Troisième Période intermédiaire avec notamment l'ascension des grands prêtres d'Amon qui n'hésitent pas à se faire représenter sur les murs du temple d'égal à égal avec Pharaon, ou à inscrire leur nom dans un cartouche formant ainsi quasiment une titulature royale.

C'est la fin du Nouvel Empire, âge d'or de l'art égyptien. La littérature est toutefois peu originale et se contente de recopier les œuvres du Moyen Empire. À mentionner cependant : le livre des Morts. La langue parlée à cette époque est le néo-égyptien dans laquelle est composée une nouvelle littérature, notamment amoureuse.

Pharaons de la dynastie[modifier | modifier le code]

 Pharaon Règne[2]  Capitale  Tombe Momie
Sethnakht -1186 à -1184 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée : tombeau KV 14 ?
Ramsès III -1184 à -1153 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée :
tombeau KV11 puis Deir el-Bahari, DB320
Intacte aujourd'hui au Musée du Caire
Ramsès IV -1153 à -1147 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée :
tombeau KV2 puis KV35
Intacte aujourd'hui au Musée du Caire
Ramsès V -1147 à -1143 Pi-Ramsès Vallée des Rois, usurpée par son successeur :
tombeau KV9 puis KV35
Intacte aujourd'hui au Musée du Caire
Ramsès VI -1143 à -1136 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée :
tombeau KV9 puis KV35
Intacte aujourd'hui au Musée du Caire
Ramsès VII -1136 à -1129 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée : tombeau KV1 ?
Ramsès VIII -1129 à -1126 Pi-Ramsès Vallée des Rois ?
Ramsès IX -1126 à -1108 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée :
tombeau KV6 puis Deir el-Bahari, DB320
Intacte aujourd'hui au Musée du Caire
Ramsès X -1108 à -1099 Pi-Ramsès Vallée des Rois, pillée : tombeau KV18 ?
Ramsès XI -1099 à -1069 Pi-Ramsès / Tanis Vallée des Rois, pillée : tombeau KV4 ?

Études génétiques[modifier | modifier le code]

Selon une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues et publiée en , Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a, que l'on trouve principalement en Afrique subsaharienne[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Brigitte Le Guen (dir.), Maria Cécilia d'Ercole et Julien Zurbach, Naissance de la Grèce : De Minos à Solon : 3200 à 510 avant notre ère, Belin, (ISBN 978-2-7011-6492-2), p. 231
  2. Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque pharaon
  3. Article du British Medical Journal, décembre 2012, en anglais.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 847 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5)