Course aux armements nucléaires

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Traînées lumineuses laissés par les véhicules de rentrée d'un missile balistique Peacekeeper rentrants dans l’atmosphère lors d'un test en décembre 1983.

La course aux armements nucléaires est la course aux armements, pour la suprématie en cas de guerre nucléaire, qui a eu lieu entre les États-Unis, l’Union soviétique et leurs alliés respectifs pendant la guerre froide. Elle sera à l'origine de l'initiative de défense stratégique lancée par Ronald Reagan.

Durant cette période, en plus des stocks des États-Unis et de l’Union soviétique d’autres pays ont également développé des armes nucléaires, bien qu’aucun ne se soit engagé dans la production d’ogives à la même échelle que les deux superpuissances : il s'agit de la France, du Royaume-Uni, de la république populaire de Chine, d'Israël, de l'Inde, de l'Afrique du Sud et du Pakistan.

Compétition entre les États-Unis et l'Union soviétique[modifier | modifier le code]

Durant la guerre froide, la course aux armements fut une caractéristique récurrente des tensions entre les États-Unis et l'Union soviétique, chacun cherchant à posséder la supériorité technologique sur son rival. Il est communément admis que cette compétition fut un facteur majeur de l'épuisement économique du régime communiste, conduisant à son délitement en 1991.

Les États-Unis et l'Union soviétique s'engagent dès la fin de la Seconde Guerre mondiale dans une course à l'armement et de prolifération nucléaire

L'Union soviétique engage des dépenses de réarmement qui représentent 15 % de son PIB, le budget militaire des États-Unis n'étant que de 5 % de son PIB.

La confrontation entre les deux superpuissances que pousse les deux parties à se doter successivement de mesures et de contre-mesures, et particulièrement en matière d'arsenal nucléaire. Sans jamais utiliser les armes nucléaires, il s'agit alors d'utiliser l'arsenal comme un moyen de dissuader la partie adverse d'utiliser leur arme en vue de maintenir un certain statu quo. Il s'agit de la politique de dissuasion nucléaire (appelé de façon imagée « équilibre de la terreur »). Le conflit bipolaire mondial présente alors un système concurrentiel d'acteurs-agents (États-Unis et Union soviétique), procédant chacun de leur côté à une progression de l'armement, pour maintenir un équilibre des forces, conforme à l'hypothèse de la reine rouge.

Les négociations sur les limites d'armes sont difficiles. Après de longues tractations, le traité SALT II sont finalement signés par Léonid Brejnev et Jimmy Carter en 1979 à Vienne. Pour autant, le Sénat des États-Unis refuse de le ratifier, l'accord étant jugé trop favorable aux Soviétiques.

Tableau de données relatives aux armes nucléaires et vecteurs détenues par les États-Unis et l'Union soviétique de 1945 à 1990 à la fin de l'année en cours. Ce tableau indique aussi les limites fixées par le traité SALT I.

Surarmement nucléaire et conventionnel en Europe[modifier | modifier le code]

T-55 du Groupement des forces armées soviétiques en Allemagne au Checkpoint Charlie entre Berlin-Est et Berlin-Ouest en 1961.

Au début des années 1980, l'Institut d'études stratégiques de Londres publie un bilan du rapport des forces en Europe qui démontre la supériorité numérique soviétique du point de vue des forces conventionnelles du Pacte de Varsovie auxquelles il faut ajouter les SS-20 installés sur le continent européen.

Sur les 866 400 km2 que représentent les superficies du Benelux, de l'Allemagne de l'Ouest, de l'Allemagne de l'Est, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie qui constituent le théâtre Centre-Europe étaient concentrés dans les années 1980 plus de 90 000 engins blindés de toute nature (dont 69 000 pour le Pacte de Varsovie), plus de 21 000 pièces d’artillerie (dont 17 000 pour le Pacte de Varsovie), environ 6 000 avions tactiques (dont 4 000 pour le Pacte de Varsovie), et 130 divisions (dont 95 pour le Pacte de Varsovie)[1].

Une telle densité d’armes, alors la plus élevée au monde, auxquelles s’ajoutent les arsenaux nucléaires et chimiques de quatre grandes puissances (Union soviétique, États-Unis, Royaume-Uni, France) leurs réserves et celle de leurs alliés proches suffit à faire saisir l’étendue des destructions si ces armées étaient venues à s’affronter.

Alors que l'Union soviétique et les États-Unis s'étaient mis d'accord pour limiter les armements par les accords SALT (1972), l'Union soviétique procède à une modernisation de ses effectifs sans toutefois rompre les traités précédents. Elle diffuse les engins à têtes multiples, ce qui multiplie de fait sa puissance atomique mais n'entre pas dans le champ de restriction des traités. De plus, elle crée des missiles de moyenne portée, les SS-20, qu'elle place en Europe de l'Est. Incapables d'atteindre les États-Unis, ils menacent cependant l'Europe de l'Ouest et créent une crise majeure en Europe à la fin des années 1979, communément appelée la crise des euromissiles.

Innovation technologique[modifier | modifier le code]

La course aux armements conduisit surtout à une course aux innovations technologiques entre les deux superpuissances durant la guerre froide[2][réf. incomplète] :

Nature de l’innovation États-Unis Union soviétique
Explosif atomique 1945 1949
Bombardier nucléaire stratégique opérationnel 1945 1955
Explosif thermonucléaire 1951 1953
Sous-marin à propulsion nucléaire 1954 1958
1er essai de missile balistique intercontinental 1958 1957
1er missile balistique intercontinental opérationnel 1960 1959
1er Mer-sol-balistique-stratégique opérationnel 1960 1957
missile balistique intercontinental à combustible solide opérationnel 1962 1968
1er réseau antimissile 1974 (désactivé en 1975) 1967
1er essai à charges multiples guidées indépendamment (MIRV) 1968 1973
Missile opérationnel équipé de MIRV 1970 1974
1er essai de missile de croisière stratégique 1976 1979
ICBM de très haute précision (ECP de - 300 m) 1980 1984
1re interception antisatellite 1985 1968
Interception non nucléaire d’une ogive d’ICBM 1984 ?

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ligne de Front, n°2, novembre 2006
  2. Science et Vie

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy, Paris, 2004, Nouvelle édition éd. (1re éd. 1962), 794 p. (ISBN 978-2702134696)
  • Georges Ayache et Alain Demant, Armements et désarmement depuis 1945, Éditions Complexe, 1991, 288 p. (ISBN 978-2870274118)
  • Pascal Boniface, Le monde nucléaire - Arme nucléaire et relations internationales depuis 1945, Armand Colin, 2006, 264 p. (ISBN 978-2200269500)
  • Général Pierre Marie Gallois, Géopolitique. Les Voies de la puissance, L'Âge d'Homme, 2000, 474 p. (ISBN 978-2825113561)
  • Paul-Marie de la Gorce, La Guerre et l'Atome, Plon, 1985, 243 p. (ISBN 978-2259012423)
  • François Heisbourg, Les Armes nucléaires ont-elles un avenir ?, Odile Jacob, 2011, 160 p. (ISBN 978-2738126290)
  • Général Lucien Poirier, La crise des fondements, Economica, 1994, 188 p. (ISBN 978-2717826852)
  • Général Lucien Poirier, Des stratégies nucléaires, Éditions Complexe, 1992, 406 p. (ISBN 978-2870272640)
  • Bruno Tertrais, L'arme nucléaire après la guerre froide, Economica, 1994, 274 p. (ISBN 978-2717826814)
  • Édouard Valensi, La dissuasion nucléaire : Prélude au désarmement, Editions L'Harmattan, 2014, 170 p. (ISBN 978-2343049823)
  • Venance Journé et al. (préf. Hans Blix), Armes de terreur : Débarrasser le monde des armes nucléaires, biologiques et chimiques, , 250 p. (ISBN 978-2-296-11586-6).
  • Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Général Bernard Norlain Arrêtez la bombe ! un ancien ministre de la Défense contre l'arme nucléaire, éd. Le Cherche Midi, 2013.
  • Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain L'Illusion nucléaire, maintenant accessible gratuitement, http://docs.eclm.fr/pdf_livre/354NucleaireUnMensongeFrancais.pdf