Commando Georges

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Commando Georges
Image illustrative de l’article Commando Georges
Ecusson du commando Georges

Création 1959
Dissolution 1962
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Commando
Rôle Infanterie
Devise Chasser la misère
Guerres Guerre d'Algérie
Commandant Lt Georges Grillot

Le Commando Georges, connu aussi sous le nom de « commando musulman », est un « commando de chasse » constitué par le lieutenant Georges Grillot en 1959, pendant la guerre d'Algérie.

Unité d'élite[1] composée essentiellement d’anciens membres du Front de libération nationale (FLN) et de l’Armée de libération nationale (ALN) ralliés à la France, le commando est dissous en .

Création et différentes dénominations[modifier | modifier le code]

  •  : création du commando
  •  : dissolution du commando

Historique des garnisons, combats et batailles[modifier | modifier le code]

Historique de l'unité[modifier | modifier le code]

Le commando « Georges » de Saïda, ou « commando musulman »[2], est l’un des premiers « commandos de chasse » dont la mission est de détecter et traquer les katibas de l’ALN.

Il est le fruit de la rencontre de trois hommes : le colonel Marcel Bigeard, le lieutenant Georges Grillot et Youssef Ben Brahim[2].

Son objectif principal est de délivrer la population de la domination du FLN, tout en éliminant les bandes armées de la mintaka 56 (subdivision d'une Wilaya).

Composition[modifier | modifier le code]

Le lieutenant Georges Grillot est assisté des lieutenants Armand Bénésis de Rotrou [3],[4] et Youssef Ben Brahim [5].

Le commando est organisé selon les mêmes structures que l'ALN. À sa création, en 1959, il comprend quatre katibas comprenant chacune trois sticks de 10 hommes. En 1961, ses effectifs atteignent 240 hommes, organisés en 11 sticks comprenant chacun deux groupes de 11 harkis avec une mitrailleuse AA52.

Les membres du commando étaient tous des « Français de souche nord-africaine » (FSNA).

Opérations[modifier | modifier le code]

En 10 mois, le colonel Bigeard, grâce à l'action du commando, élimine à 80 % l'OPA (Organisation politico-administrative) du FLN [6] et obtient au combat des résultats exceptionnels. Le 27 aout 1959, la visite du général de Gaulle à Saïda consacre cette réussite [7] Il déclare à Youssef Ben Brahim : « Terminez la pacification, une ère nouvelle s'ouvrira pour l'Algérie »[8].

Bilan[modifier | modifier le code]

Le commando met hors de combat environ 1 000 algériens, une trentaine d’officiers dont 7 chefs successifs de la zone VI dans les secteurs de Saïda, Ain Sefra, Frenda, Sebdou, Géryville et Inkermann (Ouarsenis). Il est récompensé par 26 médailles militaires et 398 citations.

Après le cessez-le-feu, les autorités ayant refusé leur rapatriement en métropole, environ 60 à 70 des membres du commando sont assassinés lors de représailles. D'autres disparaissent dans les camps de l'ALN et un petit nombre est rapatrié en France grâce à l'intervention de la Croix-Rouge.

Le lieutenant Youssef Ben Brahim, né en 1927, rapatrié en Dordogne, est assassiné le par un de ses anciens fidèles qui lui reprochait une liaison avec sa femme[9].

Traditions[modifier | modifier le code]

Devise[modifier | modifier le code]

« Chasser la misère »[10].

Insigne[modifier | modifier le code]

« Croire et oser » [11],[12],[4].

Hommages[modifier | modifier le code]

Le , le nom du « Lieutenant Youssef Ben Brahim », ce « chef sensationnel » selon le général Bigeard (décoré par le général de Gaulle, titulaire de la médaille militaire, de la croix de la valeur militaire avec huit citations, dont trois à l’ordre de l’Armée, chevalier de la Légion d'honneur) a été donné par l’Armée de Terre à une promotion d’officiers formés à l’école d’application de l’infanterie (EAI) de Montpellier. À Montpellier, la cérémonie s’est déroulée en présence des fils et des filles de Ben Brahim, dont son fils, Akim Ben Brahim. Cet hommage à Youssef Ben Brahim avait été demandé par le général Bigeard[13],[14],[15].

L'association " Souvenir du Commando Georges" fut créée en 1997 dans le but de soutenir les anciens du commando et dissoute en octobre 2023 au décès des derniers membres. Le drapeau de l'association et les souvenirs furent déposés aux Invalides en décembre 2023.[réf. souhaitée]

Fanion et décorations[modifier | modifier le code]

Le fanion du commando Georges (commando 135, 1959-1962) a un croissant islamique et un poignard à la place de l'étoile[16]. A l'intérieur du croissant est écrit "Georges" en allusion au surnom du commando. Le poignard est un symbole des actions de commando.

Chefs de corps[modifier | modifier le code]

  • Commandant : Lieutenant Georges Grillot [17] promu capitaine en février 1960, il remplace le capitaine Amar Mohamed Ismail dit Smain [18],[19], ex officier du bureau des affaires musulmanes de Laghouat et ex chef de mintaka de la wilaya 5 du FLN[20].
  • Adjoints : lieutenant Youssef Ben Brahim [21], lieutenant Jacques Frécon (1961-1962) [22], lieutenant Armand De Benesis De Rotrou (1959-1961) [23],[24] en remplacement du lieutenant Philippe Durand-Ruel (1959) [25], sous-lieutenant Jean Louis (1959-1962) [26],[27].

Faits d'armes[modifier | modifier le code]

  • 19 octobre 1960: capture de Ahmed Saadoun, chef de la zone 6 du FNL[28].
  • 7 décembre 1959: arrestation de trois membres du FLN près de Saïda[29].
  • 9 août 1959: arrestation du lieutenant Bouchikhi, chef de la zone 6 de la wilaya 5 (Oran/Mascara)[30]
  • 7 avril 1959: arrestation de Si Driss, officier de renseignement et liaison[31].
  • 17 juin 1959: arrestation du Capitaine SMAIN (SEGHIER Djilali)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « ...commando "Georges", unité d'élite constitué par le Colonel Bigeard avec des fellaghas qui ont rejoint nos rangs.. », Joseph Katz, L'honneur d'un général: Oran, 1962, L'Harmattan, 1993, p. 63
  2. a et b « L'existence du commando « Georges » de Saïda, connu sous le nom de commando musulman, est le fruit de la rencontre de trois personnages hors du commun : le colonel Marcel Bigeard, l'officier le plus décoré de l'armée française, son fondateur - qui est décédé dernièrement ; le lieutenant Georges Grillot, un brillant meneur d'hommes, son chef ; l'ex-chef rebelle Youssef Ben Brahim, dont les talents, confortés par les réseaux d'une famille autochtone influente, seront mis au service de la France. », Lieutenant-colonel Armand Bénésis de Rotrou, Les hommes du commando Georges, Historia n° 766, Novembre 2010.
  3. « Armand Bénésis de Rotrou » (consulté le )
  4. a et b Cinq colonnes à la une, « L'Algérie des combats », sur Ina.fr (consulté le )
  5. « Youssef ben Brahim », sur francegenweb.org (consulté le ).
  6. « أبطال ولاية سعيدة خلال الثورة /شارك في قناتنا ليصلك الجديد » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  7. « Le général De Gaulle à Saïda » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
  8. LÉO PALACIO, « Le colonel Bigeard indiquerait que plus de 650 rebelles ont été mis hors de combat depuis janvier dans le secteur de Saïda », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. André Wormser, Pour l'honneur des harkis, 1 an de combats, 45 années de lutte, éd. Sillages, mars 2009, p. 39-47.
  10. Lieutenant Grillot (s'adressant à un journaliste) : Y a pas de doute, pour eux la guerre c'est la misère, la misère énorme, la misère dans les douars, la misère partout, quoi... Le “fellouze” qui vient, qui prélève mille balles, le soldat français qui fait pas gaffe, qui vient, qui leur pique trois quatre moutons. C'est une éternelle histoire. "
  11. « Gabriel ADHIRA, porte-étendard du Commando Georges n'est plus », sur www.chemin-de-memoire-parachutistes.org (consulté le )
  12. Cinq colonnes à la Une, « Algérie des combats », sur www.autourdu1ermai.fr (consulté le )
  13. Frédéric Pons, « Lieutenant Youssef ben Brahim », Valeurs actuelles,
  14. « Promotion "Lieutenant YOUSSEF BEN BRAHIM" », sur atdm34.net
  15. « Une promotion Youssef Ben Brahim », Sud Ouest,
  16. Musée de l'Armée, « Fanion du commando 135 dit commando Georges, 1959-1962 », sur basedescollections.musee-armee.fr (consulté le )
  17. https://tenes.info/nostalgie/GEORGES/IMG_8006; Bigeard avait créé en janvier 1959 une unité spéciale d'anciens F. L. N. ralliés. Il en avait confié le commandement au lieutenant Georges Grillot qui donna son prénom à l'unité d'élite formée à l'école d'Arzew, le centre français de guerre subversive.
  18. « Base de données des décès de l'insee – GénéaFrance », sur geneafrance.com (consulté le )
  19. « Images de TENES :: Lieutenant Philippe DURAND-RUEL Capitaine Ismail dit SMAÏN ancien chef de Katiba de la Wilaya 6 en 1959 », sur tenes.info (consulté le )
  20. "Adjudant harki Mahmoud, ex-sergent-chef et garde du corps du capitaine Smaïn commandant la zone 6. "Fraternité: Elle est née des années de misère, de chômage ou de maquis".
  21. « Une promotion Youssef Benbrahim », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  22. https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/ark/55405 Lieutenant Benesis: "je me dirige vers les locaux administratifs où je retrouve le capitaine Grillot et fais la connaissance de mon tout nouveau remplaçant, le lieutenant Jacques Frécon"
  23. https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-1-page-95.htm; 2004 · "Benesis de Rotrou (Armand, José), 14 juin 1932, lieutenant-colonel, infanterie. Officier de la Legion d'Honneur du 14 juillet 1980. "
  24. « Armand Bénésis de Rotrou à la tête de la 2ème Compagnie du Commando "Georges" », sur tenes.info (consulté le )
  25. http://tenes.info/nostalgie/GEORGES/IMG_6935; https://www.parachutistes-militaires.org/t959-philippe-durand-ruel
  26. « Accueil », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  27. « Le dernier baroud du Commando Georges », sur www.chemin-de-memoire-parachutistes.org (consulté le )
  28. « RECRUDESCENCE DU TERRORISME EN ORANIE », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. « Saida, décembre 1959, une femme, deux hommes poignards dans la bouche : une photo, une histoire - Algerie360 », sur Algerie360.com, (consulté le ).
  30. http://saidalhistoire.blogspot.com/2018/06/blog-post_62.html?m=1 "Le Colonel Bigeard précise dans son Bulletin Mensuel de Renseignement : qu’il n’y a plus de P.C Zonal depuis la capture de BOUCHIKHI et de LAHCENE, le 09 aout 1959 en HX 10 D 15 position géographique sur carte de SAÏDA, qui assuraient de pair le Commandement par Intérim de la Zone."
  31. Mahmoud Chaine, Sans haine, ni passion, 2005, p. 256; https://m.facebook.com/Saidahistoir/posts/1049340981943055

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Général G. Gaget, Le commando Georges, Grancher, 2000 (ISBN 2-7339-0683-6)
  • Lieutenant-colonel Armand Bénésis de Rotrou, Commando "Georges" et l'Algérie d'après, Dualpha, 2009
  • Pascal Le Pautremat, « Le commando Georges », Guerres mondiales et conflits contemporains 1/2004, no 213, p. 95-103
  • Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie: des soldats sacrifiés, L'Harmattan, 2000
  • Pierre Schoendoerffer et Jean Lartéguy, L'Algérie des combats,, Cinq colonnes à la une,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]