Yâna

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Yâna (sanskrit et pali : "véhicule") désigne dans le bouddhisme un mode, une école, ou une voie de la pratique spirituelle[1]. Une traduction plus appropriée pourrait être "moyen de progression". Différents courants distinguent différents types et nombres de yânas. Le bouddhisme est souvent présenté comme comportant deux ou trois voies : le « petit véhicule » (hînayâna) et le « grand véhicule » (mahâyâna), le « véhicule de diamant » (vajrayâna), qui se rattache au mahâyâna, pouvant être considéré comme une troisième voie.

Origine

Cet emploi du terme yâna apparaît sporadiquement dans les textes hindous comme le Rig-Véda qui mentionne le devayâna, « voie des dieux ». Selon le commentaire Upanishad, le devayâna désigne la pratique des ermites de forêt, alors que le pitryâna est la pratique des villageois ; le terme ekayâna (véhicule unique dans le bouddhisme) désigne la destination commune de toutes les pratiques[2].

Le canon pali contient la métaphore du dhammayânam, « char du dharma »[3], dont les différents éléments représentent les pratiques (magga) et le Noble Chemin Octuple, mais c’est dans le mahâyâna que la métaphore du yâna prend vraiment son essor. Le chapitre Upaya du Sūtra du Lotus décrit par exemple comment de jeunes garçons s’échappent d’une maison en feu représentant le monde (samsâra) à l’aide de chars tirés par des animaux différents, qui représentent les voies des trois types de bouddha. Ce sont différents moyens adaptés menant tous vers l’ekayâna, véhicule unique de la libération, représenté par un char tiré par un bœuf blanc, comme le jouet que leur père leur a promis pour les attirer à l’extérieur.

Différents regroupements

  • Le terme « deux véhicules » (ersheng 二乘) peut désigner dans le mahâyâna le bouddhisme hînayâna qui n’encourage pas chacun à suivre la voie du bodhisattva et considère que seules les deux voies de l’arhat et du pratyekabuddha sont accessibles au grand nombre. Un autre sens bien connu au-delà même du monde bouddhique est « hînayâna et mahâyâna », « grand » et « petit » véhicules ; néanmoins, le terme hînayâna, créé par les promoteurs du mahâyâna, peut être récusé comme dédaigneux et certains lui préfèrent theravâda. Cette équivalence des deux termes hînayâna et théravâda correspond à la réalité actuelle mais non à la réalité historique ; en effet, le hînayâna tel qu'il était vu par les premiers tenants du mahâyâna a compté jusqu'à dix-huit écoles ; parmi celles-ci, seul le théravâda subsiste de nos jours.
  • Le terme « trois véhicules » (ch. sansheng 三乘) peut désigner les voies des trois types de bouddha, ou le découpage du bouddhisme en hînayâna, mahâyâna et vajrayâna.
  • L’expression « quatre véhicules » (ch. sisheng 四乘) désigne les deux véhicules ersheng (arhat et pratyekabuddha), le mahâyâna et le vajrayâna.
  • L’expression « cinq véhicules » (ch. wusheng 五乘) désigne le niveau élémentaire de la pratique (purusayâna), le second niveau (devayâna) et les voies des trois bouddhas.
  • Les courants vajrayâna distinguent un plus grand nombre de yânas, dont le hînayâna, le mahayâna et de nombreuses pratiques tantriques.
    • Le Shingon connaît six véhicules.
    • La tradition tibétaine Nyingma compte neuf véhicules :
      • Trois niveaux non tantriques : voies de l’arhat, du pratyekabuddha et du bodhisattva
      • Trois niveaux tantriques externes : kriyatantra, upatantra, yogatantra
      • Trois niveaux tantriques internes : mahayoga, anuyoga et atiyoga
    • D’autres traditions tantriques reconnaissent douze véhicules :
      • Trois niveaux non tantriques : voies de l’arhat, du pratyekabuddha et du bodhisattva
      • Neuf niveaux tantriques : kriyayoga, charyayoga/upayoga, yogatantra, mahayoga, anuyoga, atiyoga, semde, longde, mengagde.

Un yâna moderne ?

Le mouvement bouddhiste dalit est appelé navayâna, ou nouveau véhicule par certains ambedkarites[4].

Lien externe

Notes et références

  1. The Princeton dictionary of buddhism par Robart E. Buswell Jr et Donald S; Lopez Jr aux éditions Princeton University Press, ISBN 0691157863, page 1020.
  2. Brihadaranyaka Upanishad, II.iv.11, IV.v.12 [1]
  3. Sutta Nipāta IV.4
  4. (en)Gail Omvedt, Buddhism in India: Challenging Brahmanism and Caste, 3e édition, Sage, Londres/New Delhi/Thousand Oaks, 2003, pages: 2, 3-7, 8, 14-15, 19, 240, 266, 271.