Yanartaş

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Vue générale du site de Yanartaş.

Yanartaş est le nom d'un site du sud-ouest de la Turquie considéré comme l'antique mont Chimère. Il est caractérisé par un feu éternel causé par des émissions naturelles de méthane et de dihydrogène.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le site de Yanartaş est situé près d'Olympos, dans la province d'Antalya, à une distance d'environ 80 km au sud-ouest de la ville d'Antalya. Signifiant roche enflammée en turc, le site consiste en de petites ouvertures dans le sol, sur un versant dominant un temple dédié à Héphaïstos (dieu du feu, des forges et des volcans), à environ 3 km au nord du village de Çıralı, à proximité de la ville antique d'Olympos, en Lycie. Le site est localisé sur le tracé du chemin de grande randonnée entre Fethiye et Antalya (voie lycienne).

Utilisation[modifier | modifier le code]

L'émission de gaz a été active depuis au moins 2 500 ans[1].

Dès l'antiquité, les marins pouvaient utiliser le site pour naviguer, tel un phare naturel. De nos jours, les feux sont plus souvent utilisés pour préparer du thé.

Feux de Yanartaş, de nuit.

Distribution et origine du gaz[modifier | modifier le code]

Les dizaines d'ouvertures sont groupées sur une surface de plus de 5 000 m2. Leur émission change de manière saisonnière, avec une plus forte activité en hiver. Ceci est un comportement typique, le flux de gaz étant modulé par la montée en pression du gaz induite par la recharge de la nappe phréatique et les changements de pression atmosphérique[1].

Les ouvertures émettent essentiellement du méthane (87 %). Le reste est constitué de dihydrogène (7,5 à 11 %), de diazote (2 à 4,9 %), d'alcanes légers (0,57 %), de dioxyde de carbone (0,01 à 0,07 %) et d'hélium (80 ppmv). Ses proportions ainsi que sa composition isotopique indique une double origine, à parts égales :

Le méthane n'est pas relié à du relargage mantellique ou magmatique[1], ce qui exclut que le gaz soit lié à un phénomène volcanique.

Les calcaires et les ophiolites sont en contact tectonique, ce qui amène au mélange des gaz et à leur migration vers la surface. Yanartaş constitue le site présentant la plus forte émission de méthane non-biogénique connu sur les terres émergées[1].

Identification avec le mont Chimère[modifier | modifier le code]

Le site a été identifié comme l'antique mont Chimère par Sir Francis Beaufort en 1811, et décrit par T.A.B. Spratt dans Travels in Lycia, Milyas, and the Cibyratis. Le débat sur la connexion entre le mythe et la localisation exacte du mont Chimère a été lancé par Forbiger en 1844. George E. Bean défendait que le nom était allochtone et pouvait avoir été appliqué ici à partir d'un lieu originel localisé plus à l'ouest, comme cité par Strabon, et qui présente le même phénomène.

Homonymie[modifier | modifier le code]

Yanartaş est aussi le titre d'un roman de 1970 par le romancier turc Mehmet Seyda, sans que toutefois le lieu en question n'y soit associé.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) H. Hosgormez, G. Etiope et M. N. Yalçin, « New evidence for a mixed inorganic and organic origin of the Olympic Chimaera fire (Turkey): a large onshore seepage of abiogenic gas », Geofluids, vol. 8, no 4,‎ , p. 263–273 (DOI 10.1111/j.1468-8123.2008.00226.x, The Chimaera gas seep, near Antalya (SW Turkey), has been continuously active for thousands of years and it is known to be the source of the first Olympic fire in the Hellenistic period. New and thorough molecular and isotopic analyses including methane (approximately 87% v/v; δ13C1 from −7.9‰ to −12.3‰; δ13D1 from −119‰ to −124‰), light alkanes (C2 + C3 + C4 + C5 = 0.5%; C6+: 0.07%; δ13C2 from −24.2‰ to −26.5‰; δ13C3 from −25.5‰ to −27‰), hydrogen (7.5–11%), carbon dioxide (0.01–0.07%; δ13CCO2: −15‰), helium (approximately 80 ppmv; R/Ra: 0.41) and nitrogen (2–4.9%; δ15N from −2‰ to −2.8‰) converge to indicate that the seep releases a mixture of organic thermogenic gas, related to mature type III kerogen occurring in Palaeozoic and Mesozoic organic-rich sedimentary rocks, and abiogenic gas produced by low-temperature serpentinization in the Tekirova ophiolitic unit. Methane is not related to mantle or magma degassing. The abiogenic fraction accounts for about half of the total gas released, which is estimated to be well beyond 50 ton year−1. Ophiolites and limestones are in contact along a tectonic dislocation leading to gas mixing and migration to the Earth’s surface. Chimaera represents the biggest emission of abiogenic methane on land discovered so far. Deep and pressurized gas accumulations are necessary to sustain the Chimaera gas flow for thousands of years and are likely to have been charged by an active inorganic source., lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]