Xavier de Maistre

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Xavier de Maistre
Biographie
Naissance
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Sépulture
Nationalité
Allégeance
Activité
Famille
Père
Fratrie
Conjoint
Sophie Zagryazhsky (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Distinction
l'épée d'honneur pour la bravoure, la médaille de la campagne de 1812 sur le ruban de Saint-André, l'ordre de Sainte-Anne de deuxième classe (commandeur) avec les insignes en diamants ; l'ordre de Saint-Vladimir
Œuvres principales
Voyage autour de ma chambre, Le Lépreux de la cité d’Aoste (d), Les Prisonniers du Caucase (d), La Jeune Sibérienne (d), Expédition nocturne autour de ma chambre (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Xavier de Maistre
Signature

Xavier de Maistre, né à Chambéry le et mort à Saint-Pétersbourg le , est un écrivain savoyard de langue française, un peintre et un général au service du tsar Alexandre Ier de Russie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille savoyarde originaire du comté de Nice[1], Xavier de Maistre est le douzième de quinze enfants, dont cinq garçons et cinq filles ont survécu[2]. Son père, François-Xavier Maistre, est président du Sénat de Savoie. Sa mère, Marie-Christine de Motz, meurt alors qu'il vient d'avoir dix ans. Son frère aîné, Joseph de Maistre, homme politique et écrivain, va assumer pleinement son rôle de parrain[3],[4] ; ses autres frères et sœurs contribuent également à son éducation. Il reçoit dans son enfance des cours de français et de dessin qui marqueront son destin, de l'abbé André Isnard, curé de la Bauche[5], lorsqu'il est mis en pension dans sa famille maternelle Perrin d'Avressieux. Xavier, enfant doux, timide et rêveur, est appelé « Ban » ou « Bans » (peut-être un diminutif de « baban », mot qui signifie « étourneau » ou « gobe-mouche »[6] en patois savoyard), surnom qu'il conserve toute sa vie[7] (il signe certaines de ses lettres et quelques-uns de ses tableaux « Bans » ou « X. B. » pour « Xavier Bans »).

Il n'est pas encore âgé de dix-huit ans lorsqu'il s'engage, le , dans le corps d'infanterie du régiment de la Marine, le Real Navi, à Alexandrie[8]. Ce régiment sera ensuite stationné à Chambéry, Pignerol, Fenestrelle puis à Turin.

Le , Xavier de Maistre se porte volontaire pour participer à une ascension en Montgolfière. Cet événement a un caractère exceptionnel en Savoie : c'est la première expédition expérimentale savoyarde en vol libre après la démonstration des frères Montgolfier, le à Annonay, après l'ascension de Pilâtre de Rozier du , et, au total, la huitième après les prouesses des quelques pionniers français de l'aérostation. L'ingénieur Louis Brun a procédé à la réalisation du ballon, dont le financement est assuré par une souscription proposée aux savoisiens, à l'initiative des frères de Maistre[9]. Xavier, en uniforme de la Marine royale, prend place dans la nacelle en se cachant sous une bâche pour n'être point vu de son père, hostile à son projet. Louis Brun se met aux commandes, et, aux acclamations de la foule, la montgolfière s'élève du parc du château de Buisson-Rond, à Chambéry, pour atterrir dans les marais de Challes-les-Eaux[10], après un parcours de quatre kilomètres. On attribue aux frères de Maistre la publication du prospectus de lancement du projet, édité le [11], et de la lettre contenant une relation de l'expérience aérostatique de Chambéry, publiée le suivant[12].

Plaque sur la façade de la Maison Barillier à Aoste (rue Croix-de-Ville) en souvenir de Xavier de Maistre

Xavier de Maistre est nommé cadet le , sous-lieutenant le et lieutenant le . En 1793, son régiment, combattant contre les troupes françaises, se replie sur le Petit-Saint-Bernard. Il fait partie de la colonne qui, commandée par le duc de Montferrat, passe l'été sur la montagne et prend ses quartiers d'hiver à Aoste. Il va retrouver sa famille qui s'y est réfugiée en 1792, depuis l'invasion de la Savoie par les troupes du général Anne Pierre de Montesquiou-Fézensac. Il met à profit ses heures de loisir pour approfondir ses connaissances littéraires, sous la férule des pères de l'ordre des Barnabites de la Cité. Son passage est aussi marqué par les dessins et portraits de famille qu'il lègue à ses proches et par ses peintures de paysages valdôtains. Il resta cinq ans à Aoste, jusqu'en 1799. Voulant perfectionner ses études, il allait prendre des leçons de rhétorique auprès du père Frassy et des leçons de philosophie auprès du père Tavernier, tous les deux professeurs au collège Saint-Bénin. Il s'adonnait aussi à la peinture. On conserve deux paysages dessinés de sa main : l'un représente le pont de Châtillon, l'autre les usines de Léverogne[13]. Il entre en conversation avec un lépreux, Pierre-Bernard Guasco, qui vivait dans une tour près de l'ancien Hospice de charité, dénommée par la suite « Tour du lépreux ». Cette rencontre est à l'origine de son futur roman. Mais ce qui a surtout retenu l'attention du romancier savoyard Henry Bordeaux est son idylle amoureuse sans lendemain avec une jolie jeune femme valdôtaine, Marie-Delphine Pétey, veuve du notaire aostois Jean-Joseph Barillier, qu'il surnomme Elisa[14]. La présence de Xavier de Maistre à Aoste est rappelée entre autres par la rue allant de l'école Monseigneur Jourdain au Grand séminaire jusqu'à la place Émile Chanoux, qui lui a été dédiée. Au XIXe siècle, lors de la construction de la ligne de chemin de fer de Chivas à Aoste, l'avenue Conseil des Commis, reliant encore de nos jours la place Innocent Manzetti (où se situe la gare d'Aoste) à la place Émile-Chanoux, n'a pas été tracée en ligne droite, mais légèrement déplacée vers l'Est, afin de ne pas détruire la maison où Xavier de Maistre avait séjourné[15].

C'est en 1794 qu'il écrit le Voyage autour de ma chambre, au cours des quarante-deux jours d'arrêts qui lui sont infligés dans sa chambre de la citadelle de Turin pour s'être livré à un duel contre un officier piémontais du nom de Patono de Meïran, dont il est sorti vainqueur. Un premier duel l'avait déjà opposé à un autre camarade, le lieutenant Buonadonna[16]. Il est nommé capitaine de l'armée sarde le . Sa carrière militaire ne présente pas de perspectives très favorables après 16 ans de service ! Mais le sort va en décider autrement.

Dans la nuit du 7 au , Charles-Emmanuel IV abdique, dissout son armée et se réfugie en Sardaigne. Xavier de Maistre est placé dans la position d'officier sans solde à Turin. Son avenir semble compromis, lorsqu'un hasard heureux vient à son secours : le prince Piotr Ivanovitch Bagration, commandant l'avant-garde de l'armée russe, recherche un officier de l'ex-armée sarde connaissant la guerre de montagne. Xavier de Maistre accepte d'emblée cette proposition et le , s'engage dans l'armée russe avec le grade de capitaine. Mais il s'engage après la bataille : l'armée russe est en train de se replier ! Il parvient en Suisse (à Coire), au quartier général du général Miloradovich et rejoint à pied à Feldkirch le général Bagration qui lui demande de lui faire son portrait : il le commence sur le champ. Il est désormais revêtu d'un uniforme vert pomme, avec un collet et des parements couleur brique. On lui fournit un cheval et il est admis à la table du général ou à celle du grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie. Ses lettres sont datées de Lindau et signées « Bans, capitaine piémontais, servant à l'avant-garde russe ». La présence de l'auteur du Voyage est bientôt connue et son ouvrage est traduit en allemand. Parvenu à Ratisbonne le , il peint le portrait de la princesse de Tour et Taxis, sœur de la reine de Prusse[17]. Le à Prague, il est attaché au général en chef Souvorov et lui propose de peindre son portrait. « Eh bien ! oui, lui répond ce dernier, et si je ne me tiens pas bien, vous me donnerez un soufflet. »[18]. Il est reçu à la table du prince Alexandre Souvorov en présence du prince de Condé et du duc de Berry. Rien, dans sa correspondance, ne démontre qu'il ait participé directement à la bataille de Novi, ou à la bataille de Zurich, contrairement à l'opinion de certains de ses biographes[19]. Ces deux batailles sont antérieures à son engagement dans l'armée russe.

Xavier de Maistre écrit le depuis Kobryn que Souvorov est malade. Le général, tombé en disgrâce par la volonté du tsar Paul Ier, meurt à Saint-Pétersbourg le . Il sera assisté fidèlement par Xavier jusqu'à la fin[20]. Après la mort de Souvorov, le capitaine de Maistre demande son congé de l'armée. Recommandé par le grand-duc Constantin Pavlovitch de Russie, il est placé à Saint-Pétersbourg sous la protection du prince Gagarine. Il l'accompagne le à Moscou pour assister au couronnement du tsar Alexandre Ier de Russie qui succède à son père, Paul Ier, assassiné le . Il réside désormais à Moscou, au palais de la princesse Maria Anna Petrovna Chakhovskoï[21], qui l'héberge à proximité de la Place rouge ; il ouvre un atelier de peinture qui devient à la mode. Ses portraits connaissent un certain succès auprès de la noblesse russe[22]. Le , il reçoit une lettre du prince Dolgorouky, aide de camp général de l'Empereur, lui annonçant son congé absolu avec le grade de major, la permission de porter l'uniforme et une gratification[23]. Le , Joseph de Maistre est nommé ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne auprès du tsar. Il rejoint Saint-Pétersbourg le , après être passé par le Vatican où il est reçu en audience par le pape Pie VII. Les deux frères se revoient à plusieurs reprises en 1803 et en 1804[24]. Mais ce n’est qu’en 1805 que Xavier, en provenance de Moscou, vient s'installer à Saint-Pétersbourg. Il est alors nommé directeur de la bibliothèque et du musée de l'Amirauté par l'amiral Tchitchagov, sur intervention de Joseph[25]. Le , il est nommé colonel et rejoint l’armée russe qui se bat dans le Caucase, ce qui lui inspire Les Prisonniers du Caucase. Il est grièvement blessé le , à la bataille d'Akaltsikhe, en Géorgie[26]. Il est membre de l’état-major du tsar pendant la campagne de Russie. Dans un court récit, Histoire d'un prisonnier français, il raconte ce qu'il a vu de la retraite de Russie. Il est nommé général le , et fait la campagne de Saxe, puis celle de 1815[27].

Il épouse le Sophie Zagriaski, nièce de la princesse Chakhovskoï[28], demoiselle d'honneur de la Cour impériale[29], et tante de l'épouse de Pouchkine. Le mariage est célébré à la Cour en présence des deux impératrices. Le couple va résider au palais d'Hiver et donner le jour à quatre enfants. Mais il subit la perte de deux enfants de huit et de trois ans, Alexandrine et André.

Il est élu le à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique Effectif (titulaire)[30].

Le , le tsar Nicolas Ier de Russie succède à son frère Alexandre Ier qui vient de décéder. Xavier de Maistre assiste aux désordres de l'insurrection décabriste du qui est matée dans le sang par le nouveau souverain[31]. Devant ces circonstances et pour soustraire leurs deux enfants survivants – Cathinka et Arthur – au rude climat de Russie, Xavier et Sophie de Maistre décident de partir pour l'Italie, sur la recommandation de leur médecin. Ils resteront absents de Saint-Pétersbourg une douzaine d'années de 1826 à 1838[32]. C'est à Florence que Xavier de Maistre rencontre Lamartine en . Ce dernier lui a dédié un long poème. Les deux hommes se retrouvèrent dix ans plus tard, le dans la maison du poète à Saint-Point[33].

Malgré les soins qui leur sont prodigués et les bienfaits du climat italien, les deux enfants meurent lors de leur séjour à Naples et à Castellammare di Stabia, le dernier, Arthur, à l'âge de seize ans, au mois d'[34]. En , Xavier de Maistre décide alors de retourner en Russie avec sa femme, en passant par la Savoie. Sa belle-sœur, veuve depuis 1836 de son frère Nicolas, leur offre l'hospitalité au château de Bissy, proche de Chambéry[35]. En 1839, il rencontre à Paris le critique littéraire Charles-Augustin Sainte-Beuve, qui lui consacre un article[36]. Le , le couple rentre enfin à Saint-Pétersbourg. Il aménage le dans la maison Jadimirsky, au no 11 du quai de La Moïka, près du pont de la Poste, à proximité de l'actuel consulat général de France à Saint-Pétersbourg. Xavier de Maistre découvre que la société est différente de ce qu'elle était avant son départ[37]. Il se remet à la peinture et s'intéresse à l'invention du daguerréotype dont il prévoit un grand profit pour la reproduction des gravures[38]. Il visite en détail la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg avec l'architecte Auguste Ricard de Montferrand[39]. Jusqu'en 1846, il est dans une relation épistolaire suivie avec Rodolphe Töpffer, dont il a contribué à faire connaître les ouvrages en France[40]. Sa femme Sophie Zagriaski qu'il avait épousée en 1813 et dont il a eu quatre enfants morts jeunes, décède le . Xavier de Maistre meurt le [41]. Bien que catholique, il est inhumé au cimetière luthérien de Saint-Pétersbourg, dit de Smolensk, sur l'île des Dékabristes, près de la rivière Smolenska, ce cimetière servant de lieu d'inhumation des chrétiens non-orthodoxes, aussi bien catholiques que protestants.

Union et postérité[modifier | modifier le code]

Le comte Xavier de Maistre épouse le à Saint-Pétersbourg Sophie Zagriaski (1779-1851), fille d’Ivan Alexandrovitch Zagriaski (1749-1807), dont il aura quatre enfants :

  • Alexandrine de Maistre (1814-1823). Elle est inhumée dans le cimetière orthodoxe de Saint-Pétersbourg.
  • Catherine, alias Cathinka, de Maistre (1816-1830). Elle est inhumée dans le cimetière de Livourne.
  • André de Maistre (1817-1820). Il est inhumé dans le cimetière de Smolensk de Saint-Pétersbourg, auprès de son père.
  • Arthur de Maistre (1821-1837). Il est inhumé en la basilique Notre-Dame-de-Pozzano, à Castellammare.

L'hommage de Lamartine[modifier | modifier le code]

Le poète Alphonse de Lamartine lui dédie en 1826, Le Retour, une épître en vers qui lui est entièrement consacrée. Il y évoque au passage son lien de parenté avec lui, par sa sœur Césarine, morte en 1824 et qui avait épousé Xavier de Vignet, neveu de Xavier de Maistre. Faisant l’éloge de son parent, il assure que son génie lui vaudra une gloire durable de génération en génération.

« Ils renaîtront pour toi jusqu’à tes derniers jours ;
Que dis-je ? Quand la mort, sous un vert mausolée,
Rendant un peu de terre à ton ombre exilée,
Couvrira de gazon le fils de la vallée,
Des amis ? ta mémoire en gardera toujours :
Ils y viendront pleurer et cette grâce attique,
Et cet accent naïf, tendre, mélancolique,
Qui sans les demander fait ruisseler nos pleurs ;
De leurs jeunes vertus tu nourriras la flamme ;
Et se sentant meilleurs, ils diront : C’est son âme
Qui de ses doux écrits a passé dans nos cœurs ! »

— Alphonse de Lamartine, Le Retour

Mémorial de Joseph et Xavier de Maistre au château des ducs de Savoie à Chambéry.

Œuvre littéraire[modifier | modifier le code]

Son œuvre la plus connue, le Voyage autour de ma chambre, est imprimée en 1795 à Lausanne à compte d'auteur[42]. Cette première édition est datée de Turin, en 1794, sans nom d'imprimeur ni de librairie. Elle est publiée à l'initiative de son frère Joseph[43], sous une forme anonyme : M.LE CHEV.X****** O.A.S.D.S.M.S. (Xavier, officier au service de Sa Majesté sarde)[44]. Ce récit de forme autobiographique raconte les arrêts d’un jeune officier, contraint à rester dans sa chambre pendant quarante-deux jours. Il détourne le genre du récit de voyage, ce qui donne à ce roman une dimension clairement parodique, mais annonce aussi les bouleversements du romantisme, avec l’intérêt constant apporté au moi. Le Voyage est remarquable de par sa légèreté, et la fantaisie avec laquelle l’auteur s’y joue de son lecteur, dans la lignée de Laurence Sterne[45].

Dans l'hiver de 1809-1810, il écrit le Lépreux de la cité d’Aoste, dont la première édition est datée de 1811 à Saint-Pétersbourg, petit ouvrage d’une trentaine de pages, d’une grande simplicité stylistique, où est exposé un dialogue entre un lépreux et un soldat. Plus tard, il écrit deux autres romans, La Jeune Sibérienne en 1825 et Les Prisonniers du Caucase.

  • Voyage autour de ma chambre (1794). Rééditions : Mille et une Nuits, Paris, 2002 (postface de Joël Gayraud) ; Garnier-Flammarion, 2003
  • Expédition nocturne autour de ma chambre (1825)
  • Le Lépreux de la cité d’Aoste (1811). L’histoire d’un lépreux reclus dans une tour dénommée par la suite tour du lépreux et qui se souvient des temps heureux de sa jeunesse. Son seul bonheur est la vision des Alpes. Réédition : Éditions Thylacine, 2014.
  • La Jeune Sibérienne (1825). Récit du voyage de Prascovie Lopouloff, partie à pied d'Ichim en Sibérie pour aller demander la grâce de son père à Saint-Pétersbourg.
  • Les Prisonniers du Caucase (1825). Réédition récente : Éditions Le Tour, 2006

Œuvre artistique[modifier | modifier le code]

Dans son discours de réception à l'Académie de Savoie en 1896, le chambérien Emmanuel Denarié exprime un regret : les tableaux de Xavier de Maistre qui sont gardés dans les demeures inaccessibles de la haute société russe, ou pieusement abrités dans les salons de sa famille, loin des appréciations tapageuses de la critique, ont échappé à la curiosité de ses biographes les plus érudits.

Xavier de Maistre est connu pour ses peintures des grands personnages de la cour de Russie et pour la peinture de paysages. La plus grande partie de ses œuvres a disparu dans l'incendie du Palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg, en 1837[46],[47]. Il subsiste toutefois un spécimen de son talent de miniaturiste au musée des beaux-arts Pouchkine de Moscou : le portrait à l'aquarelle sur ivoire du futur tsar Alexandre II enfant, réalisé en 1802. À la galerie Tretiakov, on peut voir le portrait du généralissime Alexandre Souvorov. Quelques paysages de facture néo-classique sont exposés au musée des beaux-arts de Chambéry. En l'église de l'Assomption de La Bauche (Savoie), est exposé le tableau de l'Assomption de la Vierge, peint par Xavier de Maistre à Pise en 1828[48].

Citations[modifier | modifier le code]

Plaque en souvenir de Xavier de Maistre, sur la maison où il écrivit Le Lépreux de la cité d'Aoste, à Aoste (avenue Conseil des Commis)

« Que la peinture est un art sublime ! pensait mon âme; heureux celui que le spectacle de la nature a touché, qui n'est pas obligé de faire des tableaux pour vivre, qui ne peint pas uniquement par passe-temps, mais qui frappé de la majesté d'une belle physionomie et des jeux admirables de la lumière qui se fond en mille teintes sur le visage humain, tâche d'approcher dans ses ouvrages des effets sublimes de la nature. Heureux encore le peintre que l'amour du paysage entraîne dans des promenades solitaires, qui sait exprimer sur la toile le sentiment de tristesse que lui inspire un bois sombre ou une campagne déserte ! Ses productions imitent et reproduisent la nature; il crée des mers nouvelles et de noires cavernes inconnues au soleil ; à son ordre, de verts bocages sortent du néant, l'azur du ciel se réfléchit dans ses tableaux; il connaît l'art de troubler les airs et de faire mugir les tempêtes. D'autres fois, il offre à l'œil du spectateur enchanté les campagnes délicieuses de l'antique Sicile ; on voit des nymphes éperdues fuyant à travers les roseaux la poursuite d'un satyre ; des temples d'une architecture majestueuse élèvent leur front superbe par-dessus la forêt sacrée qui les entoure ; l'imagination se perd dans les routes silencieuses de ce pays idéal ; des lointains bleuâtres se confondent avec le ciel, et le paysage entier, se répétant dans les eaux d'un fleuve tranquille, forme un spectacle qu'aucune langue ne peut décrire. »

— Xavier de Maistre. Extrait du Voyage autour de ma chambre.

« Cet écrivain est le Sterne et le J-.J. Rousseau de la Savoie; moins affecté que le premier, moins déclamateur que le second. C'est un génie familier, un causeur du coin du feu, un grillon du foyer champêtre. …Connaître Xavier de Maistre et l'aimer, c'était la même chose. Je m'attachai à cet homme qui avait tous les agréments et tous les âges : omnis Aristippum decuit color. »

— Alphonse de Lamartine. Citation par Georges Roth. Lamartine et la Savoie. Dardel. Chambéry. 1927.

« Qu'est-ce que ce Voyage Autour de ma Chambre ? Une conversation de l'auteur avec lui-même. On a très justement dit que c'est là comme un portait, une confession… Et quelle confession naturelle et charmante ! Je ne sais pas de livre plus sincère et qui fasse mieux connaître son auteur, et qui vous attache davantage. Nulle recherche; une vérité malicieuse et touchante. Tout un monde de sentiments, d'émotions et de souvenirs tient dans cette petite chambre où le dada de l'oncle Tobie, comme dit Xavier de Maistre lui-même, peut piaffer en toute fantaisie. Mais cette fantaisie même (et voilà son charme) est toujours humaine. »

— Jules Claretie. Préface du Voyage Autour de ma Chambre, chez Jouaust.

« Xavier de Maistre est humain. Il est vrai avec lui-même; il est vrai avec les autres. C'est le maître indulgent du bon Joannetti, c'est l'ami fidèle de la pauvre Rosine engraissée et vieille sur son coussin, c'est l'amant discret de l'imaginaire dame de Hautecastel. Il a le don de s'attendrir à point. Il s'égaie et pleure en même temps. Et après tout, c'est un charme encore que le sourire mouillé d'Andromaque sur le visage de la petite muse d'Aoste. Peu après la prise de Turin par les armées Austro-russes, avant de quitter cette ville, il écrivit L'Expédition nocturne autour de ma Chambre. Ce second opuscule est plus court encore que le premier. Il est d'une allure plus ferme et marque plus de maturité dans les idées. C'est un rare exemple en littérature d'une suite ajoutée à un livre sans le gâter. »

— Anatole France - Le Génie latin.

« Elisa est le nom qu'il avait donné à Delphine Bariller. C'était le nom dont elle se parait pour lui. Sur les deux dessins à la plume dont j'ai parlé, j'ai noté cette suscription : « Xavier à son Elisa ». Un peu plus loin, dans L'Expédition nocturne, je trouve encore ce passage sur la rupture: "Je vais descendant le rapide sentier de la vie, sans crainte et sans projets, en riant et en pleurant à la fois, ou bien en sifflant quelque vieil air pour me désennuyer le long du chemin. D'autres fois, je cueille une marguerite dans le coin d'une haie, j'en arrache les feuilles les unes après les autres en disant: Elle m'aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout… En effet, Elisa ne m'aime plus". »

— Henry Bordeaux - Les Amours de Xavier de Maistre à Aoste.

« Je voudrais bien être aussi tranquille pour l'autre monde que pour celui-ci. Mon frère Joseph, lui-même, si ferme dans ses principes, disait, en mourant à son frère Nicolas:"Ah ! mon cher, quel voyage !". Je devrais bien davantage m'effrayer de ce même voyage, que je suis au moment d'entreprendre, car j'ai été moins sage que notre aîné et, cependant, j'achève ces quelques mois qui me restent à vivre, plein de confiance en la miséricorde de Dieu. »

— Xavier de Maistre - Correspondance du 2 octobre 1851.

« À force d’être malheureux on finit par devenir ridicule. »

— Xavier de Maistre, Expédition nocturne autour de ma chambre

« Les souvenirs du bonheur passé sont les rides de l’âme. »

— Xavier de Maistre, Expédition nocturne autour de ma chambre

« Une bonne imitation est une nouvelle invention. »

— Xavier de Maistre

« Quoique la puissance de Dieu soit aussi visible dans la création d’une fourmi que dans celle de l’univers entier, le grand spectacle des montagnes en impose davantage à mes sens : je ne puis voir ces masses énormes, recouvertes de glaces éternelles, sans éprouver un étonnement religieux. […] J’aime surtout à contempler les montagnes éloignées qui se confondent avec le ciel dans l’horizon. Ainsi que de l’avenir, l’éloignement fait naître en moi le sentiment de l’espérance. […] il existe peut-être une terre éloignée où, à une époque d’avenir, je pourrai goûter enfin ce bonheur pour lequel je soupire, et qu’un instinct secret me présente sans cesse comme possible. »

— Xavier de Maistre, Le Lépreux de la cité d’Aoste

Théâtre[modifier | modifier le code]

Le Voyage autour de ma chambre, est joué pour la première fois le à Zurich[49].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Plaque en souvenir de Xavier de Maistre sur la tour du lépreux à Aoste.
  • Paul Louisy, Notice biographique sur Xavier de Maistre, en introduction aux Œuvres complètes, Firmin-Didot, 1880.
  • Emmanuel Denarié, Xavier de Maistre, peintre, Académie de Savoie, Chambéry, 1896.(Discours de réception extrait des Mémoires de l'Académie de Savoie. IVe série. Tome VI).
  • Henry Bordeaux de l’Académie française, Les Amours de Xavier de Maistre à Aoste, 1931
  • Xavier de Maistre, Sa vie, ses écrits, édition à l'usage de la jeunesse, librairie Saint-Paul, 6 rue Cassette, Paris et Œuvre de Saint-Charles, Grammont, Belgique, 208 p.
  • Charles de Buttet, Aperçu de la vie de Xavier de Maistre, d'après sa correspondance, des notes et des souvenirs de famille, Grenoble, 1919, chez Allier frères (p. 216sp, reproduction des toiles de Xavier de Maistre)
  • Bastien Miquel, Joseph de Maistre, un philosophe à la cour du tsar, Paris, Albin Michel, 2000
  • Alfred Berthier, Xavier de Maistre, Slatkine, 1984, 381 p.
  • Eva Pellissier, Xavier de Maistre, Les péripéties d'un exilé, Bibliographica - Collection d'histoires et de vies valdôtaines, Le Château éditions, Imprimerie Jona, Saint-Christophe, 2001.
  • Pierre Lexert (par les soins de), Première rétrospective bicéphale de l’œuvre gravé de Xavier de Maistre : domaines privés, tirages hors-commerce, Aoste, 1997.
  • Xavier de Maistre, "Lettres à sa famille", tomes 1, 2, 3, 4. Édition établie par Gabriel de Maistre. Paleo, 2005.
  • Georgette Chevallier, Xavier de Maistre et l'Italie, in La Revue Savoisienne, 154e année -2014- p. 157-182, de l'Académie Florimontane, Annecy.
  • Textes réunis par Michael Kohlhauer, Autour de Joseph et Xavier de Maistre, Mélanges pour Jean-Louis Darcel, Université de Savoie, Electre, 2015.

Institut d'études maistriennes[modifier | modifier le code]

Institut fondé par Jacques Lovie en 1975 au sein de l'Université de Savoie. Voir aussi l'Association des Amis de Joseph et de Xavier de Maistre animée par son fondateur, Jean-Louis Darcel. Publication de la Revue des études maistriennes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La famille savoisienne de Maistre n'a aucun lien de parenté avec la famille languedocienne de Maistre originaire de Toulouse
  2. Xavier de Maistre est né, en l'hôtel de Salins à Chambéry, le 8 novembre 1763 et baptisé, le lendemain par Rd Burdin, curé de la paroisse Saint-Léger, dans la chapelle du château de Chambéry où se faisait le service paroissial, en attendant que l'ancienne église Saint-Léger, en cours de démolition soit remplacée par l'église Saint-François, le 27 avril 1767. Il reçoit le nom de François-Xavier que portait son père.
  3. En 1851, Xavier confie au marquis Alphonse de Gabriac, diplomate français de passage à Saint-Pétersbourg : « Mon frère et moi, nous étions comme les deux aiguilles d'une montre ; il était la grande, je n'étais que la petite ; mais nous marquions la même heure, quoique d'une manière différente » (citation rapportée par François Descostes dans Joseph de Maistre avant la Révolution, Paris, Picard, 1893).
  4. « Toute sa vie, il sera le mentor et le confident de son cadet et leurs vies parallèles, en Savoie puis en Russie, reflètent presque toujours cette unité de pensée et de sentiment » (Philippe Barthelet, Joseph de Maistre)
  5. L'abbé André Isnard (1728-1823) fut pendant soixante ans curé de La Bauche. Pendant toute la tempête révolutionnaire, il est resté au milieu de ses ouailles, en se réfugiant chez les habitants lors des perquisitions des gendarmes. Il symbolise l'héroïsme des prêtres savoyards dont plus de mille furent exilés ou déporté sous le régime de la Terreur. Un certain nombre de religieux ont été fusillés par les révolutionnaires français pendant cette période tragique. Le père Isnard est mort à 95 ans le 18 avril 1823.
  6. Eva Pellissier, Xavier de Maistre, Les péripéties d'un exilé, Bibliographica - Collection d'histoires et de vies valdôtaines, Imprimerie Jona, Saint-Christophe, 2001.
  7. Alfred Berthier, Xavier de Maistre, Slatkine, 1984, p. 13.
  8. Vassalo Zaviero Maistre, figlio del conte Zaverio, nato in Chambéry (Savoja) : volontario nel regimento La Marina, 13 giugno 1781-(Archives d'État. Turin)
  9. Selon les historiens de l'aérostation, c'est un certain chevalier de Chevelu qui serait l'instigateur du projet et également son principal financier. Son nom est d'ailleurs affiché en gros caractères sur l'enveloppe de la montgolfière. Le marquis d'Yenne, son père, ayant eu connaissance d'un premier essai désastreux le jeudi 22 avril 1784, lui interdit de « recommencer une pareille folie ». (Jean et Renée Nicolas. La Vie quotidienne en Savoie aux XVIIe et XVIIIe siècles. Hachette. 1979.)
  10. Commune de Triviers jusqu'en 1872.
  11. Xavier de Maistre, Prospectus de l'expérience aérostatique de Chambéry , publié au nom des premiers souscripteurs, (lire en ligne)
  12. Philippe Barthelet, Joseph de Maistre ; les services de la Poste ont procédé à l'émission d'un cachet rond commémoratif du 5 mai 1984 pour célébrer le bicentenaire du vol de la montgolfière de Chambéry.
  13. Joseph-Marie Henry, Histoire de la vallée d'Aoste, Imprimerie Marguerettaz, Aoste, 1929.
  14. Dans l’Expédition nocturne autour de ma chambre, Xavier de Maistre fait allusion à ses amours de la cité d'Aoste : « Je regrette les feuilles qui tombent et jusqu'au zéphir qui passe. Où est maintenant celui qui agitait tes cheveux noirs, Elisa, lorsque, assise auprès de moi sur les bords de la Doire baltée, la veille de notre éternelle séparation, tu me regardais dans un triste silence ? Où est ton regard ? Où est cet instant douloureux et chéri…? » (Henry Bordeaux, de l'Académie française: Les Amours de Xavier de Maistre à Aoste, Chambéry, Dardel, 1931).
  15. Mauro Caniggia Nicolotti et Luca Poggianti, Aoste inconnue : traces cachées, oubliées ou invisibles de la vieille ville, typog. La Vallée, Aoste, 2010.
  16. « J'ai sur la conscience la catastrophe de Buonadonna : si j'avais eu l'adresse de lui donner un bon coup d'épée, au lieu de le recevoir, il ne se serait probablement pas fait tuer à Grenoble. C'est moi qui l'ai rendu tapageur… » (extrait d'une lettre du 19 juin 1804 à sa famille)
  17. Thérèse de Mecklembourg-Strelitz (1773-1839), épouse du prince Charles de Tour et Taxis (1770-1827). Elle est la sœur de Louise (1776-1810), épouse de Frédéric-Guillaume III (1770-1840), roi de Prusse.
  18. « Je fais à présent le portait du grand Souvorov : il me donne des séances, chose qu'il fait pour la première fois de sa vie » (lettre du 31 décembre 1799 à sa famille). Souvorov, atteint de maladie, est mort quatre mois plus tard. Ce portrait (reproduit à l'article Alexandre Souvorov), est celui peint à Prague par Xavier de Maistre. Il est exposé à la galerie Tretiakov de Moscou.
  19. Je n'ai point encore vu d'affaire (de bataille). J'en suis fâché, mais cela viendra. Je profite du temps de repos pour apprendre le russe. Lettre à sa famille du 26 octobre 1799.
  20. « J'ai écrit depuis Cracovie : d'Anzeno s'est chargé de faire parvenir ma lettre. J'essaie une autre voie depuis Kobryn où la maladie du prince Souvorof, qui est mieux, me retient. »
  21. Le portrait miniature de la princesse Maria Anna Petrovna Chakhovskoï peint par Xavier de Maistre est exposé au musée d'État de Moscou.
  22. « Je n'ai pas lieu de me repentir jusqu'à présent, puisque, depuis le Ier octobre, j'ai fait 20 portraits à 15 louis pièce. » (Lettre du 30 janvier 1802 à sa famille).
  23. " Je vais quelquefois passer ma soirée ailleurs : J'endosse alors mon bel uniforme et mon plumet et on ne parle plus de peinture." (Lettre à sa famille du 30 janvier 1802).
  24. « Je suis maintenant dans un moment de crise quant à ma situation. On m'a fait espérer un emploi à Pétersbourg et, si cela a lieu, mon existence changera absolument et je crains bien que ce ne soit en mal. Mais je suis forcé, en quelque sorte, à cela, parce que, n'ayant presque plus de travail ici, où il est arrivé une nuée de peintres… » (lettre du 4 mars 1803 à sa famille).
  25. « Comte Xavier Xaviérovitch, il faut partir. Hier, l'assurance de ta place a été donnée au ministère qui m'a dit le soir que je pouvais te faire venir. Cependant comme l'ukase n'est pas signé à cause de ces difficultés de forme dont je t'ai parlé, nous sommes convenus (…) que tu pourrais dire que tu viens vivre avec moi, et que nos arrangements de famille l'exigent ainsi, mais suivant les apparences, avant que tu aies pu monter dans ton traîneau, l'ukase sera signé. Partez, mon enfant, partez ! (…) L'Empereur te donne le choix de major, comme tu es, ou de conseiller de cour, équivalent du lieutenant-colonel, dans le civil. Moi je penche pour le civil à cause de l'ennui de l'uniforme que tu ne pourras quitter que pour dormir. », in Bastien Miquel, op. cité p. 101-102.
  26. Une division russe, sous le commandement du général Philip Osipovich Paulucci, l'emporta sur les troupes de Hussein Ghuli, khan d'Erevan, envoyé pour porter assistance aux Turcs. "Ce n'est pas ma faute si M. votre frère a reçu deux coups de feu… Heureusement, il ne sera pas estropié. Le général en chef le présente pour la 3e classe de l'ordre de Saint-Vladimir". (lettre non datée envoyée par le général Paulucci à Joseph de Maistre).
  27. Les Deux Frères Joseph et Xavier de Maistre - Leur vie, leurs écrits, Librairie Saint Charles, Lille, vers 1880.
  28. Dix années plus tard, Xavier de Maistre écrit : Nous avons été dans la douleur par la perte de notre bonne tante, la princesse Anna Alexandrovna Chakhovskoï, qui est morte le 28 octobre 1823 à 74 ans. C'était une mère pour nous. Elle nous a comblés d'amitié depuis que je la connais. Elle a fini sa carrière et celle de ses bienfaits en annulant une dette de 250 000 roubles que nous avions chez elle".
  29. « c'est une personne du plus grand mérite et de la plus grande distinction. Sa Majesté Impériale a daigné donner à ce mariage une approbation qui ajoute beaucoup à la satisfaction de ma famille. » (extrait d'une lettre de Joseph de Maistre au chevalier Rossi, ministre du roi de Sardaigne, datée du 19 février 1812).
  30. « Etat des Membres de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie depuis sa fondation (1820) jusqu'à 1909 », sur le site de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie et « Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques - cths.fr.
  31. « Nous l'avons échappé belle, mon cher ami, une horrible conjuration vient d'éclater dans l'armée russe. Trois généraux ont été massacrés, les insurgés ont été au Sénat, à la forteresse, au palais, mais heureusement, trop tard. L'Empereur est descendu dans la cour et a fait lui-même charger les fusils de la garde… ». Lettre de janvier 1826 à sa famille.
  32. « J'ai eu le malheur de perdre deux enfants, une fille de huit ans et un garçon de trois. Il me reste une fille de onze ans et un garçon de six. Ce dernier était malade et c'est pour lui que je suis venu chercher un climat plus doux… » (extrait d'une lettre à Marie-Delphine Pétey citée par Henry Bordeaux.)
  33. Le marquis de Caraman qui assistait à cette rencontre écrit dans ses mémoires : «…Je remarquai le compliment si flatteur qu'il adressa à M. de Maistre, en lui attribuant la révélation première de son talent poétique : "Car c'est vous, lui dit-il, c'est la lecture du Lépreux qui m'a fait poète !" ». Citation par Georges Roth. Lamartine et la Savoie. Extraits situés et commentés. Dardel éditeur. Chambéry. 1927.
  34. « Lorsque tant d'espérances déçues me reviennent dans la mémoire et que je pense qu'elles ne m'ont été données avec tant de profusion dans les derniers temps de ma vie que pour être foudroyées, je ne puis m'empêcher quelquefois de les regarder comme une exécrable ironie de ma cruelle destinée… Ma femme, maintenant doit retourner en Russie, n'ayant plus la raison de la santé de son fils : la loi l'y oblige et d'ailleurs, mon devoir est de la ramener dans son pays, dont je l'ai si malheureusement arrachée. Dieu nous aidera ; j'espère encore en lui, lorsque ma raison n'est pas troublée » (extrait d'une lettre datée du 7 novembre 1837 à sa famille).
  35. « J'ai profité de ces courts intervalles, pour aller visiter le tombeau de mon frère à La Motte Servolex. Toute l'histoire de notre jeunesse, le souvenir de sa constante tendresse pour moi semblaient sortir de la terre. La place de Fanchette (sa cousine Françoise Perrin d'Avressieux) est déjà plus affaissée et s'aperçoit à peine. J'écrivais jadis : Et l'azur d'un ciel sans nuage est moins serein que ton regard. Ces vers sont revenus à ma mémoire auprès de son tombeau et j'ai souri amèrement sur les chimères qui animent la vie humaine et qui finissent là » (lettre à sa famille, Bissy, le 25 août 1838).
  36. « Loin de nous, en Savoie, en Russie, au ciel de Naples, il semblait s'être conservé exprès pour nous offrir dans sa trop courte visite, à l'âge de près de soixante-seize ans, l'homme le plus moralement semblable à ses ouvrages qui se puisse voir, le seul de nos jours peut-être, tout à fait semblable et fidèle par l'âme à son passé, naïf, étonné, doucement malin et souriant, bon surtout, reconnaissant et sensible jusqu'aux larmes comme dans la première fraîcheur, un auteur enfin qui ressemble d'autant plus à son livre, qu'il n'a jamais songé à être un auteur ». Sainte-Beuve, article paru dans la Revue des deux Mondes, t. 18, 1839.
  37. « Le jeu envahit tout. Les jeunes femmes, elles-mêmes, passent leur temps au whist… Parmi les hommes marquants, on cite M.Moritz von Jacobi qui a fait plusieurs inventions utiles, entre autres, celle d'employer l'électro-magnétisme comme principe de mouvement et a, par ce moyen, fait avancer un bateau contre le courant de la Néva. » (lettre à sa famille-12 novembre 1839).
  38. « J'attendais avec empressement la publication du Daguerréotype pour mettre la main à l'œuvre ; mais, quoique l'opération, en elle-même, ne soit pas difficile, il faut avoir un appartement adapté à cet effet… » (lettre du 4 octobre 1839 à sa famille).
  39. « On s'effraie, en approchant de ces colonnes de 8 pieds anglais de diamètre, les plus grands monolithes que les hommes aient soulevés, depuis les Égyptiens. La colonne d'Alexandre, qui est vis-à-vis du palais, est bien plus grande encore, au dire de l'architecte : elle aurait 10 pieds de diamètre. Je n'en crois rien. » (Lettre du 1er novembre 1839 à sa famille).
  40. « Ces deux hommes appartenaient à deux mondes différents, mais le noble comte, dans le modeste maître de pension, avait pressenti un conteur de même race, gai, simple, naturel comme lui, et aux éditeurs qui lui demandaient de nouveaux récits, il présentait comme son héritier l'auteur des Nouvelles genevoises et du Presbytère », Eugène Réaume, édition des Œuvres inédites de Xavier de Maistre chez Alphonse Lemerre, 1877.
  41. Voici l'acte de décès et de sépulture de Xavier de Maistre, extrait du registre de l'église catholique de Sainte-Catherine (perspective Newsky) : « L'année 1852, et le 1er juin, est mort de vieillesse à Saint-Pétersbourg, à l'âge de 90 ans, le comte François-Xavier de Maistre, général major et chevalier de nombreux ordres. Enseveli le 4 du même mois au cimetière de Smolensk par le père Jacques Skiliondz, dominicain ». Ce cimetière est l'un des grands cimetières de Saint-Pétersbourg où les catholiques avaient et ont encore leur terrain.
  42. « Lausanne, 15 février 1795. Ma sœur aînée m'a compté deux louis et s'est chargée d'une dette de quatre louis, que j'avais à Turin, auprès de M. de Loches ; au moyen de quoi, je demeure chargé d'employer six louis à l'impression de l'ouvrage de mon frère » (Joseph de Maistre, carnets manuscrits).
  43. « Mon frère, dit Xavier, était mon parrain et mon protecteur ; il me loua de la nouvelle occupation que je m'étais donnée, et garda le brouillon, qu'il mit en ordre après mon départ. j'en reçus bientôt un exemplaire imprimé, et j'eus la surprise qu'éprouverait un père en revoyant adulte un enfant laissé en nourrice » (Préface par Jules Claretie de la réédition des œuvres de Xavier de Maistre chez Raymond Jouaust).
  44. Le Voyage autour de ma Chambre a fait l'objet de nombreuses rééditions. Dans celle de Saint-Pétersbourg de 1812, Joseph de Maistre rédige la préface en plaisantant sur l'identité de l'auteur anonyme de l'ouvrage qui pourrait bien être identifié sous le nom d'un certain Augustin Ximenez.
  45. Écrivain irlandais, auteur en 1768 d'un roman inachevé, le Voyage sentimental à travers la France et l'Italie.
  46. « Pour remplacer tous les tableaux, brûlés au Palais d'hiver avec tout ce que nous avions de précieux, nous avons fait encadrer tous ceux que nous avons faits en Italie, Nathalie et moi… » Extrait d'une lettre à sa famille du 12 novembre 1839 (Nathalie est la fille adoptive de son épouse, venue en séjour à Naples).
  47. « Ma belle-sœur (Catherine Zagriaski, demoiselle d'honneur de l'impératrice), nous écrit qu'elle a eu le temps de sauver l'argenterie et mon buste en marbre. Après quoi, elle a pensé se sauver elle-même. Meubles, miroirs, linge de table, tableaux, parmi lesquels les portraits de mes premiers enfants, tout a péri. Ce dernier article est le seul que je regrette. Si le feu avait pris après son départ, tout aurait été perdu et s'il avait pris pendant son sommeil, la pauvre fille y serait restée elle-même ; cela fait frémir. Elle nous dit que l'embrasement a été si rapide qu'elle n'a été avertie de l'incendie que par le prince Butera, ministre de Naples, qui, passant devant le palais, est monté chez elle et lui a donné la première nouvelle. Ce brave homme, voyant qu'elle regrettait d'abandonner son buste, l'a pris lui-même, malgré son énorme poids et l'a emporté ». Ce buste en marbre est l'œuvre en 1830 du sculpteur romain Raimondo Trentanove (1792-1832). (Lettre à sa famille du 23 janvier 1838).
  48. Une exposition a rassemblé une quarantaine de ses tableaux et de ses dessins au Musée des Beaux-Arts de Chambéry en 1998.
  49. http://www.keller62.ch/spielplan/index.html

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

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