Walter Ulbricht

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Walter Ulbricht
Illustration.
Fonctions
1er président du Conseil d'État de la RDA

(12 ans, 10 mois et 20 jours)
Premier ministre Otto Grotewohl
Willi Stoph
Prédécesseur Wilhelm Pieck
(Président de la République)
Successeur Willi Stoph
Secrétaire général du comité central du Parti socialiste unifié d'Allemagne

(21 ans)
Prédécesseur Nouvelle fonction
Successeur Erich Honecker
Biographie
Nom de naissance Walter Ernst Paul Ulbricht
Date de naissance
Lieu de naissance Leipzig
Date de décès (à 80 ans)
Lieu de décès Groß Dölln
Nationalité Est-allemande
Parti politique SED
Conjoint Lotte Ulbricht
Profession Menuisier

Walter Ulbricht
Liste des chefs d'État allemands

Walter Ernst Paul Ulbricht (né le à Leipzig, mort le à Döllnsee au nord de Berlin) était un homme politique communiste allemand, membre du Parti communiste d'Allemagne (KPD) puis du Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED). Il fut l'un des principaux dirigeants de la République démocratique allemande (RDA), en tant que secrétaire général du SED et président du Conseil d'État.

Biographie

Menuisier de formation, Walter Ulbricht rejoint l'organisation d'éducation des jeunes travailleurs Alt-Leipzig dès 1908. En 1912, il entre au Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Pendant la Première Guerre mondiale, il est envoyé comme soldat sur le front Est et Ouest.

En 1917, il entre au Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (USPD), dissidence de gauche du SPD. Il s'emploie à distribuer de la littérature politique, notamment des tracts spartakistes, aux autres soldats. Pendant la révolution de novembre 1918, Ulbricht devient membre du « Conseil de soldats » de son corps d'armée. Contrairement à une légende diffusée plus tard par sa biographie officielle, Ulbricht ne rejoint pas le Parti communiste d'Allemagne (KPD) dès la fondation de celui-ci : toujours membre de l'USPD durant les évènements de 1918-1919, il n'en est pas moins proche du KPD et participe aux actions des communistes à partir de janvier 1919. Après la répression qui suit la révolte de Berlin, Ulbricht est un temps forcé de se cacher. Arrêté pour avoir distribué illégalement de la littérature communiste et spartakiste, il est finalement relâché faute de preuves. Ulbricht devient officiellement membre du KPD en décembre 1920. Son ascension au sein du parti est rapide : nommé responsable du KPD en Thuringe en 1921, il intègre le comité central du parti deux ans plus tard[1]. Il siège ensuite au Landtag de Saxe de 1926 à 1929. À partir de 1928, il est également député de Westphalie au Reichstag.

Après l'arrivée au pouvoir des nazis en janvier 1933, il doit poursuivre son travail au sein du KPD de Berlin dans la clandestinité (à partir du ). Recherché, il émigre à Paris puis à Prague, qu'il abandonne en 1938 pour Moscou, où il obtient la nationalité soviétique[2]. Lors du Pacte germano-soviétique, il dénonce ses camarades à la Gestapo, gage de « bonne volonté » de Moscou vis-à-vis de son nouvel allié.

À partir de 1941, il travaille pour Radio Moscou dans une émission en allemand. Dans les camps de prisonniers de guerre et sur le front, il s'occupe de soldats allemands et tente de promouvoir la création d'un État allemand allant dans le sens du KPD. Lors de la bataille de Stalingrad, avec Herbert Wehner, il invite les soldats allemands à l'aide d'un mégaphone à capituler et à passer dans le camp soviétique. En 1943, il devient cofondateur du Nationalkomitee Freies Deutschland (« Comité national pour une Allemagne libre » ou NKFD) en URSS, un mouvement d'action contre le fascisme.

Le , Ulbricht dirige le « Groupe Ulbricht » qu'il reconduit dans l'Allemagne détruite et organise la reconstruction du KPD et sa fusion forcée avec le SPD dans la Zone d'occupation soviétique en Allemagne, formant le SED en 1946.

Le dirigeant de la RDA

Walter Ulbricht lors d'un meeting politique du SED le 3 janvier 1946.
Mao, Staline et Ulbricht en 1949
Le buste de Walter Ulbricht

Après la fondation de la RDA, le , il devient représentant du président au conseil ministériel sous la présidence d'Otto Grotewohl. Ulbricht détient en fait la totalité du pouvoir. En 1950, il est nommé « secrétaire général du comité central du SED », un titre rebaptisé « premier secrétaire » du comité central du SED en 1953.

Après la mort de Staline, sa position vacille. Son image de stalinien pur et dur le dessert. Mais c'est paradoxalement l'ampleur des manifestations du 17 juin 1953 en RDA qui lui sauvent la mise in extremis et renforcent sa position.

Il prend ses distances avec le stalinisme et le culte de la personnalité à partir de 1956 à la suite du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique car il y voit un danger pour sa position. Des critiques au sein du parti, comme Karl Schirdewan, Ernst Wollweber, Fritz Selbmann, Fred Oelssner (de), et Gerhard Ziller (entre autres) sont dès 1958 considérés comme des sécessionnistes et emprisonnés.

En 1960, après la mort de Wilhelm Pieck, il devient président du conseil national de défense et président du nouveau conseil d'État ; il est ainsi l'unique chef de la RDA. À cause de sa longévité en tant que chef du parti et chef de l'État, il a décisivement marqué la RDA pendant plus d'une vingtaine d'années.

En 1953, il devient l'époux de Lotte Ulbricht.

L'édificateur du mur de Berlin

Durant le printemps 1961, alors que la fuite des citoyens est-allemands s'amplifie, des rumeurs font état de l'intention de la RDA de verrouiller également la frontière berlinoise. Le , lors d'une conférence de presse à Berlin-Est, Ulbricht répond à la journaliste ouest-allemande Annamarie Doherr, correspondante à Berlin pour le Frankfurter Rundschau[3] :

« Annamaria Doher : Est-ce que la création d'une cité libre veut dire, à votre avis, que la frontière de l'État sera édifiée à la porte de Brandebourg ?
Walter Ulbricht : Si je comprends bien votre question, il y a des gens en Allemagne de l'Ouest qui souhaitent que nous mobilisions les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c'est cela ? Je n'ai pas connaissance d'un tel projet ; car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur[4] »

Le , ayant obtenu l'aval de Khrouchtchev, Ulbricht lance l'ordre de construction du mur de Berlin.

En août 1968, il participe à l'intervention des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie qui aboutit à l'écrasement du printemps de Prague.

Ulbricht tenta de donner à l'économie une plus grande efficacité avec le « Nouveau système économique de planification et de direction » (Neues Ökonomisches System der Planung und Leitung), plus tard Nouveau système économique (NSE), mis en place dès 1963 avec son conseiller en économie, le Dr Wolfgang Berger. Le plan complet devait être fixé mais les entreprises devaient avoir de plus grandes marges de manœuvre. Il ne s'agissait pas uniquement de favoriser la responsabilité, mais aussi de permettre aux question concrètes d'être résolues où il fallait.

Un de ses principaux chevaux de bataille était la direction de l'économie et de la politique, entre autres aux moyens de la cybernétique, d'éléments de psychologie et de sociologie, mais avant tout sur la base des sciences naturelles et de la technique.

Le Nouveau Système Economique fut le plus grand succès d'Ulbricht - le taux d'accumulation était plus haut que jamais et la croissance de l'économie populaire (Volkswirtschaft) était pendant cette phase plus importante qu'en RFA.[réf. nécessaire]

Le NSE rencontra cependant des résistances plus importantes au sein du parti à partir de 1965. Le leader de cette opposition qui jouissait du soutien de Léonid Brejnev était Erich Honecker, qui pouvait d'ailleurs compter sur les voix de nombreux membres du parti. Le NSE envisageait aussi le lien entre l'économie et la science ce qui signifiait en pratique, que de plus en plus de spécialistes prenaient les décisions. Beaucoup de membres du SED étaient donc, en raison de leur perte d'influence dans l'économie, contre le NSE. Théoriquement, le socialisme n'était pas pour Ulbricht une courte période de transition vers le communisme mais bel et bien une « formation socio-économique relativement indépendante dans l'époque historique de transition vers le communisme à l'échelle mondiale », ce qu'on retrouve dans le terme de « communauté socialiste des Hommes » ; ce terme disparaît rapidement après sa mort. Après des dissensions avec des membres de la direction du parti dans le domaine de la politique économique et des affaires étrangères en 1970, Ulbricht trouve sa position au sein du parti affaiblie.

La chute et l'oubli

En 1971, il fut contraint de se retirer de presque toutes ses fonctions « pour des raisons de santé » et selon la décision de Brejnev, il est aussitôt remplacé en tant que Premier secrétaire du comité central du SED par Erich Honecker. Ulbricht conserva le poste sans réel pouvoir de Président du Conseil d'État jusqu'à sa mort. En outre, il reçoit le tout nouveau poste d'honneur de Président du SED.

Il meurt pendant le 10e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants le dans la chambre d'hôtes du gouvernement de la RDA à Döllnsee. Après sa mort, son nom est très vite écarté de l'historiographie de la RDA.

Citations connues

Sur les autres projets Wikimedia :

  • « Cela doit avoir l'air démocratique, mais nous devons tout contrôler » (1945, d'après Wolfgang Leonhard, un des membres du Groupe Ulbricht) ;
  • « Staline n'est pas un classique du marxisme » (1956)
  • « Je suis d'avis, camarades, qu'on devrait en finir avec la monotonie du Yeah Yeah Yeah. […] Devons-nous vraiment copier toutes les saletés qui nous viennent de l'Ouest ? » (1965, au 11e congrès du Comité Central du SED, contre la musique rock de l'Ouest)
  • « On a pu dire dans le monde que le « miracle allemand » qui a eu lieu dans notre république n'était pas un « miracle économique », mais avant tout un grand tournant pour l'Homme. Mais nous sommes encore loin de la fin du chemin qui mène à la communauté socialiste des Hommes. » (1969)

Sur Ulbricht

  • « Que le destin empêche cet homme d'arriver un jour à la tête du parti. Il suffit de le regarder dans les yeux pour savoir à quel point il est sournois et indigne. » (Clara Zetkin)

Notes et références

  1. Catherine Epstein, The Last Revolutionaries. German Communists and Their Century, Harvard University Press, 2003, pages 20-22
  2. André Fontaine, Histoire de la Guerre froide : 1950 - 1971, p. 80, Points Histoire, Le Seuil, 1983
  3. (de) Chronik der Mauer
  4. « Niemand hat die Absicht, eine Mauer zu errichten! » propos cités par Frederick Taylor, Le Mur de Berlin : 1961-1989, p. 204, JC Lattès, 2009

Sources

Article détaillé