Voconces

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Voconces
Image illustrative de l’article Voconces
Inscription latine AE 2006, 0789 d'époque romaine découverte à Saillans (Drôme) et élevée par la cité des Voconces en l'honneur d'un de ses notables.

Ethnie peuplade celte
confédération cavare
Villes principales Vaison-la-Romaine, Die
Région actuelle Drôme, Vaucluse
Frontière Meminii
Tricastini

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Les Voconces — en latin Vocontii — sont une fédération de peuples gaulois installés dans les Préalpes.

Ils sont battus par les légions romaines entre 125 et 118 av. J.-C. lors de la conquête de la province de Narbonnaise. Ils figurent à ce titre sur les marbres capitolins, à Rome, donnant les noms des peuples vaincus durant ces opérations militaires. Sous l’Empire, ils constituent des civitates.

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant la conquête romaine[modifier | modifier le code]

Ce peuple occupait un territoire important qu'il avait pris aux Ligures au IVe siècle et qui englobait le Vercors au nord, les contreforts du mont Ventoux au sud-ouest, Manosque au sud-est et Embrun à l'est[1], réparti sur 5 départements actuels (Drôme, Isère, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse). Les Voconces étaient membres d'une fédération comprenant les Avantiques et les Sogiontiques[2]. La limite orientale de leur territoire passait probablement par le col des Granons, Strabon écrivant dans sa Géographie (IV, 1, 3 et 12) : « Le pays des Voconces commence au point [de la via domitia] où commence la montée des Alpes », point généralement identifié avec le col des Granons[3].

Tite-Live, dans sa narration du passage des Alpes par Hannibal, fait suivre à celui-ci la lisière du territoire des Voconces[4]. Ce texte soulève toutefois des difficultés pour le concilier avec celui de Polybe.

De la défaite face à Rome à l’organisation en civitas[modifier | modifier le code]

Inscription latine retrouvée à Vaison-la-Romaine et conservée au musée Calvet d'Avignon[5].

À la fin du IIIe siècle, Rome devient la première puissance de Méditerranée occidentale et établit un traité d'amitié avec Massilia. Au IIe siècle, Rome intervient pour protéger celle-ci et sécuriser les liaisons terrestres entre ses possessions d'Italie et Hispanie. En 125 av. J.-C., M. Fulvius Flaccus mène une dure campagne contre les Ligures, les Salyens et les Voconces[6] et les légions romaines doivent revenir plusieurs années de suite : c’est finalement le successeur de Flaccus, C. Sextius Calvinus, qui triomphe de ces peuples en 122 av. J.-C.[7]

Pendant la guerre de Sertorius, le propréteur M. Fonteius est nommé par Pompée pour maintenir la Gaule transalpine sous la tutelle du Sénat romain. Il mène une expédition chez les Voconces : ses méthodes autoritaires lui vaudront, en 69 av. J.-C., d'être accusé de concussion et violence par ses administrés. Les Voconces font partie des plaignants ; Cicéron prononce pour la défense du gouverneur le discours Pro Fonteio[8].

Dans le courant du Ier siècle av. J.-C., les Voconces signent avec Rome un traité d'amitié (fœdus) qui leur permet de garder une certaine autonomie et leurs institutions traditionnelles[9] : on trouve ainsi un prætor et un sénat à la tête de cette civitas, assistés par des præfecti envoyés dans les circonscriptions périphériques (les pagi), lesquels sont conseillés par des assemblées locales (vigintiviri). Des édiles et des esclaves publics complètent cet organigramme administratif. Dès cette époque, les chefs-lieux nommés par Pline sont Lucus Augusti, l'actuelle Luc-en-Diois, et Vasio Vocontiorum, l'actuelle Vaison-la-Romaine.

Une inscription conservée au musée Calvet d'Avignon honore un évergète, l’equite Caius Sappius Flavus, qui légua à la cité des Voconces une somme considérable destinée à fournir des intérêts ainsi qu'une autre somme pour décorer le portique devant les thermes de la cité[5]

Sous l’Empire[modifier | modifier le code]

Les Voconces, au centre de la carte, sur la table de Peutinger, fin du IVe siècle.

Plusieurs parties de territoires sont détachées temporairement de la civitas[2] :

Mais au IIIe siècle, la cité des Voconces est reconstituée[2]. Et c’est finalement à la fin du IVe siècle que la civitas des Voconces est découpée en quatre civitates plus petites[2],[10] :

  • Gap et Sisteron deviennent capitales de deux nouvelles civitates, rattachées à la province de Narbonnaise seconde ;
  • Vasio reste capitale mais d’une civitas séparée, Die supplantant l’antique Lucus comme capitale de la civitas Deensium. Cette ville, qui fut honorée du statut de colonie, s'entoura d'un rempart au Bas-Empire et devint le siège d'un évêché (325). Audentius, évêque de Die au Ve siècle, portait le titre d'évêque des Voconces[11].

Le diocèse de Vaison subsistera jusqu'à la Révolution française.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Charles François Ladoucette, Archéologie de Mons Seleucus, ville romaine dans le pays des Voconces, aujourd'hui Labatie-Mont-Saléon, .
  • Vallentin du Cheylard Florian, Le culte des matræ dans la cité des Voconces d'après les monuments épigraphiques. mythologie gauloise., .
  • Joseph Sautel, L'Onomastique des Voconces et ses transformations après la conquête romaine d'après les inscriptions, .
  • Jean Arniaud et Léon Derey, Balthazar et les Voconces : Récit de Haute-Provence, .
  • Jacques Planchon, Michèle Bois et Pascale Réthoré, Carte archéologique de la Gaule, 26 - La Drôme, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres / Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 2010 (voir l'introduction p. 113-122).
  • Bernard Rémy, Henri Desaye et alii, Inscriptions Latines de Narbonnaise, VII, les Voconces, 1, Die, Gallia, XLIVe suppl. (ILN), CNRS Éditions, Paris, 2012 (voir l'introduction p. 26-52).
  • Lionel Pernet (dir.) et Réjane Roure (dir.), Des rites et des hommes : Les pratiques symboliques des Celtes, des Ibères et des Grecs en Provence, en Languedoc et en Catalogne, Paris, Errance, coll. « Archéologie de Montpellier Agglomération » (no 2), , 288 p. (ISBN 978-2-87772-460-9).
  • José Gomez de Soto, Pierre-Yves Milcent et al., « La France du Centre aux Pyrénées (Aquitaine, Centre, Limousin, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes) : Cultes et sanctuaires en France à l'âge du Fer », Gallia, vol. 3, t. 60, no 1,‎ , p. 107-138 (DOI 10.3406/galia.2003.3145, lire en ligne, consulté le ).
  • Stephan Fichtl, La ville celtique : les oppida de 150 av. J.-C. à 15 apr. J.-C., Paris, Errance, coll. « Hespérides / histoire-archéologie », , 2e éd. (1re éd. 2000), 238 p. (ISBN 2-87772-307-0).
  • Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne : habitats et sociétés en Languedoc et en Provence (VIIIe – IIe siècle av. J.-C.), Arles, Errance, coll. « Les Hespérides », , 2e éd. (1re éd. 2004), 247 p. (ISBN 978-2-87772-562-0).

Sources[modifier | modifier le code]

Textes antiques[modifier | modifier le code]

  • Pline l'Ancien, Histoire naturelle, III, 37 : Vocontiorum civitatis fœderata duo capita Vasio et Lucus Augusti dans la liste des cités de droit latin, et VII, 78 : Iulius Viator, e vocontiorum gente fœderata.
  • Strabon, Géographie, IV, 6, 4 ; IV, 1, 3 ; IV, 1, 12.
  • Pomponius Mela, Chorographie, II, 5, 75 : Urbium quas habet (Narbonensis) opulentissimæ sunt Vasio Vocontiorum, Vienna Allobrogum…
  • Tacite, Histoire, I, 66 : Lucus municipium id Vocontiorum est.
  • Claude Ptolémée, Géographie, II, 10, 8 (texte sujet à controverse sur sa précision géographique, car omettant plusieurs capitales de cités).
  • Jules César, La guerre des Gaules, I, 10.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. G. Barruol, Les peuples préromains du sud-est de la Gaule, 1er suppl. à la Revue archéologique de Narbonnaise, Paris, 1969 (rééd. 1999).
  2. a b c et d Brigitte Beaujard, « Les cités de la Gaule méridionale du IIIe au VIIe s. », Gallia, no 63, 2006, CNRS éditions, p. 17-18.
  3. Guy Barruol, « Le Pays de Forcalquier à l'époque romaine », dans Alpes de lumière, Musée de Salagon, Archéologie au pays de Forcalquier : radioscopie d'un terroir rural, Mane (Salagon, 04300) : les Alpes de lumière, 1990, catalogue d'exposition, Mane, été 1990 ; collection « Les Alpes de lumière » (ISSN 0182-4643) no 103 (ISBN 2-906162-159), p. 40.
  4. Tite-Live, Histoire romaine, XXXI, 31.
  5. a et b Inscription AE 1992, 01208.
  6. Danièle Roman, « M. Fulvius Flaccus et la frontière transalpine », dans Yves Roman (directeur de publication) La Frontière, Séminaire de recherche, Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1993. p. 57.
  7. D. Roman, op. cit., p. 58.
  8. Gérard Chouquer, La situation de la Gaule transalpine d’après le Pro Fonteio de Cicéron, 69 av. J.-C., Formes du Foncier, août 2014.
  9. Christian Goudineau, Les fouilles de la maison au Dauphin, suppl. 37 de Gallia, Paris, 1979, p. 251-264.
  10. J. Planchon, « De Luc à Die : le chassé-croisé des capitales voconces », dans Capitales éphémères, Actes du colloque de Tours, 6-8 mars 2003, 25e suppl. à la Revue archéologique du Centre de la France, Tours, 2004, p. 233-245.
  11. U. Chevalier - Regeste Dauphinois, Valence, 1912, nos 75 et 77 : civitatis Voconsiorum episcopus.