Viola (genre végétal)

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Violette, pensée

Viola est un genre de plantes herbacées vivaces de la famille des Violaceae. Selon le positionnement des pétales, les espèces sont appelées « Violettes » ou « Pensées ». Les violettes sont parfois appelées « Herbes de la Trinité ». Ces plantes ont un usage principalement ornemental. Des variétés odorantes servent en parfumerie et en confiserie.

Étymologie[modifier | modifier le code]

« Violette » est le diminutif francisé du genre Viola, lui-même un dérivé du grec ion, iou (« violet », les termes latins ayant préposé un v, selon leur usage) qui désignait en latin différentes plantes dont les Violettes, même si ces dernières ne sont pas toutes de cette couleur, certaines étant roses, bleu indigo foncé ou même blanches, et il existe même une variété très rare de couleur rouge sang[1].

Description du genre[modifier | modifier le code]

Le genre Viola est représenté par des plantes herbacées à fleurs zygomorphes à cinq pétales. Certaines espèces produisent des fleurs cléistogames (V. odorata, V. hirta). Dans ce cas, les fleurs chasmogames correspondant à la première floraison sont souvent fertiles (autopollinisation) et les cléistogames stériles (en raison du phénomène de protandrie) mais tous les cas intermédiaires peuvent se produire, donnant lieu à de nombreux croisements et hybridations[2].

Les graines de certaines espèces sont caractérisées par un élaiosome qui leur permet d'être disséminées par les fourmis (myrmécochorie).

Voir la liste des espèces européennes et la liste complète des espèces et sous-espèces plus bas, dans cet article.

Différentes sections[modifier | modifier le code]

Viola cazorlensis, section Delphiniopsis.
Viola biflora, section Dischidium.
Viola hederacea, section Erpetion.
Viola cornuta, section Melanium.
Viola palustris, section Viola.
Viola arborescens, section Xylinosium.

Le genre Viola est découpé en sections [3]:

  • Section Andinium Becker
  • Section Chamaemelanium Ging.
  • Section Delphiniopsis Becker
  • Section Dischidium Ging.
  • Section Erpetion Becker
  • Section Melanium Ging.
  • Section Viola, (Nomimium Ging.)
  • Section Xylinosium Becker

On nomme l'espèce, Violette ou Pensée, en fonction de la disposition des pétales (la « violette fait la tête », la « pensée sourit », selon la position des deux pétales latéraux tournés respectivement vers le bas et vers le haut)[3],[4] :

  • les Violettes : deux pétales vers le haut et trois vers le bas, cœur blanc de la corolle. Elles sont représentées en Europe, principalement par la section Viola (anciennement Nomimium) ;
  • les Pensées : quatre pétales vers le haut (les deux pétales latéraux étant rapprochés des deux supérieurs) et un vers le bas. Le cœur de la corolle est jaune. Elles sont représentées en Europe, principalement par la section Melanium.

Variétés cultivées[modifier | modifier le code]

Les Pensées ont donné des variétés horticoles à grandes fleurs. Les espèces sont nombreuses, 500 espèces réparties dans le monde, et forment de nombreux hybrides qui rendent la détermination parfois délicate. De nombreuses variétés sont faciles à cultiver.

De nombreuses variétés ont été sélectionnées par l'homme, dont la Violette de Toulouse (emblème de la ville de Toulouse) qui fait partie de la famille des violettes de Parme, variété de violettes à fleurs doubles.

Culture[modifier | modifier le code]

Violettes et Pensées ont besoin d'un sol neutre ou calcaire, assez humifère et bien drainé. Elles peuvent atteindre 15 cm de haut. Elles sont présentes sur l'intégralité des continents. Elles peuvent se reproduire de trois manières différentes :

  • soit par pollinisation classique de leurs fleurs (fleurs dites chasmogames) ;
  • soit en émettant un stolon qui créera un nouveau plant ;
  • soit en produisant des capsules de graines par auto-pollinisation (fleurs dites cléistogames).

La Violette fleurit au printemps pour la plupart des espèces et en automne si les conditions climatiques s'y prêtent (alternance de nuits froides et de jours chauds ensoleillés).

Les variétés horticoles de pensées sont des hybrides Viola ×wittrockiana. Il existe également de nombreuses variétés horticoles (cultivars) de Viola odorata.

Rôle écologique[modifier | modifier le code]

Les Viola sont les plantes hôtes des chenilles de nombreux papillons et parmi eux de beaucoup d'espèces de la sous-famille des Heliconiinae, dont la Petite violette (Clossiana dia), le Cardinal (Argynnis pandora), le Chiffre (Fabriciana niobe), Speyeria alexandra, le Grand collier argenté, le Petit collier argenté, le Grand nacré, le Moyen nacré, le Petit nacré, le Nacré de la ronce et le Tabac d'Espagne[5].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Les violettes parfumées (Viola odorata, Violette de Toulouse, ... ) sont utilisées :

  • En confiserie, pour les bonbons à la violette élaborés à partir de fleurs fraîches cristallisées dans le sucre. Ils sont une spécialité de Toulouse et sont réalisées chez Candiflor depuis 1818[6] ainsi que de Liège (Violette de Liège, produite par Gicopa).
  • En pâtisserie, pour la confection de sirops.
  • En cuisine, les feuilles de violette ont une saveur légèrement végétale et peuvent être ajoutées aux salades de fruits, farces de volailles et pâtés de viandes. Les fleurs servent de décor aux pâtisseries, fraiches ou confites au sucre. les fleurs sèches ou fraîches sont utilisées en infusion, grog ou sirop[7].
  • En parfumerie, pour le célèbre parfum de violettes ; c'est une fleur au parfum envoûtant et suave auquel certains ont prêté un pouvoir aphrodisiaque.
  • Jadis, dans le domaine de la santé, pour soigner les maux de tête, l'insomnie et la mélancolie. Et utilisé pour guérir l'acné et les infections de la peau. Ses graines ou fleurs entraient dans la composition de remèdes de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle : catholicum simple ; diaprun solutif[8].

Le genre Viola dans la culture[modifier | modifier le code]

Ces fleurs, et principalement les violettes, font partie intégrante de la culture occidentale et ont inspiré mythes, légendes, prénom et servent également de symbole.

Les violettes dans la mythologie grecque[modifier | modifier le code]

Dans la mythologie grecque, la nymphe Io fut aimée de Zeus. Mais les amours de celui-ci furent une fois de plus contrariées par son épouse jalouse Héra, qui se vengea en changeant sa rivale en blanche génisse. Ainsi métamorphosée, Io errait tristement lorsqu’elle vit sortir de terre des petites fleurs qui tournèrent leurs corolles vers elle. Elle reconnut en elles les pensées de ses amis venus la consoler. Un autre mythe jouant sur l'étymologie populaire du nom de la fleur raconte que des nymphes ioniennes avaient offert des violettes (appelées ion en grec) à Io qui avait guidé une colonie vers l'Attique[9]. Un autre récit mythique fait de la violette une fleur funéraire de l'Antiquité car Perséphone en cueillait quand elle fut envoyée aux enfers[10].

Homère décrit la mer tumultueuse comme ἰοειδής / ioeidḗs, « semblable à la fleur ἴον / íon » ou ἰοειδέα πόντον / iodeidéa pónton, « couleur de violette »[11].

Les violettes chez les Romains[modifier | modifier le code]

Les Romains portaient des coiffures agrémentées de violettes, croyant qu'elles pouvaient prévenir les maux de tête liés à l’ébriété. Ils réalisaient avec ces fleurs une sorte de vin censé agir comme un remède homéopathique, et permettre d'apporter l'euphorie de l'ivresse sans avoir à en subir les désagréments[7]. Les violettes étaient également considérées comme des fleurs de deuil, et en faisaient des couronnes de fleurs pour le jour des morts[12].

Pline l'Ancien (23-79) distingue cinq « espèces » de viola : le purpurea, le lutea, l’alba, le marina et le calathiana, mais « elles semblent se réduire à deux espèces, qui se trouvent décrites dans les auteurs grecs, savoir : le viola purpurea sauvage, et les viola cultivés viola alba et lutea... ».

  • Le viola purpurea sauvage ou viola martia est l’ion de Dioscoride (~ - ~), qu’il nomma aussi ionia, cybelion, dasypodion et priapeion,
  • L’ion pophyrion ou ion melan est le melanion (viola nigra) de Théophraste (~). Les épithètes pophyrion et melan faisant allusion aux couleurs, respectivement rouge et rouge foncé (noir).

Le poète latin Virgile ( - ), compara la violette à la jacinthe, dans ces vers :

« Qualem virgineo demessum pollice florem
Seu mollis Violae, seu languentis Hyacinthi.

Qu’importe la fleur coupée par le doigt d’une vierge
Qu'elle soit douce Violette, ou Jacinthe étiolée.
Virgile , Énéide, XI.69[13] »

« Et nigrae Violae sunt, et Vaccinia nigra

Brune est la Violette, et brun le Vacciet (Jacinthe).
Virgile, Bucolique 10, v39 [14],[15]. »

Calendrier républicain[modifier | modifier le code]

  • Napoléon Bonaparte a été surnommé Père La Violette par ses soldats lors de son séjour à l'île d'Elbe, parce qu'il devait revenir avec les violettes, c'est-à-dire avec le printemps. Cette fleur fut ensuite le signe de ralliement des bonapartistes durant les Cent-Jours.
  • Parallèlement, diverses villes utilisent la violette comme symbole.
  • Il existe une Confrérie de la violette à Toulouse. Cette ville est aussi appelée la Cité des violettes, car la production de cette fleur y était très importante. La Violette est l'une des récompenses décernées par l'Académie des Jeux floraux de Toulouse.
  • En France, elle est le symbole historique du PUC (Paris université club)

Langage des fleurs[modifier | modifier le code]

  • Illustration botanique d'une pensée par Henri Bergé
    Violette, par Grandville, extrait des Fleurs animées. Première partie, Bibliothèque de Nancy
    Dans le langage des fleurs, la violette représente l'innocence, la modestie et la pudeur, par allusion à la petite corolle qui semble hésiter à sortir de son écrin de feuilles [3]. Elle peut aussi être une incitation à sortir de son humilité et être plus hardi[12]. Bleue, elle témoigne de la fidélité ; blanche, elle évoque le bonheur champêtre[réf. souhaitée]. Toujours dans le langage des fleurs, la violette en bouquet, entouré de feuilles, symbolise l'amour secret[3].

Liste des espèces[modifier | modifier le code]

Espèces européennes[modifier | modifier le code]

Violette (espèce incertaine).

Il y a 91 espèces européennes dont 19 en France, 22 en Suisse et 15 en Belgique[réf. nécessaire]. La plupart présente des fleurs de teinte rose à violet, mais pour certaines à dominante blanche ou jaune, auquel cas cette indication est portée ci-dessous; attention toutefois, la couleur est rarement un caractère intangible de l'espèce.


Espèces américaines[modifier | modifier le code]

Espèces africaines[modifier | modifier le code]

Liste complète[modifier | modifier le code]

Selon ITIS :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Adèle Nozeda, Plantes sauvages & bienveillantes au coin de ma rue, Larousse, , p. 295.
  2. (en) A.J. Beattie, « The floral biology of three species of Viola », New Phytologist, vol. 68, no 4,‎ , p. 1187–1201.
  3. a b c et d Bernard Bertrand et Nathalie Casbas, Une pensée pour la violette, Sengouagnet, éditions de Terran, coll. « Le Compagnon Vegetal », , 168 p. (ISBN 2-913288-14-6)
  4. Jean-Claude Rameau, G. Dumé, Flore forestière française, Forêt privée française, , p. 795
  5. Viola sur funet
  6. (en-US) Alice Furlaud, « Candied violets : How very french », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Adèle Nozeda, op. cit., p. 297
  8. D'après Maistral, in Yannick Romieux, De la hune au mortier, Éditions ACL, Nantes, 1986.
  9. La Maison Fleurie, Edition Solar, écrit en collaboration, Paris, 1991.
  10. Angelo De Gubernatis, La mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, Editorial Maxtor, , p. 369
  11. Adeline Grand-Clément, « La mer pourpre : façons grecques de voir en couleurs. Représentations littéraires du chromatisme marin à l'époque archaïque », Pallas, no 92,‎ , alinéa 30 (lire en ligne)
  12. a b et c Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Paris, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).
  13. Latin library-Lire en ligne
  14. Collectif, Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle : Appliqué aux arts, etc., vol. VIN-ZYZ, t. XXXVI, Paris, Detterville, , 544 p. (lire en ligne), p. 67-78
  15. Evandre-Lire en ligne
  16. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 24.
  17. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 25.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Références taxonomiques
  • Autres sites