Vincenzo Aiutino

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Vincenzo Aiutino
Tueur en série
Image illustrative de l’article Vincenzo Aiutino
Information
Naissance (54 ans)
à Zofingue en Drapeau de la Suisse Suisse
Surnom L'homme aux cinquante affaires
Condamnation
Sentence Prison à perpétuité
Actions criminelles Meurtres
Victimes 3
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Lorraine
Ville Longwy
Arrestation

Vincenzo Aiutino, né le à Zofingue en Suisse, est un tueur en série français surnommé « l’homme aux cinquante affaires ». Reconnu coupable de meurtre dans trois affaires, survenues à Longwy en Meurthe-et-Moselle, il est condamné le à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une durée incompressible de 18 ans.

Âgé d'à peine 22 ans au moment de son arrestation, en , Vincenzo Aiutino est le plus jeune tueur en série de France, jusqu'à l'inculpation de Sid Ahmed Rezala en .

Biographie[modifier | modifier le code]

Vincenzo Aiutino, d'origine italienne, est né le en Suisse[1]. Son père Domenico Aiutino, un maçon sicilien déjà marié en Italie, ne le reconnaît pas. La famille déménage pour la Belgique[2].

En 1975, à 5 ans, Vincenzo Aiutino assiste au viol par son père d'une de ses sœurs, âgée de 7 ans[2].

En 1977, à 7 ans, Aiutino incendie le domicile de sa mère. Il est signalé par la justice des enfants, mais n'est pas pris en charge[3].

En 1982, à 12 ans, Vincenzo Aiutino se met à voler dans les vestiaires d'un terrain de football. À la suite de cela, il est confié dans un centre pour handicapés, afin d'être encadré. Aiutino découvre alors le métier de mécanicien, dans lequel il avouera une certaine passion. Mais, étant ingérable et incapable de reconnaître ses torts sur certains points, Vincenzo Aiutino est licencié[3].

En 1985, à 15 ans, Aiutino est en stage sur un chantier. Il s'exhibe devant une femme. Il est renvoyé et fait un séjour en établissement psychiatrique[2].

En 1986, à 16 ans, il abandonne sa scolarité, sans diplôme[2].

En , Vincenzo Aiutino est placé dans un hôpital psychiatrique, mais est rapidement relâché à la demande de son père. Aiutino est majeur depuis le [3].

Entre 1988 et 1989, il multiplie les affaires de mœurs, obéissant à ses pulsions sans aucun frein[4].

En , Vincenzo Aiutino est condamné à 3 ans de prison dont un an ferme pour attentat à la pudeur et outrages commis sur quatre femmes de Longwy. Alors qu'il est en détention provisoire en , il se marie avec Marie-Antoinette Calla, une femme divorcée qui a un jeune garçon[4].

Le , Vincenzo Aiutino est libéré de prison. Il a alors 21 ans[5].

Les faits et l'enquête[modifier | modifier le code]

Le , une jeune attachée commerciale de 20 ans, Isabelle Le Nénan, quitte son collègue de l'agence de travail temporaire « Bis » de Longwy-Haut pour aller déjeuner avec une amie. Alors qu'elle rejoint le parking de l'hypermarché Auchan à Mont-Saint-Martin, elle est abordée par son meurtrier qui l'attire sur son chantier en lui demandant de l'aider à porter un objet lourd. Là, il s'exhibe puis tente de la violer, avant de la tuer à l'aide de plusieurs coups portés par une barre de fer. À la suite de son meurtre, Vincenzo Aiutino cache le corps sans vie de sa victime dans la forêt de Turpange en Belgique. La disparition de la jeune femme sera signalée par sa famille, mais compte tenu de l'âge d'Isabelle Le Nénan, la disparition est rapidement considérée par la police comme étant une fugue. Les recherches s'arrêtent, contre la volonté de la famille de la disparue[3].

Le , Isabelle Christophe, jeune caissière de 21 ans à l'hypermarché Auchan à Mont-Saint-Martin, est également abordée par Aiutino avec le même prétexte. Il la conduit à une cave de son chantier où il la viole, l'étrangle et l'achève à coups de barre de fer. Pensant là-aussi initialement à une fugue ou à un suicide, les policiers ne prennent pas au sérieux la demande des parents comme dans la première affaire de disparition, même si les faits présentent plusieurs similitudes avec la disparition d'Isabelle Le Nénan. Le père de la première victime Bertrand Le Nénan, très tenace, est chassé du commissariat. Il décide de prendre les choses en main car les 2 familles ont l'impression qu'elles ne sont pas prises assez au sérieux à cause de leur milieu social modeste. Il enquête et retrouve le sac à main de sa fille à proximité d'un parking de supermarché[3].

Le , deux chasseurs découvrent dans les taillis du bois de Turpange un corps nu dans un état de décomposition avancée et à moitié carbonisé. L'autopsie du corps, identifié essentiellement grâce aux bijoux que porte la jeune femme, révèle qu'elle est morte d'une fracture du crâne à la suite d'un coup porté avec une barre de fer. Au départ, les policiers se refusent à envisager le pire pour Isabelle car elle est majeure. Progressivement, les policiers consentent enfin à privilégier la piste du crime sexuel. Ils épluchent les dossiers des délinquants sexuels de la région et ciblent quatre hommes, dont Vincenzo Aiutino, maçon travaillant sur un chantier près de l'hypermarché de Mont-Saint-Martin[3].

Le , des inspecteurs de la SRPJ de Nancy interpellent Aiutino mais, faute de preuve et ayant un alibi confirmé par son épouse Marie-Antoinette, le relâchent après 10 heures de garde à vue[3].

Le , Vincenzo Aiutino crève un pneu de la voiture de Bernadette Bour, visiteuse médicale de 40 ans qu'il vient de voir dans la salle d'attente d'un médecin. Il l'aide à le réparer et lui propose de venir se laver les mains chez lui, ce qui lui permet de l'emmener dans le sous-sol de son domicile. Il tente de la violer et face à sa résistance la tue à coups de barre de fer. Il laisse le corps dans le bois de Buré d'Orval[4]. La disparition de Bernadette Bour ayant lieu près du domicile d'Aiutino au 8 rue Joseph Labbé, les policiers décident de l'interpeller mais l'agresseur s'enfuit en 4x4.

Le , les policiers belges arrêtent Aiutino chez son père à Aubange. L'agresseur se dit premièrement "innocent", avant de passer des aveux complets concernant les trois meurtres. Les corps d'Isabelle Christophe et de Bernadette Bour sont retrouvés le , sur la base des indications d'Aiutino. Âgé d'à peine 22 ans, il est alors incarcéré à la prison d'Arlon[3].

Le , Vincenzo Aiutino, en prison, finit par se rétracter et accuse son père Domenico, retardant ainsi son extradition en France où les peines de sûreté sont plus sévères qu'en Belgique. Aiutino parvient à s'évader de prison quelques jours plus tard après une prise d'otages qu'il avait organisé la veille. Mais, n'ayant nulle part où aller, Vincenzo Aiutino est repris le jour même et retourne en prison[3].

Le , Vincenzo Aiutino est condamné à deux ans de prison ferme pour des attentats à la pudeur commis en 1988.

Le , Aiutino est condamné par le tribunal correctionnel d'Arlon à trois ans de prison ferme pour sa tentative d'évasion avec prise d'otage. Sa peine est aggravée en appel à cinq ans de prison ferme[5].

En , Marie-Antoinette Aiutino est mise en examen pour recel de cadavre[3].

Le , alors qu'il est emprisonné en Belgique depuis près d'un an et demi, Vincenzo Aiutino est extradé en France, à la Maison d'arrêt de Metz. Dès son extradition, Aiutino accuse désormais son beau-frère des trois meurtres[4].

Le , après avoir tenté de se suicider la veille, Vincenzo Aiutino est extrait de la Maison d'arrêt de Metz en vue d'une reconstitution. Mais, refusant de collaborer, les familles des victimes, interviewées, crient à un "scandale judiciaire", en raison des prétextes d'Aiutino afin de retarder son jugement. Vincenzo Aiutino regagne la Maison d'arrêt de Metz après la reconstitution et est renvoyé devant la Cour d'assises de Nancy[3].

Liste des victimes connues[modifier | modifier le code]

Enlèvement Découverte Identité Âge Activité / Profession
Date Lieu Date Lieu
Parking du Auchan de Mont-Saint-Martin Forêt de Turpange Isabelle Le Nénan 20 Attachée commerciale à l'agence Bis
Longwy Forêt de Turpange Isabelle Christophe 21 Réassortisseuse au rayon épicerie du Auchan de Mont-Saint-Martin
Longwy 28 février 1992 Bois de Buré d'Orval Bernadette Bour 40 Visiteuse médicale

Procès et condamnations[modifier | modifier le code]

Le , Vincenzo Aiutino est jugé devant la Cour d'assises de la Meurthe-et-Moselle à Nancy. Il est jugé à quelques jours de ses 28 ans. Les experts psychiatres diagnostiquent une personnalité très troublée, un psychopathe pervers incurable mais responsable de ses actes. Bien qu'il ait précédemment avoué être responsable des meurtres des deux premières victimes, Aiutino ne reconnaît devant la Cour que le meurtre de Bernadette Bour.

Le , il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une durée incompressible de 18 ans alors qu'il encourait jusqu'à 22 ans de sûreté. Ayant précédemment effectué 6 ans de détention provisoire, Aiutino voit sa libération possible à partir de , ce qui a fait naître, à tort, la rumeur selon laquelle il était remis en liberté à cette époque[6]. Son épouse Marie-Antoinette Aiutino, née Calla, est condamnée à six mois de prison avec sursis pour destruction de preuves et transport de cadavre.

En , Vincenzo Aiutino saccage quatre cellules à la maison d’arrêt de Nancy et agresse plusieurs surveillants. Il est condamné à cinq mois de prison pour ce délit[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « SOULAGEMENT AU PAYS DE LONGWY LE MEURTRIER DE TROIS JEUNES FRANCAISES ARRETE A AUBANGE: UN ITALIEN QUI SERA EXTRADE », sur Le Soir Plus (consulté le )
  2. a b c et d « Meurtre de trois femmes : un accusé déchiré » Article publié le 3 mars 1998 dans Le Télégramme
  3. a b c d e f g h i j et k « Programme TV - Faites entrer l'accusé - Vincenzo Aiutino, l'homme aux cinquante affaires », sur tvmag.lefigaro.fr (consulté le )
  4. a b c et d « Les disparitions de Longwy élucidées » Article de Guy Feller, Henry Pieczak et Jean-Claude Hauck publié le 29 février 1992 dans L'Est républicain.
  5. a et b « Vincenzo Aiutino - LPBDH », sur lpbdh.info (consulté le )
  6. « Non, Aiutino n'a pas été remis en liberté » Article de Patrick Jacquemot publié le 18 février 2011 dans L'Essentiel
  7. « Vincenzo Aiutino, le tueur de femmes du pays haut » Article publié le 10 septembre 2013 dans L'Est républicain

Articles de presse[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documentaires télévisés[modifier | modifier le code]

Émission radiophonique[modifier | modifier le code]

  • « Vincenzo Aiutino, le tueur en série de Longwy » le dans Hondelatte raconte sur Europe 1.
  • « L'affaire Vincenzo Aiutino » le dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]