Bellet (AOC)

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Bellet
Image illustrative de l’article Bellet (AOC)
Vignoble à Saint-Roman-de-Bellet

Désignation(s) Bellet
Appellation(s) principale(s) bellet, ou vin de bellet
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis 1941
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de Provence
Localisation Alpes-Maritimes
Climat tempéré méditerranéen
Sol poudingue, riche en silice et en craie
Superficie totale 650 hectares
Superficie plantée 58 hectares
Nombre de domaines viticoles 9 caves indépendantes
Cépages dominants folle noire N, braquet N et rolle (ou vermentino) B
Vins produits 42 % rouges, 23 % rosés et 35 % blancs
Production de 900 à 1 390 hectolitres
Pieds à l'hectare minimum 5 000 pieds par hectare,
soit maximum 2 m2 par pied
Rendement moyen à l'hectare 40 hectolitres maximum par hectare[1]

Le bellet[2], ou vin de Bellet, est un vin d’appellation d’origine contrôlée récolté sur le seul territoire de la commune de Nice[3], dans le département des Alpes-Maritimes : c'est le seul vignoble urbain possédant une AOC implanté totalement sur une grande agglomération[4].

Son aire de production se situe sur des terrasses qui surplombent entre 200 et 400 mètres la rive gauche du Var, à l’ouest de la ville de Nice.

Histoire[modifier | modifier le code]

Préhistoire et Antiquité[modifier | modifier le code]

Des pépins de lambrusque ont été retrouvés sur le site niçois de Terra Amata[5].

Les Massaliètes entrent en contact avec les populations indigènes de la région de Nice, comme l'indique la présence de quelques tessons de céramique grecque antique notamment de type archaïque et attique, mais aussi étrusques trop peu nombreux pour signifier la fondation d'un établissement colonial grec sur le site du Château de Nice avant le IIIe siècle av. J.-C., contrairement à ce qui a pu être observé sur le rocher d'Antibes qui semble plus anciennement et plus intensément fréquenté par les Grecs de Marseille. Ces derniers fondent Nikaïa vers 250 av. J.-C. Ce n'est alors ni une cité ni une colonie, mais plutôt une forteresse associée à un petit port de guerre. Cette fondation s'inscrit dans le contexte du redéploiement colonial de Marseille (à partir du IVe siècle av. J.-C.) qui cherche à assurer ses routes commerciales le long des côtes en installant des places fortes, comme Olbia à Hyères, ou des comptoirs comme Antipolis (Antibes). L'emplacement exact du site grec est mal connu. Compte tenu des pratiques coloniales grecques, il est probable qu'elle ait été implantée au pied de la colline du Château, sous la vieille ville actuelle[6].

Une tradition remontant à l'Antiquité veut que le nom de Nikaia ait été donné à l'implantation, à la suite d'une victoire militaire des Massaliètes sur les Ligures, jusque-là seuls habitants de ces régions (Nikaia signifiant, en grec, "celle par qui est arrivée la victoire"). Cependant, le toponyme Nice/Nis/Nic... est assez répandu entre l'Italie et l'Espagne et ne semble avoir aucun lien avec la déesse grecque Niké[7].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Durant tout le Moyen Âge, la Provence dont fait partie Nice, développe son commerce du vin. Ce sont les abbayes, dont celle de Saint-Pons à Nice, qui en tirent les plus importants revenus[8].

Période moderne[modifier | modifier le code]

Sous la Révolution, le hameau de Saint-Roman de Bellet, situé au cœur de l’appellation, fut baptisé Bacchus, témoignant de la vocation viticole de cette région. Le phylloxera et les deux guerres mondiales entraînèrent une chute spectaculaire des superficies en vigne et les producteurs se tournèrent vers la culture de l’œillet de Nice, plus lucrative.

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Un décret paru au Journal Officiel, le classe le vignoble de Bellet en AOC. Sa production, affaiblie par l'invasion phylloxérique de 1885 et les dégâts des deux grandes guerres, a été maintenue surtout grâce aux efforts d’un négociant en vins. Il reconstitua un vignoble à partir de 1946. Depuis 1970, Ghislain de Charnacé du Château de Bellet parvint à défendre la typicité et la qualité des vins de Bellet[9].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Le vignoble de Bellet est situé à l'ouest de la ville de Nice. Il est situé sur des terrasses qui surplombent (entre 200 et 400 m) la rive gauche du Var.

Orographie[modifier | modifier le code]

Le terroir s'étend sur les collines de Crémat et de Saquier ainsi qu'autour de Saint-Roman-de-Bellet. Les pentes sont fortes et le travail mécaniques est difficile.

Géologie[modifier | modifier le code]

Le sol des terrasses est d’origine pliocène supérieur, constitué de poudingues et de galets roulés formés de grès. Le ciment est généralement sableux, peu résistant. La dominante des grès donne des sols composés de 80 % à 90 % de sables grossiers ou fins.

Climatologie[modifier | modifier le code]

Diagramme du climat niçois.

La moyenne pluviométrique annuelle est de 830 mm avec un fort ensoleillement. La présence de la vallée du Var permet la circulation des vents : le vignoble est soumis, la nuit, à la brise marine. Le méso-climat spécifique induit des vendanges tardives qui donnent aux vins de Bellet un caractère plus septentrional que méridional. Ce climat correspond aux normes du climat méditerranéen, les gels étant généralement rares (2 ou 3 nuits par an), faibles (le minimum annuel se situe aux alentours de -1 ou -2 °C) et brefs. Ainsi les hivers sont doux et humides, et les étés chauds et très secs, car la ville est protégée des vents venant du nord et de l'ouest grâce aux Alpes. Durant l'été les précipitations sont extrêmement faibles avec une moyenne de 15,6 millimètres pour le mois de juillet[10]. À l'inverse, l'automne est une période soumise à des pluies fréquentes (108,2 millimètres pour le mois d'octobre) et des orages violents en raison de la température de la mer Méditerranée encore très chaude en cette saison (20° - 24°). Cette saison est également marquée par la présence certaines années du sirocco qui en plus d'apporter une légère vague de chaleur, transporte du sable saharien.

Relevé météorologique de Nice (altitude : 4 m) Normales 1971-2000 et Records
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 5,4 5,9 7,6 9,7 13,5 16,7 19,6 19,9 17 13,2 8,7 6,1 6,6
Température maximale moyenne (°C) 12,9 13,4 14,9 16,5 20,1 23,6 26,6 27,2 24,3 20,6 16,3 13,8 15,6
Record de froid (°C) −7,2 −5,8 −5 2,9 3,7 8,1 11,7 11,4 7,6 4,2 0,1 −2,7 −7,2
Record de chaleur (°C) 22,2 25,8 26,1 26 30,3 36,8 36,3 37,7 33,9 29,9 25,4 22 37,7
Précipitations (mm) 85,1 59,7 60,9 69,2 49,4 38,3 15,4 23,9 75,6 143,9 94,3 87,6 803,3
Source : Météo France


Vignoble[modifier | modifier le code]

Présentation[modifier | modifier le code]

L’aire de production est limitée à la commune de Nice. Sa superficie est de 52 hectares.

Encépagement[modifier | modifier le code]

Les vignerons utilisent des cépages locaux sur quelques parcelles : rolle (vermentino), roussanne, spagnol ou mayorquin, pour le blanc, avec possibilité d'utiliser en cépages secondaires (40 % maximum) : clairette, bourboulenc, chardonnay, pignerol et muscat à petit grain.

Pour les rouges et les rosés sont assemblés : folle N ou fuella, braquet[11] et cinsault. En cépages secondaires peuvent être assemblés : grenache N, et les mêmes cépages blancs utilisés pour les vins blancs (40 % maximum)

Méthodes culturales[modifier | modifier le code]

Planches de Rolle plantées en 2008 au Domaine Saint Jean
Jeunes Vignes en terrasse au Domaine Saint Jean

Avec une densité de plantation de 5000 pieds/ha, les vignes sont conduites en taille courte, en gobelet, éventail ou cordon de royat comportant au plus cinq coursons à deux yeux francs. Le rendement de base est de 40 hl/ha avec un rendement butoir de 44 hl/ha

Terroir et vins[modifier | modifier le code]

Les vins blancs ont un bouquet floral soutenu (bergamote, agrumes). Les vins rosés sont très originaux, surtout quand le braquet est dominant, on y distingue des arômes de genêt et surtout de violette. Les vins rouges dégagent au départ des arômes fruités où dominent la prune et l’abricot. Leur caractère tannique s’atténue après l’élevage, leur nez évolue vers un bouquet de cerise. Ils sont élevés un an minimum en fûts.

Structure des exploitations[modifier | modifier le code]

Type de vins et gastronomie[modifier | modifier le code]

La production de vin est limitée, environ 120 000 bouteilles par an. Les vins rouges sont corsés. Les blancs sont aromatiques. Les rosés sont à boire frais.

Les rouges de Bellet accompagnent la daube traditionnelle. Les blancs se marient avec une sole du littoral. Les rosés relèvent la saveur de la socca niçoise[12].

Commercialisation[modifier | modifier le code]

Les vins de Bellet sont peu commercialisés en dehors de la région niçoise. Il est produit 42 % de vins rouges, 23 % de vins rosés, 35 % de vins blancs

Producteurs de l’appellation[modifier | modifier le code]

Les producteurs sont au nombre de 9 en 2020 [13].

  • Château de Bellet,
  • Château de Crémat,
  • Domaine Clos St Vincent,
  • Domaine Saint Jean,
  • Domaine Via Julia Augusta,
  • Domaine de Collet de Bovis,
  • Domaine de Toasc,
  • Domaine de Vinceline,
  • Domaine de la Source.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Décret du 23 octobre 2009
  2. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
  3. Fiche de l'INAO
  4. Marguerite Isnard, Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice Serre éditeur, 2006, p. 29
  5. Laurent Bouby, ingénieur d’étude au CNRS-CBAE, Montpellier, Vins, vignes, pépins, production viticole aux temps anciens : la science mène l’enquête ! sur le site cnrs.fr
  6. Sur les pas des Grecs en Occident... : hommages à André Nickels / textes réunis et éd. par Patrice Arcelin, Michel Bats, Dominique Garcia et al.. - Paris : Errance ; Lattes : ADAM, 1995. - 492 p. - (Etud. massaliètes, ISSN 0986-3974 ; 4) . - (Trav. cent. Camille Jullian ; 15)
  7. Luc Thevenon, Nice, cité d'histoire, ville d'art, Nice, Serre, 1993, (ISBN 978-2-86410-195-6)
  8. Histoire des vins de Provence
  9. Château de Bellet sur guidevins.com
  10. Diagramme climatique de Nice 1961-1990
  11. Le braquet n'est cultivé, en France, que sur ces coteaux.
  12. Visa pour l'appellation Bellet dans la brochure de l'association 50 ans d'AOC provençale (avril 2005)
  13. « ODG Bellet - Le vignoble niçois - Vignoble », sur www.vindebellet.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Jacques Ninon, Le vin de Bellet : D'hier et d'aujourd'hui, Z'éditions, (ISBN 2-87720-251-8)
  • Véronique Thuin-Chaudron et Laurent Costantini, Bellet : Nice & son vin, Éditions Gilletta, (ISBN 978-2-35956-162-3)
  • Ministère de l'Agriculture, Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée Bellet, Ministère de l'Agriculture, , 102 p. (lire en ligne)
  • sous la direction de Colette Bourrier-Reynaud, La vallée du Var. Route des vignobles d'hier et des vins d'aujourd'hui, Nice, Serre Editeur, , 40 p. (ISBN 2-86410-314-1)
    Syndicat mixte touristique des Alpes d'Azur (SITALPA). Ouvrage collectif coordonné par Colette Bourrier-Reynaud, présidente du SITALPA. L'Ancre Solaire
  • Appellation viticole Bellet
  • Bellet (A.O.C)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]