Victoriano Huerta

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Victoriano Huerta
Illustration.
Fonctions
Président des États-Unis mexicains

(1 an, 4 mois et 26 jours)
Prédécesseur Pedro Lascuráin Paredes
Successeur Francisco Carvajal
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Colotlán, Jalisco (Mexique)
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès El Paso, Texas (États-Unis)
Nationalité Mexicain
Parti politique Indépendant

Victoriano Huerta
Liste des chefs d'État du Mexique

José Victoriano Huerta Márquez (, Colotlán, Jalisco - , El Paso, Texas )[1] est un militaire et homme d'État mexicain, président du Mexique du au .

Famille et études[modifier | modifier le code]

Huerta est le fils de Jesús Huerta et Del Refugio Márquez, des indigènes huichols, ouvriers agricoles dans le ranch d'Agua Gorda à Colotlán (État de Jalisco). Il s'engage dans l'armée à dix-sept ans sous les ordres du général Donato Guerra (es). Ses capacités intellectuelles remarquées par celui-ci lui permirent malgré ses origines modestes d'entrer à la prestigieuse académie militaire de Chapultepec avec l'aide du président Benito Juárez. Il y étudie également les mathématiques et l'astronomie. Après l'obtention de son diplôme, il est incorporé dans le corps des ingénieurs de l'armée et travaille au sein du service topographique dans la région de Puebla. C'est là qu'il rencontre et épouse Emilia Águila avec qui il est marié en 1880 et avec qui il aura onze enfants.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Pendant l'administration de Porfirio Díaz il gravit les échelons pour parvenir au rang de général et participe aux combats contre les Yaquis et de Chan Santa Cruz contre les Mayas du Yucatán et du Quintana Roo où il contracte (1902) une maladie des yeux (cataracte) qui l'affligera pour le reste de ses jours. Après trente ans de carrière, il s'installe comme ingénieur civil à Monterrey[2].

Carrière politico-militaire[modifier | modifier le code]

Coup d’État contre Madero[modifier | modifier le code]

Après le départ de Díaz en exil, Huerta commença par faire allégeance à la nouvelle administration de Francisco Madero, mais il complota secrètement dans el Pacto de la Ciudadela avec l'ambassadeur des États-Unis[3] et Félix Díaz, neveu de Porfirio. Il fut chargé par le président Madero de lutter contre les insurgés de Morelos, partisans de Zapata. Huerta trahit Madero ainsi que le vice-président Pino Suárez et, après un intermède très court, au terme de la décade tragique, le , Huerta se proclama président. Au cours de son investiture qui eut lieu au Palais national et en présence du corps diplomatique accrédité à Mexico l'ambassadeur Wilson prononça un discours optimiste, assurant que la paix serait bientôt rétablie dans le pays grâce à l'habileté du nouveau président. La nouvelle de sa nomination fut envoyée par télégraphe à tous les gouverneurs des États. Tous acceptèrent l'usurpation même ceux de Tabasco, de San Luis Potosi et du Michoacán pourtant issus de la révolution. Seul le gouverneur de Coahuila, Venustiano Carranza s'y opposa suivi quelques semaines plus tard par celui du Sonora.

Présidence et renversement[modifier | modifier le code]

Le , sur ordre de Huerta, le président Madero et le vice-président Pino Suárez étaient assassinés, sous prétexte d'une tentative d'évasion. Huerta avec le ferme soutien des Britanniques imposa son gouvernement.

En faveur de Huerta, à son avènement, il y a les conservateurs, parmi lesquels les propriétaires terriens, très hostiles à l'idée de réforme agraire. Il y a également l’Église et ses dignitaires. Le développement du radicalisme sous Madero l'inquiète. Elle fait une "avance" au régime d'un million de pesos. Les investisseurs européens le soutiennent aussi et ajoutent 7 millions de pesos au prêt de l’Église. Contre Huerta combattent Pancho Villa dans le Nord et Emiliano Zapata dans le Sud. Le prolétariat urbain, plutôt favorable aux idées socialistes, s'oppose également à lui[4].

Le président Huerta et son gouvernement.

Le président des États-Unis Woodrow Wilson qui succéda à Taft en 1913, devint hostile à l'administration Huerta qui continuait la politique de Diaz en faveur de capitalistes européens. Au cours de l'été 1913 il rappela son ambassadeur Henry Lane Wilson et plaça l'embargo sur la vente des munitions au Mexique, envoya John Lind à Mexico pour prier Huerta de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Lors de l'élection qui eut lieu en octobre, Huerta ne se présenta pas mais déclara que la majorité des électeurs avait malgré tout voté pour lui. Le président Wilson annonça qu'il fallait le renverser de force et en l'embargo sur les armes fut levé en faveur des constitutionalistes, opposés à Huerta. Sous le prétexte de protéger ses concitoyens mais en réalité pour empêcher la livraison d'armes et de matériel militaire pour les troupes fédérales et apprenant l'arrivée à Veracruz du navire marchand allemand Ypiranga chargé de munitions, il fit débarquer les marines le à Veracruz, port qui fut défendu par les cadets de la marine mexicaine et les habitants du port[5]. Il y eut de plusieurs révoltes contre Huerta, comme celles menées par Zapata, Francisco Villa, et Venustiano Carranza. Après les défaites de ses troupes à Torreón, Zacatecas, Orendáin, la situation de Huerta devenant désespérée il nomme un gouvernement provisoire chargé de négocier avec les rebelles. Il renonce formellement à la présidence le . Le par le traité de Teoloyucán (es) l'armée fédérale se rendit aux constitutionalistes.

Exil[modifier | modifier le code]

Il s'exila d'abord en Angleterre, puis en Espagne et enfin aux États-Unis. En Espagne et à Washington, il négocia avec des agents allemands afin d'obtenir l'appui de Guillaume II d'Allemagne en vue d'un coup d'État. Le Kaiser lui aurait promis la restitution des territoires perdus en 1848 contre une action militaire mexicaine dans le Sud des États-Unis. Il fut arrêté à Newman le avec Pascual Orozco, accusé de conspirer et de violer les lois de neutralité des États-Unis. Après un séjour dans une prison militaire, il fut libéré sous caution avec obligation de rester chez lui, car il risquait de fuir au Mexique. En résidence surveillée, il continua de s'adonner à la boisson et succomba, selon la version donnée par les autorités américaines, aux conséquences de son addiction à l'alcool le à El Paso.

Son alcoolisme notoire, sa toxicomanie (Huerta était un grand fumeur de marijuana), son apparence physique, ses éternelles lunettes noires, sa redingote ainsi que sa manière de marcher, lui valurent les moqueries de ses adversaires qui le surnommèrent cucaracha (cafard). En 1913 quelques strophes de la vieille (elle date des guerres entre maures et chrétiens d'Espagne) chanson homonyme furent composées pour lui. Il reste de lui l'image du traître dans toute sa vilénie, mais aussi celle d'un homme qui ne se laissa pas intimider par les États-Unis.

Jorge Vera Estañol qui fut pendant quelques mois son ministre de l'Instruction publique et qui le connaissait bien porte le jugement suivant sur Victoriano Huerta :

« Âgé de soixante et un ans, très robuste et ayant une très grande résistance aussi bien au travail qu'aux excès de toute sorte, il était (en temps normal du moins) d'un intelligence vive, malicieuse, perspicace. Militaire dans l'âme, c'était un homme d'action, ferme dans ses décisions (là encore dans ses périodes normales). Mais il était égoïste, imperméable à la notion de devoir et d'une ambition sans bornes. Il ignorait, ou méprisait, toute initiative individuelle ou sociale indépendante de sa volonté. En outre il était fourbe et même machiavélique, arbitraire, brutal, dissolu et par-dessus le marché alcoolique, avec par conséquent des états intermittents d'aboulie et d'inhibition. Tout ceci, amplifié sous l'effet du pouvoir, faisait de lui au sein du gouvernement l'élément de dissolution par excellence. »

Numismatique[modifier | modifier le code]

En 1914 à Cuencamé (es) dans l'État de Durango fut frappé sous l'autorité des généraux partisans de Francisco Villa, Calixto Contreras Espinoza (1867-1918) et Severino Ceniceros (1880-1937), un peso d'argent (qui permettait de payer les soldes des troupes villistes en monnaie fiable et non en pesos « papier » sans valeur) portant le slogan Muera Huerta (mort à Huerta).

Il est à ce jour la seule pièce de monnaie demandant la mort de quelqu'un.

Huerta avait fait condamner à mort toute personne surprise avec cette pièce en sa possession.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les historiens sont divisés quant à sa date de naissance et son nom de famille maternel. Bien que quelques sites officiels de l'État de Jalisco et du gouvernement du Mexique et des historiens mexicains comme Fernando Orozco Linares donnent comme date de naissance 23 mars 1854, et comme nom de famille de sa mère Ortega, l'enregistrement de baptême de Colotlán, et le site officiel du gouvernement de Colotlán donnent le date de naissance comme 22 décembre 1850 et le nom de sa mère comme Márquez. L'enregistrement de son mariage à Ciudad de Mexico et le enregistrement de sa mort à El Paso confirment le nom de sa mère comme Refugio Márquez.
  2. Plana 1993, p. 31.
  3. John S D Eisenhower, Intervention!: the United States and the Mexican Revolution, 1913-1917, New York : W.W. Norton, 1993 (OCLC 27810807).
  4. John Womack, Emiliano Zapata et la révolution mexicaine, La Découverte,
  5. Kenneth J Grieb, The United States and Huerta, Lincoln, University of Nebraska Press, 1969 (OCLC 22535).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) Lucas Alamán, Historia de México desde los primeros movimientos que prepararon su independencia en 1808 hasta la época presente, México D.F., Fondo de Cultura Económica, .
  • (es) Carmen Blázquez Domínguez, Veracruz, una historia compartida, Mexico, Gobierno del Estado de Veracruz, Instituto Veracruzano de Cultura, , 369 p. (ISBN 968-6173-60-9).
  • (es) Luis Garfias Magana, Guerrilleros de México : Personajes famosos y sus hazanas, desde la Independencia hasta le Revolución mexicana, México D.F., Panorama, , 138 p.
  • (es) Luis Pazos, Historia sinóptica de México : de los Olmecas a Salinas, México D.F., Diana, , 165 p. (ISBN 968-13-2560-5).
  • Manuel Plana (trad. Bruno Gaudenzi), Pancho Villa et la révolution mexicaine, Casterman, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]