Via Tolosana
La via Tolosana (ou « voie toulousaine ») est le nom latin d'un des quatre chemins principaux en France pour le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Tracé le plus au sud des quatre, il passe par Toulouse, d'où son nom, mais son point de rassemblement et de départ se situe à Arles d'où son autre nom de chemin d'Arles (via Arletanensis).
La via Tolosana traverse le pays d'étape en étape ; elle franchit les Pyrénées et la frontière au col du Somport. Côté espagnol, le chemin continue sous le nom de Camino aragonés jusqu'à l'étape de Puente la Reina. La jonction se fait alors avec le Camino navarro[1], qui n'est autre que la continuité des trois autres chemins principaux partis de France : la via Turonensis, la via Lemovicensis et la via Podiensis. De là, le chemin se poursuit sous le nom de Camino francés jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice.
La via Tolosana est balisée en tant que sentier de grande randonnée n° 653 (GR 653).
Historique et contexte des chemins de Compostelle
Le Codex Calixtinius d'Aimery Picaud
D’après le Chapitre Premier du Guide du Pèlerin d’Aimery Picaud, quatre routes mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle :
- la via Turonensis, au départ de Paris, en passant par Tours
- la via Lemovicensis, au départ de Vézelay, en passant par Limoges
- la via Podiensis, au départ du Puy-en-Velay, en passant par Cahors
- la via Tolosana, au départ d'Arles, en passant par Toulouse
Les trois premières voies se réunissent en amont d'Ostabat au carrefour de Gibraltar, puis traversent les Pyrénées par le col de Roncevaux en prenant le nom de Camino navarro. Elles rencontrent à Puente la Reina, en territoire espagnol, la quatrième voie qui a franchi les Pyrénées plus à l'est par le col du Somport. De là, un itinéraire principal conduit à Saint-Jacques : le Camino francés.
Les renseignements du Guide du Pèlerin sont bien sommaires ; à chacun de faire son chemin. De nos jours, le balisage permet une meilleure préparation du voyage.
Description générale historique
Au départ d'Arles, la via Tolosana ou via Arletanensis, qu’Aimery Picaud dans le Guide du Pèlerin nomme via Aegidiana (la route de Saint-Gilles) accueillait les jacquets venus d'Italie, des Alpilles et de Provence, mais servait également, en sens inverse, aux romieux venus d'Espagne ou de France qui se rendaient à Rome en empruntant, du côté italien, la via Francigena.
Son nom est lié à celui de la capitale de la dynastie comtale des Saint-Gilles, qui joua, au XIIe siècle, un rôle majeur sur les terres de langue d'oc.
Riches d'histoire et unies par une même langue, celle des troubadours, ces terres virent s'épanouir une des plus brillantes civilisations du Moyen Âge, comme en témoignent, à côté des vestiges de l'antiquité romaine, cités, monastères et églises romanes qui jalonnent le tracé de cette voie du sud, et les dominant, les châteaux et les fiefs témoins de la tragédie cathare.
Elle était précédée par la Via Domitia – Chemin de Compostelle, qui va du col de Montgenèvre à Arles, en passant par Sisteron, Apt, appelée aussi la Via Francigena ainsi nommée par les Italiens puisqu'elle passe en France.
Il y avait aussi un chemin parallèle, le chemin du piémont pyrénéen ou « el cami deu pé de la coste » et qui passe par Saint-Bertrand-de-Comminges, pour rejoindre le col du Somport.
Tous ces chemins empruntaient « el Camino aragones » pour rejoindre « el Camino francés » à Puente la Reina.
Guide du Pèlerin d'Aimery Picaud
Au XIIe siècle, dans son Guide du Pèlerin, Aimery Picaud apporte les informations suivantes :
Chapitre premier
Les Chemins de Saint-Jacques
« Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule à Puente la Reina, l’une passe par Saint-Gilles (du Gard), Montpellier, Toulouse, et le Somport, (...) »
Chapitre IV
Corps saints qui reposent sur la route de Saint-Jacques et que les Pèlerins doivent visiter.
Tout d’abord ceux qui vont à Saint-Jacques par la route de Saint-Gilles, doivent rendre visite à Arles, le corps du bienheureux Trophime, confesseur, sa fête se célèbre le 29 décembre, (...), le corps du bienheureux Césaire, évêque et martyr, sa fête se célèbre le 1er novembre, (...) et dans le cimetière de la même ville les reliques de l’évêque saint Honorat, son office solennel se célèbre le 16 janvier, le corps du très saint martyr Genès. Il faut aussi rendre visite avec des égards très attentifs au corps vénérable de saint Gilles, pieux confesseur et abbé, (...) (à Saint-Gilles-du-Gard).
Ils doivent rendre visite au corps du bienheureux confesseur Guillaume, le très saint porte-enseigne (...) du roi Charlemagne, (...), dans la vallée de Gellone (à Saint-Guilhem-le-Désert). Sa fête se célèbre le 28 mai.
Sur la même route, il faut rendre visite aux corps des bienheureux martyrs Tibère, Modeste et Florence, (...) (à Saint-Thibéry) ; on les fête le 10 novembre.
Il faut aussi, sur la même route, aller vénérer le très saint corps du bien heureux Sernin, évêque et martyr (...) de la ville de Toulouse ; (…) ; sa fête se célèbre le 29 novembre.
Conclusion
Il n'existe pas de « chemin historique » à proprement parler. Rien n’atteste dans certains cas le passage des pèlerins. Si ce n’est que la présence d’un corps saint, souvent lié à un pèlerinage local, comme celui de saint Lizier ou Saint-Bertrand-de-Comminges. Tous les deux sur « el cami deu pé de la coste »,
Peu d’Hôpitaux Saint Jacques, contrairement à la Via Podiensis, encore moins de Confrérie datant de la grande période du Pèlerinage, XIe – XIIIe siècle. Par contre quelques rares témoignages datant des XVIe – XVIIe siècles, mais à cheval.
Le chemin principal actuel
Bouches-du-Rhône
- Arles, l’église Saint-Trophime, le cloître Saint-Trophime, l’église Notre dame de la Major, le couvent des Cordeliers, le théâtre antique, l'amphithéâtre, sans oublier les Alyscamps, chers à Aimery Picaud.
Gard
Hérault
- Lunel
- Castries
- Montpellier, la cathédrale Saint-Pierre, le quartier Écusson
- Aniane, son abbaye, et le Pont du Diable
- Saint-Guilhem-le-Désert, son abbaye
- Saint-Jean-de-la-Blaquière
- Usclas-du-Bosc, ses 52 stèles funéraires discoïdales, du XIIe siècle
- Saint-Privat, le prieuré de Grandmont
- Lodève, la cathédrale Saint-Fulcran
- Joncels, son abbaye
- Lunas, son château-fort
- Le Bousquet-d'Orb, l'église de Saint Martin
- Saint-Gervais-sur-Mare
- Bédarieux, l'église Saint Alexandre, l’église Saint Louis
- Le Poujol-sur-Orb
- Olargues ; autre Pont du Diable
Tarn
- Murat-sur-Vèbre
- Fraisse-sur-Agout (Hérault)
- La Salvetat-sur-Agout (Hérault)
- Anglès
- Brassac
- Burlats, l’ancienne collégiale Saint-Pierre
- Castres, et ses maisons sur l’Agout
- Soual
- Dourgne, et ses abbayes
- Sorèze, l’ancien hôpital Saint-Jacques
Haute-Garonne
- Revel, ses halles
- Montmaur (Aude)
- Saint-Félix-Lauragais, l’église Saint-Félix
- Les Cassés (Aude), ses stèles
- Seuil-de-Naurouze
- Montferrand (Aude)
- Villefranche-de-Lauragais, bastide du XIIe siècle
- Baziège, l’église Saint-Étienne
- Escalquens
- Labège
- Toulouse, la basilique Saint-Sernin, la cathédrale Saint-Étienne, l’église Notre-Dame du Taur, la basilique de la Daurade, l'église des Jacobins et son cloître, le Couvent des Augustins, l’Église Saint-Pierre des Cuisines, l'église Saint-Aubin, l'église Saint-Nicolas, l'église Notre-Dame de la Dalbade, la place du Capitole, la salle des Illustres, et l’Hôpital de La Grave.
- Colomiers
- Pibrac
Gers
- L'Isle-Jourdain, l'ancien Hospice Saint-Jacques
- Gimont, l’abbaye de Planselve, l'église Notre Dame de Gimont
- Aubiet
- l'Isle-Arné
- Auch, la cathédrale Sainte-Marie
- Barran, l'église Saint Jean-Baptiste
- L'Isle-de-Noé
- Montesquiou, l'hôpital Saint-Blaise
- Bassoues
- Marciac
Hautes-Pyrénées
Pyrénées-Atlantiques
- Anoye
- Morlaàs, l'église Sainte-Foy
- Lescar
- Lacommande, l'église Saint Blaise
- Oloron-Sainte-Marie, la cathédrale Sainte-Marie, l'église Sainte-Croix ; branche vers la jonction des 3 autres chemins français à Ostabat, via L'Hôpital-Saint-Blaise
- Lurbe-Saint-Christau
- Escot
- Sarrance, Notre-Dame de Sarrance
- Accous
- Lescun
- Le col du Somport
La variante par Carcassonne
Hérault
- Pézenas, l’hôtel consulaire, la maison des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem
- Saint-Thibéry
- Béziers, la cathédrale Saint-Nazaire, l’église Saint-Jacques, l’église de la Madeleine et le canal du Midi
Aude
- Narbonne, la cathédrale Saint-Just, l'ancien palais des archevêques et la basilique Saint-Paul-Serge
- L'Abbaye Sainte-Marie de Fontfroide
- Lézignan-Corbières
- Trèbes
- Carcassonne, l’église Saint-Nazaire et ses fortifications
- Pezens, la chapelle Sainte-Madeleine
- Villesèquelande, sa maison presbytérale du XIIe siècle
- Sainte-Eulalie
- Bram
- Saint-Papoul, l’ancienne abbaye bénédictine
- Castelnaudary, la collégiale Saint-Michel
- Montferrand et le site d’Elusiodonum
Haute-Garonne
Notes et références
- Suivant les interprétations, le Camino navarro prend son nom à l'entrée en Basse-Navarre ou à la jonction d'Ostabat ou à Saint-Jean-Pied-de-Port ou au passage de la frontière espagnole.