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C'est après la première guerre mondiale, à l'orée de la cinquantaine, que Coty se lance en politique, s'engageant pour cela dans une stratégie de contrôle de la presse en mettant à contribution sa grande fortune personnelle. Georges Bernanos a résumé l'engagement politique de François Coty d'une formule : « c'est un Birotteau qui se prend pour un César »45,46,47. Nationaliste, antiparlementaire, admirateur de Mussolini, anticommuniste et 48,49,50 et xénophobe, Coty subventionne diverses organisations avant de finir par fonder son propre mouvement, la ligue Solidarité française51.


Stratégie électorale en Corse[modifier | modifier le code]

François Coty a d'abord des ambitions politiques dans son île natale, la Corse (kupfelman p. 79). En 1919, les grandes lignes du projet qu’il a conçu pour tirer l’île de son sous-développement et assurer sa prospérité sont publiées dans Le Petit Bastiais53. Le projet adresse trois secteurs d’activité : l’industrialisation, le tourisme et la formation, avec également la création à Paris d’une « Maison de la Corse »54.

En 1921, il crée le quotidien L'Éveil de la Corse52.

En 1923, Coty est élu sénateur de la Corse mais l'année suivante, son élection est invalidée par la Sénat62 après contestation de son adversaire qui lui reprochait des faits de corruption et l'implication du brigand Nonce Romanetti dans sa campagne63,64,65,66. L'annulation de huit suffrages provoque l'invalidation de l'élection67,68. En 1931, Coty est élu maire d’Ajaccio. Son secrétaire politique est Antoine Leandri. [retrouver référence expliquant qu'il n'y joue pas un rôle actif, car pris désormais par ambitions nationales]


Patron de presse[modifier | modifier le code]

En février 1922, il acquiert le journal Le Figaro et l'installe rond-point des Champs-Élysées. D'après Claire Blandin, il commence par le moderniser et le relancer (20 000 exemplaires en 1921 ; 50 000 en 1928)55. En 1925, il nomme Lucien Romier rédacteur en chef du Figaro, mais se sépare de lui deux ans plus tard. Le journal adopte une ligne éditoriale résolument à droite. A partir de la mort de Robert de Flers, François Coty opère un changement de ton, utilisant le journal comme une tribune de combat (défense du fascisme italien, soutien au régime nazi contre le communisme, dénonciation de prétendus complots occultes), adopte d'après Laurent Joly « une ligne éditoriale sinueuse au service de l'« intérêt national », mais aussi de ses propres entreprises. ». Sur une suggestions de Paul Bourget il renomme le journal « Figaro » (de 1929 à 1934), reprenant le nom que lui avaient donné ses fondateurs. Ces évolutions font perdre des électeurs au journal. D'après Pierre Milza, il ne reste qu'une dizaine de milliers de lecteurs en 1933 lorsque Coty perd le contrôle du quotidien57.

Il rachète plusieurs journaux de province43, dont en 1928 Le Gaulois, qu’il fusionne avec Le Figaro77,63.

La même année, il fonde le quotidien L'Ami du peuple, dont les bureaux sont installés rue Drouot. Destiné aux classes populaires, L'Ami du peuple est vendu moins cher que les autres journaux, ce qui lui vaut un procès retentissant intenté par le distributeur parisien exclusif Havas et les 5 plus grands quotidiens79. Déboutés, ceux-ci seront condamnés à lui verser deux millions de dommages-intérêts. L’Ami du peuple est constamment surveillé par le monde politique et la presse, il dérange la droite et inquiète la gauche.


Laurent Joly estime que François Coty donne à l'activisme antisémite et xénophobe une médiatisation exceptionnelle grâce à la force de frappe de son quotidien80. Principal rédacteur de L'Ami du peuple, Urbain Gohier sert également de secrétaire particulier et de « nègre » à l'industriel, en particulier dans le cadre d'une campagne de presse coorganisée avec l'avocat nationaliste Jacques Ditte et menée du 8 au 29 février 1932. Le riche parfumeur signe ainsi six articles de Gohier qui exploite la théorie du complot judéo-bolchévique en fustigeant les « financiers qui mènent le monde », « la finance judéo-germano-américaine, complice des Soviets. » Coty poursuit sur le même ton dans Le Figaro en avril 193281.

En mars 1932, Jacques Ditte se déclare candidat à Paris lors des élections législatives et tonne dans L'Ami du peuple « contre les magnats de la haute finance "Judéo-Germano-Américaine" », campagne dénoncée comme xénophobe et antisémite par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme. Bernard Lecache, fondateur de la LICA, déclare en avril 1932 : « Nos pères ont eu Drumont, et nous avons Coty83. » Ralph Schor dénombre plus de 400 articles sur les étrangers publiés dans L'Ami du peuple entre 1928 et 1937, avec un pic en 1931 et le début de la crise économique (plus de 70 articles), fréquence sans équivalent dans la presse de l'époque, même à L'Action Française84. Par conséquent, Laurent Joly et Rita Thalmann qualifient L'Ami du peuple de « journal le plus xénophobe de son temps85 », « véritable anthologie xénophobe et antisémite »86. Zeev Sternhell estime que le quotidien, avec 600 000 exemplaires vendus en 1933, joue un rôle fondamental « dans la formation du climat politique de l'époque » qui débouchera après la défaite de 1940 sur l'antisémitisme d'État du régime de Vichy87. Le publiciste Henry Coston rééditera en avril 1938, dans un numéro spécial de La Libre Parole, plusieurs articles signés par Coty durant la campagne de 1932, tout en le félicitant d'avoir soi-disant pressenti « l'avènement de la judéo-maçonnerie au pouvoir88. ».

Au début des années 1930, en conclusion d'une édition des Protocoles des Sages de Sion (« Le Péril juif, texte intégral des Protocoles des Sages de Sion, la bible moderne de la juiverie », Les Cahiers Politiques, avec une note de François Coty)89, il lance un appel aux Français : « Maintenant que vous connaissez le plan juif, qu’allez-vous faire ? Laisserez-vous votre patrie, votre famille, votre personne tomber sous la tyrannie juive ? Réfléchissez et si vous êtes un homme courageux, venez à nous. »90.


Soutien à différents mouvements et création de la Solidarité Française[modifier | modifier le code]

En parallèle de sa stratégie de contrôle de la presse, François Coty soutient et subventionne différents mouvements. L'historien Pierre Milza présente Coty comme le principal financier de « l'ultra-droite des années trente », dans le cadre d'un engagement « dans la voie du putschisme fascisant »96.

D'après Eugen Weber et Robert Soucy, entre 1924 et 1928, il a donné deux millions de francs au mouvement monarchiste Action française69,70. Il contribue également, selon Zeev Sternhell et Robert Soucy, à hauteur d'un million de francs au Faisceau de Georges Valois70,71, Yves Guchet estimant toutefois que les sources exploitées par ces deux historiens ne permettent pas de faire la lumière sur le montant exact de ce financement72.

Jean d'Orléans, « duc de Guise », prétendant orléaniste au trône de France de 1926 à 1940, fit appel à lui pour servir de conseiller à son fils Henri d'Orléans, titré « comte de Paris » en 192973. Il offrit en cadeau de mariage (avril 1931) à Isabelle d'Orléans-Bragance, future « comtesse de Paris », « qu’il considère comme la future reine de France, un magnifique diadème de feuillages en diamants sertis de sept grosses émeraudes cabochon »74.

En 1927, à la suite du scandale des décorations mettant en cause le haut fonctionnaire Ruotteil, Coty soutient financièrement la création de l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie (faits de guerre et d'héroïsme civil) de Maurice d'Hartoy, qui s’installe dans les locaux de Figaro. L'association sera par la suite absorbée par le mouvement regroupant des anciens combattants français décorés de la Croix de guerre 1914-1918 les Croix-de-feu. François Coty apporte son soutien financier à la création de cette dernière organisation en 1927 et met à sa disposition des locaux dans l'immeuble du Figaro75,76.

François Coty se déclare bonapartiste91, nationaliste, fervent défenseur d'une République forte avec une prépondérance du pouvoir exécutif et l’usage de référendums, il regrette le rôle excessif du parlement, la centralisation et l’étatisme. Pour faire connaître ses idées politiques il rédige deux ouvrages : Contre le communisme, Grasset, 1928 et en 1931 Sauvons nos colonies, le péril rouge en pays noir, Grasset, 193179.

Fred Kupferman décrit François Coty entouré de courtisans, de parasites, d’aigrefins, mené en bateau par des politiciens plus aguerris que lui, homme seul43. Au printemps 1933, déçu par ceux qu'il soutient financièrement ( notamment après avoir accordé un prêt de 100 millions de francs au gouvernement de Gaston Doumergue pour créer un fonds de stabilisation de la monnaie française, avant d'être malgré cela exclu du groupe désigné pour superviser le fonds92), l'industriel fonde alors son propre mouvement : la Solidarité française63,65, dont le nombre d'adhérents, difficile à évaluer, se monte probablement à « plusieurs dizaines de milliers » en 1933-1934, chiffre que l'historien Gilles Lahousse estime « comparable à celui des disciples de Pierre Taittinger plus qu'à celui des partisans de Marcel Bucard »93. Coty publie dans le même temps, le 24 mars 1933, dans L'Ami du peuple un « programme global » intitulé La Réforme de l'État65. L'industriel y propose de renforcer le pouvoir du président de la République, dans la limite des traditionnelles fonctions régaliennes. La Solidarité française tranche avec les autres mouvements politiques de droite en réclamant une élection présidentielle au suffrage universel direct masculin et féminin, en sus d'un « vote familial » incluant le vote des enfants par l'intermédiaire du chef de famille100. La Solidarité française se distingue comme l'une des plus virulentes ligues lors de l'émeute antiparlementaire du 6 février 193494 ; chez les dirigeants des ligues, « seul Coty, en sécurité et loin du champ d'action, semble prêt pour un putsch », d'après l'historien Richard Millman95.En mai 1934, Coty soutient la création du Front national par la Solidarité française97.

À compter de 1934, après la mort de Coty, le mouvement se radicalise sous l'impulsion de son successeur Jean Renaud en s'orientant « vers un activisme de plus en plus fascisant », indique Lahousse98. Jean Renaud « poursuivra les campagnes de dénonciation de la « tyrannie judéo-bolchévique » lancées par Coty dans sa presse », précisent Pierre-André Taguieff et Annick Duraffour99.

François Coty s'éteint à Louveciennes, des suites d'une double congestion pulmonaire23, le 25 juillet 1934, âgé de soixante ans103. Il est inhumé dans le cimetière de Montbazon, puis transféré à Ajaccio vers la fin des années 1960. Il repose dans l'ancien cimetière marin U Campu Santu di u Canicciu.

[ici parler divorce et difficultés financières]

Au total, selon Patrick Éveno, Le Figaro et Le Gaulois font perdre une centaine de millions à François Coty, à comparer avec les 500 millions que lui coûte L'Ami du peuple et les 425 millions de son divorce58,60.