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Ex nihilo est une expression latine signifiant « à partir de rien ». Elle est souvent utilisée en conjonction avec un terme exprimant une idée de création, comme dans « création ex nihilo », signifiant littéralement « création à partir de rien », par opposition à une « creation ex materia », création à partir d'un matériau ou d'un substrat préexistant.

Cette expression apparaît dans la formulation « ex nihilo nihil fit », « rien ne vient de rien », et se retrouve en science avec le premier principe de la thermodynamique (conservation de l'énergie).


Signification linguistique[modifier | modifier le code]

Cette expression a pour équivalent anglais from scratch, employée notamment dans le jargon de la programmation informatique, comme dans Linux From Scratch.

Le secteur touristique utilise également cette expression dans la désignation de tourisme hors sol par exemple des stations de ski ex nihilo.

La révélation notion théologique Notion biblique

Le premier récit de la création (Gn 1, 1 - 2, 4a): "Le Sitz im Leben de la théologie de la création est une théodicée" (tentative de répondre à l'expérience du mal). Tradition sacerdotale (P). Pas d’imposition précipitée d’un modèle métaphysique ex nihilo. Le concept "métaphysique" d'une production artisanale de la totalité de l'univers n'est pas absent de la génération 1 mais est subordonné à l'approche de la création en tant qu'"arrangement", ordre, transformation du chaos initial dans le cosmos.

La foi des Pères de l'Eglise en une création ex nihilo

La création ex nihilo: Sg 11,17: “créer le monde d’une matière sans forme”, semblait confirmer l’idée d’une matière préexistante. Ainsi, Saint Justin Martyr défend la continuité du platonisme et du christianisme (Apologia prima), se référant à la “matière invisible et informe” de Gn 1,2. Mais déjà la Pasteur d’Hermas s’oriente vers la création ex nihilo; ek tou mê ontos eis to einai. Cf. Titien, dans son Discours aux Grecs (la matière n’est pas anarchique comme Dieu). Théophile d’Antioche, “ex ouk ônton” (Discours d’Autolyque). Hyppolite de Rome (Confutation des Hérésies), rien n’est synchronos au Dieu tout-puissant. Enraciné dans la parole de Dieu et la réflexion doctrinale. Admettre une matière coéternelle  à Dieu reviendrait à lui donner un statut divin pour Tertullien (Contre Hermogène). Secundo, si Dieu n’est pas le créateur de la matière, il n’en est pas le souverain. Tertio, il convient d’attribuer à Dieu ce dont les hommes ne sont pas capables (Irénée de Lyon, Contre les Hérésies). La conséquence de la création ex nihilo est l’affirmation de la bonté de celle-ci; d’autre part, Saint Augustin doit aussi faire remonter les ‘idées’ de Platon en Dieu.

Approche scientifique

Ni la théorie du Big Bang ni la synthèse évolutionnaire moderne ne part d'une hypothèse ex nihilo, c’est-à-dire qu'elles présupposent un état antérieur et « ne partent pas de rien » . Elles ne proposent aucun mécanisme pour l'origine ex nihilo de l'énergie ou de la matière. Elles sont de ce point de vue différentes non seulement des croyances abrahamiques, selon lesquelles le monde, la Terre et la vie proviendraient d'un acte créateur inimitable de Dieu, mais aussi de spéculations scientifiques proposant une première cause, sinon divine, d'un autre type.

La création ex nihilo (Latin : à partir du néant) semble peu probable de par l'expérience quotidienne, et viole le principe de conservation d'énergie et de matière (« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »).

Cependant, la mécanique quantique permet d'envisager la création spontanée d'énergie à partir du vide, tant que le principe d'incertitude n'est pas contredit (habituellement, par annihilation spontanée des particules créées, cf. le décalage de Lamb). Ceci pourrait être un moyen par lequel la création ex nihilo se réalise, mais on ne peut actuellement expliquer cette forme de création, ni même prouver qu'elle est nécessaire. Julian Barbour suggère que la réalité termine simplement au point alpha, ce qui devrait être accepté comme un fait, de la même façon que l'Angleterre aboutit à la mer à Land's End, sans que cela requière une explication.

L'objection de Lavoisier

Dieu peut-il faire quelque chose de rien est-ce contradictoire? Saint Thomas répond que créer est possible parce que nécessaire et qu'il est impossible que les choses soient autrement: ab esse ad posse valet consequentia. Les objections viennent d’une imagination de la création sur le mode de la génération. Ex nihilo nihil fit (Lavoisier). S’imaginer la création comme un passage du non-être à l’être est une illusion mentale pour Saint Thomas. Pour un changement, il faut un même sujet dans deux états différents à deux moments successifs. La création est un devenir sans mouvement, instantané, et non un processus temporel.

L'objection chronologique

Si avant la création, il n’y avait rien, il y a un avant, donc un début. Mais Saint Thomas dit que ce serait confondre une création ex nihilo et une création post nihilo.   Q. 46, a.2.

La création ex nihilo, pierre angulaire de l'histoire de la philosophie (a.2): Si faible que soit son contenu ontologique (entité indéterminée au pouvoir pur par rapport à la forme), la matière première dépend de l’Etre subsistant. Saint Thomas décrit l’histoire de la philosophie fondamentale en trois étapes


La création monétaire ex nihilo

On parle aussi de création ex nihilo pour la création monétaire fiduciaire (par la banque centrale) ou scripturale (par les banques commerciales) ; le crédit est une création monétaire ex nihilo[1]. Ainsi, le quantitative easing se traduit par un gonflement du bilan de la banque centrale - son actif augmentant avec les titres achetés, la monnaie utilisée pour le faire - qu'elle crée ex nihilo - se rajoutant à son passif.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Création monétaire ex nihilo », sur e-ducat.fr, (consulté le )