Utilisateur:Rjvr

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Spécialités

  • Linguistique française et espagnole
  • Traduction de l'Espagnol vers le Français
  • Sciences de l'information et des bibliothèques
- prédilection pour le catalogage de livres anciens


À la source : la langue (pour une défense de l'orthographe)

L'évolution d'une langue est constante à travers les siècles. Si à travers cette étude-là, les Français prenaient conscience des richesses insoupçonnées de leur langue, ils ne douteraient plus qu'elle est à la fois un garant de l'unité du pays et un témoin inattendu, alternatif de son Histoire, qui plus est des liens avec les autres peuples.

L'orthographe française, sans doute plus qu'aucune autre langue, rebute par ses règles les élèves comme les adultes. Parmi ceux-là pourtant, d'aucuns se passionnent, tels des mathématiciens ou scientifiques, pour des signes distincts (parfois plus compliqués à agencer, mais tout est relatif, n'est-ce pas ?) d'un langage proprement défini pour leur entente. Quel étrange paradoxe !

Même un monde désormais informatisé jusque « sul bout des douas [1] » ne peut encore se priver de rigueur en orthographe. Autrement, ce seront des confusions de patronymes ou de noms de lieux, soit des impôts à payer pour untel, ou un "non décès" à prouver, ou encore des vacances gâchées. Pour une lettre en moins ou un tiret oublié, combien de temps et d'argent perdus ? Qui a entendu déjà des secrétaires dire dans ces cas-là que c'était de la faute de l'ordinateur... Ah ! mais qui avait entré les données au préalable ?

La simplification de l'orthographe reste un moyen détourné pour excuser le moindre effort, pour entretenir la flemmardise carabinée de fidèles adeptes. Et plus grave encore, pour mieux certifier des professeurs ayant eux-mêmes de grosses lacunes. Pas de quoi être fiers en définitive. Le cycle infernal est mis en place pour une décadence totalement normalisée de la langue en France, avec des retombées toutes aussi directes dans les écoles étrangères.
Cette préoccupation ne vaut pas pour une censure, ni une privation de liberté avec la langue, par exemple pour des jeux de mots. Ceux-ci au contraire ont mis sans cesse en avant une spécificité et une souplesse ludique de la langue par rapport à des langages mathématiques ou informatiques plus rigides et rébarbatifs. Il est donc vain de prétexter toujours qu'une langue évolue et que par conséquent il n'y a rien de grave à écorcher tel nom ou tels signes dans une phrase. Ce prétendu argument ne tient pas, même si l'évolution des mots tient aussi, il faut le reconnaître, à une loi dite du moindre effort.

Internet -en particulier les forums de discussions- offre un vivier de vilaines perles. Elles traduisent dans l'exemple ci-après une confusion affligeante des sons, des verbes et des temps de conjugaison (Ils ont était au ciné.) ; et à ce propos leurs auteurs ne semblent avoir pas eu d'enseignement élémentaire. Par ailleurs pour le même exemple cité, il ressort souvent des demandes d'explication que les auteurs avaient en plus un souci de "rapidité" lors de l'écriture avec le clavier. Cinq lettres pour « était », trois pour « été... »
La richesse de la langue française est extraordinaire, et ne finira pas de surprendre -en bien ou en mal- uniquement par des mots homonymes. Il est important également de tordre le cou à des idées reçues, et pour lesquelles bon nombre de Français ne démordent pas. Concernant un envahissement du Français par l'Anglais, j'aimerais recommander la lecture du savoureux Dictionnaire des mots d'origine étrangère, par Henriette et Gérard Walter. Dans la partie introductive, l'un des chapitres rend compte des « allers et retours » effectués par les mots anglais et français, ainsi que de leurs influences diverses au cours du détour.

Ainsi ai-je appris, entre autres, que le mot « sport » fut formé par l'Anglais à partir de l'ancien Français deport, qui avait alors le sens de "passe-temps." Puissions-nous avoir autant de ressort pour ne plus simplement dénigrer de si hauts faits de langue !

Rjvr, le 1er novembre 2007

Note :
1. Raymond Queneau, L'Instant fatal, "Maigrir". 1948