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Trebitsch-Lincoln, Ignaz
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Ignatius Timothy Trebitsch-Lincoln, vers 1915
Naissance
Paks, Hongrie
Décès (à 64 ans)
Shanghaï, Chine
Profession


Ignatius Timothy Trebitsch-Lincoln (hongrois : Trebitsch-Lincoln Ignác, allemand : Ignaz Thimoteus Trebitzsch; 4 avril 1879 - 4 octobre 1943) est un aventurier hongrois, condamné comme escroc. D'origine juive, il a passé une partie de sa vie comme missionnaire protestant, prêtre anglican, député au Parlement britannique de la circonscription de Darlington, politicien de droite et espion allemand, collaborateur nazi et abbé bouddhiste en Chine.

Origines et enfance[modifier | modifier le code]

Ignácz Trebitsch, hongrois : Trebitsch Ignác(z) (changé ensuite pour Trebitsch Lincoln) est né en 1879 dans une famille juive orthodoxe dans la petite ville de Paks en Hongrie en 1879. Son père, Náthán Trebitsch, (hongrois : Trebitsch Náthán), était un marchand aisé qui faisait le transport des grains sur le Danube. Sa mère, Julia Freund, venait d'une famille juive prospère. La famille pratiquait un judaïsme traditionnel et sa mère eut quatorze enfants. Ignácz était le second des six fils survivants. Il alla à l'école élémentaire juive de Paks, où il reçut une éducation juive orthodoxe. Durant son adolescence il alla étudier quelque temps à Pressburg où il séjourna dans une famille juive germanophone. C'est là qu'il apprit la langue allemande, mais il parlera toujours cette langue avec un léger accent. Il démontrera tout au long de sa vie un grand talent pour l'apprentissage des langues. Après ce séjour, il rejoint sa famille qui s'installe à Budapest. Renonçant à poursuivre des études dans le domaine commercial, il décide de devenir acteur et s'inscrit à l'Académie royale d'art dramatique de Hongrie, [1]. Mais il connaît de nombreux démêlés avec la police pour des infractions de vol à la tire.

Carrière ecclésiastique[modifier | modifier le code]

En 1897, il fuit à l'étranger et on le retrouve à Londres, où il se lie à des missionnaires chrétiens et se convertit au christianisme. Il est baptisé le jour de Noël 1899 et il part étudier au séminaire luthérien de Breklum dans le Schleswig-Holstein, en Allemagne, pour entrer dans un ministère. Incapable de rester en place, il est envoyé au Canada afin de poursuivre une activité missionnaire auprès des Juifs de Montréal, d'abord pour les presbytériens et ensuite pour les Anglicans. Il retourne ensuite en Angleterre, en 1903, à la suite d'un différend à l'égard du montant de ses traitements.

Il fit changer officiellement son nom et devint Tribich Lincoln (ou I. T. T. Lincoln) en octobre 1904 et obtint la nationalité britannique par naturalisation, en mai 1909.[1]

Député au Parlement[modifier | modifier le code]

Trebitsch-Lincoln était capable par la parole de s'immiscer partout et de se lier à n'importe qui. Il fait connaissance avec l'archevêque de Cantorbéry, qui le nomme curé à Appledore dans le Kent, sa dernière fonction ecclésiastique. Peu de temps après, il rencontra Seebohm Rowntree, le chocolatier millionnaire et membre éminent du Parti libéral, qui lui offrit de devenir son secrétaire personnel. Grâce à l'appui de Rowntree, il fut choisi en 1909 candidat du parti libéral pour la circonscription électorale de Darlington dans le comté de Durham, même si à cette époque il était encore citoyen hongrois. Aux élections de janvier 1910, il bat le député conservateur dont la famille avait occupé le siège depuis des décennies. Toutefois, malgré cette glorieuse entrée en scène dans la vie politique, les députés n'étaient pas alors rémunérés et les problèmes financiers de Lincoln ne firent qu'empirer. Il fut incapable de conserver son siège lors de la seconde élection générale déclenchée en novembre 1910. Darlington redevint un fief conservateur.

Homme de confiance international[modifier | modifier le code]

Dans les années qui menèrent à la Première Guerre mondiale il s'engage dans diverses entreprises commerciales qui échoueront toutes, habitant durant un certain temps à Bucarest, espérant faire de l'argent dans l'industrie pétrolière. De retour à Londres et sans argent, il offre ses services au gouvernement britannique à titre d'espion. Il essuie un refus et part aux Pays-Bas où il prend contact avec les Allemands qui l'engagent comme agent-double.

Lors de son retour en Angleterre, il échappe de peu à une nouvelle arrestation et rejoint les États-Unis en 1915, où il prend contact avec l'attaché militaire allemand, Franz von Papen. Berlin intima à Papen l'ordre de ne pas entrer en relation avec lui. Lincoln vendit alors son histoire au New York World Magazine, qui fit paraître l'article sous le titre de "Revelation of I. T. T. Lincoln, Former Member of Parliament Who Became a Spy". Son livre Revelations of an International Spy fut publié à New York en 1916 par Robert M. McBride.

Le gouvernement britannique, désireux d'éviter tout embarras, engagea l'Agence Pinkerton pour retrouver le traitre. Il fut renvoyé en Angleterre, non pas pour espionnage, qui n'était pas couvert par l'accord d'extradition anglo-américain, mais pour fraude, ce qui était plus opportun dans les circonstances. Il passa trois ans dans la prison de Parkhurst sur l'Île de Wight et, en 1919, il fut libéré et déporté.

Allemagne et Autriche[modifier | modifier le code]

Réfugié sans un sou, Trebitsch-Lincoln fit peu à peu son chemin dans l'Allemagne de Weimar parmi l'extrême-droite et la frange militariste. Il fait ainsi connaissance notamment avec Wolfgang Kapp et Erich Ludendorff. En 1920, à la suite du putsch de Kapp, il est nommé censeur de la presse par le nouveau gouvernement. C'est à ce titre qu'il rencontra Adolf Hitler, qui partit de Munich, la veille du jour où le putsch échoua.

Avec la chute de Kapp, Trebitsch fuit vers le sud, de Munich à Vienne, puis à Budapest, nouant des intrigues tout au long de son périple, se liant à une ribambelles de factions politiques marginales, notamment l'internationale blanche, une libre association de monarchistes et de réactionnaires provenant de toute l'Europe. Se retrouvant en possession des archives de l'organisation, il s'empressa de vendre ces informations aux services secrets de divers gouvernements. Accusé de haute trahison en Autriche, mais acquitté, il fut déporté de nouveau.

Conversion au bouddhisme[modifier | modifier le code]

Trebitsch-Lincoln, alias Chao Kung

Il aboutit en Chine, où il trouve à s'employer sous trois différents seigneurs de la guerre, notamment Wu Peifu. Ayant supposément vécu une expérience mystique à la fin des années 1920, Trebitsch-Lincoln se convertit au bouddhisme et devient moine. En 1931, il devient abbé et établit son propre monastère à Shangaï. Les initiés étaient requis de livrer tous leurs biens à l'Abbé Chao Kung, (ch. 照空 pinyin: Zhào Kōng) comme il s'appelait alors. Il occupa également son temps à séduire les religieuses du monastère.

En 1937, il change de nouveau d'allégeance et rejoint cette fois l'Empire du Japon, produisant pour celui-ci de la propagande anti-britannique. Les sources chinoises soutiennent cependant l'inverse, soit qu'il écrivit de nombreuses lettres et articles pour la presse européenne condamnant les agression de l'Empire japonais en Chine. À la suite du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il prit contact également avec les Nazis, leur offrant de participer à des émissions de radio pour eux afin de soulever tous les bouddhistes d'Orient contre ce qui restait d'influence britannique dans la région. Le chef de la Gestapo en Extrême-Orient, le colonel SS Josef Meisinger, fit pression pour que ce projet reçoive une sérieuse attention. Il fut même sérieusement suggéré que l'on permette à Trebitsch-Lincoln d'accompagner des agents allemands au Tibet afin d'y poursuivre ce projet.

Heinrich Himmler était enthousiaste, comme l'était Rudolf Hess, mais ces projets n'aboutirent plus à rien après que ce dernier se fut envolé en Écosse en mai 1941. À la suite de cet événement, Hitler mit fin à tous ces projets pseudo-mystiques. Malgré tout, Trebitsch-Lincoln poursuivit sa collaboration avec les services de sécurité allemands et japonais jusqu'à sa mort en 1943 à Shanghaï.

Références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]