Utilisateur:Maimonid/brouillon

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Extension des morphismes et des places dans les anneaux intègres et les corps[modifier | modifier le code]

En mathématique, et plus précisément en algèbre commutative, une question fondamentale concerne la possibilité d'étendre les morphismes dans les anneaux. Plus précisément, si A et B sont deux anneaux intègres, et si A' est un anneau contenant A, comment étendre un morphisme φ de A dans B en un morphisme de A' dans une extension B' de B, ou tout au moins en une place de A' dans B' ∪ { } ? Un certain nombre de théorèmes fournissent une réponse complète à cette question.

Extension des morphismes dans les extensions transcendantes[modifier | modifier le code]

Considérons un anneau intègre A, et K son corps des fractions. Si S est un ensemble d'éléments transcendants algébriquement libres sur K, A[S] s'identifie à l'anneau des polynômes à plusieurs variables, indexées par les éléments de S.

Pour un tel polynôme P et un morphisme φ de A dans un corps F, on définit Pφ comme étant le polynôme de F[S], obtenu en appliquant φ au coefficients de P. L'assertion suivante se vérifie aisément :

L'application qui, à un élément P de A[S], fait correspondre l'élément Pφ dans F[S], étend le morphisme φ à l'anneau A[S]. Elle est de plus injective ou bijective, selon que φ est injectif ou bijectif.

Évidemment, cette extension n'est pas la seule : on peut la composer à gauche avec un automorphisme de A[S] dans A[S] pour produire une autre extension ; par exemple, si σ est une permutation des éléments de S et si Ψ est l'application qui, à un polynôme P(Xs, Xs', ...) associe le polynôme P(Xσ(s), Xσ(s'), ... ), alors Ψ est un automorphisme de A[S], et φΨ est une extension de φ.

Extension des morphismes d'anneaux intégralement clos[modifier | modifier le code]

Supposons que A est un anneau intègre intégralement clos, et que A' est un anneau d'entiers sur A. On se donne à nouveau un morphisme φ de A dans un anneau intègre B.

Théorème :

  1. Le morphisme φ possède une extension ͠φ en un morphisme de A' à valeurs dans un anneau d'entiers B' sur B.
  2. Si φ est injectif, toutes ses extensions à A' sont injectives.

Corollaire : Soit A un anneau intègre, K son corps des fractions, et L une extension algébrique de K. Si φ est un morphisme injectif de A dans un corps K', alors φ s'étend un un morphisme injectif du corps L dans une extension algébrique de K'.

Extension par localisation[modifier | modifier le code]

Un instrument important pour l'étude des extension de morphismes est la localisation d'un anneau en un idéal premier.

Si A est un anneau intègre et p est un idéal premier de A, alors la localisation de A en p, notée Ap, est le sous anneau formé par les éléments a/b du corps des fractions de A, où a et b appartiennent à A et b n'appartient pas à p. On démontre aisément que Ap est un anneau local, c'est à dire qu'il possède un unique idéal maximal : c'est l'idéal formé par les fractions du type a/b, où a appartient à p.

On a le théorème d'extension suivant.

Soit A un anneau intègre, et φ un morphisme de A à valeurs dans un anneau intègre B. On note p = φ-1(0). Alors p est un idéal premier de A, et φ s'étend en un morphisme de Ap à valeurs dans B.

Extension disjonctive[modifier | modifier le code]

Soit A un anneau intègre, et K son corps des fractions. On suppose que φ est un morphisme de A dans un corps F. Si x est un élément algébrique ou transcendant sur K, alors φ s'étend en un morphisme de A[x] ou de A[1/x], à valeurs dans une extension algébrique de F[1].

Extension des morphismes de corps[modifier | modifier le code]

Considérons deux corps K1 et K2, et un morphisme φ de K1 dans K2. Dans ces conditions, le morphisme φ est nécéssairement injectif, car si x ∈ K1 est différent de 0, alors φ(x1/x) = φ(1) = 1, donc φ(x) ≠ 0.

Si, à la place de considérer un morphisme de K1 dans K2, on considérait un morphisme de K1 dans un anneau intègre B, alors en remarquant que l'image de φ(K1) dans B est à un corps, le théorème suivant ne s'en trouverait pas altéré.

Théorème : Soit K un corps, et L une extension algébrique de K.

  1. Tout morphisme φ de K dans un corps K' s'étend en un morphisme de L dans une extension algébrique de K ; de plus, une telle extension est nécessairement injective si φ est injectif ;
  2. Si la dimension de L sur K est finie, alors le nombre de telles extensions est au plus égal à [L : K] ; il est exactement égal à [L : K] si et seulement si L/K est séparable.

Extension des morphismes et des places par les places[modifier | modifier le code]

Places[modifier | modifier le code]

Définitions et remarques[2][modifier | modifier le code]

Si K est un corps, une place de K est une application φ de K dans K' ∪ { }, où K' est un corps, vérifiant les propriétés suivantes :

  • φ(x + y) = φ(x) + φ(y) ;
  • φ(x y) = φ(x) φ(y) , pour tout (x,y) différent de (0,∞) ou (∞,0) ;
  • Il existe a et b dans K tels que φ(a) ≠ et φ(b) = .

Le symbole est astreint vérifier :

  • ∞ + x = x + ∞ = ∞ ;
  • x = x ∞ = ∞ ∞ = ∞ pour tout x dans K* ;
  • ∞ + ∞, ∞ 0 et 0 ∞ ne sont pas définis.

Dit un peu plus naïvement, une place est un "morphisme" qui est autorisé à (et doit) prendre des valeurs infinies. Les places s'imposent d'elles-même dans le cadres des extensions transcendantes d'un corps K. Supposons par exemple que X soit un élément transcendant sur K. Si a est un élément de K, la substitution X a définit un morphisme d'anneau entre K[X] et K. Malheureusement, on ne peut définir un tel morphisme de substitution dans le corps K(X) des fractions rationnelles sur K, car un tel morphisme ne serait pas défini pour une fraction dont le dénominateur serait un multiple du polynôme minimal de a sur K. Par contre, la substitution de a à la place de X définit bien une place de K(X) dans K. Les places apparaissent donc comme un substitut des morphismes, là où une telle définition est impossible. Cet instrument, équivalent aux valuations dans les corps, s'avère particulièrement utile et puissant dans le cadre de l'arithmétique des corps, un domaine défini relativement récemment, sous l'impulsion de Michael Fried et Moshe Jarden.

Conséquence des axiomes[modifier | modifier le code]

Si φ est une place d'un corps K, alors

  • φ(0) = 0 ;
  • φ(1) = 1 ;
  • φ(x) = 0 si et seulement si φ(1/x) = ∞ ;
  • l'ensemble Oφ des éléments tels que φ(x) ≠ ∞, dits éléments finis en φ, est un anneau de valuation. Son unique idéal maximal est l'ensemble p des éléments xOφ tels que φ(x) = 0 ;

L'anneau Oφ mentionné dans la quatrième conséquence est souvent dénommé anneau de valuation de φ. Il vérifie :

  • l'image de Oφ par φ est un anneau B ;
  • la restriction de φ à Oφ est un morphisme d'anneaux entre Oφ et B ;
  • l'anneau Oφ est intégralement clos.

Extension par les places[modifier | modifier le code]

Le théorème suivant est essentiel en arithmétique des corps.

Théorème[3] (Chevalley) : Soit A un anneau intègre, K son corps des fractions, et L une extension quelconque de K.

  1. Tout homomorphisme non injectif de A dans une la clôture algébrique Ω de K s'étend en une place de L dans Ω ∪ { } ;
  2. Toute place de K dans Ω ∪ { ∞ } s'étend en une place de L dans Ω ∪ { ∞ }.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Moshe Jarden, Intersections of local algebraic extensions of a Hilbertian field, p. 20, Lemma 5.3. lire en ligne (article no 56).
  2. Le contenu de cette section est basé sur(en) Michael Fried, Moshe Jarden, Field arithmetic, Springer (3ième édition), , chap. 2 (« Valuations and Linear Disjointness »).
  3. Jarden, Proposition 5.3, p. 21.

Liens externes[modifier | modifier le code]

{{Palette|Théorie des anneaux|Domaines des mathématiques}} {{Portail|algèbre}} {{DEFAULTSORT:Algebre commutative}} [[Catégorie:Algèbre commutative| ]] [[Catégorie:Théorie des anneaux]]