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Louis XVIII
Illustration.
Portrait de Louis XVIII en habits de sacre,
par François Gérard, XIXe siècle.
Titre
Roi de France et de Navarre

(11 mois et 14 jours)
Prédécesseur Napoléon Ier (premier Empire)
Successeur Napoléon Ier (Cent-Jours)

(9 ans, 2 mois et 8 jours)
Président du Conseil Prince de Talleyrand
Duc de Richelieu
Marquis Dessolles
Comte Decazes
Comte de Villèle
Prédécesseur Napoléon Ier (Cent-Jours)
Successeur Charles X
Prétendant aux trônes de France et de Navarre

(18 ans, 9 mois et 29 jours)
Prédécesseur Louis XVII
Successeur Lui-même (indirectement)

(3 mois et 18 jours)
Prédécesseur Lui-même
Successeur Charles X (indirectement)
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis Stanislas Xavier de France
Date de naissance
Lieu de naissance Versailles (Royaume de France)
Date de décès (à 68 ans)
Lieu de décès Paris (Royaume de France)
Père Louis de France,
dauphin de France
Mère Marie-Josèphe de Saxe
Conjoint Marie-Joséphine de Savoie
Résidence Palais de Mittau
Château de Hartwell
Palais des Tuileries

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Rois de France et de Navarre

Louis XVIII, surnommé le Désiré[1] — né à Versailles le sous le nom de Louis Stanislas Xavier de France, et par ailleurs comte de Provence (1755-1795) — fut roi de France et de Navarre de 1814 à 1815 et de 1815 à sa mort, le , à Paris. Il meurt sans descendance, et est inhumé à la basilique Saint-Denis. Son frère, le comte d’Artois, chef des ultras, lui succède sous le nom de Charles X. Louis XVIII est le dernier monarque français à être mort régnant.

Durant l'Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Naissance, baptême et enfance à Versailles[modifier | modifier le code]

Le comte de Provence.

Né le à Versailles et ondoyé le même jour par le cardinal de Soubise[2], Louis Stanislas Xavier est le quatrième fils du dauphin Louis-Ferdinand et de sa seconde épouse Marie-Josèphe de Saxe. Il est le frère cadet de Louis Auguste, futur Louis XVI, et le frère aîné de Charles-Philippe, futur Charles X. Il est le petit-fils de Louis XV. Petit-fils de France, Louis Stanislas Xavier est d’abord titré comte de Provence.

Le 18 octobre 1761, le même jour que son frère Louis Auguste, Louis Stanislas Xavier est baptisé par l'archevêque Charles Antoine de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de Jean-François Allart, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est Stanislas Ier de Pologne, représenté par Louis François de Bourbon-Conti, et sa marraine est Victoire Louise Marie Thérèse de France[3].

Tout comme son frère aîné, il passe son enfance au château de Versailles. Il y reçoit une éducation solide, comme le veut son rang.

Mariage dans la chapelle royale à Versailles[modifier | modifier le code]

Louis, comte de Provence et son épouse Marie-Joséphine de Savoie, tous deux à droite.

Le 14 mai 1771, dans la chapelle royale du château de Versailles, Louis, comte de Provence, épouse Marie-Joséphine de Savoie, (1753–1810), fille du roi Victor-Amédée III de Sardaigne et de Marie-Antoinette Ferdinande d’Espagne (elle-même arrière-petite-fille du roi Louis XIV de France par la branche paternelle). Les témoins sont Louis XV, Louis Auguste de France (futur Louis XVI), Marie-Antoinette, Charles Philippe de France (futur Charles X), Marie Adélaïde Xavière de France, Marie Adélaïde de France, Victoire Louise Marie Thérèse de France et Sophie Philippe Élisabeth Justine de France[4].

Marie-Joséphine de Savoie est la sœur de Marie-Thérèse († 1805), épouse du roi Charles X de France, frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII.

Favorites et favoris[modifier | modifier le code]

Jeunesse et rapprochement avec le Languedoc[modifier | modifier le code]

Une éventuelle initiation à la franc-maçonnerie en compagnie de ses frères, dans la loge maçonnique dite des « Trois Frères » à Versailles, a parfois été envisagée mais jamais démontrée[6],[7],[8].

Son statut de frère du roi ne l'empêche pas de critiquer la politique de celui-ci. Mécontent et inquiet de la politique royale, il cherche à s'installer dans la province de Languedoc un fief, et ainsi se ménager une action directe et distincte de celle de son royal aîné.

En 1775, il sollicite en vain le titre de gouverneur du Languedoc. Il avait même acheté l'année précédente le comté de l’Isle Jourdain qui lui assurait par la forêt de Bouconne, accès et influence jusque dans Toulouse.

Au printemps 1777, un voyage l'amène à Toulouse où il assiste le 21 juin, à une séance de l'Académie des Jeux floraux et entend la lecture de trois odes. En son honneur, les parlementaires de la ville organisent une réception chez le comte Riquet de Caraman. Il s'embarque ensuite au Port Saint-Sauveur et continue son périple sur le canal du Midi. À chaque étape, les auberges et maisons sont décorées suivant les ordres des Riquet de Caraman, concessionnaires du canal. La décoration de la maison du receveur du canal à Agde est particulièrement soignée pour la réception de Monsieur.

Période d'exil[modifier | modifier le code]

Émigré[modifier | modifier le code]

Le comte de Provence jeune.
Le comte de Provence en 1794.

Après avoir agité la cour de Louis XVI en facilitant la chute des ministres réformateurs Turgot, Necker, Calonne, et après avoir bloqué les réformes proposées par Calonne et Louis XVI en les déclarant inconstitutionnelles en tant que président de l'un des bureaux de l'Assemblée des Notables de 1787, il réclame pour le Tiers États le doublement du nombre de députés aux états généraux.

À la suite du départ de la cour de Versailles pour Paris (après les journées des 5 et 6 octobre 1789), le comte de Provence est installé au Petit Luxembourg. Comme son frère ainé, il ne se sent plus assez libre et prépare un plan d'évasion (il en prépare deux car son épouse sortira de Paris par un autre moyen). Dans ses mémoires[9], il raconte par le menu cette aventure. Il y explique préalablement avoir corrigé la déclaration de Louis XVI qui explique son départ de Paris, mais à aucun moment, il ne dit avoir eu connaissance, avant le 19 juin, veille du départ, du plan précis de Louis XVI qui consistait à partir vers l'Est afin de rejoindre la place forte de Montmédy et de reprendre militairement la main sur la Révolution.

Le 20 juin 1791, date du départ du roi Louis XVI et sa famille des Tuileries, le comte de Provence quitte également sa résidence surveillée. Déguisé, muni d'un passeport anglais, il rejoint ainsi les Pays-Bas, via Avesnes et Maubeuge. Il se réfugie à Bruxelles puis Coblence, capitale de l’électorat de Trèves, dont un de ses oncles maternels est l’archevêque et le souverain. Il rencontre l’empereur Léopold II et lui inspire la déclaration de Pillnitz d’août 1791 qui galvanise la Révolution française. Il refuse de reconnaître l’autorité du roi et se voit déchu de ses droits de prince du sang par l'Assemblée législative en janvier 1792. Il tente de rentrer en France à la tête d’une armée de 14 000 hommes mais doit rebrousser chemin après la bataille de Valmy et se réfugie à Hamm en Westphalie.

En 1793, ayant appris l’exécution de son frère aîné, il se proclame « régent » pour le dauphin, lequel demeure aux mains des révolutionnaires à Paris, et le proclame « Louis XVII ». À la déclaration de la mort de l’enfant, le , il devient dépositaire de la couronne de France et prend le nom de Louis XVIII, mais l’avènement de Napoléon détruit une nouvelle fois ses espérances.

En effet, après l'explosion de la machine infernale rue Saint-Nicaise le et la découverte de la culpabilité des royalistes, Bonaparte rompt définitivement toute négociation avec eux. Louis XVIII lui demande naïvement de rétablir la monarchie avec, en contrepartie, le poste de lieutenant général ; il obtient cette réponse sans ambages : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur cent mille cadavres... »

Les années 1804-1807[modifier | modifier le code]

En 1804, à la suite de plaintes de Napoléon, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume se résout à se séparer d’hôtes aussi incommodes que compromettants ; Louis XVIII et tous les émigrés composant sa petite cour reçurent l’ordre de quitter immédiatement le territoire prussien. Ce fut à Kalmar que cet ordre parvint au prétendant. Louis XVIII y rencontra le comte d’Artois, son frère qu’il n’avait pas vu depuis près de douze ans, une certaine froideur ayant toujours existé entre eux. L’entrevue de Kalmar ne les rapprocha pas ; ils se quittèrent après dix-sept jours de conférences, assez mécontents l’un de l’autre : le futur Charles X reprit le chemin de Londres et Louis revint attendre à Riga la réponse du cabinet de Saint-Pétersbourg à propos d’un nouvel asile sur le sol russe. Le nouvel empereur, Alexandre Ier de Russie, qui succédait à son père le tsar Paul Ier, donna une suite favorable à sa demande et il revint à Mittau (Lettonie actuelle) où une minuscule cour d'une centaine de derniers fidèles dont le vieux marquis de Beaucorps le suivirent[10].

Une fois réinstallé dans sa demeure, Louis XVIII rédigea son dernier manifeste public pendant son séjour à l’étranger. La proclamation qu’il avait envoyée à Pichegru, quelques semaines avant le 18 fructidor, ne contenait que des promesses de réforme à l’ancienne monarchie (Lois fondamentales du royaume de France). Il se décida, cette fois, à accepter nettement la Révolution et ses suites. Non seulement il admettait l’amnistie entière pour tous les votes antérieurs à 1804, ainsi que l’engagement de conserver à chaque Français ses grades, ses emplois et ses pensions ; il garantissait, en outre, la liberté et l’égalité pour les personnes, le maintien de toutes les propriétés et la protection de tous les intérêts sans exception. Il fit cette déclaration :

« Au sein de la mer Baltique, en face et sous la protection du ciel, fort de la présence de notre frère, de celle du duc d’Angoulême, notre neveu, de l’assentiment des autres princes de notre sang, qui tous partagent nos principes et sont pénétrés des mêmes sentiments qui nous animent, nous le jurons ! Jamais on ne nous verra rompre le nœud sacré qui unit nos destinées aux vôtres, qui nous lie à vos familles, à vos cœurs, à vos consciences ; jamais nous ne transigerons sur l’héritage de nos pères, jamais nous n’abandonnerons nos droits. Français ! Nous prenons à témoin de ce serment le Dieu de saint Louis, celui qui juge toutes les justices !
Donné à Mittau, le 2 décembre de l’an de grâce 1804, et de notre règne le dixième — Louis. »

Sur tous les documents officiels, Louis XVIII se considéra roi depuis 1795 et fit le décompte des années de son règne en conséquence. Néanmoins, juridiquement, il ne sera pas roi avant la Restauration en 1814. Cette déclaration, imprimée à Hambourg, au nombre de dix mille exemplaires, fut répandue sur tout le continent et envoyée en France, par la poste, à toutes les autorités constituées, ainsi qu’aux plus notables habitants de chaque département.

Le second séjour à Mittau du prétendant ne dura que trois ans. Les défaites d’Austerlitz, d’Eylau et de Friedland, obligèrent le tsar à devenir l’allié de Napoléon. Alexandre laissa entendre à Louis XVIII que sa présence à Mittau en Courlande pourrait gêner son nouvel allié. Louis XVIII comprit qu’il devait chercher un nouvel asile. Il n’avait plus à choisir qu’entre le Nouveau Monde et l’Angleterre. Il se décida pour l’hospitalité britannique. Vers le milieu d’octobre 1807, depuis Göteborg en Suède, il avertit le comte d’Artois de sa prochaine arrivée, ce qui n’était pas pour lui plaire. Les confidents du comte réussirent à persuader un des membres du Cabinet britannique, Lord Canning (1770-1827), qu’il était nécessaire, dans l’intérêt même du gouvernement britannique d’éloigner Louis XVIII de Londres et de le confiner en Écosse.
Le Royaume-Uni était à cette époque la seule puissance qui était encore en lutte avec la France impériale et qui refusait à Louis XVIII le titre de roi, en lui signifiant qu’à aucune époque, le rétablissement de sa famille n’avait semblé moins plausible. Après de longues tractations Louis XVIII accepta de débarquer en Angleterre, en tant que simple particulier sous le nom de comte de L’Isle-Jourdain (que ses contemporains transformeront en « comte de Lille »…) et en promettant de ne pas faire d’action politique.

Les années 1808-1812[modifier | modifier le code]

Marie-Joséphine de Savoie.

Louis XVIII avait fixé sa résidence à Gosfield Hall à la fin de 1807 ; il ne quitta ce château qu’au bout de quatre ans, au commencement de 1811, peu de temps après la mort de Marie-Joséphine de Savoie, sa femme, décédée le 13 novembre 1810.

Marie-Joséphine de Savoie par Godefroid vers 1809-1810

Il vint alors habiter Hartwell House, propriété du baronnet sir Henry Lee dans le comté de Buckingham, près de Londres.

Ses revenus, à cette époque, s’élevaient à 60  000 francs environ[11] que lui payaient le gouvernement britannique et la cour du Brésil, mais il devait mener un train de vie réduit puisque cette somme était répartie entre ses protégés, les agents dans les différentes cours d’Europe (pour être au courant des politiques menées) et que la guerre entraînait une inflation de prix qui n’étaient pas, au départ, bas.

Le mandat de Mgr de La Fare[modifier | modifier le code]

En 1795, Louis XVIII confia à Mgr de La Fare, ancien évêque de Nancy (1752 - † 1829), la direction de ses intérêts auprès de la cour de Vienne. Il le constitua également son correspondant dans toute cette partie de l’Europe, fonction qu’il remplit durant vingt ans. Il fut en même temps chargé d’autres missions pour l’ensemble de la famille royale.

En 1807, toutes les communications du continent avec l’Angleterre étaient interdites : personne ne pouvait plus recourir à Londres pour y toucher du gouvernement britannique leurs pensions alimentaires. L’évêque reçut, à l’insu de Louis XVIII, la mission d’ordonnancer et de vérifier le paiement de ces pensions pour assurer la subsistance de ses compatriotes, ce qui lui valut la disgrâce du prétendant. Les versements étaient faits par la banque du Baron J.J. de Boesner, banquier de Vienne et aussi par des banques de Gênes, au profit de la famille royale, les princes et princesses de France et notamment Messeigneurs les ducs d’Angoulême et de Berry pour l’entretien de leurs Maisons et la solde des militaires de leur armée.

Mgr de La Fare exerça cet emploi fastidieux et ingrat jusqu’à l’époque du retour de Louis XVIII dans ses États, à la Restauration.

La Restauration[modifier | modifier le code]

Première Restauration[modifier | modifier le code]

Allégorie du retour des Bourbons le 24 avril 1814 : Louis XVIII relevant la France de ses ruines..
Monogramme de Louis XVIII.

Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes, et spécialement à partir de 1810, les coalisés semblent reprendre l’avantage, éveillant en lui l’espérance du retour. Après la défaite de Napoléon, en 1814, les coalisés réunis au Congrès de Vienne hésitent encore sur le successeur à choisir à Napoléon. Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité est problématique, l’« Aiglon », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, voire une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.

20 francs or à l'effigie de Louis XVIII

Porté par les Coalisés, le , il débarque à Calais. Octroyant une Charte constitutionnelle restaurant la monarchie à ses sujets, il devient roi de France. Les termes « octroyer » et « roi de France » sont importants en droit, puisqu’ils signifient que la souveraineté appartient au roi, et non au peuple ou à la nation (c’est lui qui octroie la Charte aux Français et non les Français qui décident d’une constitution ; contrairement à un roi des Français qui serait roi parce que les Français l’ont mis sur le trône, un roi de France est souverain de droit divin). Il nie donc la théorie révolutionnaire de la souveraineté nationale, voire de la souveraineté populaire, comme en témoigne sa devise « union et oubli » (union des Français, oubli de la Révolution française et de Napoléon)[12].

Lors des Cent-Jours, il tente d’organiser avec la noblesse la résistance à Napoléon. Son échec le conduit à s’exiler de nouveau. Il se réfugia à Gand, ce qui lui vaut le surnom de « Notre père de Gand » par les chansonniers. Seule la défaite de Waterloo le réinstalle sur le trône de France.

Une « robe à dix-huit remplis » portée par une royaliste, 1815.

Seconde Restauration[modifier | modifier le code]

Son règne est consacré à la lourde tâche de concilier les héritages révolutionnaires et napoléoniens avec ceux de l’Ancien Régime. Il défend ces derniers (il nomme ainsi, comme aumônier de la Cour, monseigneur Jean-Louis d'Usson de Bonnac, un des derniers évêques d’Ancien Régime survivants et surtout l’un des premiers à avoir refusé de prêter serment à la Révolution, ainsi qu’à avoir refusé de démissionner comme l’exigeait Napoléon), sans pour autant accéder aux excès de ses propres partisans, les ultras. Il mit un point d’honneur à toujours constituer un ministère issu de la majorité parlementaire, ce à quoi rien ne le contraignait.

Louis XVIII en costume de sacre, Robert Lefèvre, 1822.

Ses opposants demeurent trop faibles et divisés pour menacer en quoi que ce soit la position royale. Il dissout ainsi une première Chambre ultra en 1816 (la célèbre Chambre introuvable). Ayant accepté ostensiblement les résultats de la Révolution, Louis XVIII apparaît comme un roi modéré, menant une vie de cour sans fastes excessifs, trop fade aux yeux de certains. D’autres n’oublient pas que c’est un émigré, ramené sur le trône de France par des étrangers.

Cependant, malgré cette apparente faiblesse, il a réussi non seulement à maintenir un équilibre entre ultras et libéraux, mais aussi à ramener la prospérité dans une nation épuisée par les dernières guerres napoléoniennes. Louis XVIII avait une certaine force de caractère et il pouvait d’ailleurs être à l’occasion capable de traits d’humour féroces, comme le montre l’anecdote suivante :

Parmi les prérogatives du roi de France, figurait la capacité d’anoblir tout sujet méritant. Louis XVIII se trouvait ainsi assiégé par une horde de quémandeurs qui estimaient à tort ou à raison être de bons candidats à l’anoblissement. Parmi ceux-ci, on peut citer le publiciste Genoud, qui insistait pour que sa lettre d’anoblissement mentionne bien une particule devant son nom. Louis XVIII répondit à son entourage « Eh bien ! puisqu’il veut tant une particule, on va lui en mettre une devant, et une derrière ! » et le solliciteur se fit anoblir sous le nom de « Monsieur de Genoude »[13].

Les élections partielles du 11 septembre 1819 constituent une nouvelle victoire pour les libéraux mais l'élection de l'abbé Grégoire comme député de l’Isère provoque un retournement d’alliance au gouvernement. Une autre vague de contestation naît avec l'assassinat de son neveu duc de Berry qui entraîne la fin du ministère Élie Decazes et le retour des Ultras, annonçant « par conséquent la fin de la Restauration libérale »[14].

Les archives de la Maison du Roi sous le règne de Louis XVIII sont conservées aux Archives nationales dans la sous-série O/3 [15]

Expédition d'Espagne[modifier | modifier le code]

Louis XVIII essayant les bottes de Napoléon et préparant la campagne d'Espagne, caricature anglaise de George Cruikshank publiée le 17 février

En 1820, le roi d'Espagne Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire conduit par les libéraux. Ce mouvement révolutionnaire lui reproche l'absolutisme de son pouvoir et les nombreuses répressions à l'encontre des libéraux. Ferdinand VII doit alors se soumettre, et remettre en vigueur la Constitution de 1812 et ainsi confier le pouvoir à des ministres libéraux.

Des élections ont lieu en 1822 aux Cortes, qui donnent la victoire à Rafael del Riego, dans une Europe secouée par les mouvements démocrates qui perturbent l'ordre intérieur des États. Le roi Ferdinand VII d'Espagne s'est retiré à Aranjuez, où il se considère comme prisonnier des Cortès.

En France, les ultras pressent le roi Louis XVIII d'intervenir. Pour tempérer leur ardeur contre-révolutionnaire, le duc de Richelieu fait déployer, le long des Pyrénées, des troupes chargées de protéger la France contre la prolifération du libéralisme venant d'Espagne et la contagion de la « fièvre jaune ». En septembre 1822, ce « cordon sanitaire » devient un corps d'observation, puis va très vite se transformer en une expédition militaire.

Les libéraux négocient leur reddition en échange du serment du roi de respecter les droits des Espagnols. Ferdinand VII accepte. Mais le , se sentant appuyé par les troupes françaises, Ferdinand VII abroge de nouveau la Constitution de Cadix, manquant ainsi à son serment. Il déclare « nuls et sans valeur » les actes et mesures du gouvernement libéral. C'est le début de la décennie abominable pour l'Espagne.

Chateaubriand, ministre des affaires étrangères du gouvernement Villèle (du au ), déclara dans ses Mémoires d'outre-tombe : « Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir là où Bonaparte avait échoué, triompher sur ce même sol où les armes de l'homme fantastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, c'était un véritable prodige ! »

Fin de vie et mort[modifier | modifier le code]

Maladie[modifier | modifier le code]

Louis XVIII, deux ans avant sa mort, par Gautier.

Louis XVIII souffrait d’une goutte qui empira avec les années[16] et lui rendait tout déplacement extrêmement difficile à la fin de son règne. Dans ses dernières années, le roi podagre devait se déplacer en béquilles et était souvent déplacé en fauteuil roulant dans ses appartements, lui-même se baptisant « le roi fauteuil »[17] alors que les plus virulents des bonapartistes puis le petit peuple l'affublaient du quolibet de « gros cochon » ou « Cochon XVIII »[18]. Vers la fin de sa vie, il était atteint d'artériosclérose généralisée, en outre la gangrène rongeait son énorme corps impotent, déjà appesanti par l'hydropisie. À la fin du mois d'août 1824, la maladie avait provoqué une large plaie suppurante en bas du dos et l'avait rendu méconnaissable. Fièrement, il refusait de s'aliter, reprenant les propos de Vespasien : « Un empereur doit mourir debout ». Mais, le 12 septembre, sa terrible souffrance l'obligea à se coucher. Il se décomposait vivant et dégageait une odeur si nauséabonde que sa famille ne pouvait rester à son chevet. Un de ses yeux avait fondu ; le valet de chambre, en voulant déplacer le corps, arracha des lambeaux du pied droit ; les os d'une jambe étaient cariés, l'autre jambe n'était qu'une plaie, le visage était noir et jaune[19].

Acte de décès de Louis XVIII[modifier | modifier le code]

Louis XVIII en costume de sacre. Gypsothèque de la villa Médicis à Rome

Disparu lors de l'incendie des archives de Paris en 1871, l'acte de décès de Louis XVIII avait toutefois été recopié, et il a été rédigé de la façon suivante, en présence notamment de Talleyrand :

Acte de décès de Sa Majesté Louis XVIII, dressé au château des Tuileries.

Du jeudi seizième jour de septembre, l'an mil huit cent vingt-quatre, avant midi.
Acte de décès de très-haut, très-puissant et très-excellent prince Louis, dix-huitième du nom, roi de France et de Navarre, très chrétien, né à Versailles le dix-sept novembre mil sept cent cinquante-cinq, fils de très-haut, très-puissant et excellent prince Louis, Dauphin de France, et de très-haute, très-puissante et excellente princesse Marie-Josèphe, princesse de Saxe, Dauphine de France, son épouse ; veuf le treize novembre 1810, de très-haute, très-puissante et très-excellente princesse Marie-Joséphine-Louise de Savoie, reine de France et de Navarre ; décédé ce jourd'hui, à quatre heures du matin, au Château des Tuileries, à Paris.
Le présent acte dressé par nous Charles-Henri Dambray, pair et chancelier de France, président de la chambre des pairs, chancelier et commandeur des ordres du Roi, remplissant, aux termes de l'ordonnance de Sa Majesté du 23 mars 1816, les fonctions d'officier de l'état civil de la maison royale ;
Accompagné de Charles-Louis Huguet, marquis de Sémonville, pair de France, grand-référendaire de la chambre des pairs, grand'croix de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur ; et de Louis-François Cauchy, garde des archives de ladite chambre et des ordres du Roi, officier desdits ordres et de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur, greffier de l'état civil de la maison royale ;
En présence d'Ambroise-Polycarpe de Larochefoucauld, duc de Doudeauville, pair de France, grand d'Espagne de la première classe, chevalier des ordres du Roi, ministre secrétaire-d'état de la maison de Sa Majesté, tenant en cette qualité les registres de l'état civil de la maison royale ;
En présence pareillement de Henri Evrard de Dreux, marquis de Brézé, pair de France, grand-maître des cérémonies de France, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur ;
Sur la déclaration qui nous a été faite par Marie-François-Emmanuel de Croussol, duc d'Uzès, pair de France, âgé de soixante-sept ans, demeurant à Paris, en son hôtel rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain, no 63, et par Bon-Adrien Moncey, duc de Conégliano, pair et maréchal de France, chevalier des ordres du Roi, grand'croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur, gouverneur de la neuvième division militaire, âgé de soixante-dix ans, demeurant à Paris, en son hôtel, rue de Valois, no 2 ; témoins désignés par le Roi à l'effet du présent acte.
Fait à Paris, au château des Tuileries, où nous nous sommes transportés en vertu des ordres du Roi à nous transmis par le grand-maître des cérémonies, et où le corps du feu roi nous a été représenté par Charles-Maurice, prince duc de Talleyrand, pair de France, grand-chambellan de France, chevalier des ordres du Roi et de la Toison-d'Or, grand'croix de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur, et par Louis-Marie-Céleste, duc d'Aumont, pair de France, chevalier des ordres du Roi, premier gentilhomme de la chambre de Sa Majesté, gouverneur de la huitième division militaire ;
Et ont signé avec nous, après lecture faite, les personnes dénommées au présent acte, à Paris, les jours, mois et an que dessus.

Signé : le duc d'Uzès, le maréchal duc de Conégliano Moncey, le prince de Talleyrand, le duc d'Aumont, le duc de Doudeauville, le marquis de Dreux-Brézé, Dambray, le marquis de Sémonville, Cauchy.[20]

Représentations[modifier | modifier le code]

Sculpture[modifier | modifier le code]

Louis XVIII n'a pas été sacré roi de France. Son frère, Charles X, qui lui succéda, renoua avec la tradition du sacre le dans la cathédrale de Reims. De plus, un roi sacré devait avoir des pouvoirs divins (le roi, par exemple guérissait les écrouelles), et montrer une image d'homme puissant valide, en bonne santé, ce qui n'était pas le cas pour ce roi, qui pour espérer être populaire de son peuple renonça au sacre pour éviter de montrer sa maladie au grand jour. Cependant, une sculpture de Louis XVIII, en costume de sacre, fut commandée par ses soins en 1815 au sculpteur Cortot. Elle est exposée dans la gypsothèque de la villa Médicis à Rome[réf. nécessaire].

Caricature et sobriquets[modifier | modifier le code]

Dans la continuité de Louis XVI et de la caricature révolutionnaire[21], Louis XVIII est notamment figuré en cochon et l'épithète populaire « gros cochon », fréquente[22], est reproduite par la littérature, par exemple chez Victor Hugo[23]. L'imagerie populaire et la caricature sont moins originales et diversifiées à son endroit qu'elles ne le seront à l'égard de Charles X[24]. À travers différentes représentations, elles mettent avant tout en image sa corpulence et sa goinfrerie, ce qu'Annie Duprat analyse en constatant que « la mise en image du gros appétit et de la forte corpulence des Bourbons, bien au-delà d'une simple plaisanterie, renvoie à tous les écrits et à toutes les représentations des rois ogres, anthropophages et dévoreurs du peuple par le biais des impôts et de la guerre »[25].

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Citations[modifier | modifier le code]

« Qui pouvait résister à l’esprit déflorateur de Louis XVIII, lui qui disait que l’on n'a de véritables passions que dans l’âge mûr, parce que la passion n’est belle et furieuse que quand il s’y mêle de l’impuissance et qu’on se trouve alors à chaque plaisir comme un joueur à son dernier jeu. »

— Honoré de Balzac, Le Lys dans la Vallée

« Et les uns accouraient, et les autres se rangeaient : car un roi qui passe, c'est toujours un tumulte. Du reste l'apparition et la disparition de Louis XVIII faisait un certain effet dans les rues de Paris. Cela était rapide, mais majestueux. Ce roi impotent avait le goût du grand galop ; ne pouvant marcher, il voulait courir ; ce cul-de-jatte se fût fait volontiers traîner par l'éclair. Il passait, pacifique et sévère, au milieu des sabres nus. Sa berline massive, toute dorée, avec des grosses branches de lys peintes sur les panneaux, roulait bruyamment »

— Victor Hugo, Les Misérables

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sur Hérodote.net. On suppose son surnom de « Désiré » du fait qu’il était fort attendu par les royalistes mais aussi les Français las des guerres ; qui attendaient le retour de la monarchie, restaurée après le Premier Empire, comme la Révolution de Bordeaux l’atteste.
  2. Registre des baptêmes (1755) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  3. Registre des baptêmes (1761) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  4. Registre des mariages (1771) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  5. Ancienne capitale de la Haute Lituanie, à l’époque sous l’Empire russe d’où son nom en russe. Aujourd’hui en la ville est située en Lituanie.
  6. Charles Porset, Hiram sans-culotte? Franc-maçonnerie, lumières et révolution: trente ans d'études et de recherches, Paris, Honoré Champion, 1998, p. 207.
  7. Alec Mellor, Quand les francs-maçons étaient légitimistes, Dervy-Livres, 1986, p. 25.
  8. Jean-André Faucher, Histoire de la franc-maçonnerie en France, Nouvelles Éditions Latines, 1968,
  9. Louis XVIII, Mémoires, 6 vol. in-8°, Mame-Delaunay, 1832 - en ligne sur le site de la BNF : www.gallica.fr
  10. source Mémoires de Madame de Milon de Mesmes
  11. Le site « Histoire passion » donne approximativement une conversion contemporaine : aux alentours de 385 000 euros, se basant sur la base d’un franc germinal qui valait à l’époque 4,5 grammes d’argent-métal.
  12. Jean-Michel Agar, Observations sur le nouveau projet de loi pour la conversion des rentes, Delaunay, , p. 96
  13. Comité permanent d'études lamartiniennes, Actes du congrès, 1961, volume 3, p. 441 (note 13 en bas de page)
  14. Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne, Perrin, 2002, p. 274-276.
  15. Voir la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614wvehskz--gn04m3u2grd4&pogId=FRAN_POG_03&search=
  16. Obèse et goutteux dès son mariage, il se montrait gourmet et gourmand jusqu'à la voracité.
  17. (en) Antonia Fraser, Marie Antoinette : The Journey, Orion, (ISBN 978-0-7538-1305-8), p. 144
  18. Thierry Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire, tome 4. Les Cent-Jours : 1815, Fayard, , p. 324
  19. Jean Pierre Rorive, Petites histoires de grands de France, Jourdan Éditeur, 2005
  20. Cité par Charles-Louis Lesur dans Annuaire historique universel pour 1824, Paris, A. Thoisnier-Desplaces, 1825, pages 609-610.
  21. Annie Duprat, Les rois de papier, la caricature de Henri III à Louis XVI, Belin, 2002.
  22. Emmanuel Fureix, La France des larmes: deuils politiques à l'âge romantique (1814-1840), Champ Vallon, 2009, 501 p. (ISBN 9782876734975) p. 268 et 270.
  23. Mona Ozouf relève le « à bas les Bourbons et ce gros cochon de Louis XVIII ! » du Marius des Misérables. Voir Mona Ozouf, Les Aveux du roman: Le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution, Fayard, 200, 352 p. (ISBN 9782213665009) p.
  24. Annie Duprat, « Le roi a été chassé à Rambouillet », Sociétés & Représentations, no 12, 2001, p. 30-43, Lire en ligne
  25. Annie Duprat, « une guerre des images : Louis XVIII, Napoléon et la France en 1815 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, no 47, juillet-septembre 2000, p. 487-504 lire en ligne

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Biographies de Louis XVIII[modifier | modifier le code]

Biographies modernes[modifier | modifier le code]

Biographies anciennes[modifier | modifier le code]

Histoires de la Restauration[modifier | modifier le code]

Personnalités de la Restauration[modifier | modifier le code]

La famille royale[modifier | modifier le code]

Les chefs de ministères[modifier | modifier le code]

Les Cent-Jours[modifier | modifier le code]

Mémoires[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]