Union des artistes modernes

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Union des artistes modernes
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Cadre
Surnom UAM
Fondation
Fondation 15 mai 1929
Identité
Siège 7, rue des Grands-Augustins
Président Robert Mallet-Stevens
Secrétaire Raymond Templier
Dissolution
Dissolution 1958
Fusionnée dans Centre de création industrielle

L'Union des artistes modernes, abrégé par le sigle UAM, est un mouvement d'artistes décorateurs et d'architectes fondé en France le par Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Charles Édouard Jeanneret (Le Corbusier), Pierre Jeanneret et Robert Mallet-Stevens. Stoppée par la Seconde Guerre mondiale, l'UAM reprend ses activités avec les expositions Formes utiles à partir de 1949. L'UAM s'arrête définitivement en 1958 mais les expositions « Formes utiles » se prolongent et sont à l'initiative du Centre de création industrielle en 1969.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation de l'Union des artistes modernes[modifier | modifier le code]

L'UAM a été fondée après une négociation manquée pour l'organisation du salon des artistes décorateurs de 1929 : les futurs membres, pour la plupart proches de l'architecture et unis depuis 1925, trouvent l'espace qui leur est accordé inadapté et insuffisant et décident de s'émanciper de la société des artistes décorateurs en organisant une structure et des événements indépendants.

Ils fondent un comité directeur avec Hélène Henry, René Herbst, Francis Jourdain, Robert Mallet-Stevens (président) et Raymond Templier (secrétaire). Parmi les membres fondateurs de ce projet se trouvent les frères Jean et Joël Martel, Charlotte Perriand et Gustave Miklos[1].

Les membres de ce mouvement s'émancipent des notions décoratives pour se concentrer sur la fonction, la structure et exploiter les nouveaux matériaux et les nouvelles techniques afin de les adapter à une vision moderne et revalorisée des arts décoratifs.

Un banquet organisé le rassemble au bistrot Au Clair Obscur de l'impasse Lebouis plusieurs de ses membres, dont Hélène Henry et son mari et les Mallet-Stevens [1].

Formes utiles[modifier | modifier le code]

Formes utiles en 1954 à Milan.

En 1945, après la mort de Robert Mallet-Stevens en février et la signature de l'Armistice en mai, l'UAM ne retrouve pas son activité initiale et perd sens alors que ses membres sont autorisés à participer au Salon des artistes décorateurs. La priorité est alors la Reconstruction. Les membres éprouvent des difficultés à se réunir pour organiser des événements. Georges-Henri Pingusson tente d'y remédier en publiant le « Manifeste 49 » qui reste sans écho. Quant au nouveau président, René Herbst, il organise l'événement "Formes Utiles" où l'UAM sélectionne des objets industriels pour une présentation au Salon des arts ménagers (SAM) avec une thématique annuelle[2] :

  • Pavillon de Marsan, 1949-1950 : « Formes utiles - objets de notre temps »
  • SAM 1951 : les appareils sanitaires
  • SAM 1952 : le siège
  • SAM 1953 : les appareils portatifs d'éclairage, le petit outillage électrique, le verre à boire
  • SAM 1954 : le fer à repasser
  • SAM 1955 : la casserole
  • SAM 1956 : la table de repas et son service
  • SAM 1957 : le fauteuil relax

De plus en plus spécialisée dans le design industriel, l'UAM ne séduit plus, la dispute avec les décorateurs est très lointaine. D'autre part, les idées du moment en architecture se découvrent plus largement dans les congrès internationaux d'architecture moderne. Quant aux jeunes talents attirés par le domaine prestigieux du design des meubles, ils se rassemblent désormais dans l'Association des créateurs de modèles de série (ACMS).

Le manifeste de 1934 «Pour l'art moderne cadre de la vie contemporaine»[modifier | modifier le code]

L'approche artistique de l'UAM trouve son origine dans des expressions et manifestations d'artistes depuis 1903 : Francis Jourdain, au sein du salon d'automne de 1903, invite des peintres, des sculpteurs et des décorateurs. Les commissaires déclarent « Ici, il n'y a pas de hiérarchie entre art majeur et art mineur. »[3]. En 1910, le Salon d'automne invite les ateliers de Munich, qui s'appuient sur un réseau de coopératives, allié à des industriels[3].

À la création de l'UAM, de nombreuses critiques sont émises contre l'Union et ses artistes[4] : « Notre art décoratif si émouvant et si tendre, au lieu de continuer dans le sens de sa magnifique imperfection vivante, défaillit soudainement dans l'horrible perfection morte : le cube [propos prêtés à Paul Iribe]. » ; « Un mouvement venu de l'étranger qui se propage et menace de détruire tout ce qui a fait jusqu'ici la réputation universelle de notre art [propos prêtés à François Thiébault-Sisson[5]]. »

Ces attaques conduisent à la publication d'un manifeste rédigé, au nom de l'UAM, par Louis Chéronnet[6], critique d'art. Il exprime l'idée que l'art évolue comme la société : « Cette crise qui sévit sur l'artisanat et le commerce d'art n'est qu'une conséquence de la crise générale qui, dans le monde entier, atteint toutes les classes de la société et toutes les activités productrices ». Il affirme que l'art doit être social : « L'art moderne est un art véritablement social. Un art pur, accessible à tous et non une imitation faite pour la vanité de quelques-uns ». Il s'oppose à une quelconque hiérarchie dans les disciplines artistiques : « Confondre les arts mineurs et les arts majeurs, telle est, à notre sens, la première tâche de l'esthétique nouvelle ». Il s'oppose à la distinction entre artisans et artistes et souhaite les relations avec l'industrie et l'utilisation des techniques modernes : « À côté de l'ancien duo : bois et pierre, que nous n'avons jamais négligé, nous avons essayé de constituer le quatuor : ciment, verre, métal, électricité »[7].

Liste de membres de l'UAM[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Charlotte Perriand, Une vie de création, Odile Jacob, 1998, 430 pages, p. 36.
  2. Louis Brulliard, « Formes Utiles », Meubles et décors, novembre 1956, pp. 8 et 30.
  3. a et b Philippe Dagen et Jean-Jacques Larrochelle, « Une grande traversée du courant moderne. Le Centre Pompidou à Paris consacre une vaste exposition à l'UAM, mouvement artistique du XXe siècle », Le Monde,‎ , p. 15
  4. Michel Wlassikoff (voir Signes (magazine), « Pour l'art moderne cadre de la vie contemporaine, Manifeste de l'UAM, 1934 », L'exposé par l'auteur du contexte de la publication du manifeste précède, dans cet article, la reproduction du Manifeste lui-même., sur signes.org (consulté le )
  5. François Thiébault-Sisson, critique d'art au journal Le Temps, sur idRef.
  6. Louis Cheronnet sur data.bnf.fr.
  7. Bibliothèque nationale de France direction des collections département Littérature et art, « U.A.M. 1929-1956 Union des Artistes Modernes : la naissance du design en France », sur bnf.fr, (consulté le )
  8. Sœur de Tamara de Lempicka qui a habité un studio parisien de la rue Méchain réalisé par Mallet-Stevens.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • UAM - une aventure moderne - - , exposition au centre Pompidou, 25 pages
  • U.A.M. 1929-1956 Union des artistes modernes : La naissance du design en France - Bibliographie sélective - Bibliothèque nationale de France, direction des collections, département Littérature et art - Juillet- [2]
  • Arlette Barré-Despond, UAM : Union des artistes modernes, Paris, éd. du Regard, coll. « Artistes méconnus à reconnaître », , 573 p. (ISBN 2-903370-25-7)
  • Arlette Barré Despond, Union des Artistes Modernes, Paris, Éditions du Regard, , 411 p. (ISBN 978-2-84105-378-0)
  • Chantal Bizot, Yvonne Brunhammer et Suzanne Tise, Les Années UAM : 1929-1958, Paris, Union des arts décoratifs, , 268 p. (ISBN 2-901422-11-X) : catalogue de l'exposition organisée au musée des arts décoratifs de Paris du au
  • F.-J. Lardeux, « M. Robert Mallet-Stevens, directeur de l'École des Beaux-Arts à Lille, grand artiste moderne. », Le Grand Écho du Nord de la France, no 296,‎ , Une et 3 (lire en ligne, consulté le ).
  • Patrick Favardin, Les décorateurs des années 50, Paris, éd. Norma, , 336 p. (ISBN 2-909283-61-5)
  • D. Cichocka, E. Bastin, C. Patkai, J. Renoux, Gustave Miklos, Un grand œuvre caché, vol. 1. Paris, Fata Libelli, 2013, 224 pp. (ISBN 978-2954480107)
  • D. Cichocka, M.-H. Christatos, C. Patkaï et J. Renoux, Gustave Miklos : le moderniste byzantin vol. 2. Paris, Fata Libelli, 2014, 256 p.  (ISBN 978-2-9544801-2-1)

Liens externes[modifier | modifier le code]