Un coin de table

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Un coin de table
Artiste
Date
1872
Type
Technique
Dimensions (H × L)
160 × 225 cm
No d’inventaire
RF 1959Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Un coin de table est un tableau peint à l'huile d'Henri Fantin-Latour, présenté au Salon de 1872.

Projet[modifier | modifier le code]

Ce tableau est le troisième d'une série de quatre « portraits de groupe » : les deux premiers, Hommage à Delacroix (1864) et Un atelier aux Batignolles (1870), rassemblent les peintres qu'il admire ; le quatrième, Autour du piano (1885), rassemble des musiciens.

Fantin-Latour avait pour projet initial de rendre à Baudelaire un hommage semblable à celui qu'il avait rendu à Delacroix dans un célèbre tableau en 1864[1]. Il envisageait de regrouper plusieurs personnalités du monde littéraire autour d'un portrait du poète des Fleurs du Mal, dont c'était le cinquantenaire de la naissance (1821-1867). C'est son ami Edmond Maître qui aida Fantin à entrer en contact avec plusieurs poètes qui fréquentaient les bureaux de la préfecture de la Seine, parmi eux Albert Mérat, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud. L'éditeur de Baudelaire, Poulet-Malassis, évoqua alors l'idée de faire poser Leconte de Lisle, Théodore de Banville et même Victor Hugo, cependant ces personnalités refusèrent de poser[2]. Il existe deux esquisses de ce tableau que Fantin-Latour avait intitulées : Le Repas[3][sic ?].

Personnages représentés[modifier | modifier le code]

Ce portrait de groupe représente donc les poètes présents aux dîners des Vilains Bonshommes qu’Edmond Maître avait présentés à Fantin. On remarque l'absence d'Albert Mérat qui a refusé de poser en compagnie d'Arthur Rimbaud après l'incident survenu lors du dîner du  : Rimbaud y avait interrompu une lecture de Jean Aicard et forcé les poètes à le sortir par la force[4],[5]. Le groupe est représenté à la fin d'un repas autour d'une table, on y voit :

Description[modifier | modifier le code]

Au premier plan, on aperçoit, sur une nappe blanche du bord d'une table, une coupe à fruits, une carafe remplie de vin et un bouquet de fleurs à droite, une autre carafe presque vide à gauche, des petits fruits colorés éparpillés, une tasse à café, sa soucoupe et sa cuillère. Dans le second plan, le groupe des personnages, dont cinq sont assis et trois debout, se découpe avec leurs habits noirs (sauf celui de droite en gris) et leurs visages détaillés (ressemblance), sur le fond gris du décor occupé par le coin de deux murs où sont accrochés deux tableaux encadrés, celui de droite vu de face, celui de gauche vu incomplètement et de côté ; les branches fleuries d'une plante occupent le haut du coin des murs et en cachent l'arête.

Les personnages adoptent des poses diverses : une pipe longue d'une main, l'autre tenant un livre ouvert ; la main dans le gilet, au-dessus d'une montre à gousset ; de profil, portant un haut-de-forme ; le menton appuyé dans une main au bout d'un bras accoudé ; les cheveux ébouriffés, la main droite tenant un verre vide ; les bras croisés...

Toutes les personnes représentées sur le tableau sont habillées en noir à l'exception de Camille Pelletan qui est en gris.

Le portrait que réalise Fantin-Latour du jeune poète de Charleville est, avec la célèbre photo faite par Étienne Carjat, la représentation de Rimbaud la plus connue et reproduite.

Le tableau est vendu « à des Anglais »[7], puis racheté par Émile Blémont qui en fait don au musée du Louvre en 1910.

Hommages[modifier | modifier le code]

Le tableau a fait l'objet d'un récit romancé de Claude Chevreuil, Un coin de table, publié en 2010 aux Éditions de Fallois - (ISBN 9782877067287)

Il fait partie des « 105 œuvres décisives de la peinture occidentale » constituant le musée imaginaire de Michel Butor[8].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le projet est évoqué à la page 94 du livre de Daniel A. De Graaf sur Rimbaud (texte)
  2. Pierre Petitfils, p. 157.
  3. Daniel A. De Graaf, Rimbaud, sa vie, son œuvre (texte)
  4. Daniel A. De Graaf, Rimbaud, sa vie, son œuvre, page 93 (texte)
  5. Voir aussi Vilains Bonshommes, les versions de cet incident divergent dans les détails suivant les sources.
  6. Daniel A. De Graaf, Rimbaud, sa vie, son œuvre, haut de la page 95 (texte)
  7. Selon Ernest Delahaye Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau, éditions Albert Messein, 1925, page 159.
  8. Michel Butor, Le Musée imaginaire de Michel Butor : 105 œuvres décisives de la peinture occidentale, Paris, Flammarion, , 368 p. (ISBN 978-2-08-145075-2), p. 240-243.

Sources et liens externes[modifier | modifier le code]

  • Ressources relatives aux beaux-artsVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Pierre Petitfils, Rimbaud, Julliard, 1982 (ISBN 2-260-00895-X)
  • Luce Abélès, Fantin-Latour, Coin de table, Verlaine, Rimbaud et les Vilains Bonshommes, coll. « Les Dossiers du Musée d'Orsay » no 18, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1987 (ISBN 2-7118-2-170-6). Catalogue d'une exposition présentée au musée d'Orsay du au .
  • Daniel A. De Graaf, Rimbaud, sa vie, son œuvre, page 93 à 97 (texte)