Trisomie

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Trisomie
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caryotype normal, trisomie 7 et 19

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Spécialité Génétique médicaleVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 Q90-Q92
Q97-Q98
MeSH D014314

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La trisomie est une anomalie chromosomique.

C'est un cas particulier d’aneuploïdie. Normalement, les chromosomes vont par paires (23 paires chez l'être humain). Dans le cas d'une trisomie, au moins une des paires est un triplet, d'où le nom de « trisomie ».

Celle-ci peut survenir si l'un ou l'autre des géniteurs apporte deux chromosomes au lieu d'un ; ce phénomène peut également se produire par mauvaise répartition lors de la première division cellulaire, ce qui est le cas le plus fréquent, ou lors de la deuxième division cellulaire ou des suivantes. Les cellules de l'individu seront dans ce cas un mélange de cellules saines et de cellules trisomiques. On parle dans ce cas de trisomie mosaïque. Si au contraire toutes les cellules sont touchées on parle alors de trisomie homogène.

La trisomie est dite libre si les chromosomes sont détachés les uns des autres; en cas de translocation le chromosome surnuméraire est accolé à un autre.

Le terme « trisomique » s'emploie généralement pour désigner une personne atteinte de trisomie 21, ou syndrome de Down, mais les trisomies peuvent concerner n'importe quelle paire de chromosomes. Selon le chromosome concerné, et le type de trisomie (mosaïque ou non), l'individu affecté sera viable ou non.

Chez l'être humain, la plupart des trisomies entraînent un avortement naturel (fausse couche), mais certaines permettent la naissance d'enfants vivants.

Trisomies autosomales[modifier | modifier le code]

trisomie 18

La trisomie peut affecter n’importe quel chromosome ; mais la taille du chromosome surnuméraire étant un facteur de risque de fausse couche, on rencontre donc principalement des trisomies 21 qui est le plus petit chromosome humain[1]. Les trisomies 13 et 18 peuvent également aboutir à une naissance à terme d’un enfant vivant mais celui-ci décédera le plus souvent en quelques semaines[2]. Les autres cas ne sont viable qu'en cas de trisomie en mosaïque.

La formule chromosomique des trisomies homogènes des autosomes est de la forme 47,Xa,+b avec :

  • a : X pour les filles et Y pour les garçons
  • b : le numéro du chromosome en excès

Par exemple 47,XY,+21 pour une trisomie 21 chez un garçon[21]. Pour les trisomies en mosaïque on ajoute une barre oblique suivie de la formule chromosomique normale, une trisomie 10 en mosaïque sera ainsi désignée par 47,XX,+10/46,XX.

Trisomies des chromosomes sexuels[modifier | modifier le code]

syndrome de Klinefelter

Le pronostic des trisomies gonosomiques est nettement plus favorable[22].

  • Trisomie X (syndrome Triple X) : l'individu XXX possède trois chromosomes X. Le chromosome supplémentaire est toujours donné par la mère, et le risque augmente avec l'âge de celle-ci. L'enfant est de sexe féminin. Une fille sur mille est atteinte de cette maladie génétique.
  • Le syndrome de Klinefelter : l'individu possède deux chromosomes X et un chromosome Y (XXY). L'enfant est de sexe masculin.
  • Le syndrome 47,XYY, ou double Y : l'individu XYY possède alors un chromosome Y en double exemplaire, et un chromosome X (XYY). Le chromosome Y supplémentaire est dû à un problème au cours de la spermatogenèse chez le père. Environ un homme sur 850 développe au moins un spermatozoïde double Y. L'enfant est de sexe masculin.

Principe[modifier | modifier le code]

1:méiose 1 - 2:méiose 2 - 3:fécondation - 4:œuf
non-disjonctions à la méiose 1 (à droite) et 2 (à gauche)

Les trisomies résultent généralement de la non-disjonction (d) Voir avec Reasonator. Une non-disjonction peut survenir au cours de la gamétogenèse maternelle ou paternelle (chez l'humain elle est très majoritairement d'origine maternelle[23]). Il s'agit d'une erreur de division cellulaire dans laquelle il y a un échec d'une paire chromosomique à se disjoindre. Cela entraîne une distribution inégale d'une paire de chromosomes homologues aux cellules filles : la paire chromosomique passe dans sa totalité à l'une des cellules fille et l'autre cellule fille ne reçoit rien.

A la fécondation, la cellule possédant une paire chromosomique reçoit un troisième chromosome provenant de l'autre gamete, devenant ainsi un zygote trisomique (lorsque c'est l'autre cellule fille qui est fécondée, cela provoque une monosomie).

Quand la non-disjonction intervient après la fécondation, on obtient une trisomie en mosaïque.

Il arrive que le zygote trisomique s'auto-répare par la perte d'un des trois chromosomes surnuméraires( réduction de trisomie (d) Voir avec Reasonator) , ce qui peut provoquer une disomie uniparentale quand les deux chromosomes conservés proviennent du même parent.

Épidémiologie[modifier | modifier le code]

La trisomie affecte un grand nombre de grossesses, le risque augmentant avec l'âge de la mère : d'environ 2 % des grossesses à 25 ans, jusqu'à 35% à 40 ans[24]; la plupart de ces grossesses se termineront par une fausse couche. La trisomie 16 est la plus fréquemment rencontrée, on estime qu'elle toucherait 1 à 1,5% des grossesses[25]. Les trisomies 15 et 22 sont les deux autres formes courantes, elles entrainent également le décès in utero du fœtus atteint[26]. Il est possible que ces résultats soient biaisés par la non-détection de l'échec très précoce de la grossesse pour certaines trisomies; en effet la fréquence relative des trisomies détectées par diagnostic préimplantatoire est plus homogène[27].

Parmi les grossesses viables; la trisomie la plus fréquente est la trisomie 21 ou syndrome de Down, estimée à 1/800 naissances hors diagnostic prénatal[28]. Les autres trisomies des autosomes sont plus rares : 1/8000 naissances pour la trisomie 18 ; 1/100 000 pour la trisomie 13[29]. Cependant, la plupart des grossesses échouent spontanément : dans 75% des cas pour la trisomie 21 [30] et plus de 95% pour les trisomies 18 et 13[31].

Les duplications des chromosomes sexuels sont assez fréquentes. La trisomie X affecte 1/1000 des naissances de fille[32] ; le syndrome XXY 1/500 des naissances de garçon[33] et 1/1000 pour la forme XYY[34].

Évolution[modifier | modifier le code]

Les enfants trisomiques 13 et 18 ne vivent en général que de quelques jours à quelques semaines en raison de l'importance des malformations associées.

La trisomie 21 perturbe le développement du cerveau, ce qui provoque des déficits cognitifs et une altération du comportement[35]. Cependant, à force de stimulation, les porteurs de trisomie peuvent se développer tant sur les plans intellectuel et émotionnel que professionnel, même si leur handicap ne leur permettra jamais d'atteindre l'âge mental d'un adulte.

Les syndromes provoqués par une trisomie des chromosomes sexuels sont moins sévères et sont même souvent asymptomatiques. Ils se manifestent principalement par des problèmes de développement sexuels ou de fertilité. Les mécanismes protecteurs sont vraisemblablement liés à l'inactivation du chromosome X et au faible nombre de gènes portés par le chromosome Y[27].

Autres organismes[modifier | modifier le code]

Animaux[modifier | modifier le code]

La trisomie est rare chez l'animal.

Chez la drosophile, la trisomie 4 , le plus petit chromosome autosome de l'espèce, produit des adultes viables[36].

La trisomie 22, analogue à la trisomie 21 humaine, est documentée chez le chimpanzé[37] et d'autres primates [38]. On connaît aussi des cas de trisomie 18 chez le macaque[39].

La trisomie 28 bovine[40] et la trisomie X de la jument[41] sont également documentées.

La trisomie 16 de la souris est utilisée comme modèle animal pour l'étude du syndrome de Down, mais elle est normalement létale[42].

Plantes[modifier | modifier le code]

Les plantes tolèrent mieux les trisomies.

Un exemple typique est la stramoine, dont les 12 chromosomes peuvent être affectés par la trisomie, produisant chacun un plant viable au phénotype caractéristique[36].

Trisomie des cellules cancéreuses[modifier | modifier le code]

On détecte des cellules aneuploïdes dans de nombreux cancers. On trouve par exemple la trisomie 12 dans la leucémie lymphoïde chronique[43] et la trisomie 8 dans la leucémie aigüe myéloïde[44].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Trisomie 21 (Syndrome de Down), Nina N. Powell-Hamilton, Manuel MSD grand public novembre 2018.
  2. Jean-Yves Nau, « Trisomies 13 et 18 : grosses divergences sur la «qualité de vie» », sur planetesante.ch, (consulté le ).
  3. « Orphanet : Trisomie 1 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  4. « Orphanet : Trisomie 2 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  5. « Orphanet : Duplication en mosaïque du chromosome 3 », sur orpha.net (consulté le ).
  6. « Orphanet : Trisomie 4 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  7. « Orphanet : Trisomie 5 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  8. https://chromodisorder.org/wp-content/uploads/2017/08/6ChromosomeChapter.pdf.
  9. « Orphanet : Trisomie 7 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  10. « Article medicale Tunisie, Article medicale Trisomie 9 , malformations… », sur latunisiemedicale.com (consulté le ).
  11. « Orphanet : Trisomie 10 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  12. https://chromodisorder.org/wp-content/uploads/2017/08/11ChromosomeChapter.pdf.
  13. « Orphanet : Trisomie 12 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  14. « Orphanet : Trisomie 14 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  15. « Orphanet : Trisomie 15 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  16. « Orphanet : Trisomie 16 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  17. « Orphanet : Trisomie 17 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  18. https://chromodisorder.org/wp-content/uploads/2017/08/19ChromosomeChapter.pdf.
  19. « Orphanet : Trisomie 20 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  20. « Orphanet : Trisomie 22 en mosaïque », sur orpha.net (consulté le ).
  21. https://www.imdsa.org/Resources/Documents/Information/Karyotypes.pdf
  22. « Devenir prénatal des anomalies des chromosomes sexuels diagnostiquées pendant la grossesse », sur EM-Consulte (consulté le ).
  23. Types, fréquences et mécanismes de formation des anomalies chromosomiques.
  24. M. Vekemans, « Annales de Biologie Clinique », sur jle.com, Annales de Biologie Clinique, (ISSN 0003-3898, consulté le ), p. 497–499.
  25. https://www.nature.com/articles/gim201723.
  26. https://www.fertstert.org/article/S0015-0282(09)01414-9/pdf
  27. a et b O'Connor, C. (2008) Chromosomal abnormalities: Aneuploidies. Nature Education 1(1):172
  28. http://campus.cerimes.fr/genetique-medicale/enseignement/genetique29/site/html/cours.pdf.
  29. « Anophtalmies congénitales  : à propos d’un cas de trisomie 13 », sur EM-Consulte (consulté le ).
  30. Natural history of Down’s syndrome: a brief review for those involved in antenatal screening Joan Noble 1998 DOI 10.1136/jms.5.4.172.
  31. « Anomalies Chromosomiques », sur remera.fr (consulté le ).
  32. https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/probl%C3%A8mes-de-sant%C3%A9-infantiles/anomalies-chromosomiques-et-g%C3%A9n%C3%A9tiques/syndrome-triple-x.
  33. https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/probl%C3%A8mes-de-sant%C3%A9-infantiles/anomalies-chromosomiques-et-g%C3%A9n%C3%A9tiques/syndrome-de-klinefelter?query=XXY.
  34. https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/probl%C3%A8mes-de-sant%C3%A9-infantiles/anomalies-chromosomiques-et-g%C3%A9n%C3%A9tiques/syndrome-xyy?query=XYY.
  35. Les déficits cognitifs dans la trisomie 21, de la naissance à la démence : mécanismes et traitements Marie-Claude Potier 2016
  36. a et b p611 Introduction à l'analyse génétique p.611 Anthony-J-F Griffiths, Sean-B Carroll.
  37. (en) « Second case of 'Down syndrome' in chimps : Chimpanzee study can help to enhance our understanding of Down syndrome (trisomy 21) in humans », sur ScienceDaily (consulté le ).
  38. (en) Sitthisak Jantarat, Alongkoad Tanomtong et Praween Supanuam, « The Discovery of Chromosome Trisomy 22 : A Novel Chromosomal Feature of Siamang (Symphalangus syndactylus) », sur ResearchGate, unknown, (consulté le ).
  39. http://europepmc.org/article/med/7803031.
  40. http://www.ihh.kvl.dk/htm/kc/popgen/genetics/10/3.htm.
  41. https://beva.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2746/042516403776114207.
  42. (en) C J Epstein, « Mouse trisomy 16 as an animal model of human trisomy 21 (Down syndrome): production of viable trisomy 16 diploid mouse chimeras - PubMed », Developmental biology, vol. 101, no 2,‎ , p. 416–424 (ISSN 0012-1606, PMID 6229437, DOI 10.1016/0012-1606(84)90156-8, lire en ligne, consulté le ).
  43. [1]
  44. https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/leukemia-acute-myelogenous-aml/treatment/?region=on

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]