Topaze (pièce de théâtre)

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Marcel Pagnol en 1931.

Topaze est une pièce de théâtre en quatre actes de Marcel Pagnol créée au théâtre de la Renaissance à Berlin en 1927 puis en France le au théâtre des Variétés à Paris[1].

Argument[modifier | modifier le code]

Topaze est un maître d'école au sens civique irréprochable et au salaire modeste. Licencié pour s'être montré trop honnête et influencé par les exemples qu'il a sous les yeux, il devient peu à peu malhonnête et heureux de l'être, en se lançant, sous l'influence d'une femme et d'un conseiller municipal peu scrupuleux, dans le monde des affaires.

Acte I[modifier | modifier le code]

Topaze est un modeste professeur, amoureux de sa collègue Ernestine, la fille de M. Muche, le directeur de la pension où il enseigne. Ernestine le mène par le bout du nez, lui faisant corriger ses copies ou surveiller ses élèves, ce que Topaze, naïf, prend pour une marque d'affection. Il charge son ami Tamise, également professeur, de tâter discrètement le terrain auprès du père pour une demande en mariage. Arrive alors une jeune femme élégante, Suzy Courtois, tante d'un enfant auquel il donne des cours à l'extérieur de l'établissement. Elle a l'intention d'y faire admettre l'enfant, mais elle se ravise après l'avoir visité. Puis l'honnête Topaze refuse naïvement d'inventer une erreur dans le bulletin de notes du fils d’une baronne, malgré l'insistance du directeur. Sur ce, Tamise révèle étourdiment à Muche l'intention de Topaze d'épouser sa fille. Tout ceci fait que Muche, furieux, licencie Topaze.

Acte II[modifier | modifier le code]

Topaze donne une leçon à son élève, chez Suzy Courtois. Celle-ci est la maîtresse d'un conseiller municipal, Régis Castel-Bénac qui, grâce à sa situation, fait des affaires douteuses et lucratives dont Suzy profite largement. Roger, l'homme de paille de Castel-Bénac réclame une plus grosse part des bénéfices, ce que refuse le conseiller municipal. L'affaire en cours devant être traitée sans délai, Suzy lui propose alors d'utiliser le naïf Topaze. Sans se douter de rien, celui-ci accepte d’être le directeur d'une nouvelle agence d'affaires et de signer certains documents à la place de Castel-Bénac. Lorsque Roger (le prête-nom) fait comprendre à Topaze la vraie nature de ces « affaires », Suzy parvient à le dissuader de les dénoncer, prétendant que Castel-Bénac l'oblige à être sa complice ; Topaze accepte alors de se taire et de faire bonne figure au conseiller municipal pour, croit-il, « sauver » Suzy.

Acte III[modifier | modifier le code]

Topaze est maintenant directeur d'un cabinet d'affaires, mais sa brillante situation ne le rend pas du tout heureux. Persuadé que « l'argent ne fait pas le bonheur », il est tourmenté par sa conscience et craint à tout moment qu'on vienne l'arrêter ; et il a découvert que Suzy est la maîtresse et complice de Castel-Bénac, et non sa victime. Pourtant, il avoue son amour à Suzy, mais celle-ci ne recherche que son amitié. Il éconduit Muche et Ernestine, prête à se donner à cet ancien soupirant devenu si intéressant. Il n'est plus dupe mais continue malgré tout à servir d’homme de paille à Castel-Bénac.

Acte IV[modifier | modifier le code]

Suzy reproche à Castel-Bénac de la tenir à l’écart de sa nouvelle affaire, ce qu’il nie ; en réalité, cette affaire a été initiée par Topaze seul, devenu très élégant et sûr de lui. Il annonce à Castel-Bénac son intention de travailler désormais seul sur des affaires d'envergure. C'est la rupture, le conseiller municipal n'a aucun recours possible contre son ex-prête-nom. Suzy rompt également avec Castel-Bénac, elle va devenir la maîtresse de Topaze. Son ami Tamise qui est resté un honnête professeur lui rend visite. D’abord horrifié et peiné de constater que Topaze est corrompu par l'argent, Tamise ne refuse cependant pas sa proposition de venir travailler avec lui.

Écriture et création[modifier | modifier le code]

Max Maurey.

En 1923, Marcel Pagnol rédige l'ébauche de La Belle et la Bête, l'histoire d'un professeur naïf qu'il appelle dans un premier temps M. Martinet[2]. Provisoirement occupé par Marius, il termine l'écriture de sa pièce en mai-juin 1927 et la propose alors à la création sous le nom de Monsieur Topaze[3],[1].

Pagnol dépose un exemplaire de Monsieur Topaze dans plusieurs théâtres, ceux où se produisent de grands interprètes mais l'accueil est difficile : Jouvet est intéressé par le rôle et programme la pièce en août 1927 pour la saison d'hiver 1927-1928 de la Salle de La Comédie des Champs-Elysées mais le projet ne se fera pas[4]. Max Dearly, lui, veut créer la pièce à Nice mais le Palais de la Méditerranée dont il deviendra le directeur ne sera inauguré qu'en janvier 1929. Quant à Victor Boucher, directeur du théâtre de la Michodière, il est intéressé mais sous réserves d'apporter des modifications à la pièce.

Conseillé par le dramaturge Robert de Machiels, Marcel Pagnol se tourne alors vers l'Allemagne où Eugen Klöpfer accepte de créer le rôle de Monsieur Topaze au théâtre de la Renaissance de Berlin dans une traduction de la pièce en langue allemande qui portera le nom de Der Grosse A.B.C.. La première à lieu à l'automne 1927, le succès est immédiat et la pièce commence une tournée en Allemagne et en Autriche[5],[6],[7].

A Paris, l'accueil reste froid et Max Maurey, alors directeur du théâtre des Variétés, hésite lui aussi à monter cette pièce d'un auteur inconnu et préfère programmer des valeurs sûres comme Louis Verneuil ou Sacha Guitry même si ces pièces ne restent pas longtemps à l'affiche[2]. C'est finalement sur les conseils d'André Antoine qu'il s'engage à créer Monsieur Topaze pour la saison 1928-1929.

Pour interpréter le rôle principal d'Albert Topaze, Max Maurey choisit André Lefaur, un comédien chevronné que Pagnol considère malgré tout un peu trop âgé pour jouer le personnage ; les réticences de l'auteur disparaissent dès les premières répétitions[8]. L’attribution du rôle de Castel-Bénac à Paul Pauley suscite également quelques doutes vite dissipés[9]. Pierre Larquey, un marchand de jouets qui a gagné un concours de comédiens amateurs est engagé pour un petit rôle, celui de Tamise, car le comédien initialement prévu ne peut honorer son engagement[2].

C'est à l'occasion de la Générale de la pièce, prévue le 9 octobre 1928 et repoussée le 10, que le titre de la pièce change en Topaze[10]

Comme en Allemagne depuis un an, elle remporte un grand succès[2] et l'ami de Marcel Pagnol et directeur de l'Alhambra de Lille André Boulay décide avec l'acteur Alexandre Arnaudy d'en co-produire trois tournées. Le succès est retentissant: plus de 3000 représentations de la pièce seront données en 3 ans en France, en Belgique et en Suisse. La pièce est également présentée en Hollande[11], à New-York, en Egypte et en Amérique du sud où elle sera emmenée par Victor Boucher[12].

En 1930, soit seulement deux ans après sa création, pas moins de 75 versions de Topaze circulent à l'étranger[13].

Ce succès apporte la consécration à Marcel Pagnol.

L'œuvre est publiée en 1930 aux éditions Fasquelle et est créée la même année en version anglaise à Broadway avec Frank Morgan dans le rôle-titre.

Après la diffusion de Topaze dans Au théâtre ce soir le , enregistrée dans la foulée des représentations théâtre Hébertot avec Jacques Ardouin dans le rôle-titre, Pagnol écrit en septembre à Jean-Jacques Bricaire[réf. souhaitée] : « Plus jamais ce Topaze dont les comédiens, qui étaient excellents sur la scène, ont été ridicules sur l'écran! »

La distribution de la création berlinoise de 1927[modifier | modifier le code]

Elle donnera au moins 150 représentations[14]

La distribution parisienne de 1928[modifier | modifier le code]

Elle donnera 700 représentations de la pièce au Théâtre des Variétés jusqu'en 1931[15],[16].

La distribution de la tournée Boulay-Arnaudy de 1929[modifier | modifier le code]

Elle donnera 1200 représentations de la pièce en France, en Suisse et en Belgique jusqu'en 1933[16]

La distribution de la tournée internationale Arnaudy-Compagnie Suzanne Rissler de 1929[modifier | modifier le code]

Elle se produira pour deux ans en France, en Egypte, à New-York et au Canada[17].

La distribution de la tournée Karsenty de 1929[modifier | modifier le code]

Interprètes notables du rôle de Topaze[modifier | modifier le code]

André Lefaur vers 1925.

Sur scène[modifier | modifier le code]

Sous la direction artistique de Marcel Pagnol et dans le cadre de la création de la pièce et de ses différentes tournées, de 1927 à 1929.

Lors de reprises de la pièce.

À l'écran[modifier | modifier le code]

Adaptations[modifier | modifier le code]

La pièce a fait l'objet de nombreuses adaptations cinématographiques, dont deux réalisées par Pagnol lui-même :

Éditions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « L’Écho de Paris, 8 octobre 1928 - p.7 - 3e colonne milieu - La répétition générale... », sur Retronews
  2. a b c et d Raymond Castans, Marcel Pagnol, éditions de Fallois, 1995.
  3. Les coupures de presse qui annoncent depuis le 20 août 1927 l'acquisition et la préparation de la pièce par différents théâtres citent Monsieur Topaze jusqu'en Septembre 1928, à la veille de l'ouverture de saison.« L’Intransigeant, 20 août 1927 - p.4 - 3e colonne milieu - Le beau programme de M. Louis Jouvet - 3e paragraphe - Il ouvrira donc la saison... », sur Retronews
  4. « L’Intransigeant, 20 août 1927 - p.4 - 3e colonne milieu - Le beau programme de M. Louis Jouvet - 3e paragraphe - Il ouvrira donc la saison... », sur Retronews
  5. « L’Intransigeant, 27 mars 1929 - p.8 - 1re colonne haut - COURRIER - 5e - Monsieur Marcel Pagnol... », sur Retronews
  6. « Le Quotidien, 21 octobre 1928 - p.4 - 2e colonne haut - 3e paragraphe - Monsieur Topaze fut créé à Berlin... », sur Retronews
  7. « Comœdia, 22 mars 1929 - p.2 - 7e colonne milieu - Etranger - La 100e de Topaze à Berlin », sur Retronews
  8. Marcel Pagnol, Confidences, éditions de Fallois, 1990.
  9. Dans Confidences, Pagnol raconte la mise en garde d'André Antoine : « Pauley est un très bon comique de vaudeville. […] Si on lui confie le rôle du conseiller municipal, ce sera un festival de pitreries. »
  10. Peut-être est-ce l'appropriation depuis deux ans par une infime minorité de journalistes de la pièce sous le nom de Topaze qui motive le changement de titre de la pièce, mais depuis le 20 aout 1927 et la publication de la programmation de Monsieur Topaze à la saison d'hiver 1927-1928 de La Comédie des Champs-Elysées par Louis Jouvet jusqu'à la veille de la répétition générale du 10 octobre 1928, c'est sous le nom de Monsieur Topaze qu'on parle d'elle. Dès le lendemain de la générale, les critiques titrent désormais Topaze, comme ici « L’Ère nouvelle, 13 octobre 1928 - p.3 - 5e colonne haut », sur Retronews
  11. « Comœdia, 19 novembre 1928 - p.5 - 3e colonne milieu - En Hollande », sur Retronews
  12. « Comœdia, 11 avril 1929 - p.2 - 3e colonne haut - Victor Boucher en Amérique du sud », sur Retronews
  13. « Comœdia, 14 février 1930 - p.2 - 2e colonne haut - Un Topaze intégral est joué à Versailles - 3e paragraphe - Tous les soirs... », sur Retronews
  14. « Le Petit Provençal, 20 avril 1929 - p.2 - 3e colonne haut - Le succès à l'étranger des pièces de Marcel Pagnol », sur Retronews
  15. « Comœdia, 28 juin 1930 - p.2 - 2e colonne haut - La 650e de Topaze », sur Retronews
  16. a et b « L’Intransigeant, 19 février 1933 - p.6 - 5e colonne milieu Au delà de la millième - bas de colonne - Monsieur Pierre Darteuil... », sur Retronews
  17. « Comœdia, 10 mai 1930 - p.2 - 2e colonne haut », sur Retronews
  18. Francis Perrin dans Topaze sur ina.fr.
  19. « Yacout » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  20. Li Pingqian sur chinesemovies.com.fr.