Tony de Graaff

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Tony de Graaff
Londres 1945
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
AurillacVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
De GraaffVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Tony, Grammont, MauriceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint

Maria Paulette Rouquet marié le 3 février 1942 Divorcé le 2 mars 1953 Denise Moreau marié le 17 Août 1953 divorcé le 27 janvier 1968

Mary Young marié le 2 juillet 1968
Enfant

Michèle de Graaff née le 4 janvier 1943 à Saint Foy les Lyon

Evelyn de Graaff née le 12 Août 1945 à Londres
Autres informations
Membre de
Conflit
Distinctions
Tombe de Tony de Graaff au cimetière du Père-Lachaise (division 87, columbarium).

Antoine De Graaff, dit Tony, alias Grammont, alias Maurice, né le à Paris, mort le [1] à Aurillac[2], est un résistant français et un agent des services spéciaux de la France libre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études au lycée Carnot de l’âge de 6 ans à la première, puis École Chauveau et Bac A (lettres-sciences). Né dans une famille de banquiers juifs d'origine hollandaise, il travaille alors dans la banque familiale de son père Louis De Graaff et son oncle Pierre Wellhoff.

Il décide de devancer l’appel et est incorporé le 26 avril 1937 au titre d’engagé volontaire à Paris Intendance soldat de deuxième classe affecté à la base aérienne de Saint-Cyr-l'École comme secrétaire du Commandant Henri Manhes, ami de Jean Moulin.

Drôle de Guerre et Débâcle[modifier | modifier le code]

Mobilisé sur place à la base aérienne de Saint-Cyr, en 1939, à la fin de son service militaire De Graaff est sous les ordres du commandant Henri Manhès. Au moment de la débâcle, Tony organise, pour le compte de Manhès, la sortie de la base des 1900 autos du parc de la base en les confiant à des civils, avec consigne de les conduire dans le Sud-Ouest. Puis il effectue, pendant le bombardement, le sabordage du dépôt de matériel militaire, l’incendie des réserves de carburant. Il sortira le dernier de la base . Ce fait d’arme de la part d’un sergent-chef lui vaudra La Croix de guerre avec palme et 2 étoiles.

En Zone Sud[modifier | modifier le code]

Démobilisé en août 1940, et toujours en relation avec Manhès, De Graaff cherche à contacter un cercle de résistants dans la région de Vichy. En , il milite au mouvement Compagnons de France (emploi de couverture). Il y organise sa première intervention active à la résistance avec la manifestation de Clermont Ferrand du . Il quitte ce mouvement en , pour rejoindre sa famille repliée à Lyon.

En , par l'intermédiaire de Mahnès, De Graaff est mis en contact avec l'équipe de Jean Moulin alors délégué général du général de Gaulle en Zone Libre. Il assure la liaison avec son père chargé de convertir en Francs les Dollars et les Sterlings envoyés par Londres. De Graaff héberge parfois Moulin lors de ses séjours à Lyon.

En mars 1943, le général de Gaulle étend la mission de Moulin à la Zone Nord. Moulin, ayant chargé Daniel Cordier d'organiser à Paris le nouveau commissariat central, nomme à sa place Tony De Graaff pour diriger à Lyon le secrétariat de la Zone Sud. De l'équipe de Cordier, De Graaff garde Hélène Vernay (secrétariat) et Laurent Girard (courrier). Tony de Graaff entre dans la clandestinité totale et va habiter, avec son épouse, à Lyon 22 rue du Commandant Charcot. Il devient agent de liaison et organise les « courriers » entre les zones Sud et Nord ainsi que la préparation et la transmission des courriers envoyés à Londres, il organise les liaisons, sécurise les contacts, distribue les fonds, fait établir les faux papiers, trouve locaux et matériels … .

Le , Jean Moulin déjeune avec Tony chez qui il avait passé la nuit . C’était le dernier repas que Jean Moulin a pris avant son arrestation…(d’où ses témoignages aux procès intentés à Hardy) .

Après le coup de filet de Caluire, De Graaff met en demi sommeil son service mais reste à son poste jusqu'en , quand ses camarades (dont Georges Bidault) le persuadent de partir pour la Grande-Bretagne, Depuis août, sa tête est mise à prix (50 000 francs) par le Sipo-SD. Le , il s’envole pour l’Angleterre à partir d’un terrain d’aviation de fortune près de Macon et rejoint la France Libre.

Le , son père, qui était toujours détenteur des fonds de la zone Sud, meurt au moment de son arrestation. Son épouse est arrêtée puis ayant fait établir de faux papiers de séparation est relâchée. Sa mère, Suzanne, Sa tante Édith, l'oncle Pierre sont internés. Transféré de la prison Montluc, l'oncle Pierre disparaît.

Sa première semaine à Londres il la passera auprès des services de contre espionnage pour interrogatoire puis plus tard un très long debriefing auprès du BCRA (2600 lignes dactylographiées). Il y relate les circonstances de l’arrestation de Caluire et l’organisation de la résistance Sud.

De Graaff est alors affecté au BCRA. Trois fois, il est parachuté en France. Après avoir participé au débarquement du , en étant le premier officier à entrer à Bayeux.

Il est nommé chef de mission au ministère des prisonniers, déportés et rapatriés d'Henri Freney. Dans ce cadre, il est chargé de mission auprès de l’Etat Major Allié, avec le grade de général, pour rapatrier près de 8 millions de personnes prisonnières ou déportées alliées en évitant toute interférence avec le mouvement des troupes pendant la campagne d’Allemagne. Il réussit à ramener tout le monde en 90 jours, un exploit.

Ce travail terminé il représentera la France dans les grandes réunions internationales(Nations Unies, UNRRA, Comité international des prisonniers, Croix rouge …

En 1946, De Graaff retourne à la vie civile.

Après-Guerre[modifier | modifier le code]

Il décide de rester à Londres ou pendant 18 ans il va représenter les industries aéronautiques françaises. Après le management puis la création de quelques sociétés il sera l’agent des Établissements Bréguet, Sinaï, Ofema, Oga, Hurel Dubois… Il participe à la création de la Société Matra

En 1964 le président Chassagny le nomme Directeur des ventes, puis Lagardère le nomme Directeur commercial et responsable des contrats militaires et spatiaux et enfin il sera nommé Conseiller du Président jusqu’en 1988 (72 ans) .

En 1975, De Graaff, alors directeur commercial chez Matra, crée, avec l'appui du Rotary, une organisation humanitaire, Hôpital sans Frontières. Il s’agit d’apporter au milieu des zones de combat du monde entier, des hôpitaux entièrement fonctionnels, infrastructures indispensables aux organisations telles que Médecins du monde. En 1977, Tony succède au professeur Debré à la présidence de cette association. Il restera 12 ans. Sous sa présidence des centaines d’hôpitaux ont été installés dans le monde .

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

A sa mort les honneurs militaires et les honneurs du gouvernement français lui ont été rendus .

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Archives nationales 72AJ2175 Débriefing de Tony de graaff auprès du BCRA de Londres .
  • Jacques Baynac Jean Moulin Hachette 2009
  • Jacques Baynac Présumé Jean Moulin Grasset 2007
  • Daniel Cordier, Alias Caracalla, Gallimard, 2009.
  • Daniel Cordier, Jean Moulin, la République des catacombes, Gallimard, 1999.
  • François Berriot, Autour de Jean Moulin, L'Harmattan, 2013.

Liens externes[modifier | modifier le code]