Tithon

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Éos poursuivant Tithon, œnochoé attique du Peintre d'Achille, v. , musée du Louvre

Dans la mythologie grecque, Tithon (en grec ancien : Τιθωνός / Tithōnós) est un prince troyen aimé par Éos, déesse de l'Aurore.

Aurore et Tithon
par Sebastiano Ricci
Musée national des Beaux-Arts (Argentine)[1]

Mythe[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Laomédon, roi de Troie, et le frère de Priam[2]. Comme son grand-oncle Ganymède, il est d'une remarquable beauté, ce qui pousse Éos à l'enlever[3] alors qu'il faisait paître ses troupeaux[4]. Elle en a deux fils, Memnon et Émathion[5],[6]. Homère la décrit comme se levant tous les matins du lit de son époux[7],[8]. Dans l’Hymne homérique à Aphrodite, la déesse raconte à Anchise la misérable vieillesse de Tithon : Éos demande pour lui l'immortalité, ce que Zeus accorde[9]. En revanche, elle oublie de réclamer également l'éternelle jeunesse[10] — à moins qu'il ne s'agisse d'une omission volontaire de Zeus[11] — : Tithon, condamné à se dessécher sans fin, est finalement abandonné par Éos[12]. Chez d'autres auteurs, il est finalement transformé en cigale[13]. Le mythe est évoqué dans un poème de Sappho retrouvé sur des papyrus d'époque hellénistique, publié par Martin Litchfield West en 2005[14].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Métamorphose de Tithon en cigale (1655).

Le nom « Tithon » est probablement d'origine anatolienne[15] ; il peut être rapproché de Τῑτώ / Tītṓ[16], une déesse de l'aurore que mentionnent Callimaque[17], Lycophron[18] et Hésychios[19]. Il entre dans le langage courant des Grecs pour désigner quelqu'un dont on dirait en français qu'il est « vieux comme Mathusalem » ; l'expression « Τιθωνοῦ γῆρας / Tithōnoû gêras », signifiant littéralement « une vieillesse de Tithon », désigne une vie qui s'éternise[20].

Littérature[modifier | modifier le code]

L'histoire de Tithon et d'Éos, le premier, immortel mais perclus par la vieillesse, tandis que la déesse garde à jamais ses 22 ans, est contée dans un poème d'Alfred Tennyson, Tithon, composé en 1833, puis révisé en 1859 et publié en 1860.

Musique[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Musée de Buenos Aires
  2. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (XX, 237)
  3. Hymnes homériques [détail des éditions] [lire en ligne] (Aphrodite, 219-220) ; repris par Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 12, 3–4), qui précise qu'Éos emmène le jeune homme en Éthiopie.
  4. Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (XLVIII).
  5. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 984-985).
  6. Hésiode 1993, p. 151
  7. Iliade (Chant XI, 1-2) = Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (Chant V, 1-2)
  8. L'image, devenue classique, se retrouve chez Ovide, Fastes [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 461 et VI, 473) et Virgile, Géorgiques [détail des éditions] [lire en ligne] (446).
  9. Hymne à Aphrodite (219-220).
  10. Lucien de Samosate 2015, p. 1003
  11. Mimnerme (fr. 4 West).
  12. Hymne à Aphrodite (226–239).
  13. Mention chez Hellanicos (4F140), repris par les auteurs tardifs comme Servius, commentaire du vers III, 328 des Géorgiques.
  14. Martin Litchfield West : « A new Sappho poem », Times Literary Supplement, 21 juin 2005.
  15. (en) Bryan Hainsworth (éd.), The Iliad: a Commentary, vol. III : Chants IX-XII, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-28173-3), commentaire des vers XI, 1–2.
  16. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour), 1447 p. (ISBN 978-2-25203-277-0) à l'article Τῑτᾶνες.
  17. Frag. 21, 3 Pfeiffer.
  18. Lycophron, Alexandra [détail des éditions] [lire en ligne], 941.
  19. Lexique, « τιτώ· ἠώς, αὔριον ».
  20. Anatole Bailly, Dictionnaire grec-français, Hachette, 1950, à l'article Τιθωνός.

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