Tinariwen

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Tinariwen
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Le groupe Tinariwen en concert
Informations générales
Pays d'origine Mali - Algérie
Genre musical Blues touareg
Années actives 1982 – aujourd'hui
Site officiel www.tinariwen.com
Composition du groupe
Membres principaux : Ibrahim ag Alhabib, Alhousseini ag Abdoulahi, Mohamed ag Itlal

Tinariwen (en touareg: « ⵜⵏⵔⵓⵏ »; du tamasheq, « les déserts », pluriel de ténéré) est un groupe de musique, originaire de Tessalit dans la région de Kidal au nord du Mali, dans l'Adrar des Ifoghas[1],[2],[3].

Leur musique, assouf, qui signifie en tamasheq la solitude, la nostalgie, fait la synthèse entre le blues, le rock et la musique traditionnelle touareg. C'est ce que l'on peut appeler le blues touareg, car comme le blues, il a été créé dans l'exil et la souffrance. Les deux leaders du groupe sont Ibrahim ag Alhabib « Abraybone » et Alhousseini ag Abdoulahi « Abdallah », mais il faut considérer Tinariwen comme une grande famille d'artistes touareg, un mouvement culturel et un courant musical. Les Tinariwen ne constituent pas une formation figée, les artistes y participent à leur guise. Certains, comme Mohamed ag Itlal dit le «Japonais», contribuent à l'aventure grâce à leurs compositions, mais ne souhaitent pas venir faire les tournées mondiales.

Biographie

Créé officiellement en 1982, lors d'un festival à Alger, par Ibrahim ag Alhabib, Alhassan ag Touhami et feu Intayaden, Taghreft Tinariwen, qui signifie en tamasheq, « l'édification des pays » a joué un rôle important pendant la rébellion touareg des années 1990, en diffusant des messages d'espoir et de résistance à leurs compatriotes. À l'origine, les trois amis jouent sur une guitare acoustique qu'ils se partagent, avant de rencontrer un orchestre de musiciens touaregs, les voix du Hoggar qui chantent en arabe et qui offrent à Ibrahim sa première guitare électrique. À Tamanrasset, ils donnent des concerts accompagnés de trois femmes. Après cette période d'exil en Algérie, Ibrahim, Intayeden, Alhassan rencontrent Alhousseini ag Abdoulahi, Kedhou ag Ossad, Mohammed dit "Japonais" dans les camps d'entraînement en Libye. Le groupe s'agrandit de ses nouveaux membres. Lorsqu'éclate la rébellion en 1990, ils rentrent au Mali les armes à la main et les guitares en bandoulière. Ils se retrouvent alors intégrés au Mouvement Populaire de l'Azawad sous le commandement d'Iyad ag Ghali qui les aide à financer l'achat d'instruments de musique.

Avec la signature du Pacte national de 1992, et le retour de la paix, le groupe s'est consacré à la diffusion de la culture touarègue grâce à leur musique et à des paroles évoquant autant l'amour du désert que les souffrances de leur peuple. Tinariwen joue alors dans des festivals au Mali et commence à se faire un nom. Ils enregistrent alors deux albums studio : le premier en 1992 à Abidjan et le second en 1993 à Bamako[4]. Leur leader de 1993 à 1999 est Mohamed ag Ansar dit "Manny" qui est aujourd'hui le directeur du Festival au désert. C'est à cette même époque que des choristes intègrent le groupe, apportant une touche de féminité à ce groupe d'ex-rebelles, rappelant les tende, traditionnellement chantés lors des fêtes, dans les campements, par les femmes réunies autour d'une soliste. Parmi elles, la regrettée Wounou wallet Oumar, sœur de l'actuelle chanteuse Mina wallet Oumar.

On compte de très nombreux morceaux à leur actif, enregistrés sur des cassettes qui ont circulé dans le Sahara pendant la rébellion touarègue. En 1999, leur participation au Festival Toucouleur à Angers, sous le nom de Azawad, lance leur carrière en Europe.

Leur premier album The Radio Tisdas Sessions enregistré en deux jours à Kidal grâce à l'énergie solaire, par Justin Adams et les Lo'Jo sort en 2000. Ibrahim, Abdallah, Keddhou, Japonais, Alhassan, Foy-Foy y participent. C'est avec Amassakoul édité en 2004, que leur renommée atteint une dimension internationale. La sortie de cet album est un réel succès, le groupe fait figure d'ambassadeur des Touaregs à travers le monde grâce à leurs tournées en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Asie[4]. Leur troisième album Aman Iman, paru en 2007, a confirmé la renommée du groupe puisqu'il a été, entre autres, disque d'argent en Grande-Bretagne. Tinariwen a également reçu le soutien de grands noms du rock tels Robert Plant de Led Zeppelin qui se joignit à eux lors d'un concert mémorable au Bataclan à Paris le 7 avril 2007.

Le cinéaste français Jérémie Reichenbach, a réalisé un film documentaire de 51 minutes, sur la naissance du groupe, Teshumara, les guitares de la rébellion touareg. Il replace cet avènement dans l'errance et l'exil du peuple touareg vécu à l'occasion du soulèvement des années 1990, et de la féroce répression du gouvernement malien de l'époque. Ce film a reçu en août, le grand prix 2006 du documentaire musical, de la SACEM.

En 2010, les Tinariwen participent au concert d'ouverture de la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud.

Au début de l'année 2012, avec les mouvements insurrectionnels au Nord-Mali menés par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad, Eyadou ag Leche s'exprime dans un entretien à Libération :

« Si on avait écouté nos textes, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Nous sommes un peuple pacifique, mais nous n'acceptons pas qu'on marche sur nos têtes. Depuis cinquante ans, nous demandons des écoles pour nos enfants, des puits pour nos bêtes, le droit de pâturer sur notre territoire. En cinquante ans, nous n'avons rien obtenu. »

— Eyadou ag Leche[5]

Le 30 juin 2012, ils font la première partie des Red Hot Chili Peppers au Stade de France.

En janvier 2013, Abdallah ag Lamida dit « Intidaw », l'un des chanteurs du groupe, est fait prisonnier par des membres du groupe islamiste Ansar Dine, qui suite au conflit malien de 2012-2013 contrôle depuis le printemps 2012 le nord du pays, alors qu'il rend visite à sa famille dans son village natal de Tessalit. Au 8 janvier 2013, sa libération n'avait pas été confirmée[6].

Membres du groupe en tournée

  • Ibrahim ag Alhabib, dit « Abraybone » (guitare, chant, composition)
  • Alhousseini ag Abdoulahi, dit « Abdallah », dit « Catastrophe », (guitare, chant, composition)
  • Alhassane ag Touhami, dit « Abin-Abin » ou "Aharr", dit « Le lion du désert » (guitare, chant, composition)
  • Saïd ag Ayad (percussions, chœurs)
  • Eyadou ag Leche (basse, guitare, chœurs, percussions, composition)
  • Abdallah ag Lamida, dit « Intidao » (guitare, chœurs, composition)
  • Wounou wallet Sidati (chœurs, claps)
  • Kesa wallet Hamid (chœurs, claps)

Autres membres

Discographie

Collaborations

Prix

Notes et références

  1. Histoire du Monde : histoire d'un disque sur le site de la RTBF le 27 février 2012.
  2. Tinariwen dans Le Figaro du 20 septembre 2011.
  3. (en)Blues From the Desert, Recorded On-Site dans The New York Times du 31 août 2011.
  4. a et b La résistance sahraouie a Gdaïm Izig, ouvrage collectif, coll. L'Ouest saharien vol. 8, in Cahiers d'études pluridisciplinaires, éditions L'Harmattan, 2012, (ISBN 9782296992337), pp. 178-179.
  5. Tinariwen, branché désert par François-Xavier Gomez, dans Libération du 2 avril 2012.
  6. Intidaw n’a toujours pas donné signe de vie, dans le journal marocain Libération du 8 janvier 2013.
  7. (en) Nominations et résultats des Grammy Awards 2011, sur le site officiel.
  8. Un Grammy Award pour les rockeurs de Tinariwen, conteurs des rébellions touareg sur le site de France 24 le 14 février 2012.

Annexes

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Articles connexes

Lien externe