Théosophie

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Emblème de la société théosophique.
Les cinq symboles visibles dans le sceau sont l'Étoile de David, l'Ânkh, la Sauvastika, l'Ouroboros et, au-dessus du sceau, le signe Aum.
Autour du sceau sont écrits les mots : « Il n'y a pas de religion supérieure à la Vérité ».

Le terme théosophie fait référence à un système philosophique ésotérique à travers lequel l'être humain tente de connaître « le Divin » et les mystères de la Vérité.

La « théosophie antique » est à distinguer de la « théosophie moderne » ou « théosophisme »[1] se référant à la Société théosophique.

Théosophie antique

La théosophie (theosophia — en grec : theos, divin et sophia, sagesse) a été fondée par des auteurs de l'Antiquité. L'origine du terme se trouve chez les philosophes d'Alexandrie, les philalèthes (en grec : phil, qui aime et aletheia, la vérité). Le terme en tant que tel date du IIIe siècle de l'ère chrétienne et fait son apparition avec Ammonios Saccas et ses disciples, qui fondèrent le système théosophique éclectique. La méthode consiste, d'une part, à raisonner en termes d'analogies — on appelait les disciples d'Ammonios Saccas les « analogistes » en raison de leur habitude d'interpréter les légendes, mythes et contes sacrés selon une logique d'analogie et de correspondance — et d'autre part, à connaître l'expérience du divin par l'extase spirituelle et l'intuition directe.

Pour Porphyre, le theosophos est « un être idéal unissant en lui-même la qualité d'un philosophe, d'un artiste et d'un prêtre du plus haut niveau »[2].

Théosophie moderne / Théosophisme

Le terme « théosophie » correspond également à un système de croyances modernes et a été spécialement utilisé par Helena Blavatsky pour définir thématiquement la doctrine de ses maîtres, les Mahatma. Avec Henry Steel Olcott et William Quan Judge, elle fonde la Société théosophique en 1875. Cette organisation spiritualiste s'apparente à d'autres mouvements initiatiques du même ordre, avec lesquels elle a entretenu de nombreux liens jusqu'à aujourd'hui (Franc-maçonnerie, Rose-Croix, Martinisme, Nouvelle Acropole).

« La Théosophie n'appartient pas à la Société théosophique ; au contraire la Société théosophique appartient à la Théosophie. »[3]. Elle souhaite une renaissance moderne du principe théosophique ancien. Il se fonde sur un syncrétisme à base de traditions de l'hindouisme et du bouddhisme, que les théosophes affirment reposer sur un « Corps de Vérité » commun à toutes les religions : la Tradition Primordiale[4]. La théosophie, précisent-ils, représente un aspect moderne du Sanatana Dharma, « la Vérité Éternelle », comme religion en soi[5].

René Guénon proposera l'utilisation du terme « Théosophisme » pour éviter toute confusion entre la Théosophie antique et la Société théosophique. Un certain nombre d'auteurs contemporains utilisent ce néologisme dans leurs écrits comme Antoine Faivre et Pierre A. Riffard.

Fondements théoriques de la théosophie moderne

Brève histoire de la théosophie

Les théosophes lient l'origine de la théosophie aux efforts pour atteindre la divinité qui existent dans toutes les cultures anciennes. Ils soutiennent qu'on peut trouver la démarche théosophique au travers d'une chaîne ininterrompue de transmission d'enseignements en Inde[6] mais qu'elle a existé dans la Grèce antique dans différents écrits comme ceux de Platon (427-347 av. J.-C.), Plotin (204/5-270) et d'autres néoplatoniciens, jusqu'à Jacob Boehme (1575-1624), ainsi qu'en Iran[7].

Au XVIIe siècle on appelait Jacob Boehme « le prince de la théosophie chrétienne », dans une Allemagne en plein désarroi religieux. En s"inspirant de sa pensée, Johann Georg Gichtel (en) écrit le Theosophia practica qui paraîtra de façon posthume en 1722[8].

L'ésotérisme de la théosophie moderne commence avec H. P. Blavatsky (1831-1891), plus connue sous le nom de Madame Blavatsky. Celle-ci était l'un des fondateurs de la Société théosophique (fondée en 1875, à New York) avec Henry Steel Olcott, qui était juriste et écrivain, et William Quan Judge. Grande voyageuse, Madame Blavatsky s'est ensuite installée en Inde où, à nouveau avec Olcott, elle établit le quartier général de la Société théosophique, près de Chennai.

Helena Blavatsky fit usage en public de pouvoirs psychiques et médiumniques. Pourtant « la Société théosophique, essentiellement orientée vers des fins spirituelles, n'encourage pas le développement des pouvoirs psychiques. (...) Certes, Mme Blavatsky dans ses débuts a donné maintes preuves de ses extraordinaires pouvoirs médiumniques, mais il s'agissait de frapper les imaginations (...) Si, comme l'a dit très justement Constance Wachtmeister, elle s'était présentée comme professeur de philosophie ésotérique, son message n'aurait pas touché grand monde. »[9]. La théosophie a été popularisée par Annie Besant à partir de 1889, qui est ensuite allée s'installer en Inde, où elle a été la présidente de la Société théosophique de 1907 à sa mort en 1933.

Bien que la Société théosophique existe encore aujourd'hui dans de nombreux pays, la théosophie moderne a connu son âge d'or entre la fin du XIXe siècle et les années 1920 où, à titre d'exemple, la section américaine comptait plus de 7 000 membres. C'est aussi à cette période que la Société théosophique connaît de nombreux schismes et perd progressivement de son influence. Ces ruptures ont donné naissance à des mouvements et groupements divers tels que l'anthroposophie de Rudolf Steiner, une approche se voulant plus chrétienne que la théosophie et centrée sur l'Homme, l'École Arcane d'Alice Bailey qui se veut la continuation directe de la doctrine de Mme Blavatsky en y incorporant par ailleurs une dimension fortement chrétienne, l'Agni Yoga Society d'Helena et Nicholas Roerich ou tout simplement, plus récemment, le mouvement New Age, dont certains de ses acteurs se réclament des enseignements théosophiques. D'autres acteurs plus controversés s'inscrivent également dans cette lignée telle que l'école dite de la Nouvelle Acropole — encore très puissante en Amérique du Sud et considérée comme une secte dans certains pays — ou par exemple, au sein du mouvement New Age, dans les années 1970, le mouvement Share International (en) (en France, Partage International), fondé par Benjamin Creme, un Écossais se réclamant des écrits d'Helena Blavatsky et plus particulièrement de ceux d'Alice Bailey.

Influences et critiques de la théosophie moderne

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Guénon (René), Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion', éditions Traditionnelles (reproduction en fac-simile), Paris 1996. (ISBN 2713800609)
    Voir aussi l'édition de 1978, augmentée de textes et annotations (ASIN : B0014VGYI6).
  2. Les postérités de la théosophie : du théosophisme au New Age, Politica Hermetica, 1997, p. 6 (lire en ligne)
  3. Brochure de la Société théosophique, 1979, citée par Pierre A. Riffard, in L'ésotérisme, Pierre Laffont, 1990, p . 818
  4. Serge Lafitte, "La Société théosophique et la Golden Dawn", in 20 clés pour comprendre l'ésotérisme, Albin Michel, 2013, p. 117
  5. Frédéric Landy, Dictionnaire de l'Inde contemporaine, Armand Colin, Paris 2010, p. 423
  6. Oltramare (Paul), L'histoire des idées théosophiques dans l'Inde, Éditions Ernest Leroux, Paris 1906.
  7. Panoussi (Estiphan), La théosophie iranienne source d'Avicenne ?, in Revue Philosophique de Louvain, Tome 66 (troisième série, numéro 90), p. 239-266, éditions de l'Institut supérieur de philosophie, Louvain 1978.
  8. Antoine Faivre, "La Théologie chrétienne au XVIIème siècle", in 20 clés pour comprendre l'ésotérisme, Albin Michel, 2013, p. 80
  9. Jean PrieurL'Europe des médiums et des initiés: 1850-1950, p. 100 (lire en ligne)

Lien externe