Théodore Caruelle d'Aligny

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Théodore Caruelle d'Aligny
Antoine Étex, Théodore Caruelle d'Aligny (détail),
Paris, cimetière du Montparnasse.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Claude Théodore Félix Caruelle
Nationalité
Activité
Période d'activité
Autres informations
Membre de
Mouvement
Maître
Élève
Personne liée
Genre artistique
Distinction
Tombe de Théodore Caruelle d'Aligny au cimetière du Montparnasse (div. 18), à Paris.

Théodore Caruelle d'Aligny[1] né à Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre) le [2] et mort à Lyon (Rhône) le [3] est un peintre paysagiste français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille d'artistes, Théodore Caruelle perd son géniteur Jean-Baptiste Caruelle en 1801. Élevé par son beau-père Claude Meure-Aligny, il en adopte le patronyme pour peindre. Arrivé à Paris en 1808, il aurait débuté en réalisant des dessins paysagers pour une fabrique de porcelaine. Ses maîtres dans l'apprentissage du pinceau sont Jean-Baptiste Regnault et Louis Étienne Watelet. Puis Caruelle d'Aligny se spécialise dans le genre du paysage historique, et présente un tableau représentant Daphnis et Chloé pour sa première participation au Salon en 1822.

Paysage avec une grotte (entre 1834 et 1836), New York, Metropolitan Museum of Art.

Il consacre ensuite plusieurs années au traditionnel voyage artistique en Italie, au cours duquel il se lie avec Camille Corot. Ce séjour dure de 1824 à 1827[4],[5]. Une fois revenu en France, Caruelle d'Aligny commence à exposer régulièrement au Salon à partir de 1827. Il retourne en Italie de 1834 à 1836, et effectue en 1843 un voyage en Grèce afin de réaliser une série de dessins des principaux sites antiques que lui avait commandés l'École des beaux-arts. Il publie le fruit de ce labeur sous la forme d'un recueil d'eaux-fortes : Vues des sites les plus célèbres de la Grèce antique dessinées sur nature et gravées à l'eau forte (Paris, 1845[6]). Il décore la chapelle des fonts baptismaux de l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris en 1851.

Deux fois médaillé au Salon en 1831 et 1837, il est décoré de la Légion d'honneur le et finalement admis à l'Académie des beaux-arts. En 1860, il est nommé directeur de l'École des beaux-arts de Lyon, ville où il meurt le . Sa dépouille est rapatriée dans la capitale et inhumée au cimetière du Montparnasse. Sa tombe est ornée d'un buste en marbre réalisé par Antoine Étex.

Le paysagiste François-Auguste Ravier est l'un des élèves de son atelier.

Son œuvre[modifier | modifier le code]

La Solitude (1850), musée des Beaux-Arts de Rennes.

S'il reste fidèle à la thématique du paysage historique durant toute sa carrière artistique, multipliant les sujets antiques, gaulois et mythologiques, Caruelle d'Aligny n'en est pas moins un des pionniers de la peinture sur le motif pour mieux s'imprégner de la nature. Il travaille dans la forêt de Fontainebleau et sur la côte normande, et est l'un des précurseurs de l'École de Barbizon, village dont il serait l'un des découvreurs artistiques soit dès 1822[7] soit en 1824[8],[9]. À partir de 1827, il y loue une maison au père Ganne, cabaretier qui obtiendra renommée et prospérité en devenant l'aubergiste des artistes[10].

Si sa manière de peindre reste profondément imprégnée par sa formation néo-classique, Caruelle d'Aligny sait s'en émanciper partiellement pour élaborer un style personnel qui tend à schématiser le trait et négliger l'art du détail, de façon à mieux accentuer la construction des masses et les lignes de formes de ses paysages.

Un certain nombre d'œuvres de Caruelle d'Aligny figure dans les collections publiques françaises. Le département des arts graphiques du musée du Louvre à Paris conserve un important portefeuille de dessins de sa main, et le musée des Beaux-Arts de Rennes quelques autres. On trouve au musée du Louvre quatre toiles dont il est l'auteur : Vue prise à Amalfi (Salon de 1835)[11], Prométhée (Salon de 1837)[12], Une villa italienne (Salon de 1841)[13], Les Rochers de Fontainebleau offerte au musée en 1951 par le peintre et collectionneur Maurice Boudot-Lamotte[14]. D'autres tableaux sont conservés par le musée des Beaux-Arts d'Angers, le musée Calvet à Avignon, au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, au musée des Beaux-Arts de Carcassonne, au musée des Beaux-Arts de Lyon et de Valenciennes, au musée d'Art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand, au musée Magnin à Dijon, au musée de l'Histoire de France à Versailles et au musée de la Vie romantique à Paris.

Élèves[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

La participation de Caruelle d'Aligny au Salon de 1833 inspire à Théophile Gautier, critique exigeant, une appréciation favorable : « M. Aligny se distingue toujours par les belles et sévères lignes de ses arbres et de ses rochers. Son paysage est peu compris, ce n’est pas qu’il ne mérite de l’être. » Gautier renouvelle ses éloges lors du Salon de 1839 et de l’Exposition universelle de 1855. Son enthousiasme critique grandit même jusqu'à qualifier l'artiste d'« Ingres du paysage. »

Beaucoup moins conquis par cet artiste qu'ils jugeaient trop conventionnel, les frères Goncourt estiment eux, lors du Salon de 1852, que le peintre « croit qu’il y a dans la nature des rotures et des mésalliances […], que le paysage enfin doit s’inspirer de la noblesse du fait qui s’y passe, et qu’il doit s’y intéresser par la dignité de son allure […]. M. Aligny n’a qu’un tort, selon nous, c’est d’avoir voulu faire la preuve de ses opinions. »

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Né sous le seul patronyme de Caruelle (voir : Charles Henri Joseph Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française, au XIXe siècle, p.8.) parfois orthographié à tort « Caruel ».
  2. Archives départementales de la Nièvre, état-civil numérisé de la commune de Chantenay-Saint-Imbert, 1793-1842, vue 157/1755, acte de naissance du 7 pluviôse an VI. L'enfant, né l'avant-veille, est le fils de Jean-Baptiste Firmin Caruelle, « artiste demeurant à Paris rue de Lille no 492 », et d'Élisabeth-Antoine Sautreau, laquelle accouche au domicile de ses parents.
  3. Archives municipales de Lyon, acte de décès no 353 dressé le , vue 60 / 230.
  4. Patrick Ramade, « Théodore Caruelle d'Aligny: dessins du premier séjour italien (1822-1827) », Revue du Louvre et des Musées de France, vol. 36, no 2,‎ , p. 121-130.
  5. (en) Martin Olin, « Italian studies from the 1820s by Théodore Caruelle d´ Aligny », Art Bulletin of Nationalmuseum Stockholm, vol. 24,‎ 2017-2018, p. 57-62 (lire en ligne Accès libre [PDF]).
  6. Réimprimé en fac-similé en 1971.
  7. Histoire de Barbizon.
  8. Chronologie de Barbizon
  9. (en) Arthur Hoeber, The Barbizon Painters, New York, Frederick A . Stokes Company, 1915.
  10. Témoignage d'Alfred Sensier sur aaff.org.
  11. « Vue prise à Amalfi, dans le golfe de Salerne », sur collections.louvre.fr.
  12. « Prométhée », sur collections.louvre.fr.
  13. « Une villa italienne », sur collections.louvre.fr.
  14. Musée du Louvre, "Les rochers de Fontainebleau" dans les collections.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française au XIXe siècle, Paris, 1831, p. 8.
  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, 1858.
  • Marie-Madeleine Aubrun, Théodore Caruelle d'Aligny, 1798-1871 : catalogue raisonné de l'œuvre peint, dessiné, gravé, Paris, , 582 p.
  • Marie-Noëlle Maynard, Émilie Frafil et Zoé Beauval, Hercule combattant l'hydre de Lerne de Théodore Caruelle d'Aligny, Musée des beaux-arts de Carcassonne, coll. « Le petit salon. Invitation à la découverte, carnet n° 3 », (ISBN 979-10-91148-93-1).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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