Thomas Gousset

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Thomas Gousset
Image illustrative de l’article Thomas Gousset
Biographie
Naissance
Montigny-lès-Cherlieu (France)
Ordination sacerdotale par
Jean-Baptiste de Latil
Décès (à 74 ans)
Reims
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Pie IX
Titre cardinalice Cardinal-prêtre
de S. Callisto
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par
Hyacinthe-Louis de Quélen
Fonctions épiscopales Évêque de Périgueux
Archevêque de Reims
Archevêque de Reims
Évêque de Périgueux

Blason
« L'homme recueille ce qu'il a semé »
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Thomas-Marie-Joseph Gousset, né le à Montigny-lès-Cherlieu (Haute-Saône) et mort le à Reims, est un cardinal et théologien français.

Il est considéré comme l'un des principaux représentants de l'ultramontanisme français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Fils de Thomas Gousset et de Marguerité Bournon, il est le neuvième enfant d'une famille de douze. Il est fils de laboureur, a commencé par travailler dans les champs, et n'a entrepris ses études qu'à dix-sept ans au petit séminaire d'Amance[1].

Prêtre[modifier | modifier le code]

Ordonné prêtre le par l'évêque de Chartres, Jean-Baptiste de Latil, il est nommé vicaire à Lure pendant plusieurs mois, puis enseigne la théologie morale au grand séminaire de Besançon. Il conserve cette chaire jusqu'en , acquérant la réputation d'un professeur expert et d'un casuiste achevé[2].

Il réédite les Conférences d'Angers (26 vol., ), les discours accompagnés des notes, puis le Dictionnaire théologique de Nicolas-Sylvestre Bergier () dont il publie une autre édition en . De ces années de professorat date sa claire exposition de la Doctrine de l'Église sur le prêt à intérêt (), Le Code civil commenté dans ses rapports avec la théologie morale (), et Justification de la théologie du P. Liguori ()[2].

Appelé au poste de vicaire général de Besançon par le cardinal de Rohan, il accomplit ces responsabilités de à . Épuisé par le travail, ses médecins lui prescrivent le repos absolu ; il utilise cette oisiveté forcée pour effectuer son premier voyage à Rome.

Évêque[modifier | modifier le code]

Le , il est nommé évêque de Périgueux par le pape Grégoire XVI et le roi Louis-Philippe Ier ; l'année suivante, il présente à Abel-François Villemain, ministre de l'Instruction publique, ses Observations sur la liberté d'enseignement, une protestation contre le monopole de l'université. Il fait construire le petit séminaire de Bergerac.

Le , il est transféré à l'archidiocèse de Reims par Grégoire XVI ; ses responsabilités épiscopales ne l'empêchent pas d'achever d'importants travaux théologiques. En paraît en français sa Théologie morale à l'usage des curés et des confesseurs, rééditée à plusieurs reprises. Son traité de théologie dogmatique (vol., ) n'a pas moins de succès. Il fait construire pour les ouvriers, sur ses propres deniers, l'église Saint-Thomas de Reims, où il sera inhumé. Il fait don à sa paroisse natale d'un autel orné de statues et de bas-reliefs admirables. Il crée dans le Musée rémois installé dans le palais archiépiscopal une bibliothèque de vingt mille volumes, qui sera détruite par les bombardements allemands de 1914[3]. Il appuiera les oeuvres de bienfaisance publique telles que l'Œuvre de l'Asile des Orphelins de Bethléem, de Saint-Vincent de Paul, et de la Miséricorde. Le , il consacre l'église de Rimogne.

Cardinal[modifier | modifier le code]

Il est créé cardinal lors du consistoire du par le pape Pie IX pour son grand savoir, la solidité de sa doctrine et ses nombreux travaux avec le titre de cardinal-prêtre de Saint-Calixte (S. Callisto)[2].

En vertu de la constitution de 1852, il devient sénateur du Second Empire[4] et, en , commandeur de la Légion d'honneur[5].

Ses derniers travaux sont Exposition des principes de droit canonique (), Du droit de l'Église touchant la possession des biens destinés au culte et la souveraineté temporelle du Pape (). C'est sur ce thème que l'historien musicologue Jean Gourret écrira sa thèse de doctorat en droit à l'université de Paris en .

C'est un des premiers à rétablir la liturgie romaine et à seconder le mouvement intellectuel et moral qui rapproche le clergé et les fidèles.

Les dignités ne changent rien à la simplicité de ses manières. Il est immortalisé par Balzac sous le personnage de l'abbé de Grancey dans le roman Albert Savarus.

Sa devise : « L'homme recueille ce qu'il a semé » ; ses armoiries renferment la gerbe de blé. En souvenir, une rue porte son nom à Reims et à Lure, ainsi qu'une école à Reims.

Parcours ecclésiastique[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Idées et postérité[modifier | modifier le code]

L'orant de Thomas Gousset visible en l'église Saint-Thomas de Reims.

L'enseignement et les publications théologiques de l'abbé Gousset occupent une place importante dans l'évolution des mentalités catholiques françaises, aussi bien par son enseignement au grand séminaire de Besançon, que par ses publications en matière de théologie[7]. Il est influencé par Lammenais et devient spécialiste de saint Alphonse de Liguori (-), canonisé en , dont il participe à la pénétration en France de sa Théologie morale[8]. Il partage les idées de Jean-Joseph Gaume[9]. Hostile à toute forme de jansénisme et de gallicanisme[7], il se montre l'infatigable défenseur de l'ultramontanisme dont il est un des principaux représentants au sein du haut clergé français[7].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Justification de la théologie morale du B. Alphonse-Marie de Ligorio, Besançon, Outhenin-Chalandre fils, , 322 p. ; réédition en à Louvain Lire en ligne
  • Théologie morale à l'usage des curés et des confesseurs, Lyon : Périsse frères, , 2 vol. in-8 ; réédition à Paris, Jacques Lecoffre, .
  • La croyance générale et constante de l'église touchant l'Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, Paris : Jacques Lecoffre & Cie, Lire en ligne.
  • Exposition des principes du droit canonique, Paris, .

Iconographie[modifier | modifier le code]

Une médaille non datée à l'effigie du cardinal Gousset a été exécutée par le graveur Jean-Pierre Montagny après l'accession de ce prélat à la pourpre. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND267bis)[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Vernus et Roche 1977
  2. a b et c Dictionnaire de théologie catholique 1947.
  3. O. Guelliot, « Le Musée rémois », dans Revue des Études Anciennes, tome 17, 1915, no 3, p. 211 Lire en ligne.
  4. « Thomas Gousset », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  5. « Base Léonore »
  6. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  7. a b et c Gaston Bordet, « Jalons pour une étude de l'ultramontanisme. Religieuses et prêtres franc-comtois à Rome au XIXe siècle (1789-1870) », Publications de l'École Française de Rome, vol. 52, no 1,‎ , p. 801-807 (lire en ligne, consulté le )
  8. Jean Guerber 1973, p. 205-360
  9. Antoine Wenger, « La querelle des ultramontains et des gallicans à Rome à propos du Ver rongeur de Monsieur Gaume (-) », dans Les fondations nationales dans la Rome pontificale. Actes du colloque de Rome (16-19 mai 1978), Rome, École Française de Rome, , p. 821-849 (Publications de l'École française de Rome, 52) Lire en ligne
  10. « Thomas Gousset (1792-1866), archevêque de Reims (1840), cardinal (1850), 1866 | Paris Musées », sur parismuseescollections.paris.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Vernus et Max Roche, « Gousset Thomas Marie-Joseph (1792-1866) », dans Dictionnaire biographique du département du Doubs, Arts et littérature, , p. 220-221.
  • Jean Guerber, Le ralliement du clergé français à la morale liguorienne. L'abbé Gousset et ses précurseurs, 1785-1832, Rome, coll. « Analecta Gregoriana »,  ; compte-rendu par Bernard Plongeron, dans Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 60, n° 165, 1974, p. 357-359 Lire en ligne.
  • P. Godet, « Gousset Thomas », dans Dictionnaire de théologie catholique, Paris, Letouzey et Ané, , tome 6, 1525-1528.
  • Chanoine Gousset, Le cardinal Gousset. Sa vie, ses œuvres, son influence, Besançon, Bossanne, 1903. Compte-rendu Ph. Sagnac, « Le chanoine Gousset. Le cardinal Gousset. Sa vie, ses œuvres, son influence, 1903 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 5, n° 9, 1903, p. 652-655 Lire en ligne.
  • Justin Fèvre, Histoire de S. E. Mgr le cardinal Gousset, archevêque de Reims,, Paris, V. Lecoffre, 1882.
  • « Thomas Gousset », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Joseph-Armand Gignoux, Discours prononcé par Mgr l'évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, aux obsèques de Son Eminence Monseigneur le Cardinal Thomas Gousset, archevêque de Reims, le , Reims, P. Dubois et Cie, 1867 Lire en ligne sur Gallica.
  • Henri Menu, Notice biographique sur monseigneur le Cardinal Th. Gousset, archevêque de Reims, Reims, Matot-Braine, 1867 Lire en ligne sur Gallica.

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Liens externes[modifier | modifier le code]