Théories conspirationnistes sur la citoyenneté de Barack Obama

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En réponse aux théories du complot, la Maison-Blanche a communiqué le certificat de naissance du président le , et l'a affiché sur le site internet de la Maison-Blanche[1], réaffirmant qu'il est né le à Honolulu (Hawaï).
Un panneau d'affichage à South Gate (Californie) en 2010, mettant en doute la validité du certificat de naissance de Barack Obama et par extension son éligibilité à la présidence des États-Unis[2]. Le panneau d'affichage faisait partie d'une campagne publicitaire du site d'extrême droite conspirationniste WorldNetDaily[3].


Les théories sur la citoyenneté du président américain Barack Obama englobent une série d'allégations et de rumeurs complotistes accusant Barack Obama de ne pas être né sur le territoire des États-Unis, et donc de ne pas être éligible à la fonction de président des États-Unis tel que le requiert l'article II de la Constitution américaine. Les partisans de ces théories du complot sont surnommés les « birthers » dans les médias anglo-saxons. Des études ont montré que ces théories du complot étaient le plus soutenues par les républicains et conservateurs blancs avec des opinions antinoir[4],[5].

Origines[modifier | modifier le code]

Ces rumeurs sont apparues sous forme de chaînes de courriels anonymes diffusés pendant les primaires présidentielles du parti démocrate en 2008[6]. Elles ont culminé et atteint leur point d'orgue en 2011, durant les préparatifs des campagnes électorales à la présidence américaine de 2012. Une vaste campagne médiatique, exigeant du président qu'il rende public son acte de naissance, a trouvé des relais tant chez les polémistes conservateurs de radio et de télévision que dans une certaine frange de la classe politique conservatrice, notamment en la personne de Donald Trump qui multiplia les déclarations médiatiques sur le sujet[7]. Le bruit médiatique autour de cette affaire est partiellement retombé lorsque la Maison-Blanche, en date du [1], a rendu public l'acte de naissance du président ; de nouvelles allégations sont cependant apparues, insinuant que l'acte était un faux.

Néanmoins, ces allégations ne sont pas partagées par l'ensemble de la classe politique républicaine. Elles ont été rejetées par l'équipe de campagne de John McCain en 2008, et plusieurs personnalités du camp républicain de premier plan, tels les candidats républicains Rick Santorum ou Tim Pawlenty par exemple, se sont démarquées de ces accusations, considérant qu'elles entachaient le débat politique et qu'elles nuisaient à la crédibilité du Parti républicain.

Joe Arpaio[modifier | modifier le code]

Le , le shérif Joe Arpaio du comté de Maricopa (Arizona) a déclaré que le certificat de naissance d'Obama était un faux[8]. Rejetant cette affirmation, un assistant du procureur général d’Hawaï a affirmé que le « président Obama est né à Honolulu et son certificat de naissance est valide… En ce qui concerne les dernières affirmations d'un shérif de l'Arizona, ce sont des interprétations fausses et mal-informées de la loi de Hawaï[9] ». Des représentants de l'Arizona, dont le gouverneur Jan Brewer et le secrétaire d'État Ken Bennett, ont également rejeté les affirmations d'Arpaio et reconnu la validité du certificat de naissance d'Obama[10],[11].

Accusations de Donald Trump[modifier | modifier le code]

En 2011, alors que Donald Trump envisage l'éventualité d'une candidature à l'élection présidentielle de 2012[12], il reprend une théorie selon laquelle Barack Obama ne serait pas né sur le territoire des États-Unis, mais au Kenya, ce qui aurait pour conséquence de le rendre inéligible au poste de président des États-Unis[13]. Il déclare aussi que ses notes étaient insuffisantes pour qu'il intègre la faculté de droit de Harvard[14]. Ses propos suscitent une large polémique[12]. Pour l'universitaire Gregory Benedetti, c'est en reprenant à son compte les théories sur la naissance de Barack Obama que Donald Trump est devenu « le porte-drapeau d'une branche ultra-conservatrice désireuse de présenter Obama comme un étranger, un Autre culturel et identitaire »[12]. Après avoir soutenu cette hypothèse durant cinq années notamment au travers de nombreux tweets[15], il annonce finalement en 2016 reconnaître qu'Obama est bien né aux États-Unis[16].

Après la fusillade d'Orlando, il laisse entendre qu'Obama, en refusant de prononcer les mots d’« islam radical », pourrait être un sympathisant de l'État islamique[17]. À ce propos, Jeet Heer du The New Republic trace un parallèle entre le discours de Trump sur Obama et celui tenu à la fin des années 1950 par Robert Welch, qui accusait le président Eisenhower d'être un agent de la conspiration communiste. Se référant à l'ouvrage de Richard Hofstadter The Paranoid Style in American Politics (en), Heer poursuit en expliquant que le style « paranoïde » était aux États-Unis un mode de pensée récurrent, s'étant historiquement manifesté dans beaucoup de mouvements de masse, mais qu'il était malgré tout resté cantonné aux marges de la société. Pour la première fois, explique Heer, le style « paranoïde » s'impose au sein d'un parti politique de premier plan[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Certificate of Live Birth », WhiteHouse.gov (consulté le )
  2. (en) « 'Birthers' claim Gibbs lied when he said Obama's birth certificate is posted on the Internet », Politifact, (consulté le )
  3. (en) « Grass roots sign onto eligibility billboard campaign », WorldNetDaily, (consulté le )
  4. (en) Josh Pasek, Tobias H. Stark, Jon A. Krosnick et Trevor Tompson, « What motivates a conspiracy theory? Birther beliefs, partisanship, liberal-conservative ideology, and anti-Black attitudes », Electoral Studies, vol. 40,‎ , p. 482–489 (ISSN 0261-3794, DOI 10.1016/j.electstud.2014.09.009, hdl 1874/329366, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  5. (en) Ashley Jardina et Michael Traugott, « The Genesis of the Birther Rumor: Partisanship, Racial Attitudes, and Political Knowledge », Journal of Race, Ethnicity and Politics, vol. 4, no 1,‎ , p. 60–80 (ISSN 2056-6085, DOI 10.1017/rep.2018.25 Accès libre)
  6. Ben Smith, « Birtherism: Where it all began », Politico,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  7. « Donald Le grand gagnant », New York Coste, par Philippe Coste - Lexpress,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Le certificat de naissance d'Obama serait un faux
  9. (en) « Joe Arpaio : Obama birth certificate a fraud », Politico,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « Brewer disagrees with Arpaio findings, believes Obama birth record real », East Valley Tribune, Tempe, AZ,‎ (lire en ligne)
  11. (en) « Arizona Officially Accepts Obama's Birth Record », Fox News Latino,
  12. a b et c Gregory Benedetti, « La nébuleuse post-raciale : l'avènement d'une nouvelle dialectique raciale dans la vie politique américaine ? », Revue de recherche en civilisation américaine [En ligne],‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Rémi Ink, « Donald Trump et ses "révélations" sur Barack Obama font un bide », sur franceinfo.fr, (consulté le ).
  14. (en) « Trump: Obama Not Harvard Material », sur nbcnewyork.com, (consulté le ).
  15. Jean-Marie Pottier, « Voici tous les tweets où Trump a mis en doute le lieu de naissance d'Obama », Slate.fr, 16 septembre 2016
  16. « Donald Trump admet que Barack Obama est né en Amérique », La Libre Belgique, 17 septembre 2016
  17. Tuerie d'Orlando: la colère d'Obama après les propos de Donald Trump, rfi.fr, 15 juin 2016
  18. (en) Jeet Heer, « Donald Trump’s United States of Conspiracy », sur New Republic, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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