Temple de Jupiter capitolin

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Temple de Jupiter capitolin
Image illustrative de l’article Temple de Jupiter capitolin
Maquette du temple de Jupiter capitolin

Lieu de construction Capitole
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Carte de la Rome antique montrant la localisation de Temple de Jupiter capitolin.
Temple de Jupiter capitolin
Situation du temple de Jupiter dans la Rome antique (en rouge)

Coordonnées 41° 53′ 32″ nord, 12° 28′ 54″ est
Liste des monuments de la Rome antique

Première résidence du premier des dieux romains, le temple de Jupiter capitolin est situé sur le sommet du Capitolium, colline au pied de laquelle, selon la mythologie, Romulus décida de bâtir Rome. Ce temple romain, appelé le temple de Jupiter Très Bon et Très Grand, était dédié à la triade de Jupiter, Junon et Minerve, mais appelé, par abréviation, « temple de Jupiter » ou « temple de Jupiter Capitolin »


Les flamines de Jupiter

Le temple de Jupiter sur le Capitole sous la République romaine (illustration de Friedrich Polack, 1896)

Les Flamen Dialis (prêtres chargés du culte de Jupiter) y célèbrent le culte de « Jupiter Optimus Maximus » : littéralement « Jupiter, le meilleur et le plus grand ». En effet, on distingue plusieurs formes du pouvoir de Jupiter, notamment le tonnerre et la foudre ; dans le cas du temple de Jupiter Capitolin, c'est le souverain des dieux, le plus grand des héliopolitains qu'on célèbre, le sommet de la triade capitoline (comportant aussi Junon et Minerve). C'est pour cette raison, que ce temple fut toujours l'objet d'une particulière attention du pouvoir Romain.

Histoire

Plan supposé de l'édifice. Seule l'extension du périmètre est archéologiquement prouvée

Le temple primitif aurait été construit par Tarquin l'Ancien et terminé par Tarquin le Superbe, mais selon Tite-Live il fut consacré seulement en 509 av. J.-C., lors de la première année de la République romaine. Selon Coarelli, son édification reflète la volonté des souverains étrusques de déplacer sur Rome le centre politique de la Ligue latine par un temple prestigieux concurrençant le sanctuaire fédéral de la Ligue situé dans les monts Albains[1].

Incendié à plusieurs reprises (dont une fois avec les livres sibyllins offerts à Tarquin le Superbe par la sibylle de Cumes), il fut à chaque fois reconstruit toujours plus somptueux.

La construction

Selon la tradition, Tarquin l'Ancien aurait émis le vœu de construire le temple en combattant les Sabins et aurait même débuté ses fondations. Mais la majeure partie de sa construction aurait été faite par Tarquin le Superbe, qui l'aurait presque achevé.

Le temple fut construit sur un site comportant des lieux consacrés à d'autres déités, dont certains furent incorporés dans le nouveau temple[2],[3],[4],[5],[6],[7]. La dédicace du temple, le 13 septembre, était daté de 509 av. J.-C., la première année de la République romaine, et attribuée à Marcus Horatius Pulvillus[8],[9],[6],[10],[11].

En 179 av. J.-C., ses murs et ses colonnes furent à nouveau couverts de stuc[12] et une copie de l'inscription dédicatoire du temple des Lares Permarini, de Lucius Aemilius Regillus, fut placée sur sa porte[13]. Peu de temps après, sa cella fut carrelée de mosaïque[14]. En 142 av. J.-C., son plafond fut doré[15].

Le premier incendie (83 av. J.-C.)

Le premier temple brûla le 6 juillet 83 av. J.-C.[16],[17],[6],[18],[19],[20],[21], avec la statue de Jupiter[22],[23] et les livres Sibyllins qui avaient été offerts à Tarquin le Superbe par la sibylle de Cumes et été gardés dans un coffre en pierre[24], mais le trésor du temple fut mis en sécurité à Préneste par Marius le Jeune[25].

La première reconstruction (83-69 av. J.-C.)

La reconstruction fut conduite par Sylla[26],[6] qui apporta à Rome les colonnes corinthiennes de marbre blanc de l'Olympieion d'Athènes[27]. Ces colonnes ne semblent pas avoir été utilisées, des pièces de monnaie datées de 43 av. J.-C. représentant le temple avec des colonnes doriques. La majeure partie de la reconstruction incomba à Q. Lutatius Catulus, assigné à cet effet par le Sénat[28],[29],[30],[31]. Les travaux trainèrent en longueur, à causes des difficultés économiques et de certaines oppositions politiques, Jules César tenta de faire enlever à Lutatius Catulus la responsabilité des travaux[1]. Le nouveau temple fut consacré par Catulus en 69 av. J.-C.[32],[33],[34],[35], et la nouvelle statue de Jupiter fut terminée plus tard vers 65 av. J.-C.[36]. Le nom de Catulus était inscrit au-dessus de l'entrée et y resta jusqu'en 69 ap. J.-C., date à laquelle une décision du Sénat fit effacer son nom pour y placer celui de César, après la mort du dictateur[37]. Ce dernier nom ne fut finalement pas placé, l'enseigne resta sans nom.

Dommages et restaurations (69 av. J.-C. - 69 ap. J.-C.)

La foudre, qui frappait fréquemment sur le Capitole, endommagea probablement le temple lui-même[38],[39],[40].

Auguste le restaura à grands frais, probablement vers 26 av. J.-C, mais sans y inscrire son propre nom[41]. Les Actes des Jeux séculaires de 17 av. J.-C. en font trois fois mention[42].

De nouvelles blessures par la foudre furent enregistrées en 9 av. J.-C.[43] et en 56 ap. J.-C.[44].

Le deuxième incendie (69 ap. J.-C.)

En 69 ap. J.-C., le deuxième temple brûla lorsque le Capitole, sur lequel Titus Flavius Sabinus, préfet de la Ville et frère aîné de Vespasien, s'était réfugié, fut pris d'assaut par les partisans de Vitellius[45],[46],[47],[48],[49].

Le troisième incendie (80 ap. J.-C.)

Le deuxième temple brûla entièrement en 80 ap. J.-C.[50]. Un nouveau temple fut construit par Domitien[51],[33],[52],[53], bien que les travaux semblent avoir débuté dès 80 ap. J.-C. Sa dédicace eut probablement lieu en 82 ap. J.-C. Il surpassait le temple précédent par sa magnificience. C'était un hexastyle aux colonnes corinthiennes de marbre pentélique blanc, un matériaux utilisé pour nul autre bâtiment romain[33]. Ses portes étaient plaquées d'or[54] ; et son toit, de tuiles dorées[55]. Les quatre colonnes de bronze faites des rostres des bateaux capturés à Antium, que Domitien installa in Capitolio[56], se dressaient peut-être dans ce temple. Son fronton a été orné de bas-reliefs ; son apex et ses pignons, de statues, comme dans les temples précédents.

La destruction

La destruction du temple débuta au Ve s., lorsque Stilicon ordonna d’arracher les lames d’or qui en ornaient les portes[57]. Genséric lui ôta la moitié de ses tuiles dorées[58]. En 571, Narsès en aurait dérobé les statues ou la majorité d'entre elles[59]. Aux XVIe s., les Caffarelli construisirent leur palais sur ses ruines.

Architecture

Fondations en tuf du mur de fond, incluses dans le Musée Neuf du Capitole
Angle oriental de la façade, fondations en tuf visibles via del Tempio di Giove

Le temple était construit selon une architecture étrusque, avec trois cellæ parce que consacré à la triade capitoline, la cella centrale était dédiée à Jupiter, celle de gauche à Junon, celle de droite à Minerve[1].

L'édifice orienté selon l'axe nord-sud mesurait environ 53 mètres sur 63 mètres, une dimension imposante. Les vestiges des fondations subsistent en divers points, dont le noyau central à l'intérieur du Musée Neuf du Capitole et l'angle oriental de la façade. Les parois étaient en cappellaccio, tuf volcanique extrait des collines de Rome, matériau en usage à l'époque archaïque (VIIe et Ve siècles av. J.-C.)[1]. Il était recouvert de bois et revêtu de plaques de terre cuite.

Lors de la reconstruction de Domitien, les colonnes furent construites en marbre du Pentélique, le toit recouvert de tuiles en bronze doré et les portes de lames en or. Des restes du stylobate et des fragments des colonnes sont conservés dans l'actuel Palais des Conservateurs.

Une partie des fonds destinés à la restauration et à l'entretien du temple provenait de la communauté juive de l'Empire, obligée à partir du règne de Domitien de payer un impôt spécifique, le fiscus judaicus.

Les statues

La première statue de Jupiter, œuvre de l'artiste étrusque Vulca de Véies, trônait dans la cella centrale. La statue de Jupiter était vêtue d'étoffes précieuses et le visage était peint en rouge, le symbole de la foudre était tenu dans la main droite. Une statue chryséléphantine, comme celle de Zeus à Olympie, fut élevée sous Domitien.

Dans les cellæ latérales étaient placées les statues de Junon et de Minerve.

Sur le toit du temple se trouvait un groupe initialement en terre cuite, représentant Jupiter victorieux sur son quadrige. Ce groupe pourrait être aussi l'œuvre de Vulca de Véies (selon Pline l'Ancien). Au-dessus du fronton étaient incorporés des acrotères qui soutenaient au centre le quadrige de Jupiter en bronze. Sur les côtés étaient placés ceux de Minerve et de Mars.

Références

  1. a b c et d Coarelli 1994, p. 30-31
  2. Cicéron, République, II, 36.
  3. Tite-Live, Histoire romaine, I, 38, 7 ; I, 38, 55 ; et I, 38, 56.
  4. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, III, 70.
  5. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, III, 69 ; et IV, 61.
  6. a b c et d Tacite, Histoires, III, 72.
  7. Plutarque, Vie de Publicola, 13‑14.
  8. Tite-Live, Histoire romaine, II, 8 ; et VII, 3, 8.
  9. Polybe, Histoires, III, 22.
  10. Plutarque, Vie de Publicola, 14.
  11. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXIII, 19.
  12. Tite-Live, Histoire romaine, XL, 51, 3.
  13. Tite-Live, Histoire romaine, XL, 52.
  14. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 185.
  15. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXIII, 57.
  16. Cicéron, Catilinaires, III, 9.
  17. Salluste, Conjuration de Catilina, 47, 2.
  18. Appien, Guerres civiles, I, 83, 86.
  19. Julius Obsequens, Prodiges, 57.
  20. Plutarque, Vie de Sylla, 27.
  21. Cassiodore, ad a., 671.
  22. Plutarque, Isis et Osiris, 71.
  23. Ovide, Fastes, I, 201.
  24. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 62.
  25. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXIII, 16.
  26. Valère Maxime, Faits et dits mémorables, IX, 3, 8.
  27. Pline, Histoire naturelle, XXXVI, 45.
  28. Cicéron, Verr., IV, 69.
  29. Varron, ap. Gell., II, 10.
  30. Lactant., de ira dei, 22, 6.
  31. Suétone, Caes., 15.
  32. Tite-Live, ep. 98.
  33. a b et c Plutarque, Popl., 15.
  34. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VII, 138 ; et XIX, 23.
  35. Suétone, Aug., 94.
  36. Cicéron, De divinatione, II, 46
  37. Dion Cassius, XLIII, 14 ; XXXVII, 44.
  38. Cicéron, Catilinaires, III, 19.
  39. Cicéron, de Div., I, 20 ; et II, 45.
  40. Dion Cassius, XLI, 14 ; XLII, 26 ; XLV, 17 ; et XLVII, 10.
  41. Mon., Anc., IV, 9.
  42. Corpus inscriptionum Latinarum (CIL), VI, 32323-9, -29 et -70.
  43. Dion Cassius, LV, 1.
  44. Tacite, Annales, XIII, 24.
  45. Tacite, Histoires, III, 71.
  46. Suétone, Vit., 15.
  47. Dio,n Cassius, LXIV, 17.
  48. Stat., Silv., V, 3, 195-200.
  49. Hier., a. Abr., 2089.)
  50. Dion Cassius, LXVI, 24.
  51. Suétone, Dom., 5.
  52. Eutrope, VII, 23.
  53. Chron., 146.
  54. Zos., V, 38.
  55. Procop., b. Vand., I, 5.
  56. Serv., Georg., III, 29.
  57. Zosisme, V, 38.
  58. Procop. b. Vand., I, 5.
  59. Chron. Min., I, 336 (571), p. c. Iustini Aug. IIII anno : « De Neapolim egressus Narsis ingressus Romam et deposuit palatii eius statuam et Capitolium ».

Bibliographie

  • Raymond Bloch, « Le départ des Étrusques de Rome et la dédicace du Temple de Jupiter capitolin », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 105e année, N. 1, 1961. pp. 62-71, lire en ligne.
  • Filippo Coarelli (trad. Roger Hanoune), Guide archéologique de Rome, Hachette, (1re éd. 1980), 350 p. (ISBN 2012354289)

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