Tatouage

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Femme nue de dos, avec des tatouages colorés de style japonais : branches de cerisier en fleur de l'épaule droite au milieu du dos, et deux carpes sur fond de gravier sur le haut du bassin.
Tatouage de style japonais réalisé par l'artiste tatoueuse chinoise Joey Pang.

Un tatouage est un dessin décoratif et/ou symbolique réalisé en injectant de l'encre dans la peau. Auparavant, il était effectué avec de l'encre de Chine ou des encres à base de charbon ou de suif. De nos jours il s'agit plus d'encres contenant des pigments industriels. Il existe différentes couleurs d'encre et même une encre transparente qui ne réagit qu'à la lumière noire : ce type de tatouage est appelé tatouage « UV » ou « Blacklight »[1]. Le tatouage est considéré comme un type de modification corporelle permanent.

La technique du tatouage consiste à injecter l'encre sous la peau à l'aide d'aiguilles ou d'objets pointu. L'encre est déposée sous la peau entre le derme et l'épiderme. La profondeur de la piqûre varie de 1 à 4 mm en fonction des types de peau et des parties du corps, les zones les plus épaisses se situant dans le dos, les coudes et les genoux.

Le tatouage est pratiqué depuis plusieurs milliers d'années dans le monde entier. Il peut être réalisé pour des raisons symboliques, religieuses ou esthétiques. Dans plusieurs civilisations, il est même considéré comme un rite de passage à cause de la douleur endurée lors de la réalisation du motif.

C'était aussi un mode de marquage utilisé pour l'identification des esclaves, des prisonniers ou des animaux domestiques.

Étymologie

Le mot vient du tahitien tatau, qui signifie marquer, dessiner ou frapper et dérive de l'expression « Ta-atouas ». La racine du mot, ta signifie « dessin » et atua signifie « esprit, dieu ». Le docteur Berchon, traducteur du deuxième voyage de Cook vers Tahiti en 1772, employa pour la première fois le mot tattoo ; le mot sera francisé en « tatouage» à la fin des années 1700. Il est d'abord introduit dans le Dictionnaire de l'Académie française en 1798[2], puis dans la première édition du dictionnaire de Littré en 1863[3].

Au Japon, le tatouage traditionnel pratiqué à la main est appelé irezumi (入れ墨 ou 入墨, irezumi?, littéralement « insertion d'encre »), le terme plus général pour désigner le tatouage est horimono (彫り物 ou 彫物, horimono?, littéralement « sculpture »).

Histoire

Le tatouage est une pratique attestée en Eurasie depuis le néolithique. « Ötzi », l'homme des glaces découvert gelé dans les Alpes italo-autrichiennes arbore des tatouages supposés thérapeutiques[4] (petits traits parallèles le long des lombaires et sur les jambes). Les analyses au carbone 14 réalisées par la communauté scientifique estiment sa mort vers 3500 av. J.-C. En Égypte, trois momies féminines tatouées sur les bras, les jambes et le torse, datant de l'an 2000 av. J.-C., ont été découvertes dans la vallée de Deir el-Bahari (près de Thèbes). Leur description évoque de nombreux tatouages représentant des lignes parallèles et des points alignés[5]. Tout comme en Égypte, plusieurs momies tatouées ont été découvertes dans la région de l'ancienne Nubie. En 1910, une première momie, datant de l'an 1500 av. J.-C., est découverte par le britannique Cecil M. Firth sur le site archéologique de Kubban (environ 100 km au sud d'Assouan). Elle présente des éléments de tatouage sur la région abdominale en forme de losanges pointillés entourés d'une double rangée de tirets[6],[7]. Puis en 1961, de nombreuses momies tatouées sont découvertes par André Vila sur le site de fouilles françaises au village d'Aksha dans le nord du Soudan[8]. Toutes les momies dont le sexe a pu être identifié sont des femmes, à l'exception d'un homme tatoué sur le visage. Le style des tatouages est le même qu'en Égypte et sur le site de Kubban, et représente aussi des motifs géométriques, des points et des lignes. André Vila estime que ces momies datent du Ier siècle avant notre ère, voire du tout début de l'ère chrétienne[8].

Dans le bassin du Tarim (Xinjiang en Chine), de nombreuses momies de type européen sont découvertes par des archéologues chinois. Une partie d'entre elles sont tatouées sur les mains, les bras ou le dos[9]. Encore mal connues (les seules publications accessibles en langue occidentale sont celles de Victor H. Mair et James P. Mallory[10],[11]), certaines d'entre elles pourraient dater de la fin du 2e millénaire avant notre ère. En outre, trois momies tatouées ont été extraites du permafrost de l'Altaï dans la seconde moitié du XXe siècle (« L'Homme de Pazyryk » dans les années 1940 et « La Dame d'Ukok » et « L'Homme d'Ukok » dans les années 1990) ; elles arborent des motifs zoomorphes exécutés dans un style curviligne. « L'Homme de Pazyryk » est tatoué sur l'ensemble des bras, le dos et la poitrine[12]. « La Dame d'Ukok » et « L'Homme d'Ukok » portent aussi des tatouages d'un style proche de la momie de Pazyryk et qui représentent des animaux. Selon les estimations scientifiques, la datation de ces momies se situe entre le Ve et le IIe siècle av. J.-C.

Au début de notre ère, les Bretons arboraient de nombreuses marques corporelles souvent décrites comme des tatouages dans les récits de conquêtes de Jules César. Hérodien, un historien romain du IIIe siècle, écrit à leur propos : « Les Bretons se tatouent le corps de peintures variées et de figures d'animaux de toutes sortes. Voilà pourquoi ils ne s'habillent pas, pour ne pas dissimuler leurs dessins corporels »[13]. Servius, un grammairien du IVe siècle, est même convaincu que « les gens de Bretagne portent des tatouages » et que cette forme de marquage doit être clairement différenciée de la peinture corporelle[14]. Au Japon, des figurines datant de l'ère Jōmon portent des symboles ressemblant à des tatouages, mais aucune étude scientifique n'a pu mettre à jour des preuves concrètes attestant de ces pratiques. Les premières traces connues sont issues d'écrits chinois datant du IIIe et VIe siècles. Ces textes parlent de pêcheurs dont le corps est entièrement recouvert de tatouages[15],[16]. Dans le Kojiki, écrit en 712, il est décrit deux différents types de tatouages, un considéré comme « prestigieux » pour les personnes illustres, les héros et les nobles, et un plus « vulgaire » pour les criminels et les bandits.

Le judaïsme interdit toute inscription entaillée et marquée à l’encre indélébile (Deutéronome 14.1, Lévitique chap. 19 verset 28 « Vous ne ferez point d'incisions dans votre chair pour un mort, et vous n'imprimerez point de figures sur vous. Je suis l'Éternel. »). Au VIIIe siècle, le pape Adrien bannit le tatouage, ainsi que toutes les marques corporelles d'inspiration païenne. Le tatouage serait donc mal considéré dans la culture occidentale à cause des condamnations judéo-chrétiennes dont il fait l'objet. De plus, les Normands, qui ont envahi l'Europe du Nord au XIe siècle, méprisent le tatouage. L'ensemble de ces interdictions et considérations néfastes vis-à-vis du tatouage provoquent sa « disparition » durant de nombreux siècles en occident du IXe au XVIIIe siècle ; à l’exception d’une mention par Marco Polo[17].

Ce n'est qu'en 1770 que les Européens « redécouvrent » le tatouage, lors des explorations dans le Pacifique Sud avec le capitaine James Cook[18]. Dans la culture européenne, les marins en particulier étaient notamment identifiés avec ces marques jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Ces mêmes marins européens se tatouaient souvent un crucifix sur tout le dos afin de se prémunir de la flagellation en cas de punition car c'était un crime que de défigurer une image pieuse. Ce système d'identification est aussi, avant l'arrivée de la photo d'identité, un moyen sûr et efficace pour le renseignement des fiches des forces de police sur la pègre[18]. Les fiches de polices, jusqu'au XIXe siècle, comportaient la signalisation et la description de chaque tatouage qui permettait ainsi d'identifier sans erreur un individu[19]. Des personnalités politiques se font tatouer, à l'instar du tsar russe Nicolas II (une épée sur la poitrine à la suite d'un pèlerinage à Jérusalem), des rois britanniques Édouard VII et George V, du roi du Danemark Frédéric IX (un dragon chinois sur le torse), du dirigeant russe Staline (une tête de mort sur la poitrine, du Premier ministre britannique Winston Churchill (une ancre de la marine sur le bras gauche) ou encore du président américain Franklin Delano Roosevelt (un écusson familial)[20]. À partir de la fin du XXe siècle, le tatouage commence à se démocratiser. De plus en plus de personnes se font tatouer, à l'image de stars du sport, de la musique et du cinéma, qui arborent publiquement leurs tatouages.

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Finalité

À l'origine, ces marques sur la peau étaient des signes d'appartenance à un groupe : tribal, religieux, de pirates, d'anciens prisonniers ou de légionnaires. Mais c'était aussi une manière de marquer de manière indélébile certaines catégories de gens comme les esclaves ou les prisonniers. Mais les raisons pour lesquelles les gens choisissent d'être tatoués sont diverses : identification à un groupe, cosmétique, rituel religieux, exemple de théorie du handicap[21], et utilisations magiques sont les plus fréquentes. Aussi, la sociologie du corps les tient pour un objet d'étude important.

Dans les années 1970, puis plus particulièrement dans les années 1990, un véritable engouement pour le tatouage est né. Le tatouage n'est plus alors une manière d'afficher son appartenance à un groupe, à une tribu ou à un quartier, c'est un moyen de revendiquer son originalité, de séduire, de s'embellir, de provoquer, de compenser. Certains adolescents le vivent comme un rite de passage et agissent parfois sur une impulsion qu'ils regrettent plus tard[22]. Un tatouage correspond souvent à un moment important de la vie, agréable ou douloureux : naissance, décès, réussite personnelle ou professionnelle sont des exemples récurrents de raisons qui amènent à se faire tatouer[23]. De ce fait, le motif mais aussi le lieu de l'inscription (dos, torse, bras, jambes, parties intimes, etc.) a également une importante signification.

Des « tatouages » sont appliqués pour faciliter la reproductibilité de certaines thérapies médicales. En radiothérapie externe, des tracés persistants sont appliqués sur la peau (notamment à l'aide de fuchsine) tandis que les tatouages permanents se réduisent à de simples points appliqués à l'aide d'une petite aiguille trempée dans l'encre de Chine[24]. Le but de ces tatouages est de fixer les champs à la peau qui correspondent à la zone tumorale à irradier. Enfin, des tatouages sont aussi placés sur des animaux et servent à leur identification. Le tatouage décoratif sur des animaux est le plus souvent interdit par les lois sur la protection des animaux[25].

Quelles que soient les raisons qui amènent une personne à se faire tatouer, il est très important de garder à l'esprit que le tatouage est une modification permanente et indélébile. Ce caractère définitif du tatouage est habilement souligné par Pascal Tourain dans son livre  : « mes tatouages : du définitif sur du provisoire »[26]. Il ne faut donc pas se lancer dans cette pratique sans y avoir correctement réfléchi auparavant.

Tatouages magiques

Tatouage traditionnel d'Asie du sud-est appelé Sak Yant, réalisé dans le dos d'un homme
Sak Yant, tatouage traditionnel d'Asie du Sud-Est

En Asie du Sud-Est, le tatouage traditionnel est pratiqué par les moines bouddhistes ou les prêtres brahmanes[27]. Il est appelé Yantra (สักยันต), qui signifie art du tatouage magique, ou aussi Sak Yant. Sak signifie « tatouer » et Yant désigne des dessins sacrés représentant les Mantras et Katas bouddhistes[27]. Ces tatouages sont considérés comme « magiques » et donnent à leur porteur des pouvoirs de protection et de bénédiction[28]. Ils sont très fréquents au Laos, au Cambodge, en Birmanie et surtout en Thaïlande.

À l'origine, cet art est issu de la culture Khmer. Les motifs représentent un mélange de prières et psaumes bouddhiste, et d'incantation et sortilège chamanique que les guerriers Khmer et Thaï portaient pour augmenter leur puissance et les protéger pendant les combats[28]. Cette tradition s'est perpétuée au travers des siècles et actuellement encore beaucoup de gens se font tatouer des Yantra.

Tatouages contraints

Au regard de l'Histoire, on peut repérer de nombreuses et diverses raisons à l'acte de tatouer par la force un individu non consentant. Le plus souvent, il s'agit de punir, ou de s'assurer qu'un individu ne puisse, de son vivant, cacher certains faits à la société.

Antiquité : la marque des esclaves

Hérodote raconte qu'Histiée, tyran de Milet prisonnier à la cour du roi des Perses, rasa la tête de son esclave puis tatoua un message à transmettre sur son crâne, puis attendit la repousse des cheveux avant d'envoyer l'esclave vers son destinataire[29]. En réalité, dans l'Athènes antique, les esclaves sont systématiquement tatoués d'une chouette ou dans certains cas d'un vaisseau de guerre sur le front, afin qu'ils restent reconnaissables en tout lieu et de façon permanente[30]. Les Romains héritent à leur tour de la pratique du tatouage, toujours dans une utilisation punitive. Les esclaves sont marqués par un tatouage plus discret que chez les Grecs : au lieu d'un dessin de chouette, les Romains tatouent la première lettre du nom de famille du maître entre les deux yeux des esclaves. Cette pratique atteste également d’une des rares traces de l’humour (esclavagiste) des Romains. Suétone rapporte en effet un des bons mots de l’époque : « Il n’y a pas plus lettrés que les Nubiens » (la Nubie était une source majeure d’esclaves). Les généraux romains étendront la pratique aux mercenaires, dont ils se méfient, afin de s’assurer que les déserteurs soient identifiés. C’est à Rome que le tatouage va gagner son premier nom occidental : stigma (en français, stigmate), la marque d'infamie[31]. C'est en remplacement de la brûlure au fer rouge que les autorités romaines vont utiliser le tatouage sur les condamnés, comme sanction définitive. Le sort des voleurs et parias de Rome ne s'améliorera qu'au IVe siècle, lorsque Constantin Ier décrète que les condamnés pourront être tatoués sur les jambes ou les mains, mais en aucun cas sur le visage, qui, créé à l’image de Dieu, doit rester vierge[30].

Seconde Guerre mondiale : le IIIe Reich

Numéro 140603 tatoué en noir sur la face externe d'un avant-bras masculin.
Tatouage d'Auschwitz.

L'identification ka-tzetnik[Quoi ?] mise en place par les Nazis à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale, consista à tatouer, sur l'avant-bras, leur numéro matricule aux détenus du camp d'Auschwitz[32],[33]. Les tsiganes, dans ces mêmes camps, étaient tatoués d'un Z, comme Zigeuner, tsigane en allemand[34]. Dans ce cadre, le tatouage contraint participait à une entreprise de déshumanisation. Après la guerre, les survivants des camps eurent des réactions différentes : si la majorité d'entre eux les conservèrent, certains se les firent effacer.

Par ailleurs, les soldats de la Waffen-SS étaient aussi tatoués ; ils faisaient écrire leur groupe sanguin (Blutgruppentätowierung) sur la face intérieure du biceps du bras gauche[35],[36]. Ce tatouage était surnommé « Kainsmal » (« la Marque de Caïn »)[Note 1] et ne comportait qu'une seule lettre. Aucune autre inscription, matricule ou unité militaire n'étaient tatoués. Après la guerre, ces marques facilitèrent l'identification de certains ex-SS.

Contemporain : le tatouage criminel

Différents groupes du crime organisé usent du tatouage de façon symbolique. C'est le cas, par exemple, des yakuzas au Japon[37], des voleurs dans la loi de la mafia russe ou encore des membres des Maras au Salvador[38]. Ces trois organisations ont recours au tatouage forcé sur certains de leurs membres, dans certains cas pour des raisons punitives. Au Japon, un yakuza qui a manqué à son devoir ou commis une lâcheté peut s'automutiler ou subir un tatouage déshonorant[37]. En Russie, le tatouage par la force peut se dérouler entre prisonniers d'un même milieu carcéral, ou au sein d'une « famille ». Lorsqu'il s'agit d'une punition, l'image tatouée est souvent obscène voire pornographique, contraignant l'individu sanctionné à la honte. Mais il se peut également qu'une lâcheté ou une trahison soit inscrite de façon symbolique. C'est notamment le cas pour les membres des Maras accusés de trahison, où le nombre 187 (code de la police aux États-Unis pour notifier un meurtre) est inscrit sur la future victime. L'usage du code symbolique des tatouages par les criminels en Russie veut qu'un prisonnier soit tatoué par ses pairs selon ses antécédents et peut constituer en lui-même une contrainte, car le sujet tatoué n'a alors aucune possibilité de refuser. Il en est de même des criminels novices qui se voient attribuer des tatouages par leur hiérarchie indépendamment de leur volonté.

En France, les prisons étaient le lieu d'un tatouage carcéral spécifique. Ainsi, quatre points en losange autour d'un point central tatoués sur un doigt ou le poignet signifiaient que le détenu avait été placé à l'isolement[réf. nécessaire].

Élevage des animaux : le tatouage d'identification

Oreille de chien marquée 771 en pointillés noirs
Oreille de chien tatoué.

Le tatouage est l'une des méthodes utilisée pour permettre l'identification des animaux d'élevage. En Europe, pour les carnivores domestiques ce type d'identification est remplacé par une puce électronique depuis le [39].

Technique

Procédure

Selon la tradition, les cultures tribales créent les tatouages à l'aide d'outils aiguisés. Le plus souvent fabriqués avec des os, ces outils sont affûtés en forme de peigne ou de poinçon. Les pointes du peigne sont ensuite trempées dans l'encre, puis le tatoueur vient le frapper avec un petit bâton afin de faire pénétrer les pointes dans la peau et d'y insérer l'encre. Une autre méthode traditionnelle consiste à inciser la peau puis à frotter la coupure avec de l'encre, des cendres, ou d'autres pigments. Cette technique peut être un complément à la scarification. Au Japon, le tatouage traditionnel, aussi appelé Irezumi, se réalise à l'aide d'aiguilles fixées au bout d'un manche, à la manière d'un pinceau. Une fois les aiguilles imprégnées d'encre, le tatoueur les fait pénétrer dans la peau par un mouvement de va-et-vient[40]. De manière générale, ces techniques de tatouage sont très douloureuses car les outils utilisés sont assez grossiers.

De nos jours, la méthode la plus répandue est d'introduire l'encre dans la peau avec un dermographe. C'est un appareil composé de fines aiguilles attachées à une barre au travers d'un canon électrique. Lorsqu'il est enclenché, les pointes se déplacent rapidement de haut en bas et permet l'insertion de l'encre entre le derme et l'épiderme[41]. Il existe plusieurs formes d'aiguilles : on trouve notamment les aiguilles liners, qui sont utilisées pour tracer les lignes et contours d'un tatouage, et les aiguilles magnums, utilisées pour faire le remplissage. Mais il existe aussi d'autres variantes en fonctions des besoins ou du résultat recherché par l'artiste et/ou le client. Toutes ces aiguilles existent dans différentes tailles et comprennent donc un nombre variable de pointes[42].

Selon le type de tatouage (noir ou couleur), la quantité et la concentration d'encre utilisée est modifiée. Une encre noire diluée permet, par exemple, d'obtenir des nuances de gris afin de réaliser des dégradés. Les encres de couleurs sont, quant à elles, plus généralement mélangées pour créer d'autres nuances.

Quelle que soit la méthode employée, la pratique du tatouage reste quelque chose qui peut être difficile à supporter. Lors de la séance, le tatoué ressent généralement des sensations allant d'une simple gêne à une douleur aiguë selon sa sensibilité et selon l'endroit tatoué. De plus, ces sensations augmentent durant la séance, ce qui rend les tatouages de grandes tailles souvent pénibles à réaliser en une fois[43],[44]. Les tatoueurs ne dépassent que rarement des séances de quatre heures, car l'endorphine diffusée par le corps afin de calmer la douleur n'agit pas plus longtemps.

Pigments et solvants

Jeux d’encres de tatouage (2007).

Le noir est produit avec des cristaux de magnétite ou de wustite, ou avec de carbone issu de la combustion de matières organiques (noir d'os (qui peut contenir du plomb qui s'accumule le plus dans l'os), carbone amorphe de combustion (suie pouvant contenir des traces de métaux indésirables et d’HAP dangereux (benzopyrène, benzo-anthracène, d'organochlorés, etc.) et autrefois traditionnellement à partir d’encre de Chine[45].

Les couleurs sont produites avec des métaux (sels purs d’aluminium, antimoine, baryum, cadmium, cobalt, chrome, cuivre, fer, mercure, manganèse, nickel, plomb, strontium, titane vanadium) issus de l'industrie chimique, ou à partir d'une association polymétallique (avec par exemple le séléno-sulfure de cadmium ou le chromate de plombetc.)[45], tous ces pigments pouvant ensuite être mélangés entre eux pour donner des nuances particuières, former des dégradés. Autrefois on utilisait divers pigments d'origine végétale. Le « jaune curcuma » l'est encore[45]. Certains de ces pigments sont très toxiques (plomb, cadmium, mercure, chrome...)[45]. Les producteurs d'encres pour tatoueurs utilisent aussi la malachite et des ferrocyanure ou des ferricyanures ou le Cu/Al phthalocyanines, plus ou moins toxiques[45].
Des produits naturels réputés non toxiques peuvent être utilisés pour l’ocre (mélange d’argile et d’oxydes de fer).
Des « rouges de naphtol » sont synthétisés à partir de naphte, moins allergènes et moins toxiques que les autres rouges, mais pouvant néanmoins susciter des allergies[45].

Les sels de métaux ou d'autres pigments sont des poudres. Ils doivent être mis en solution dans un solvant (en général, il s'agit d'eau déminéralisée avec des additifs tels que la glycérine ou de la listérine et de l’alcool pour la désinfection et la consistance)[45].

Entraînement et formation

Les tatoueurs ont plusieurs possibilités pour s'entraîner aux tatouages sans pour autant prendre le risque de rater une pièce sur un de leurs clients. Il existe des kits de peau synthétique qui se rapprochent beaucoup de la texture de la peau humaine et permet un entraînement en toute sécurité avant de réaliser de vrai tatouage[46], il est aussi possible de se former sur des porcs car ceux-ci ont la peau qui se rapproche de celle de l'homme[47]. Cependant la véritable formation se fait avec l'expérience car le tatoueur doit s'habituer à la texture et aux réactions de la peau humaine.

Tatouages temporaires et semi-permanents

Les tatouages temporaires et semi-permanents sont réalisés de diverses manières. Ils sont dessinés, collés ou peints sur la surface de la peau dans la majorité des cas, hormis pour le tatouage semi-permanent qui est réalisé de manière similaire au tatouage permanent. Cette pratique n'est pas toujours bien acceptée par la communauté du tatouage, à cause de la contradiction entre le caractère permanent du « vrai » tatouage et celui plus éphémère du tatouage temporaire.

Tatouages au henné

Les tatouages au henné sont faits avec du henné traditionnel ou du henné naturel, et non pas avec le henné noir qui est très dangereux pour la peau[48]. L'utilisation traditionnelle pratiquée dans les pays du Maghreb est nommé henné ; en Inde et au Pakistan, elle est désignée sous le nom de mehndī.

Tatouages auto-collants

À l'origine, les tatouages auto-collants ou décalcomanie sont des motifs publicitaires offerts dans des paquets de chewing-gum ou de friandises. Ils peuvent être facilement enlevés à l'eau ou en les frottant et sont rarement de bonne qualité. La qualité de ces tatouages s'est améliorée avec les années, permettant des motifs de plus en plus fins et détaillés. Actuellement, ils sont distribués dans de nombreux magasins et salons de cosmétiques et servent d'accessoires un peu à la manière d'un bijou. Depuis 2010, Chanel propose même à la vente un kit de tatouage temporaire, appelé « Les Trompes L'Œil de Chanel », dessiné pour leur défilé de mode printemps-été 2010 à Paris[49]. De plus, la chanteuse Beyoncé a posé pour sa ligne de prêt-à-porter en automne 2010 avec de nombreux tatouages éphémères créés par la société Temptu[50].

En 2011, un nouveau type de tatouage temporaire fait son apparition, le tatouage dentaire[51]. Cette nouvelle mode issue du Japon consiste à fixer une petite décoration sur la dent à l'aide d'une colle séchée avec une lampe à DEL et qui peut être enlevé après quelques jours.

Maquillage permanent

Œil et sourcil de femme, avec tatouage figurant un maquillage permanent sur le sourcil
Maquillage permanent sur le sourcil.

Le maquillage permanent est un tatouage esthétique dit « indélébile ». Les pigments s'altèrent, en réalité, après quelques mois ou années. Le procédé est le même que pour le tatouage classique, c'est-à-dire une injection de pigments sous l'épiderme. Il est généralement effectué pour marquer le tour des yeux ou des lèvres afin de faciliter le maquillage, ou encore pour redessiner les sourcils[52].

Il est déconseillé d'utiliser les pigments permanents car avec la vieillesse, les sourcils, les yeux, la bouche se déforment et glissent vers le bas. À ce stade, le maquillage devrait en général s'effectuer autrement pour masquer le glissement. Avec le maquillage permanent, ces techniques sont limitées. Par ailleurs, lors des liftings du visage ou des réfections des paupières, ces traits de maquillage seraient très souvent déformés et deviendront inesthétiques.

De plus, lors d'un détatouage, le laser ne peut accéder efficacement au contour de l'eye-liner qui est situé trop près de l'oeil. Le tatouage des lèvres s'effacent également très difficilement[53].

Tatouages semi-permanents

Le tatouage semi-permanent est effectué comme les tatouages traditionnels mais l'encre est insérée seulement dans l'épiderme et s’élimine naturellement avec le renouvellement de la peau. De plus, des encres dites « biodégradables » peuvent être utilisées afin de faciliter l'élimination des pigments. Ce type de tatouage s'estompe au bout de trois à cinq ans minimum. Dans certains cas, il peut prendre beaucoup plus de temps à disparaître, ou même rester partiellement indélébile[54]. Peu d'études scientifiques ont été faites à ce sujet mais il apparaît sur de nombreux sites et forums que ce genre de tatouages peut laisser des marques et des cicatrices permanentes. Il est donc conseillé de bien se renseigner auprès d'un dermatologue avant de faire un tel choix.

Méthodes d'effacement

Il existe deux moyens assez efficaces de faire disparaître un tatouage : soit le faire recouvrir par un nouveau tatouage, soit le faire retirer au laser chez un dermatologue disposant de l'équipement adéquat[55]. Dans les deux cas, les conséquences ou séquelles peuvent être importantes et le prix de l'intervention est souvent bien supérieur à celui du tatouage d'origine.

Le recouvrement

Le recouvrement implique nécessairement l'élargissement de la zone tatouée et les pigments renouvelés seront plus visibles qu'un tatouage ancien[56], qui a pu, avec le temps, s'estomper sous l'action d'une exposition régulière au soleil ou d'abrasions de l'épiderme[57]. Cependant le recouvrement n'est pas toujours possible, notamment dans le cas de tatouages de style tribal. Les lignes noires de ce type de tatouage sont très difficiles, voire impossible, à recouvrir et la seule solution consiste à utiliser les traits existants pour créer un nouveau motif.

Le détatouage laser

Le détatouage laser consiste à enlever le tatouage à l'aide d'un laser qui projette une lumière puissante durant un temps très court provoquant l'effet thermomécanique qui fait exploser les grains de couleur. Ce type de traitement demande des formations adéquates, faute de quoi il est possible d'endommager la peau de façon irréversible en créant des cicatrices. Le détatouage laser est la seule méthode qui permet de réellement effacer un tatouage, mais c'est une technique longue, douloureuse et coûteuse. Le résultat est parfois incomplet[58].

En France, la législation réserve l'usage des lasers médicaux aux médecins formés aux lasers, les médecins morphologues et anti-âge, les dermatologues et autres ayant une formation complémentaires aux lasers médicaux. Autrement, il est considéré comme un exercice illégal de la médecine[55].

Santé et hygiène

Photo d'une séance de tatouage sur le bras gauche.
Séance de tatouage.

Le tatouage consistant à perforer la peau pour y introduire des agents colorants, chaque petite perforation crée une plaie susceptible de s’infecter et de transmettre une maladie via des bactéries ou des virus[59].

De plus beaucoup de pigments sont toxiques voire très toxiques s'ils étaient inhalés ou ingérés. Comme pour les encres d'imprimerie, les émaux et pigments de verrerie alimentaire, les peintures murales ou scolaires et les jouets pour enfants et plus encore pour les colorants alimentaires), la législation tend à interdire les pigments métalliques ou organométalliques les plus toxiques, ce qui suscite des protestations de la part de certains tatoueurs car les rouges, jaunes et oranges les plus vifs et stables sont tous produits à partir de pigments toxiques et pour certains cancérigènes. Des incertitudes toxicologiques existent pour certains pigments : par exemple le dioxyde de titane était considéré comme très stable et neutre, et autorisé dans de nombreuses crèmes cosmétiques, mais il est aussi utilisé industriellement comme catalyseur, notamment quand il est exposé à la lumière[45].

Pour toutes ces raisons, le respect des règles essentielles d’hygiène sont nécessaires avant, pendant et après tout tatouage, de la part du tatoueur, et du tatoué.

Précautions préalables

Il est conseillé de ne pas consommer d'aspirine ou d'alcool durant les 24 heures précédant le tatouage. Ces produits fluidifient le sang et risquent d'augmenter les saignements lors du tatouage, ce qui peut gêner le tatoueur et favoriser des infections. De plus, certains groupes à risque doivent éviter de se tatouer[57]. Notamment les allergiques, les personnes sous traitements médicaux, alcooliques, toxicomanes, femmes enceintes, personnes atteintes d’hémophilie, du sida, d’hépatite B et C, de maladies cardiovasculaires, les personnes avec un stimulateur cardiaque (car il y a un risque d’interférence avec les ondes magnétiques du dermographe) ou touchées par des maladies de peau. Les zones touchés par des verrues, des grains de beauté ou riches en taches de rousseur doivent être évitées.

Précautions d'hygiène

Outre les indispensables lavages et désinfection des mains, le tatoueur doit nettoyer et stériliser consciencieusement le matériel à chaque utilisation, nettoyer et désinfecter les outils non stérilisables et le plan de travail[60]. Il doit également analyser la texture de l'épiderme du futur tatoué et la désinfecter minutieusement avant son acte.

Après l'intervention

Une fois l’intervention terminée, le tatoueur désinfecte la zone concernée à l’aide d’une solution antiseptique et applique de la pommade et un pansement pour protéger l'épiderme et favoriser la cicatrisation. Il doit ensuite expliquer clairement au tatoué comment il doit continuer à nettoyer sa peau et entretenir son tatouage minutieusement pour éviter les infections[Note 2].

La peau doit rester propre en permanence et grasse pendant la phase de cicatrisation qui dure environ quinze jours. Il faut rester vigilant en ne laissant aucun agent infectieux être en contact avec la plaie. Le nettoyage doit se faire au moyen d’eau tiède et de savon doux ou d’une solution antiseptique sans alcool. Une fois que la zone tatouée est propre, il faut appliquer une pommade cicatrisante adéquate (certaines peuvent être contre-indiquées pour ce type de plaie). Il est conseillé de porter des vêtements en coton pendant la durée de la cicatrisation. Les bains, la piscine ou la mer sont à proscrire pendant 2 à 3 semaines, ainsi que le soleil ou les rayons UV pendant au moins un mois[61]. De nombreux tatoueurs déconseillent même d'exposer le tatouage au soleil durant la première année ou les premières années (Si le tatouage couvre les parties exposées du corps, et que ce dernier est privé de soleil, une prescription de vitamine D est alors nécessaire).

Styles et pratiques

Outre la possibilité de réaliser des tatouages en noir et blanc ou en couleurs, il existe de nombreux styles et pratiques différents.

Les styles

Cette liste n'est pas exhaustive. L'art du tatouage est en perpétuelle évolution et de nouveaux styles font régulièrement leur apparition.

  • Tribal : le tatouage de style tribal propose un graphisme en lignes épaisses, le plus souvent en noir ou plus rarement en dégradés de gris. Les motifs sont inspirés de symboles rituels primitifs ou représentent plus simplement des motifs abstraits. Ce style de tatouage est souvent réalisé sur l'épaule ou en bracelet autour du bras chez les hommes et dans le bas du dos chez les femmes.
  • Pointilliste ou Art du point (dot-art ou dot-work pour les Anglophones) : le graphisme du tatouage est réalisé partiellement ou intégralement à base de points, donnant ainsi des effets de matières inédites en tatouage. Ce style est largement inspiré du pointillisme utilisé dans la peinture impressionniste.
  • Réaliste : le style réaliste consiste à exécuter des motifs de la manière la plus réaliste qui soit, les plus réussis donnent même l'impression de voir de véritables photos. Les tatouages réalistes les plus courants sont les portraits.
  • Asiatique : le style asiatique s'inspire de l'art asiatique et utilise souvent des représentations de dragons, de poissons (plus particulièrement la carpe koï), de Bouddha, ou encore de kanjis. Le style de dessin est très proche des anciens dessins et estampes chinoises et japonaises. Par ailleurs, il faut différencier le style asiatique de l'Irezumi, ce dernier ne concerne que les tatouages de grande taille réalisés de manière traditionnelle.
  • Celtique : le tatouage celtique est constitué de motifs inspirés de l’art celtique (entrelacs et croix celtiques, créatures mythologiques, etc.). Il est le plus souvent en noir.
  • Polynésien : le tatouage de style polynésien est caractérisé par des motifs traditionnels issus de la culture polynésienne. Le tatouage est réalisé uniquement à l'encre noire et est composé de lignes courbes ou de représentations stylisées d'animaux (requin, tortue, lézard, etc.).
  • Old school ou « traditionnel » : les motifs old school sont exécutés selon les principes traditionnels occidentaux. Il est réalisé avec des contours épais, de fortes ombres noires et utilise des couleurs primaires vives. Les dessins sont souvent d'inspiration rock 'n' roll et reprennent de thèmes des années 50 et 60. Des dessins de pin-up, de rose, de tigre, de cartes à jouer, ou encore des symboles militaires ou maritimes sont des exemples très répandus de ce style de tatouage.
  • New school : le style new school est une version modernisée du style old school. Les motifs sont toujours très colorés mais contiennent plus de dégradés, et sont d'inspiration plus moderne. Les lignes sont larges et marquées, et on y retrouve une inspiration proche de la bande-dessinées, des comics ou du manga.
  • Biomécanique : le tatouage de style biomécanique incorpore des composants mécaniques, organiques et biologiques. Il peut être réalisé de manière à donner l'impression que le motif se trouve sous la peau ou la déchire. C'est un style de tatouage largement présent dans la communauté cyberpunk et s'inspire largement de l'univers de la science-fiction.
  • Gothique : les motifs de style gothique sont d'inspiration gothique, macabre ou gore, ils sont très souvent réalisés en noir et dégradés de gris. On y retrouve beaucoup de représentations de monstres ou de créatures fantastiques, mais encore des démons, des crânes ou la faucheuse.
  • Abstrait : le tatouage abstrait n'est pas un style à proprement dit, il s'agit de motifs abstraits pouvant être réalisés dans n'importe quels styles. Par exemple de nombreux tatouages tribaux ou polynésiens sont des motifs abstraits.

Les pratiques

  • Flash : le tatouage flash consiste à réaliser un motif déjà dessiné par le tatoueur et présenté dans son artbooks ou dans un magazine sur le tatouage. En quelque sorte, il s'agit de tatouer un motif tel quel, sans modification du tatoueur.
  • Personnalisé ou « Custom » : le tatouage personnalisé est un tatouage sur-mesure. Le motif peut être conçu par le client ou en collaboration avec un artiste pour créer un tatouage unique et peut être réalisés dans n'importe quel style. C'est un style de tatouage très apprécié par les tatoueurs, car il permet un plus grand travail artistique et plus de liberté.
  • Tatouage UV ou « Blacklight » : cette pratique du tatouage consiste à insérer de l'encre réagissant à la lumière noire[1]. Il est conseillé de bien se renseigner sur les encres utilisées pour ce type de tatouage, car certaines ne respectent pas les réglementations en vigueur et peuvent causer des réactions allergiques.

Réglementation

Quelques pays européens commencent à disposer d'une réglementation dédiée au tatouage. En l'absence de réglementation, la clientèle doit le plus souvent s'en remettre au sérieux et à l'éthique de chaque professionnel, et/ou à l'affiliation de certains tatoueurs à des associations professionnelles, par exemple : L'United European Tattoo Artists[62], le Syndicat national des artistes tatoueurs en France, l'Association suisse des tatoueurs professionnels en Suisse[63] ou l'Association des Tatoueurs et Pierceurs Professionnels Wallons en Belgique[64]

La France dispose d'une réglementation sanitaire depuis 2008, définie par le décret n° 2008-149 du 19 février 2008 qui fixe les conditions d'hygiène et de salubrité relatives aux pratiques du tatouage avec effraction cutanée et du perçage[65], et modifie le code de la santé publique (dispositions réglementaires). Le décret impose que les activités de tatouage et « perçage corporel » soient déclarées en Préfecture[66] et réalisées par des personnes ayant suivi une formation obligatoire à l'hygiène[67].

Le matériel pénétrant la barrière cutanée ou entrant en contact avec la peau ou la muqueuse du client et les supports directs de ce matériel doivent être soit à usage unique et stériles, soit stérilisés avant chaque utilisation[65]. Le matériel jeté ainsi que les déchets produits sont assimilés aux DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux) et doivent être éliminés selon les mêmes dispositions[68]. Les produits de tatouage sont clairement définis[69] et doivent respecter des règles précises, définies par le décret n° 2008-210 du 3 mars 2008 qui fixe les règles de fabrication, de conditionnement et d'importation des produits de tatouage[70], et institue un système national de vigilance et modifiant le code de la santé publique (dispositions réglementaires). De plus, les locaux doivent comprendre une salle exclusivement réservée à la réalisation de ces techniques[71].

Les tatoueurs et perceurs doivent informer leurs clients, avant l'acte, des risques auxquels ils s'exposent et, après la réalisation de ces techniques, des précautions à respecter. Cette information doit également être affichée de manière visible dans les studios[72]. Ils doivent aussi vérifier que leurs clients soient majeurs, car les tatouages et piercings sont interdits sur une personne mineure sans le consentement écrit d'un parent ou tuteur légal[72].

Les professionnels qui ne respectent pas les différentes mesures exigées s'exposent à des contraventions de 5e classe, soit des amendes pouvant aller jusqu'à 1 500 euros[65].

Le 6 mars 2013, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publie un arrêté « fixant la liste des substances qui ne peuvent pas entrer dans la composition des produits de tatouage », notamment 9 encres sur 10 utilisées dans les tatouages de couleur. Il sera appliqué à partir du 1er janvier 2014[73].

Popularité

Dans de nombreux pays, le tatouage est longtemps resté impopulaire, notamment à cause des catégories d'individu se faisant tatouer. Marie Cipriani-Crauste, psychologue au Centre d'ethnologie français, explique à propos des personnes réticentes : « Les images négatives prédominent. Elles associent ces types de parures à la délinquance et au refus de se plier aux normes d'une société[74]. » Ainsi, au Japon, le tatouage est assez mal vu. En effet, il est pratiqué par les yakuzas et il est encore souvent interdit dans les bains publics, les sources d'eau chaude[75], certaines entreprises et même les salles de sport[Note 3]. Dans de nombreux pays, la population criminelle et carcérale se fait largement tatouer et de ce fait le tatouage a depuis longtemps une mauvaise connotation.

Cependant l'engouement pour le tatouage reprend depuis les années 1990-2000 et de nombreuses personnalités de la musique, du sport et des médias se font tatouer de plus en plus ouvertement[76], ce qui se voit. Il y a une majorité des artistes de musique rock, heavy metal, hip-hop ou encore R'n'B qui portent des tatouages. De plus, l'effet de mode a tendance à se mondialiser et de nombreux jeunes changent les vieilles idées. En 2003, 31 % des Français de 11 à 19 ans se disent tentés par un tatouage[77]. Ce qui fait que de plus en plus de personnes se font tatouer ou acceptent mieux le tatouage[78]. Le tatouage est plus répandu aux États-Unis qu'en France  : d'après un sondage de l'institut Harris Polls, en 2008, 40 millions d'Américains seraient tatoués, ce qui représente 16 % de la population[79] contre « seulement » 10 % des Français selon l'institut IFOP[80]. Depuis, les chiffres ont considérablement augmenté : l'institut Harris publie en 2012 un nouveau sondage sur les États-Unis  : 21 % de la population américaine possède un ou plusieurs tatouages, soit une augmentation de cinq points par rapport à l'étude de 2008[81].

Bibliographie

Livres

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Magazines

Notes et références

Notes

  1. Ceci fait allusion à la marque que Dieu apposa sur Caïn afin de l'empêcher d'être tué et de fuir à jamais
  2. L'entretien du tatouage et de la peau est sous la responsabilité de la personne tatouée et non du tatoueur.
  3. L'interdiction des tatouages dans les bains publics et les sources d'eau chaudes peut varier d'un établissement à l'autre, et bien que de nombreux forums conseillent de ne rien dire et de voir les réactions, il est conseillé de se renseigner avant d'aller dans de tels lieux.

Références

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes