Stefano Boeri

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Stefano Boeri
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MilanVoir et modifier les données sur Wikidata
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Renato Boeri (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Fratrie
Sandro Boeri (d)
Tito BoeriVoir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales

Stefano Boeri, né le à Milan, est architecte, urbaniste, théoricien de l'architecture et essayiste. Il enseigne le design urbain à l’École polytechnique de Milan et a été professeur invité à de nombreuses universités.

En 2004, il devient directeur de la revue internationale Domus, puis passe à la direction de la revue Abitare en 2007.

Son agence Stefano Boeri Architetti a développé plusieurs projets d’architecture et d'urbanisme et a organisé de nombreuses expositions.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et carrière[modifier | modifier le code]

Stefano Boeri est le fils de Cini Boeri, architecte et designer, et du neurologue Renato Boeri. Il est le petit-fils du sénateur Giovanni Battista Boeri.

En 1980, il est diplômé de l’École polytechnique de Milan et obtient en 1989 un doctorat de recherche de l'Université IUAV de Venise. Il commence à travailler dans le milieu universitaire à Milan et à Venise, tout en se consacrant à sa thèse de doctorat. Il alimente sa réflexion sur les œuvres de Charles Aymonino, Gregotti et Aldo Rossi. En 1992, il reçoit sa première affectation académique à l'Université de Gênes, où il entame une collaboration avec l'architecte Giancarlo De Carlo, à qui il consacrera plus tard son premier numéro de la revue Domus[1].

Il devient professeur de Projets d'urbanisme à la Polytechnique de Milan et est professeur invité dans diverses universités, notamment le Berlage Institute de Rotterdam, l'École Polytechnique de Lausanne, le Strelka Institute de Moscou, le MIT, l'Université Columbia, Université Harvard, l'Université de Mendrisio.

De à , il est conseiller pour la culture et le dessin de mode à la ville de Milan; en , il devient directeur artistique de l'Estate Fiorentina et consultant pour la culture de la ville de Florence[2].

En 2013, il est invité à collaborer avec divers artistes au projet A New Narrative for Europe, mis en place par le président de la Commission européenne[3]. Dans son rapport, Boeri recommande que l'Europe soit considérée comme une mégacité interconnectée[4].

En , il devient président de la Triennale de Milan pour un mandat de quatre ans.

Il a obtenu plusieurs prix, notamment le International Highrise Award 2014.

Activités de recherche[modifier | modifier le code]

Stefano Boeri à Stati Generali Expo 2015

En 2000, il participe au volume Mutations[5] en collaboration avec Rem Koolhaas, Sanford Kwinter, Nadia Tazi et Hans Ulrich Obrist. Il est membre du comité scientifique du Skolkovo Innovation Center à Moscou, avec Jean Pistre, Speech, David Chipperfield, Mohsen Mostafavi, Kazuyo Sejima, OMA et Herzog & de Meuron.

En 2002, il crée à Venise un organisme de recherche sur la multiplicité: Multiplicity, intégrant des chercheurs de diverses disciplines : architecture, urbanisme, géographie, sociologie, anthropologie, économie, art, communication, photographie... Afin de concrétiser son développement, on lui offre un laboratoire : Multiplicity.lab, qui est rattaché au Service d'urbanisme de l’École polytechnique de Milan. Multiplicity.lab réalise des recherches sur le terrain, en étudiant le processus de transformation de la condition urbaine contemporaine et en élaborant des stratégies d'intervention qui mettent en relation divers acteurs et protagonistes de cette transformation. Avec cette agence, Boeri va concevoir des installations pour plusieurs des principales institutions d'architecture et d’art contemporain, telles que la Documenta de Cassel, Arc en Rêve à Bordeaux, la Triennale de Milan, la Biennale de Venise, le Kunstwerke de Berlin, le Musée d'Art Moderne de Paris, la Generali Foundation à Vienne et TN Probe Gallery à Tokyo[1].

Il élabore une série d’«atlas éclectiques» sur la transformation urbaine. Ces atlas sont liés à la région de Milan en milieu urbain (comme le volume en collaboration avec A. Lanzani et E. Marine, Le paysage change, Milan, 1993, et Chroniques de la vie, Milan, 2007) ainsi qu'à d'autres régions du territoire européen.

Multiplicity crée en 2002 USE: uncertain states of Europe : a trip through a changing Europe, une recherche approfondie et pluridisciplinaire sur l'avenir de l'Europe, qui a été publié en français sous le titre Une journée dans une Europe en mutation (Milan, 2003).

Boeri porte un regard attentif sur la réalité et sa recherche est en lien avec des préoccupations sociales. Pour lui, l'architecte « ne doit pas se limiter à la construction comme telle, mais aussi se préoccuper de la portée sociale de sa profession, en raison de son potentiel non seulement de modifier l'espace mais aussi d'attirer la conscience du public sur cet espace[1]. » Plutôt que de fournir des recettes, Boeri soulève des questions.

De 2004 à 2007, il est directeur de la revue internationale Domus. Puis en 2007, il passe à la direction de la revue Abitare. Boeri transformes ces deux revues d'architecture en plates-formes de médias par le biais d’un site web. Il est capable de présenter sa réflexion dans des formes inhabituelles : bandes dessinées, interviews, événements. Il fait ainsi de l'architecture une force sociale et politique. Outre des dispositifs de recherche, ces magazines deviennent des protagonistes de manifestations culturelles (telles que circulaires Domus au Stade San Siro à Milan en 2005).

À partir de 2007, il dirige FESTARCH, festival international d'architecture organisé par le magazine Abitare (Cagliari 2007-08 et Pérouse 2011-12), où exposent les plus grands noms de l'architecture contemporaine[2].

En 2008, il organise Geodesign, dans le cadre du Turin World Design Capital, qui donnera naissance au volume collectif Geodesign : la mobilitazione dell'intelligenza collettiva ; 48 progetti per Torino (Milan, Abitare Segesta, 2008).

En 2012, dans le prolongement de son essai L'Anticittà (L'Antiville), il organise l'exposition "São Paulo Calling", un projet de recherche international sur les favelas et les campements informels dans six métropoles contemporaines: São Paulo, Rome, Mumbai, Nairobi, Moscou, Bagdad et Medellin.

En 2013, à l'occasion du 150e anniversaire de l’École polytechnique de Milan, il est le commissaire de l'exposition MI/Arch, huit leçons sur la ville par huit architectes : David Chipperfield, Grafton Architects, Arata Isozaki, Rem Koolhaas, Daniel Libeskind, César Pelli, Renzo Piano et Kazuyo Sejima.

Une présence nationale et internationale[modifier | modifier le code]

À partir de 1998 il développe et réalise de nombreux projets pour le traitement et la réutilisation de fronts de mer urbains et de marinas (Gênes, Naples, Trieste, Cagliari, Thessalonique, Mytilène). À Naples, la ville a décidé d'élaborer un plan pour une relation piéton/port de manière à assurer un retour progressif au secteur riverain de la ville.

Boeri fonde son agence d’architecture en 1999, qui deviendra Boeri Studio en 2008, lorsqu'il s'associera avec les architectes Gianandrea Barreca et Giovanni La Varra. Spécialisée en architecture, design urbain et planification urbaine, l'agence travaille principalement sur la conception de bâtiments et d'espaces ouverts en milieu urbain.

À l'étranger, le Studio Boeri réalise notamment la Villa Méditerranée à Marseille, située au bord de l'eau, inaugurée en 2013.

Réhabilitation de l’Arsenal de La Maddalena[modifier | modifier le code]

En 2008, l’agence de Stefano Boeri obtient le contrat de réhabilitation de l'ancienne base militaire établie sur l'île de La Maddalena, en Sardaigne. Le projet comprend un hôtel cinq étoiles, un centre de congrès, des bâtiments destinés à des conférences, deux espaces d'exposition et une marina pouvant accueillir 700 bateaux[6]. La salle de conférence comporte un prisme de verre suspendu à 6 mètres au-dessus de l'eau, offrant une vue panoramique sur la Gallura.

Le projet, qui compte plus de 155 000 m2, a été développé en 18 mois. Il se veut conforme aux exigences de développement durable avec un système d'échange de chaleur à base d'eau de mer destiné au chauffage et au refroidissement des bâtiments, ainsi que des panneaux solaires pour la production d'eau chaude et des panneaux photovoltaïques produisant de l'énergie.

Les installations devaient accueillir le sommet du G8 de , mais celui-ci a été déplacé en dernière minute dans la zone de L'Aquila qui venait de subir un séisme.

En 2018, le site de La Maddalena, qui avait été laissé à l'abandon et tombait en ruines, a été repris par le gouvernement régional. Il est question de draguer les déchets polluants laissés par la marine américaine qui y stationna jusqu'en 2006. Ce projet suscite chez de jeunes architectes le désir de remettre l'ensemble du site en état[7].

Le Bosco Verticale[modifier | modifier le code]

Le Bosco Verticale est un ensemble conçu par le Studio Boeri de 40 millions d’euros intégré dans un projet de renouvellement urbain du quartier milanais de Porta Nuova à Milan, en Italie. Il s'agit de deux tours hautes respectivement de 76 mètres et 112 mètres expérimentant une nouvelle forme d'intégration paysagère du bâti, souvent décrite par les architectes et les médias comme une « forêt verticale ». Les deux tours ont été inaugurées en 2014[8].

Alors que la superficie mondiale de forêt continue à régresser, les architectes ont voulu compenser localement la perte d'arbres en installant l'équivalent de deux hectares de forêt dans les balcons des deux tours.

C'est une première mondiale en termes d'écologie urbaine et un moyen nouveau d’intégrer arbres, arbustes et plantes dans un immeuble. Cette végétation nécessitera de l'eau, de l'entretien et des nutriments, mais contribuera dans le quartier à produire de l'oxygène et à épurer l'air dans une ville connue pour sa pollution et à dégrader certaines particules polluantes, en plus d'absorber du dioxyde de carbone. Elle jouera également un rôle de climatisation en fournissant de l'ombre et un microclimat plus tempéré tout au long de l'année. Une certaine biodiversité devrait aussi s'installer dans cette forêt verticale (oiseaux, chauve-souris, insectes et autres invertébrés, ainsi que des lichens, mousses, champignon et épiphytes devraient se nourrir, s’abriter ou se reproduire dans ces arbres, plantes et leurs substrats.

La forme de la tour a été conçue pour offrir les avantages de la vie urbaine, tout en limitant l'étalement urbain et en offrant un environnement plus naturel (21.000 plantes environ étaient en place lors de la livraison du bâtiment) aux habitats et usagers de la tour (50 000 m2 de forêts).

Ce projet est représentatif des préoccupations environnementales de Stefano Boeri pour qui « Les villes doivent être des vecteurs dans le développement de corridors écologiques planétaires[9]. » En 2020, l'architecte déclarait ainsi :

« l’homme va devoir réviser son rapport à la nature, et l’envisager non plus en termes d’exploitation, mais d’alliance. Les villes accueillant désormais la majorité des humains, les architectes et les urbanistes auront un rôle important à jouer pour repenser cet équilibre entre la ville et la nature. Ce qui implique pour les architectes un changement de paradigme[9]. »

Boeri a développé plus de deux douzaines de projets similaires dans le monde[10] : Lausanne (Suisse), Utrecht (Pays-Bas), Sao Paolo (Brésil), Tirana (Albanie); à Eindhoven, il a adapté son projet à la construction d'un logement social; à Nanjing, deux tours sont en construction, de 108 mètres et 200 mètres de haut, abritant bureaux, hôtel de luxe et commerces[9]. Il a aussi un projet d'hôtel à Shanghaï[11]. En France, il a un projet à Villiers-sur-Marne : Forêt blanche, « une tour de 54 mètres à structure en bois, couverte par 2 000 arbres et plantes[9]. »

Principales réalisations[modifier | modifier le code]

  • Résidence à Seregno, en Italie, 2003-2009
  • RCS Headquarter, en Italie, 2008-2009
  • Ex Arsenal at Maddalena, en Italie, 2008-2009
  • Bosco Verticale, 2008-2014
  • Villa Méditerranée à Marseille, 2012

Principales expositions[modifier | modifier le code]

  • Biennale de Venise
  • Milan Triennial
  • Nederlands Architectuur Instituut
  • Ifa-Institute Français d’Architecture
  • Arc en Rêve
  • Centre d’Architecture-Bordeaux
  • Tokyo Art Front Gallery

Ouvrages publiés[modifier | modifier le code]

  • Uncertain state of Europe, Milan, Skira Editore ; Londres, Thames & Hudson, 2002.
  • Milano : cronache dell'abitare, Milan, Mondadori, 2007.
  • The waterfall project : Olivo Barbieri, Bologne, Damiani editore, 2008. Avec Walter Guadagnini.
  • Geodesign : la mobilitazione dell'intelligenza collettiva ; 48 progetti per Torino, Milan, Abitare Segesta, 2008. En collaboration.
  • BioMilano : Glossario di idee per una metropoli della biodiversita, Mantoue, Corraini Edizioni, 2011. Avec Michele Brunell et Sara Pellegrini.
  • Lettere alla mia città : far rinascere l'Italia un quartiere alla volta, Milan, Biblioteca universale Rizzoli, 2011.
  • L'Anticittà, Rome, Editori Laterza, 2011. Traduit en français par Élise Gruau, L'Antiville, Paris, Manuella, 2013.
  • Un bosco verticale : libretto di istruzioni per il prototipo di una città foresta, Mantoue, Corraini, 2015. Avec Azzurra Muzzonigro.
  • Milano, Milan, Corriere della Sera, 2017.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Caramma, p. 41.
  2. a et b CTBUH
  3. New Narrative for Europe
  4. Tomorrow’s Renaissance: a New Narrative for Europe?
  5. (en) OMA, « Mutation », sur OMA - Rem Koolhaas, (consulté le ).
  6. Arsenal de la Maddalena
  7. The rise of a movement to reclaim failed urban projects, 13 octobre 2018.
  8. (it) Elisabetta Andreis, « Boeri: la Cina vuole imitare il «bosco verticale» », Corriere della Sera,‎ (lire en ligne).
  9. a b c et d Peltier.
  10. Learning from the first Vertical Forest
  11. Cornu.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Grégoire Allix, « Les forêts verticales s’enracinent en ville », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  • (en) Diego Caramma et Luigi Prestinenza Puglisi, « Confronting the Contemporary: Stefano Boeri », Architectural Design, vol. 77(3),‎ , p. 40-45
  • Céline Cornu, « De la Chine aux Pays-Bas, les «forêts verticales» de Milan s’exportent », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  • Cécile Peltier, « Les villes doivent être des vecteurs dans le développement de corridors écologiques planétaires », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]