Statue équestre d'Henri IV

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Statue équestre d'Henri IV
Vue générale de la statue.
Présentation
Destination initiale
Monument
Destination actuelle
Monument
Architecte
Matériau
Construction
1818
Propriétaire
État
Patrimonialité
Localisation
Département
Commune
Emplacement
Coordonnées
Carte

La statue équestre d'Henri IV est un monument situé à Paris, en France[1].

Description[modifier | modifier le code]

La statue est l'effigie qui accompagne la place royale (place Dauphine), elle est située derrière la place Dauphine, sur le Pont Neuf qui prolonge la rue Dauphine (tous trois ordonnés par Henri IV).

Le monument est une statue équestre de bronze représentant le roi de France Henri IV en armure, couronné de laurier et tenant un sceptre à fleurs de lys dans sa main droite. Henri IV regarde dans la direction du quai des Orfèvres, tandis que le cheval regarde le quai de l'Horloge.

La statue est posée sur un piédestal sur les flancs duquel sont des bas-reliefs.

Sur l'avant du piédestal est inscrit en latin :

« HENRICI · MAGNI
PATERNO · IN · POPVLVM · ANIMO
NOTISSIMI · PRINCIPIS
SACRAM · EFFIGIEM
CIVILES · INTER · TVMVLTVS
GALLIA · INDIGNANTE · DEIECTAM
POST · OPTATVM · LVDOVICI · XVIII · REDITVM
EX · OMNIBVS · ORDINIBVS · CIVES
AERE · COLLATO · RESTITVERVNT
NEC · NON · ET · ELOGIVM
CVM · EFFIGIE · SIMVL · ABOLITIVM
LAPIDI · RVRSVS · INSCRIBI
CVRAVERVNT
D(ONO) D(EDERVNT)
DIE · XXV · MENS(IS) · AUG(USTI) · MDCCCXVIII »

ce qui signifie :

« La statue vénérée du prince Henri le Grand, très connu pour ses sentiments paternels envers le peuple, abattue à l'indignation de la France lors des troubles qui secouèrent l'État, après le retour souhaité de Louis XVIII des citoyens de toutes les classes sociales la rétablirent en s'étant cotisés, firent aussi graver une seconde fois dans la pierre l'inscription honorifique détruite en même temps que la statue et les offrirent comme don le vingt-cinquième jour du mois d'août 1818. »







À l'arrière est gravé :

« ERRICO · IV
GALLIARVM · IMPERATORI · NAVAR(RÆ) . R(EGI)
LVDOVICVS · XIII · FILIVS · EIVS
OPVS · INCHOATVM · ET · INTERMISSVM
PRO · DIGNITATE · PIETATIS · ET · IMPERII
PLENIVS · ET · AMPLIVS · ABSOLVIT
EMIN(ENTISSIMVS) · D(EI) · G(RATIA) · RICHELIVS
COMMVNE · VOTVM · POPVLI · PROMOVIT
SVPER(IORES) · ILLVSTR(I) · VIRI
DE · BVLLION · BOVTILLIER · P(RÆFECTI) · AERARII · F.(RANCIÆ)
FACIENDVM · CVRAVERVNT
MDCXXXV »

ce qui signifie :

« Pour Henri IV, empereur des Gaules, roi de Navarre, en raison de son estime, remarquablement plein de piété filiale et particulièrement fort de son autorité, son fils Louis XIII acheva ce monument commencé mais interrompu. Richelieu, éminentissime par la grâce de Dieu, mit en avant le désir général du peuple, les célèbres hommes distingués de Bullion et Bouthillier, surintendants des finances de France, veillèrent à son accomplissement en 1635. »

Localisation[modifier | modifier le code]

La statue est située dans le 1er arrondissement de Paris, sur la place du Pont-Neuf, vers la pointe occidentale de l'île de la Cité. Elle occupe le centre d'une petite esplanade située au milieu du pont Neuf, au débouché de la place Dauphine, elle domine le square du Vert-Galant.

Historique[modifier | modifier le code]

Statue de 1614[modifier | modifier le code]

La première statue équestre d'Henri IV est une initiative de Marie de Médicis. Exécutée par Jean Bologne et Pietro Tacca, elle fait partie de la composition de la place Dauphine et est inaugurée le . Son piédestal est achevé en 1635[3]. Il comportait à chaque angle une statue d'esclave, de style maniériste, réalisée par Pierre de Francqueville et son gendre Francesco Bordoni. Le cheval de bronze avait été envoyé à Marie de Médicis par Cosme II : terminé au début de , il n'est embarqué qu’au début du mois de sur un vaisseau de Livourne, qui fait naufrage au large de Savone[3]; il reste un mois au fond de mer « et n'en fut retiré qu'avec beaucoup de peine et de frais »[4].

Les quatre captifs furent achevés en 1618. On les interprète comme « tantôt les quatre parties du monde, tantôt les quatre tempéraments de la médecine hippocratique ou encore les quatre âges de la vie »[3].

En 1628, on met en place cinq bas-reliefs réalisés par Barthélemy Tremblay et Thomas Boudin, représentant les batailles d’Arques et d’Ivry, l’entrée dans Paris, le siège d’Amiens et la prise de Montmélian[3].

En 1635, des inscriptions définitives sur le piédestal de la statue et sur une barrière métallique qui entoure le monument viennent remplacer les inscriptions provisoires posées auparavant ; elles mettent en avant Louis XIII et le cardinal de Richelieu et omettent le rôle joué par Marie de Médicis[3].

Le roi est représenté au naturel, souriant, en armure contemporaine[3].

En 1788, des « patriotes » forcent les passants à saluer la statue[3]. Elle est abattue sous la Révolution française, le [3]. Les statues des captifs se trouvent désormais au musée du Louvre. Cinq morceaux sont retrouvés dans la Seine : la patte avant gauche du cheval, un élément du collier du roi, sa main gauche, sa botte gauche et son bras droit. Ils sont conservés au musée Carnavalet.

Statue de 1814[modifier | modifier le code]

Le , à l'occasion de l'entrée de Louis XVIII, une statue provisoire est exécutée par Henri-Victor Roguier[5] à partir d'un moulage en plâtre d'un des chevaux du Quadrige de la porte de Brandebourg, dérobé par Napoléon en 1806, stocké, faute de destination, aux Menus-Plaisirs puis repris par les Prussiens en 1814. Le socle de ce monument éphémère portait l'inscription : « Le retour de Louis fait revivre Henri »[6].

Statue de 1818[modifier | modifier le code]

La statue actuelle est l'œuvre du sculpteur François-Frédéric Lemot, qui s'inspira des quelques éléments originaux retrouvés (actuellement au musée Carnavalet) et peut-être de la tête qui se trouve de nos jours dans une collection particulière. Selon la comtesse de Boigne et la duchesse d’Abrantes, estimant lui ressembler, le comte de Vaublanc, ministre de l'Intérieur et admirateur d'Henri IV s'impose comme modèle à Lemot[7],[8]. La statue fut inaugurée le , jour de la Saint-Louis. Lors de cette nouvelle érection, plusieurs objets furent placés à l'intérieur de la statue : des documents en parchemin relatifs à l'inauguration du monument, vingt-six médailles et trois ouvrages sur Henri IV. L'ensemble était placé dans le ventre du cheval et se trouve aujourd'hui conservé dans l'Armoire de fer aux Archives nationales, musée de l'histoire de France. Voici la liste des dix-huit pièces suivant les cotes des Archives nationales :

  • AE/I/15bis/1/1 à 6 - Boîte de plomb à âme de bois ayant contenu les parchemins relatifs à l'inauguration de la statue d'Henri IV au Pont-Neuf et les documents sur parchemin.
  • AE/I/15bis/2/1 à 2 - Boîte de plomb à âme de bois ayant contenu les Économies royales de Maximilien de Béthune, duc de Sully, 2 volumes in-folio reliés par Simier, relieur du roi, veau rouge et dorures, armes de France.
  • AE/I/15bis/3/1 à 2 - Boîte de plomb à âme de bois ayant contenu La Henriade de Voltaire, exemplaire sur vélin relié par René Simier, était en maroquin bleu, "avec dentelles, compartimens et armes de France". La reliure a disparu, soit par décomposition, soit par agglutination avec un des pans de la boîte en bois[9].
  • AE/I/15bis/4/1 à 3 - Boîte de plomb à âme de bois ayant contenu Histoire du roi Henri le Grand, par Hardouin de Péréfixe, Renouard, Paris, 1816, un volume in octavo relié par Simier, relieur du roi, en maroquin vert, avec dentelle et tranche dorée. Volume en très bon état de conservation, reliure de très belle exécution[10],[11] et vingt-six médailles (argent, bronze et platine).
  • AE/I/15bis/5/1 à 5 - quatre boîtes cylindriques (étain ou bois) et un rouleau de parchemin.

L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1992[1].

Anecdote[modifier | modifier le code]

C'est peut-être au pied de la statue d'Henri IV qu'a été prise la première photographie d'un être humain. En effet, le daguerréotype (7,2 x 10 cm) du Pont-Neuf par Daguerre et Fordos, conservé au musée des Arts et Métiers, qui montre dans sa partie inférieure l’image de deux personnes allongées (peut-être des ouvriers chargés de l’entretien de la statue) semble avoir été réalisé au cours de l’été 1837 (compte tenu du feuillage des arbres). Cette photo serait donc antérieure à la photo de Daguerre du boulevard du Temple avec le cireur de chaussures[13].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Statue de Henri IV », notice no PA00086006, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. a et b Christian Dupavillon, Paris côté Seine, Paris, Seuil, , 381 p. (ISBN 2-02-051688-8), p. 174.
  3. a b c d e f g et h J.-F. Dubost, « Henri IV au Pont-Neuf. Genèse, hésitations sémantiques et détournements d’une effigie royale (1604-1640) », dans Henri IV : Art et pouvoir, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, (ISBN 9782869065420, lire en ligne)
  4. Victor Joseph Etienne de Jouy, Le Franc-Parleur, Imprimeur-Libraire Pillet, Tome premier, sixième édition, Paris, p. 31.
  5. A*** P***, Colonne de la grande armée à Boulogne-sur-Mer, Paris, Lavigne, , 35 p., p. 27

    « M. Labarre avait proposé […] de confier l’exécution des bas-reliefs à M. Bognier, de Paris, auteur de la statue provisoire de Henri IV sur le Pont-Neuf […]. »

  6. Alain Galoin, « La Première restauration », sur L'Histoire par l'image,  : analyse de l'Entrée du roi Louis XVIII à Paris, , au moment de son passage sur le pont Neuf, aquarelle d'Antoine Ignace Melling.
  7. Mémoires de la comtesse de Boigne, 1921, tome 2, chapitre 9.
  8. Mémoires de la duchesse d’Abrantes, 1838, p. 229.
  9. « Cote AE/I/15bis/3/2 », notice no AF-05931, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Archim, ministère français de la Culture.
  10. Hardouin Péréfixe, Histoire du roi Henri le Grand, Paris, Renouard, .
  11. « Cote AE/II/2885 », notice no 04642, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Archim, ministère français de la Culture.
  12. Barthélemy Jobert et Pascal Torrès, « Inauguration de la statue équestre d'Henri IV sur le Pont-Neuf, 25 août 1818 », sur L'Histoire par l'image.
  13. Voir, par exemple, André Gunthert, Daguerre, premier portraitiste de la photographie, L'Image sociale (12 septembre 2017).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Geneviève Bresc-Bautier, « Henri IV au Pont-Neuf », dans Geneviève Bresc-Bautier (dir.) et Xavier Dectot (dir.), Art ou politique ? Arcs, statues et colonnes de Paris, Paris, Délégation artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », 1999, 237 p. (ISBN 2-913246-02-8), p. 36–41
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le guide du patrimoine Paris, Paris, Hachette, , 587 p. (ISBN 978-2-01-016812-3), p. 401
  • Jean-Pierre Babelon, « La statue d'Henri IV sur le Pont-Neuf : Les boîtes trouvées dans le « cheval de bronze » », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, no 87,‎ , p. 217–239 (DOI https://doi.org/10.3406/piot.2008.1649)
  • « Le cavalier du Pont-Neuf : histoire, restauration et secrets de la statue équestre de Henri IV », In Situ, no 14,‎ (lire en ligne) :
    • Pascal Liévaux, « Le cavalier du Pont-Neuf : histoire, restauration et secrets de la statue équestre de Henri IV » (lire en ligne)
    • Geneviève Bresc-Bautier, « Henri IV au Pont-Neuf » (lire en ligne)
    • Stéphanie Celle et Carlo Usai, « Restauration de la statue de Henri IV » (lire en ligne)
    • Département de l'action culturelle et éducative et Archives nationales, « Entre pratique inaugurale et trésor mémoriel : étude du contenu de la statue de Henri IV de 1818 » (lire en ligne)
    • Nelly Cauliez, Isabelle Blivet, Myriam Kriche et Laurent Martin-Saint-Clair, « Restauration et conservation des « trésors » cachés dans le cavalier de bronze » (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]