Stèle de Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec

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Stèle de Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec
Présentation
Destination initiale
Stèle protohistorique
Construction
Âge du fer, remploie à l'époque romaine (?), puis christianisation au XXe siècle.
Propriétaire
Commune
Localisation
Pays
Département
Commune
Coordonnées
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La stèle de Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec est une stèle protohistorique installée depuis 1948 dans l'enclos paroissial de Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec, en France, et ornée d'un calvaire en pierre sculptée.

Trouvée en bordure d'une ancienne voie romaine, il est parfois envisagé qu'elle ait été remployée comme borne itinéraire à l'époque gallo-romaine. Elle est anépigraphe.

Description[modifier | modifier le code]

La pierre est un monolithe de granite à gros grains, tronconique, à quatre faces et pans coupés, haute de 2,50 m[1].

Sa surface possédait treize cannelures sculptées, estompées aujourd'hui.

Aucune inscription n'y a été relevée.

Localisation[modifier | modifier le code]

La stèle est située dans le département français du Finistère, sur la commune de Loc-Eguiner.

Elle aurait été trouvée au lieu-dit Kerargan[2], renversée dans un fossé sur la route venant de Plounéour-Ménez, soit à environ 1,5 km au sud-est de son emplacement actuel.

En 1948, elle a été déplacée dans le cimetière Nord de l'enclos paroissial de l'église Saint-Eguiner, dans le bourg.

Historique[modifier | modifier le code]

La pierre a été signalée avant 1911 par un habitant de Morlaix, M. Livinec, à Jean-Marie Abgrall et Louis Le Guennec («ce qui paraît être une borne romaine»). Mais ces derniers ne semblent pas l'avoir observé in situ cette année-là.

La stèle protohistorique[modifier | modifier le code]

Depuis la publication en 1989 de Marie-Yvane Daire et Pierre-Roland Giot, qui se basent sur la forme et le façonnage de cette pierre, il est admis qu'elle a été dressée lors de l'âge du fer (soit aux environs du Ier millénaire av. J.-C.).

En général peu documentés, surtout pour ceux n'ayant aucune décoration, ces monuments sont parfois associés au domaine funéraire. Ils n'ont pas la forme irrégulière des mégalithes néolithiques (plus anciens) et ont été l'objet d'un travail de sculpture, avec débitage, taille et parfois polissage de la surface. On remarque souvent que la partie inférieure, appelée embase, destinée à être sous terre, est brute de taille[3].

Une colonne itinéraire ?[modifier | modifier le code]

Du fait de sa proximité avec la voie romaine attestée[4],allant de Carhaix (probable Vorgium) à l'Aber-Wrac'h via Kerilien en Plounéventer (Vorganium ?) en suivant le tracé de la route départementale 111, plusieurs archéologues antiquisants ont supposé que la stèle ait pu être réutilisée à l'époque romaine comme colonne itinéraire[5]. La borne serait alors devenue anépigraphe avec le temps.

Cette hypothèse n'est toutefois envisagée qu'avec une certaine prudence par la Carte archéologique de la Gaule et est critiquée par certains historiens[6].

Le fût d'un calvaire[modifier | modifier le code]

La pierre a été déplacée en 1948, surmontée d'un crucifix et d'un Christ aux liens, ornée de fleurons-boules, pour en faire le fût d'une croix de mission[7].

Une plaque sur la stèle, portant la mention « Mission 1948 », commémore cette christianisation récente. Si cette dernière a été plus ancienne, rien ne l'indique[8].

Galerie photographique[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cf. Carte archéologique de la Gaule (2010). Louis Pape (dans La civitas des Osismes à l'époque gallo-romaine, 1978) indique qu'elle aurait un périmètre, à sa base, de 2,72 m, mais cela ne semble pas possible. On remarque aussi que Jean-Marie Abgrall et Louis Le Guennec (en 1911) reportent une hauteur très inférieure : 1,5 m.
  2. Localisé aux coordonnées suivantes 48° 27′ 15″ N, 3° 57′ 24″ O. Mais la Carte archéologique de la Gaule indique, comme lieu-dit original, « Peulven » (introuvable sur la carte).
  3. Voir, par exemple, les propos de Dominique Frère à propos de La stèle de Rudesse.
  4. Des fragments de tegulae, des morceaux de briques longeant les voies romaines, ont été observés près de la fontaine, derrière l'église. Cf. Carte archéologique de la Gaule (2010).
  5. Voir, entre autres, Louis Pape, La civitas des Osismes à l'époque gallo-romaine (1978), p. 58.
  6. Voir une critique de ces hypothèses de réemploi antique des stèles protohistoriques, dans Romanisation und Resistenz : in Plastik, Architektur und Inschriften der Provinzen des Imperium Romanum. Akten des VII. internationalen Colloquiums über Probleme des provinzialrömischen Kunstschaffens Köln, 2. bis 6. Mai 2001, sous la dir. de Peter Noelke, Friederike Naumann-Steckner et Beate Schneider, Mainz am Rhein, Ph. von Zabern, 2003, p. 119 (ISBN 3-8053-3089-8) (extrait en ligne).
  7. Cf. Yves-Pascal Castel, et al., Atlas des croix et calvaires du Finistère, Quimper, Société archéologique du Finistère, 1980, croix n° 1174 (OCLC 461854140) (en ligne).
  8. Comme supposé, sans référence ou argument, par Le Patrimoine des communes du Finistère (1998).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Marie-Yvane Daire et Pierre-Roland Giot, Les stèles de l'Âge du Fer dans le Léon (Finistère), Rennes, Association des travaux du Laboratoire d'anthropologie-préhistoire, 1989, p. 41, no 1 (Patrimoine archéologique de Bretagne) (ISBN 2-86822-036-3).
    Notice de référence, à propos de la stèle protohistorique.
  • Louis Pape, La civitas des Osismes à l'époque gallo-romaine [Thèse de doctorat : Lettres : Rennes 2 : 1976], Paris, Klincksieck, 1978, p. 58 et A-120-A-121 (Institut armoricain de recherches historiques de Rennes, 26) (OCLC 461698309). Document utilisé pour la rédaction de l’article
    Courte notice sur la borne, dans le cadre d'une étude sur le contexte historique et archéologique de la cité romaine.
  • Pierre Merlat et Louis Pape, « Bornes milliaires osismiennes », dans Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 36, Rennes, 1956, p. 25-27 et planche.
    Notice de référence, à propos de la borne itinéraire.
  • Jean-Marie Abgrall et Louis Le Guennec, « Etude de la Voie romaine et du chemin de pèlerinage des Sept Saints de Bretagne, entre Quimper et Saint-Pol-de-Léon », dans Bulletin archéologique et agricole de l'Association bretonne, 30, Saint-Brieuc, Association bretonne, 1912, p. 218-219, n. 1 (en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
    Première mention de la borne.
Guide
  • Le Patrimoine des communes du Finistère, sous la dir. d'Anita Six, avec la collab. de Jérôme Le Bel, Charenton-le-Pont, Flohic éd., 1998, 2 vol. (Le patrimoine des communes de France, 29) (ISBN 2-8423-4039-6) (en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
    Notice tout public.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]