Sophie Kanza

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Sophie Kanza
Illustration.
Fonctions
Ministre congolaise des Affaires sociales

(4 ans, 1 mois et 5 jours)
Président Mobutu Sese Seko
Biographie
Nom de naissance Sophie Madeleine Kanza
Date de naissance
Lieu de naissance Léopoldville, Congo Belge
Date de décès (à 59 ans)
Lieu de décès Kinshasa, RD Congo
Nature du décès Arrêt cardiaque
Nationalité Congolaise (Congo-Kinshasa)
Parti politique MPR
Père Daniel Kanza
Mère Sophie Mansangaza
Fratrie Philippe Kanza (frère)
Thomas Kanza (frère)
Conjoint Marcel Lihau
Enfants 6
Diplômée de Université de Genève
Université Harvard
Profession Sociologue

Sophie Kanza, aussi appelée Zala Lusibu N’kanza[1], est une sociologue et femme politique congolaise (RDC), née le à Léopoldville au Congo belge (actuelle république démocratique du Congo) et morte le , toujours à Kinshasa[2].

Elle a été la première femme congolaise[3] à intégrer une école secondaire, à être diplômée d'une université et la première à occuper un poste gouvernemental en tant que ministre des Affaires sociales du au . Plus tard, elle a occupé des fonctions au sein des Nations Unies.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Sophie Kanza née le à Kinshasa de parents originaires du Bas-Congo[4] est sixième d'une fratrie de sept enfants[5],[6]. Elle est la fille de Mbuta Daniel Kanza, un des premiers hommes politiques congolais, et d’Élisabeth Mansangaza[7]. Elle est la sœur cadette de Philippe Kanza et Thomas Kanza. Elle fait la majeure partie de ses études primaires et secondaires à Brazzaville, au Congo français. Au moment de l'indépendance du Congo, elle est la seule femme congolaise à avoir suivi une scolarité secondaire. Elle est diplômée du lycée du Sacré-Cœur[Où ?] en [8],[9]. En 1964, elle devient la première femme congolaise à être diplômée de l'université, après avoir obtenu un diplôme de sociologie à l'université de Genève. Elle travaille comme assistante de ce département de sociologie jusqu'en 1966[5],[4].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Le , Sophie Kanza est nommée ministre des Affaires sociales, devenant ainsi la première femme du pays à occuper des fonctions gouvernementales[10],[11]. Sa nomination est intervenue alors qu'elle poursuivait un doctorat à l'université de Genève, mais elle mit un terme à ses études pour prendre ses fonctions. La formulation de son poste évolue cependant au fil du temps : commissaire d'État aux Affaires sociales (1966-1967), ministre des Affaires sociales (1967-1968) puis ministre d'État aux Affaires sociales (1969-1970).

Au départ, elle a consacré la majeure partie de son temps au ministère à examiner les difficultés que rencontrait la population afin d'y apporter une réponse adaptée. Elle a également plaidé pour l'égalité des chances en matière d'éducation pour les garçons et les filles et a été déléguée au sommet de l' Organisation de l'unité africaine à Kinshasa (anciennement Léopoldville) en 1967. Elle est nommée membre du bureau politique du Mouvement populaire de la Révolution le . Elle est limogée de son poste ministériel à l'occasion d'un remaniement le [12],[13].

Elle reprend ses études de 1973 à 1976, date à laquelle elle obtient une maîtrise et un doctorat (Ph.D.) en sociologie à l’université Harvard[4].

De 1973 à 1977, Sophie Kanza est membre du conseil d'administration de l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR)[4]. Elle est sous-directrice générale adjointe de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) de 1981 à 1985 et chef de mission auprès du directeur général de l'UNESCO de 1985 à 1988[6],[14].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Sophie Kanza (aussi connue sous Sophie Lihau-N'kanza) a épousé Marcel Lihau, premier président de la Cour suprême de Justice et président de la commission constitutionnelle à la Conférence nationale souveraine (CNS)[4] le . Ensemble, ils ont eu six filles. Marcel Lihau ayant fui des persécutions politiques en RDC, la famille doit passer la majeure partie de leur vie séparée.

Après un accident de voiture survenu à Paris en 1998, elle devient paraplégique et quitte son poste à l’UNESCO[15]. Elle s'est rendue à l'étranger pour défendre les personnes handicapées.

Mort et héritage[modifier | modifier le code]

Elle meurt d’un arrêt cardiaque à 59 ans, en 1999[15]. Elle est enterrée dans le territoire de Luozi. Elle est portée au Panthéon de l’histoire congolaise (RDC) le [15], devenant l'une des premières femmes à avoir droit à cet honneur. Son buste est exposé dans la Galerie de la mémoire[16]. Le « Cercle Sophie Kanza », une association de femmes professeurs au Congo, a été nommée en son honneur[17].

Le , trois de ses filles organisent une messe d'actions de grâce en l'honneur de leurs parents à Gombe. Plusieurs personnalités politiques de premier plan ont assisté à la cérémonie, dont Léon Kengo et José Endundo Bononge[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Aussi connue sous le nom de Sophie Lihau-N’kanza et Zala Lusibu N’kanza, le n’ syllabique n'ayant pas été retranscrit dans Kanza.
  2. Mme Sophie Lihau Kanza remémorée
  3. « RDC-Histoire :Qui était Sophie Kanza, la première femme politique congolaise? - PourElle.info », sur pourelle.info, (consulté le )
  4. a b c d et e Muluma 2008
  5. a et b Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Congo RDC 2015 (avec cartes, photos + avis des lecteurs), Petit Futé, (ISBN 9782746987203, lire en ligne)
  6. a et b Luka, « Une messe de suffrages en mémoire de Marcel Lihau et Sophie N’Kanza », Le Phare, (consulté le )
  7. « Samedi dernier au Sacré-Cœur de la Gombe: Pensée pieuse en mémoire de Marcel Lihau et Sophie Kanza » [archive du ], Groupe L'Avenir, (consulté le )
  8. Le Lycée Sacrée Cœur était une école masculine, Kanza y a été diplômée parce que l'école dans laquelle elle étudiait avait fermé, à la suite du départ de beaucoup d'éducateurs belges après l'indépendance, en 1960.
  9. (en) Catherine Coquery-Vidrovitch, African Women: A Modern History, WestviewPress, (ISBN 9780813323602, lire en ligne), p. 143
  10. « Pour la première fois, une femme devient ministre », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. (en) J. S. LaFontaine, City Politics: A Study of Léopoldville 1962–63, Cambridge University Press Archive. American Studies, (lire en ligne), p. 222
  12. (en) « Political Appointments: Government Changes CONGO (DR) », Africa Research Bulletin,‎ , p. 1952 (lire en ligne)
  13. « Vaste remaniement ministériel au Congo-Kinshasa », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. Nduka, « L'Observateur - 1ère universitaire congolaise et 1ère femme ministre : Mme Sophie Lihau Kanza remémorée », Congo Forum, (consulté le )
  15. a b et c (en) DRC: Pantheon of national history expands to include women, Juakali Kambale, Inter Press Service, 15 juillet 2004 (copie sur afrika.no). [consulté le 1er décembre 2009]
  16. Kambale, « Pantheon of National History Expands to Include Women », Inter Press Service, (consulté le )
  17. « Sortie officielle de l’Association des Femmes Professeurs d’Université », Le Phare,‎ (lire en ligne)
  18. Enyimo, « Hommage: une messe d’action de grâces en mémoire de Marcel Lihau et Sophie N’Kanza », Agence d'information d'afrique centrale, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Albert Muluma Munanga (préf. Clément Mwabila Malela), Sociologie générale et africaine : les sciences sociales et les mutations des sociétés africaines, Paris, L'Harmattan, , 328 p. (ISBN 978-2-296-05093-8, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]