Soninké

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Soninké
sooninkanxannen
Langues filles azer /
Pays Mali, Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso
Région Région transfrontalière autour de Kayes (vallée du fleuve Niger, Ouest du Mali et Est du Sénégal)
Nombre de locuteurs environ 5 millions
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau du Mali Mali
Codes de langue
IETF snk
ISO 639-2 snk
ISO 639-3 snk
Étendue Langue individuelle
Type Langue vivante
WALS snn
Glottolog soni1259

Le soninké (sooninkanxannen en soninké) est une langue mandée, parlée par des membres de la communauté soninké (environ 2 201 000 locuteurs selon une estimation de 2012).

Le soninké est principalement parlé au Mali (env. 1 800 000 locuteurs) et au Sénégal (env. 1 000 000), mais aussi en Mauritanie (plus de 180 000), en Gambie (plus de 200 000), en Guinée-Conakry (env. 10 000), en Guinée-Bissau (env. 5 000) et à l’ouest du Burkina Faso.

Autres noms[modifier | modifier le code]

Le soninké est aussi appelé[1] :

  • « sarakholé », écrit variablement « sarakhollé », « sarakolé », « sarakollé », ou « saraxolle », emprunts du wolof saraxolle en français[2], ou encore « sarawuli », « serahuli » ou « serahule » via l’anglais ;
  • « marka » ou « maraka », emprunt du bambara maraka[2], à ne pas confondre avec le marka, une autre langue mandée parlée au Mali dans la région de Mopti et au Burkina Faso ;
  • « wakkoré » ou « wakore », emprunt du songhaï[2] ;
  • « sebbe » ou « tyeddo », emprunt du fulfudé[2] ;
  • « aswanik » ou « aswanek », emprunt de l’arabe hassaniya[2] ;
  • « toubakai » ;
  • « gadyaga » ;
  • « silabe ».

Population[modifier | modifier le code]

Sa zone d'expansion comprend les deux tiers du Mali, le sud de la Mauritanie, une grande partie du Sénégal, le nord-ouest du Burkina Faso, une partie de la Gambie, de la Guinée-Conakry et de la Guinée-Bissau.

Du fait de la tradition d'émigration pratiquée par les Soninkés, on retrouve aussi d'importantes communautés soninkés hors de l'Afrique de l'Ouest, notamment dans la région parisienne. C'est d'ailleurs la communauté ouest-africaine la plus représentative de la France, avec notamment des Sénégalais, des Mauritaniens et surtout des Maliens.

Écriture[modifier | modifier le code]

Le soninké possède une littérature parlée, mais peut également s'écrire en utilisant l'alphabet latin ou en caractères arabes (Ajami), augmenté de quelques lettres supplémentaires pour l'alphabet latin. Au Sénégal, l’orthographe latine est fixée par le décret no 2005-991 de 2005. Au Mali, l’orthographe latine est officielle depuis 1982 suivant l’Alphabets et règles d’orthographe des langues nationales. En Mauritanie, l’orthographe latine est officielle depuis 1981 à la suite du décret no 81-072.

Orthographe[modifier | modifier le code]

Le soninké est une langue tonale, mais les tons ne sont généralement pas notés (sauf dans des ouvrages didactiques).

En outre, il existe des différences de prononciation marquées au sein des zones locutrices à plus forte raison entre pays (Mali et Sénégal, par exemple). L'alphabet soninké du Mali (officialisé 1982) et du Sénégal comprend les caractères ci-dessous. Les différences de graphies sont signalées, la graphie malienne utilisant le ‹ ɲ › (selon le décret de no 159 de 1982) ou ‹ ny › et ‹ nw ›.

Depuis le séminaire sous régional sur l’harmonisation de l’orthographe du soninké (27-), l’alphabet soninké suit les mêmes règles au Mali, au Sénégal et en Mauritanie. Les lettres ‹ ñ › et ‹ ŋ › sont recommandées, mais leurs substituts ‹ ny › et ‹ nw › sont acceptés[3].

Graphème Valeur (API)
Mali Sénégal
a a
b b
c t͡ʃ ɕ
d d
e e
f f
g g
h h
i i
j d͡ʒ ʑ
k k
l l
m m
ñ (ɲ, ny) ɲ
ŋ (nw) ŋ
o o
p p
q ʔ q
r r
s s
t t
u u
w w
x χ
y j
ʼ [4] inutilisé ʔ

Les consonnes prénasalisées sont écrites au moyen de digrammes débutant par un n : nb [mb], nd [nb], etc. La gémination, selon les zones, est pertinente au Sénégal par exemple : pp [], mm [], etc. Les oppositions de quantité vocalique sont pertinentes, les voyelles longues étant marquées par la gémination du graphème : aa [], etc.

Prononciation[modifier | modifier le code]

Voyelles[modifier | modifier le code]

Voyelles
Antérieure Postérieure
Fermée i u
Mi-fermée e o
Ouverte a

Consonnes[modifier | modifier le code]

Bilabial Labio-
dental
Alvéolaire Palatal Vélaire Labio-
vélaire
Uvulaire Glottale
Occlusif p b t d k (ɡ) (q)
Affriquée t͡ʃ d͡ʒ
Nasal m n ɲ ŋ
Fricatif f s (x) h
Spirant l j w

Syntaxe[modifier | modifier le code]

La structure de la phrase est en général SOV et le nom précède l'épithète. Il n'existe pas à proprement parler de conjugaison. Le temps est indiqué par des particules.

Lexique[modifier | modifier le code]

Il se compose essentiellement de racines mandées, mais également d'emprunts au bambara, à l'arabe et au français.

Mot Traduction Prononciation standard
terre ñiiñe gniiñé
ciel kan-qotte kan-qotté (lire q gutural)
eau ji dji
feu yinbe yinbé
homme yugo yougo
femme yaxare yaķaré (lire yaraŕé > 2e r roulant)
mange yige igué
boire mini minné
longue gille guilloé
courte depe boutchiné ou ho dépé ou dohoé
nuit wuro ourau
bonjour Wuyijamu a nwou jom > traduit "ta nuit a-t-elle été belle / sans danger?"
soleil kiye kiyé
matin suxuba soukhouba > sourouba
journée kiye idem que soleil > jour >> koota
  • femme : yaxare
  • fouiller :"jaga"
  • homme : yugo
  • tomate : menteñe
  • rue : kille / chemin traduction exacte
  • savon : le mot savon dit avec l'accent sabouné
  • pain : Buuru
  • habit : yiraame ou "doroké"
  • pagne : Yiraame/ Fendeli
  • nourriture : yigandé
  • fatigue : tanpiyé
  • main : kitte
  • enfant : léminé
  • imbécile : waxante/ Muritinte
  • assieds-toi : taaxu
  • viens ici : li yere
  • Chef de village : debugume
  • viande : Tiye
  • pied : ta
  • belle mère : kallu yaxaré
  • co-épouse du père ou tante > sœur du père : ma tugunné
  • père/papa : baba
  • mère/maman : Nma/ Saaxe
  • pourquoi : Manne
  • ça va : an moxo
  • t'es belle : an gemu> tu es bien vêtue
  • oui : yo
  • non : ayi
  • peut être : A laawa ñaana
  • je ne sais pas : nta tu
  • va : daga
  • dégage : giri no ou ndono
  • argent : Xaalissi
  • pauvre : korinte or "hontaŋe"
  • riche : banna
  • école : xaranla
  • t'es fou : an tuuri
  • danse : Rege
  • je t'aime : N ŋa an mulla
  • acheter : xobe
  • vendre : gagande
  • jette : a sedi
  • Fer: Mexé
  • en haut: Kanmu
  • en bas: wureedu
  • Centre : Naxaané
  • Vache: Na
  • Cheval : si
  • Chien : wule
  • Chat : Musiiné
  • Ananas : Jabiibé
  • Orange : Lemboulou
  • Citron : Lemboulou malatché / Limo
  • Champignon : Hantambiré
  • Utilié: Nafa
  • Champ:
  • arachide: tiga
  • Mais : makka
  • mil: yille
  • laisser : awara
  • regretter : nimsiyé
  • lit : baré

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Revert Sanz et Gallardo Paúls 2001, p. 177.
  2. a b c d et e Galtier 2010.
  3. Centre d’échanges et de formation pratique 1995.
  4. Comme lettre, on utilise de préférence U+02BC ʼ lettre modificative apostrophe , qui évite que les algorithmes brisent les mots au niveau de l’apostrophe alors qu’il ne s’agit pas d’une ponctuation.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Centre d’échanges et de formation pratique, Séminaire sous-régional sur l’harmonisation de l’orthographe du Soninké, du 27 au 30 novembre 1995, Bakel, Bakel, (lire en ligne)
  • Direction de la promotion des langues nationales du Sénégal, Livret d’auto-formation en Soninké, éditions Kalaama-Edicef,
  • Louis Léon César Faidherbe, Vocabulaire d’environ 1,500 mots français avec leurs correspondants en ouolof de Saint-Louis, en poular (toucouleur) du Fouta, en soninké (sarakhollé) de Bakel, Saint-Louis, Imprimerie du Gouvernement, , 70 p.
  • Louis Léon César Faidherbe, Langues sénégalaises : wolof, arabe-hassania, soninké, sérère, notions grammaticales, vocabulaires et phrases, E. Leroux, , 267 p.
  • Gérard Galtier, « Le soninké », sur Sorosoro.org,
  • Gérard Galtier, « Les nouveaux sites Internet de la communauté soninké et la standardisation de la langue », Mandenkan, no 50,‎ , p. 39–60 (lire en ligne)
  • (ca) Generalitat de Catalunya, Departament de Benestar i Família, El soninké i el mandinga : Estudi comparatiu entre les gramàtiques del soninké i el mandinga i la del català, Barcelone, coll. « Llengua, immigració i ensenyament del català » (no 4), , 2e éd. (lire en ligne)
  • Christian Girier, Parlons soninké, Paris, l’Harmattan, , 311 p. (ISBN 2-7384-3769-9, lire en ligne)
  • Gouvernement du Sénégal, Décret no 2005-991 du 21 octobre 2005 relatif à l’orthographe et à la séparation des mots en sooninké (lire en ligne)
  • Rhonda L. Hartell, Alphabets de langues africaines, Dakar, Unesco et Summer Institute of Linguistics,
  • (es) Vicente Revert Sanz et Beatriz Gallardo Paúls, Glotonimia, Universitat de Valencia, , 222 p. (ISBN 84-370-4721-8, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]