Simon Mann

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Simon Mann
Simon Mann
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (71 ans)
AldershotVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Simon Francis MannVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Activités
Officier (jusqu'en ), mercenaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
George Mann (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Margaret Clark (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Jennifer C. Barham (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Peter George Mann (d)
Jack Mann (d)
Sophie Mann (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Sandline International (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Armes
Grade militaire
Lieutenant (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflits

Simon Mann (né le à Aldershot, Hampshire), citoyen d'Afrique du Sud, ancien officier de la British Army, est un expert en sécurité et un mercenaire. Il a été extradé vers la Guinée équatoriale le [1], où il est accusé d'avoir mené un coup d'État manqué. Il y est soupçonné d'avoir planifié la tentative de coup d'État de 2004 en Guinée équatoriale en dirigeant une équipe de mercenaires vers la capitale Malabo afin d'y capturer ou tuer le Président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Les charges retenues contre lui en Afrique du Sud ont été levées le [2], mais pas en Guinée équatoriale où il a été condamné in absentia en . S'il est condamné, il risque un minimum de 30 années d'incarcération, à purger probablement dans la prison de Black Beach. Il a perdu le recours contre son extradition vers la Guinée équatoriale qu'il avait déposé au Zimbabwe après y avoir passé trois années en détention, sur les quatre auxquelles il avait été condamné pour les mêmes crimes, et bénéficié d'une libération anticipée pour bonne conduite[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

George Mann, le père de Simon Mann, était le capitaine de l'Équipe d'Angleterre de cricket à la fin des années 1940 et l'héritier des brasseries Watney Mann, aujourd'hui possédées par Diageo. Frank Mann, père de George et grand-père de Simon était aussi capitaine de l'Équipe d'Angleterre de cricket en 1922-1923. Après avoir quitté Eton College, Simon Mann a suivi une formation d'officier à Sandhurst puis a rejoint les Scots Guards. Plus tard, il devint membre du SAS et servit à Chypre, en Allemagne, en Norvège et en Irlande du Nord avant de quitter l'armée en 1985. Il fut rappelé en tant que réserviste pour servir lors de la Guerre du Golfe (1990-1991).

Simon Mann entra ensuite dans le secteur de la sécurité informatique. Mais son intérêt pour ce domaine avait décru lors de son retour du Golfe. Il intégra alors l'industrie pétrolière et travailla avec Tony Buckingham. Buckingham avait aussi un passé militaire et fut un plongeur professionnel pour l'industrie pétrolière de la Mer du Nord avant de rejoindre une compagnie pétrolière canadienne. En 1983, le groupe rebelle angolais UNITA s'empara du port de Soyo et ferma ses installations pétrolières. Le gouvernement angolais, présidé par Jose Eduardo dos Santos cherchait l'aide de mercenaires pour reprendre le contrôle du port et se tourna vers Buckingham qui avait créé sa propre compagnie. Buckingham utilisa les services d'une compagnie sud-africaine appelée Executive Outcomes. Simon Mann et Tony Buckingham s'impliquèrent dans les activités de mercenariat d'Executive Outcomes.

Simon Mann continua dans ce secteur et créa Sandline International avec Tim Spicer en 1996. La compagnie a déployé ses activités principalement en Angola et en Sierra Leone. En 1997, Sandline reçut la mission du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée de mater la rébellion sur l'Île Bougainville. C'est là que la compagnie acquit une renommée internationale. Sandline International annonça la fin de ses activités le .

En 2002, Simon Mann a joué le rôle du Colonel Wilford du régiment de parachutistes britanniques dans le film Bloody Sunday de la chaîne Granada Television. Il s'agissait d'une adaptation par Paul Greengrass des événements de 1972 en Irlande du Nord connus sous le nom de Bloody Sunday.

Le , Simon Mann et 69 autres personnes furent arrêtées au Zimbabwe; leur Boeing 727 fut saisi par les forces de sécurité pendant une escale à l'aéroport d'Harare où l'avion devait être chargé d'armes et d'équipements pour une valeur de 100 000 livres sterling. Les hommes furent poursuivis pour violation des lois nationales sur l'immigration, les armes et la sécurité et plus tard accusés d'avoir préparé une tentative de coup d'État en Guinée équatoriale. Au même moment, huit hommes suspectées d'être des mercenaires, dont un mourut plus tard en prison, étaient détenus en Guinée équatoriale également pour tentative de coup d'État. Simon Mann et ses associés prétendirent qu'ils ne se dirigeaient pas vers la Guinée équatoriale mais vers la République démocratique du Congo afin d'y fournir un service de sécurité pour l'industrie diamantifère. Ils furent jugés au Zimbabwe et Simon Mann reconnu coupable le de tentative d'achat d'armes en vue de mener un coup d'État, et condamné à sept années de réclusion[4],[5]. Soixante-six des autres hommes furent acquittés. Les deux pilotes furent condamnés à seize mois et les autres à un an de réclusion pour violation des lois sur l'immigration. Le Boeing 727 fut saisi, ainsi que les 180 000 dollars américains trouvés à bord.

Le , Sir Mark Thatcher, fils de Margaret Thatcher, ancien Premier ministre du Royaume-Uni, fut arrêté à son domicile au Cap (Afrique du Sud). Il fut reconnu coupable, après un plea bargain, d'avoir apporté un soutien financier aux conspirateurs. Le , CNN diffusa un reportage sur l'affaire des quatorze hommes suspectés de former l'avant garde des mercenaires et poursuivis en Guinée équatoriale. L'un d'eux, Nick du Toit, affirma qu'il avait été présenté à Mark Thatcher par Simon Mann. BBC News aurait indiqué plus tard que les dossiers financiers des placements de Simon Mann révèlèrent d'importants transferts d'argent à Nick du Toit, ainsi qu'un avoir de deux millions de dollars américains en provenance d'une source inconnue et intraçable.

Le , les charges furent levées en Afrique du Sud contre Simon Mann et ses associés. Simon Mann resta au Zimbabwe où il fut condamné[2]. Le , un tribunal du Zimbabwe décida que Simon Mann devait être extradé vers la Guinée équatoriale où il était poursuivi. Le juge zimbabwéen a pris cette décision, même si le Zimbabwe avait promis qu'il ne serait pas soumis à la peine capitale (ce qu'il risque théoriquement en Guinée équatoriale). Son extradition a été décrite comme un arrangement "pétrole contre Mann", en référence aux grandes quantités de pétrole que le Président Robert Mugabe a réussi à obtenir de la part de la Guinée équatoriale. Simon Mann a perdu l'appel contre la décision d'extradition[3],[6]. La prison de Black Beach en Guinée équatoriale, où il a été envoyé, est connue pour ses mauvaises conditions de détention. Les détenus n'y reçoivent que rarement un traitement médical, ont faim et sont souvent torturés. Un des partenaires de Simon Mann y est décédé.

Le , les avocats de Simon Mann ont indiqué qu'ils feraient appel auprès de la Cour suprême[7]. Le jour suivant, Simon Mann fut extradé vers la Guinée équatoriale, en secret, faisant dire à ses avocats que ce transfert fut précipité pour éviter l'appel devant la Cour suprême[8],[9].

Robert Young Pelton, qui était en Guinée équatoriale à ce moment-là, prit la première photo de Simon Mann dans la prison de Black Beach et la publia dans le Daily Mail. Alors que son avocat, la presse et sa femme, Amanda (qui n'a jamais pu lui téléphoner ou lui rendre visite) insiste sur le fait qu'il était maltraité, l'ambassadeur Harris du Royaume-Uni et un agent des États-Unis d'Amérique ont rendu visite à Simon Mann et affirmé qu'il était en bonne santé physique et psychologique. Néanmoins, cela n'est pas certain quand on connaît la très mauvaise réputation de la dictature équatoguinéenne en matière de droits de l'homme. Dans un récent entretien télévisé sur Channel Four, Simon Mann était enchaîné et montrait des blessures aux bras et aux jambes causées par ses entraves. De plus, Channel Four fut interdit de filmer à l'intérieur de la prison, alors que les autorités équatoguinéennes et Simon Mann (peut être sous la contrainte) répétèrent que les conditions de détention à Black Beach étaient bonnes.

Le , Channel Four a gagné une bataille juridique et pu diffuser l'entretien avec Simon Mann dans lequel il fait sensation en accusant des personnalités politiques britanniques, notamment des ministres, d'avoir donné leur approbation tacite de la tentative de coup d'État[10]. Dans son témoignage, qui a le potentiel de déstabiliser le gouvernement britannique, il parle avec franchise des événements qui ont mené à la tentative avortée de renverser le président équatoguinéen[10]. Simon Mann a été libéré le . À son arrivée à Luton, en Grande-Bretagne, il déclare, dans un communiqué lu par un porte-parole : "Je suis profondément reconnaissant au président Obiang de m'avoir libéré. C'est le plus beau cadeau de Noël anticipé que ma famille et moi pouvions jamais imaginer".

Adaptation télévisée[modifier | modifier le code]

La tentative de coup d'État en Guinée équatoriale est le sujet du film Coup!, écrit par John Fortune. Simon Mann est incarné par Jared Harris, et Mark Thatcher par Robert Bathurst. Le film prend garde à ne pas suggérer que Mark Thatcher avait connaissance de cette tentative de coup d'État. Il fut diffusé sur BBC 2 le et sur ABC (Australie) le [11].

Lectures additionnelles[modifier | modifier le code]

  • Robert Young Pelton, Licensed to Kill, Hired Guns in the War on Terror, à propos de la tentative de coup d'État par Simon Mann et Nick du Toit et ses suites
  • Robert Young Pelton, Three Worlds Gone Mad, à propos de la naissance et des activités d'Executive Outcomes et de Sandline International, ainsi que des événements en Sierra Leone et sur l'Île Bougainville
  • Adam Roberts, The Wonga Coup, Guns, Thugs and a Ruthless Determination to Create Mayhem in an Oil-Rich Corner of Africa, in "Public Affairs", 2006. (ISBN 978-1586483715).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Source[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]