Siège de Bréda (1577)

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En 1577, durant la guerre de Quatre-Vingts Ans, le contrôle de la ville de Bréda, aux Pays-Bas, devait être transféré des tercios de l'Empire espagnol aux États généraux des Pays-Bas, en vertu des accords signés lors de la Pacification de Gand cette même année.

Après le départ de Bréda des troupes espagnoles, les tercios allemands au service de l'Espagne refusèrent de livrer la cité sans une compensation financière. De ce fait, Guillaume d'Orange, baron de Bréda, ordonna d'assiéger la cité.

Après cinq mois de conversations diplomatiques infructueuses et deux mois de siège, les soldats de la garnison allemande, désobéissant à leur commandement, ont remis la cité contre le paiement de l'argent accordé par les Hollandais.

Contexte[modifier | modifier le code]

Vers 1566 - 68, les provinces du nord des Pays-Bas, jusqu'alors sous domination espagnole, ont commencé une lutte contre l'Espagne (la guerre de Quatre-Vingts Ans ou guerre des Flandes), motivée par la pression fiscale et par l'intransigeance religieuse espagnole à l'égard du protestantisme majoritaire aux Pays-Bas.

En février 1577, Juan d'Autriche, gouverneur des Pays-Bas au nom du roi Philippe II d'Espagne, signa un accord avec les États généraux des Pays-Bas, appelé Édit Perpétuel, qui confirmait l'acceptation des termes contenus dans la Pacification de Gand et qui comprenaient le retrait des tercios de l'Empire espagnol des territoires hollandais.

Bréda[modifier | modifier le code]

Armes de Bréda
Armes de Bréda

La cité de Bréda, dans la province du Brabant, appartenait depuis 1403 à la Maison de Nassau, et jusqu'au début de la guerre, à Guillaume Ier d'Orange, qui portait le titre de baron de Bréda. Celui-ci espérait qu'avec le départ des troupes espagnoles, la cité retournerait dans ses mains, mais comme Guillaume avait refusé l'Édit Perpétuel, il ne pouvait pas la réclamer officiellement.

Entre les 16 et , les tercios espagnols qui formaient la garnison de Bréda, abandonnèrent la cité pour aller à Maastricht ; quatre jours après, le gouverneur espagnol de Bréda Francisco Verdugo, nommé par Jerónimo de la Roda, transféra le commandement de la place à une garnison de mercenaires allemands au service du roi d'Espagne, sous le commandement du colonel Fronsberg[1]. Ce geste, contraire à la Pacification de Gand, qui prévoyait la remise de la cité aux États Généraux, provoqua les protestations de ces derniers.

Les soldats allemands refusèrent d'abandonner la place, sous prétexte que selon les accords de l'Édit Perpétuel, ils avaient le droit de l'occuper jusqu'à ce que les États Généraux aient entièrement payé les soldes des tercios allemands. Au même moment, il s'est trouvé que d'autres villes se trouvaient dans la même situation : Bois-le-Duc, Ruremonde ou Anvers étaient aussi occupées par les soldats allemands des tercios espagnols.

Conversations[modifier | modifier le code]

Commencèrent des conversations diplomatiques pour essayer de trouver une sortie pacifique au conflit ; le Conseil d'État hollandais proposa Philippe van der Meeren, seigneur de Saventhem, comme gouverneur de Bréda, car il était fidèle au roi d'Espagne et natif du pays ; cela ne convenait pas à Guillaume d'Orange ; le , les États Généraux ont offert aux soldats allemands deux mois de paie en argent et un mois supplémentaire en draps[2] pour qu'ils quittent la ville.

Juan d'Autriche, comme gouverneur général des Pays-Bas, intervint dans les conversations entre les deux parties, feignant de chercher une solution, alors qu'en réalité il faisait traîner les choses en longueur car il était partisan de laisser les tercios à Bréda. Pendant ce temps, l'entretien des soldats allemands était à la charge des citoyens de Bréda, ce qui provoquait des situations de tension entre les soldats et les habitants.

Le siège[modifier | modifier le code]

Monnaie de siège espagnole
IN. NECESSITATE. 1577 :
au tour de BRE/DÆ
sur deux lignes ;
cor, tour et fleur-de-lis poinçonnés dans les angles ;
XX poinçonné en bas.
1577. AR 20 sols (7,53 g).

À la mi-août, quand il devint patent que les négociations entre les soldats allemands et les États Généraux n'aboutiraient pas, Guillaume d'Orange envoya des troupes commandées par le comte de Champaigne pour assiéger la cité.

Les soldats allemands, attirés par la promesse de la paie, et menés par Hans Jacob von Castell, lieutenant-colonel de la garnison, retinrent le colonel Fronsberg et remirent la place aux Hollandais[3].

Reddition[modifier | modifier le code]

Le , ayant touché la paie de quatre mois de solde, dont un en draps, les soldats allemands abandonnèrent la cité, qui fut immédiatement occupée par les forces de Hohenlohe, au nom de Guillaume d'Orange.

La cité va rester sous le contrôle hollandais jusqu'en 1581, quand les tercios espagnols de Claude de Berlaymont la reprennent et la mettent à sac.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Certains auteurs désignent le colonel allemand comme Freundtsperg, Frondsberger ou Frundsberg
  2. Prosper Cuypers: Notice historique..., 1849.
  3. Martín Antonio del Río: La crónica sobre don Juan de Austria.

Sources[modifier | modifier le code]